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cours d'histoire
9 novembre 2007

La France au XVI°

I.      Le royaume de France : l’espace et les hommes  3

1.     L’espace français diversité et unité. 3

a.     Mesure du royaume  3

b.     Les frontières du royaume. 3

c.     La formation de l’espace  3

d.     Diversité de l’espace français. 4

e.     Un territoire immense  4

2.     Les hommes dans le royaume : le monde plein de la Renaissance  4

a.     Sources de la démographie historique  4

b.     Population dénombrée  4

c.     Variantes régionales  5

d.     Les villes  5

II.        Dynamisme et croissance des sociétés urbaines  5

1.     Définition de la ville au XVI°  5

a.     Enceinte, privilèges (libertés) et lieu d’organisation politique autonomie  5

b.     Relations avec l’extérieur 6

Rapport avec l’Etat royal 6

Rapports avec le plat pays  6

c.     Fonctions et privilèges citadins  6

Fonction judiciaires et administratives  6

Fonctions économiques  6

2.     Foyer d’innovation et de diversité culturelle  6

a.     Les universités  6

b.     Les collèges  7

3.     La société urbaine et ses clivages internes  7

a.     Le menu peuple  7

b.     La boutique, l’artisan  7

c.     Les notables  7

III.       Nobles et noblesses dans la France du XVI°  8

1.     Fondements idéologiques de la vertu de noblesse  8

a.     Epithètes d’honneur 8

b.     Noblesse comme vertu  8

c.     Vivre noblement et déroger 8

2.     L’ordre nobiliaire  8

a.     Les grands lignages  8

b.     La noblesse moyenne et provinciale  9

3.     Les voies de l’anoblissement 9

a.     Agrégation coutumier ou taisible  9

b.     Anoblissement royal 9

IV.       Le royaume de France et la guerre (1494-1559) 9

1.     Les guerres d’Italie  10

Arguments dynastiques  10

Autres arguments  10

a.     Campagnes de Charles VIII (1494-1495) 10

b.     Les guerres de Louis XII 10

c.     Intervention de François I°  10

2.     Duel entre les Valois et les Habsbourg : les guerres d’Italie (1521-1559) 10

a.     Première guerre d’Italie (1521-1526) 10

b.     Seconde guerre d’Italie (1527-1529) 10

c.     Troisième guerre d’Italie (1536-1538) 11

d.     Quatrième guerre d’Italie (1552-1556) 11

e.     Guerres n° 5 et n° 6  11

V.    Le roi et l’Etat royal 11

1.     De la monarchie tempérée à la monarchie absolue  11

a.     Transition entre les décès de Charles VIII (1483) et Louis XII (1515) 11

Le conseil du roi 11

Pratique d’une démocratie représentative et consultative (début du XVI°) 11

Claude de Seyssel : La Grand Monarchie de France (1519) 12

2.     Pouvoir absolu du roi : transformation du règne de François I°  12

3.     Les transformations de l’Etat 12

a.     Le Conseil 12

b.     Les grands officiers de la couronne  12

c.     Les secrétaires d’Etat 12

d.     Les officiers  12

VI.       Implantation de la Réforme en France au XVI°  12

1.     Le temps des Réformes  13

a.     Solution de l’humanisme chrétien et l’évangélisme  13

b.     Rupture luthérienne  13

c.     Le calvinisme (2° génération de réformateurs) 14

Calvin  14

Doctrine calviniste  14

d.     Modèle d’organisation ecclésiale  14

2.     Réactions catholiques : le roi et l’Eglise  14

3.     La grande décennie du calvinisme français (1550-1560) 15

a.     Répartition géographique  15

b.     Répartition sociale  15

Clergé  15

Noblesse  15

Habitants des villes  15

Monde paysan globalement peu touché  15

VII.     Coexistence entre la loi et la guerre (1559-1568) 15

1.     Réforme dans le royaume : concorde religieuse ou tolérance civile  16

a.     Crise politique majeure : la conjuration d’Amboise  16

Rôle politique important des Guise mal acceptée  16

Justification pour lutter contre la politique religieuse du royaume de France  16

Echec et conséquence de la conjuration (méfiance) 16

b.     Appel au royaume : la réunion des Etats Généraux  16

Suscité par les « moyenneurs »  16

L’ordonnance d’Orléans  16

Le contrat de Poissy  16

c.     Echec du colloque de Poissy  16

2.     De la loi à la guerre  17

a.     Edit de janvier 1562  17

b.     La première guerre (printemps 1562-mars 1563) 17

Massacre de Wassy  17

Conséquence : ouverture de la voie de la violence  17

c.     L’édit d’Amboise (mars 1563) 17

3.     Coexistence fragile (1563-1567) 17

a.     Politique de Catherine de Médicis et de Michel de l’Hôpital 17

b.     Le tour de France de Charles IX (1564) 18

c.     Echec de la coexistence pacifique : la seconde guerre de religion  18

Obstacles à la politique royale  18

Seconde guerre civile et la paix de Longjumeau  18

VIII.        Violence de religion et conflits idéologiques  18

1.     De la reprise de la guerre au massacre de la saint Barthélémy  18

a.     La troisième guerre civile (août 1568-août 1570) 19

b.     Menaces extérieures et diplomatie  19

c.     Le sens d’un massacre  19

2.     Guerre civile et crise politique  19

a.     La quatrième guerre civile (octobre 1572-juillet 1573) 19

b.     Remise en cause de la souveraineté : les monarchomaques  20

c.     Union des provinces du Midi 20

IX.       La noblesse et la guerre  20

a.     Le malcontentement nobiliaire  20

b.     La 5° guerre civile  21

2.     La monarchie au temps de la Ligue (1576-1589) 21

a.     De la ligue  de 1576 à la réunion des Etats Généraux  21

b.     La monarchie ou le péril de la Ligue  21


I.                   Le royaume de France : l’espace et les hommes

Bornes chronologiques : Charles VIII à Henri IV.

La France :

·        Royaume de France

·        Espace français ( identité collective)

·        Territoire (droit de suzeraineté) mais pas homogène

Image traditionnelle de l’hexagone n’est pas appropriée car la France a alors plutôt la forme d’un losange et que la vision géométrisé du territoire n’apparaît qu’à la fin du XVIII°.

Perception de la France comme d’un immense royaume mais comme un royaume-mosaïque avec des résistances provinciales au pouvoir royal.

Population en croissance. Monde plein évoquant aux contemporains la richesse, l’abondance et la prospérité. De fait, un équilibre homme/ressources a été trouvé.

1.      L’espace français diversité et unité.

Extension de la superficie du royaume de France aux XVI°-XVII°. Au début du XVI° la superficie est sensiblement celle de la Francie occidentale consacrée par le traité de Verdun par les successeurs de Charlemagne en 843 (450 000 km2).

A la fin du XVI°, elle s’élève à 470 000 km2  et au décès de Louis XIV en 1715, elle est de 510 000km2.

Le roi de France ne gouverne pas l’espace de manière homogène car il existe  une multiplicité de statut. Le royaume est plutôt un agrégat de territoire sous la suzeraineté du roi. C’est un territoire morcelé avec de grands fiefs intérieurs (enchevêtrement de féodalité) qui sont progressivement rapprochés du royaume, et des enclaves étrangères (Avignon et le comtat venaissin, Calais, principauté d’Oranges…)

Frontières extérieures marquant la limite de la suzeraineté du roi.

Frontières intérieures délimitant la souveraineté directe du roi sur un territoire.

Dans un même mouvement ces deux types de frontières s’étendent.

La monarchie capétienne s’étend progressivement sur le bassin parisien et se construit un domaine plus compact avec l’Ile de France, la Normandie, la Champagne, l’Auvergne et le Languedoc.

Sous Louis XI, l’emprise du domaine royale sur la France augmente avec des acquisitions au nord et au sud. Il profite également de la dislocation du duché de Bourgogne.

La morphologie de la France est le produit d’une histoire longue ; fruit des rapports entretenus avec les souverains voisins et les liens tissés avec les grands domaines féodaux.

La notion de frontière n’est pas le tracé homogène que nous nous représentons mais plutôt une ligne frontière-zone (zone marginale de transition).

Les frontières continentales sont justifiées par la théorie des juristes de l’époque des 4 grandes rivières (Escaut, Meuse, Saône et Rhône).

Les traités de Madrid (1526) et de Cambrai (1529) mettent un terme à la suzeraineté du roi de France sur les Flandres et l’Artois.

Calais est un cas particulier car c’est une enclave anglaise reconquise par Henri II.

A l’est, la Lorraine est entre deux dans la mesure où les ducs de Lorraine (dynastie autonome) sont princes d’Empire mais sont aussi vassaux du roi de France pour certains domaines (zone du Barrais mouvant).

Cette dynastie donne la branche des Guises (fondée par Claude et Jean) qui sera une puissante famille alliée à la vieille noblesse.

Le roi de France acquiert Metz, Toul et Verdun en Lorraine qui deviennent des villes impériales administrées par le roi de France. Cette situation est reconnue seulement en 1648 par le traité de Westphalie.

La Franche Comté constitue un espace distinct de conflits car elle est occupée par Louis XI puis rendue aux Habsbourg par Charles VIII.

Lyon (ville royale depuis 1307) est une grande capitale économique mais reste  une ville-frontière jusqu’au début du XVII° (Henri II) grâce à l’annexion des zones proches (repoussant la Savoie).

A l’Ouest, le vieux duché féodal de Bretagne a une tradition d’autonomie et se rattache plus progressivement au royaume de France (débutant avec le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII puis Louis XII). Union par stratégie matrimoniale.

Moyens d’étendre le contrôle royal et d’unir les territoires :

·        Politique d’alliance matrimoniale (Anne de Bretagne)

·        Jeu des héritages ( Louis XI profite du décès de René d’Anjou pour récupérer ses possessions)

·        Apanages (portion du domaine royal octroyé aux cadets du roi, transmissibles jusqu’à l’extinction de la dynastie). Ex. apanage des Valois d’Orléans qui retourne au domaine royal sous Louis XII ou l’apanage des Valois d’Angoulême qui sont rattachés au domaine royal avec l’avènement de François I).

·        Grands fiefs comme celui du connétable de Bourbon, Charles, constitué par le jeu des mariages et héritages formant un très grand territoire au cœur-même du royaume de France.

o       Attribut d’un Etat avec une capitale, une fiscalité propre etc…

o       Louise de Savoie, mère de François I brigue une partie du territoire en héritage

o       Procès qui tourne en défaveur du connétable

o       Le connétable se met au service de Charles Quint (légitime défense face à la tyrannie du roi selon lui / trahison selon la Cour)

L’autre branche des Bourbons possède le duché de Vendôme qui revient dans le giron du royaume de France avec l’avènement de Henri IV (Henri de Navarre).

De plus en plus, le contrôle de l’Etat sur le royaume s’étend entre 1460 et 1610. Le contrôle de l’Etat sur le territoire passe ainsi de 60% à presque 100%.

Paysages changeants, langues variés (langues régionales, langue d’oc, langue d’oïl, français, latin).

Des mesures réglementaires sont prises pour l’unification linguistique.

Ex. Edit de Villers Cotterêt (1539) impose la langue française pour toute procédure judiciaire. La langue du pouvoir devient le français.

Diversité du droit avec des pays de droit romain et des pays de droit de coutume.

Diversité de la fiscalité (taille réelle/ taille personnelle).

Unité du royaume se réalise malgré ces diversités autour de la personne du roi qui à cet escient fait des voyages (souveraineté ambulante durant tout le XVI°) qui permet de contrôler les provinces.

Ex. Voyage entre 1564 et 1566 par Charles IX décidé par Catherine de Médicis afin de renforcer les frontières lors des guerres de religion.

Ces voyages permettent de montrer le roi dans des provinces éloignées du centre de la monarchie. L’Etat entier se déplace. Ces mouvements ont pour base l’idée que la présence construit l’autorité.

Dans ce cadre les cérémonies d’entrée de ville sont très importantes pour le contrôle des élites urbaines et le règlement de conflits locaux. Ces cérémonies sont le moyen de faire un acte d’obéissance.

Ces voyages se produisent souvent pour reprendre en main un pouvoir menacé.

Il est immense par rapport aux moyens de transport à disposition.

Marche à pieds : 20-30 km/j

Cheval : 50-60 km/j (Paris-Lyon en 8-10 jours et Paris-Marseille en 16-20 jours)

Coche ou carrosse : 30-40 km/j

Les routes sont en mauvais état, peu sures etc… La voie d’eau représente une alternative (pour les marchandises).

Ex. 90 km/j en descendant le Rhône ; 20 km/j en le remontant.

La lenteur marque les échanges et la circulation. C’est un obstacle et un frein à la centralisation administrative (les autorités locales sont souvent en position de décider seules).

A retenir : espace immense, morcelé, constitué d’un agrégat de territoire.

2.      Les hommes dans le royaume : le monde plein de la Renaissance

Les contemporains sont marqués par la « copiosité du populaire » ( Claude de Seysell en 1508) car ils voient que le terrain se fait rare, que moins de terres sont en friche et qu’il y a moins de bois.

Cette croissance est instinctivement ressenties mais nous l’étudions par la démographie historique suivant différentes sources possibles :

·        Recensement généraux : rares ou seulement projets donc peu fiables

·        Dénombrements locaux : ponctuels, peu nombreux et l’extrapolation est difficile et risquée.

·        Registres paroissiaux (baptême, mariage et décès) : source fiable et homogène

Les baptêmes sont peu nombreux au début du XVI° (mais sont imposés dès le XV° dans l’Ouest par certains évêques).

Rapidement l’Etat monarchique se préoccupe de la bonne tenue de ceux-ci par l’ordonnance de Villers Cotterêt de 1539 (art. 50 et 51). L’Etat veut que ces registres aient valeur de preuve en ce qui concerne les détenteurs de bénéfices ecclésiastiques notamment.

·        Listes fiscales, de contribuables, compoids

·        Actes notariés

·        Livres de raison (chroniques des familles, épidémies etc…)

Apogée se situe à 20 millions de français dans les frontières actuelles vers 1330.

S’ensuit une période de chute démographique due à la guerre, aux épidémies, à la famine et à la crise économique faisant regresser la population à 10 millions.

Le « beau XVI° » : vers 1450, commence une phase de reprise lente et continue jusqu’au milieu du XVI° (20-21 millions en 1560).

La croissance connaît un infléchissement à partir de là.

La France des Valois est un des pays les plus peuplés d’Europe. L’Espagne ne compte que 6 millions d’habitants et l’Angleterre, 4 millions. Quant au Saint Empire Germanique il est très peuplé mais n’ayant pas d’unité de territoire ce n’est pas un point de comparaison.

D’une manière générale on observe des défrichements, des repeuplements de village signalant une reconquête du territoire.

Le nord est plus densément peuplé (Nord, Ile de France et Ouest : 40-60 hab/km2) que le sud (moins de 30 hab/km2).

La France a une majorité de ruraux (90%), peu mobiles (mais avec une migration saisonnière) qui cultivent de plus en plus les zones en friche (même les terres ingrates) pour nourrir une population croissante.

L’équilibre optimal hommes/ressources est atteint au milieu du XVI° (1540) puis la population croît et met en culture des zones moins rentables. La croissance se heurte aux limites des capacités productives de l’agriculture (point de blocage).

Période de forte croissance des villes. Hiérarchie urbaine :

·        Paris (150 000 à 300 000 habitants au XVI°) est la plus grande ville d’Europe avec Naples et Constantinople.

·        Lyon : 20 000 habitants en 1450 à 70 000 habitants en 1530 (apogée avant déclin).

·        Rouen : 30 000 habitants en 1450 à 60 000 habitants en 1550

·        Capitales régionales : nombreuses ont de 20 000 à 40 000 habitants (Bordeaux, Orléans, Toulouse…)

·        Petites et moyennes villes de 10 000 habitants sont très nombreuses (Limoges, Poitiers, Dijon…)

Taux d’urbanisation de 10%. Le phénomène urbain reste relativement marginal par rapport à d’autres pays.

Les villes sont affectées par la mauvaise conjoncture à  la fin du XVI° (Lyon se retrouve avec seulement 35 000 habitants). La chute démographique ramène la population au niveau du siècle précédent (phase de récupération débute au XVII°)

La croissance est avant tout du à l’immigration (visible au moyen des registres des institutions d’assistance) car la ville est un pôle attractif.

Lyon est à cet égard exceptionnelle  car elle a un rayonnement très large avec une prédominance du plat pays et des régions alpines.

On trouve des migrants de passage et des migrants de longue durée dont une majorité d’hommes venus s’installer de divers horizons (apprentis, domestiques, manœuvres, métiers de l’imprimerie…)

Entre 1450-1560 : période de renaissance par la vitalité démographique, le dynamisme des villes et les progrès des campagnes. La monarchie s’appuie sur cette vitalité pour ses recettes fiscales.

La seconde moitié du XVI° est une période plus sombre en raison des troubles religieux et des guerres civiles qui mettent à mal l’unité du royaume et révèle la tendance à l’éclatement de l’espace français. Les souverains faibles ne peuvent maintenir cette unité..

La croissance de la population est une réponse à la réunion de conditions économiques favorables mais est limité par la non extensibilité de la production agricole. Les crises viennent réguler les trop pleins démographiques (cf. période de dépression de 1580-1590).

L’urbanisme est un phénomène minoritaire mais les villes sont sur le devant de la scène au niveau politique, économique et social.

C’est durant ce « beau XVI° » qu’on observe le « triomphe de la ville » (après la nouvelle phase de croissance attendra la XVIII°)

Rayonnement des villes par :

·        Essor de la population

·        Commerce et artisanat

·        Domination exercée sur le plat pays

·        Présence d’institution de pouvoir dans la ville même

·        Dynamiques sociales propulsant les individus vers des positions reconnues comportant fortune et estime sociale  (mobilité ascendante)

Rq. Cette prospérité ne touche pas tous les citadins ce qui fait de la ville un lieu de tensions et de clivages sociaux. La ville est donc aussi un espace de conflit.

Critères de définition et hiérarchie des villes de Bernard Chevalier dans Les bonnes villes (car de toute évidence le seuil actuel des 2000 habitants ne convient pas) au moyen des feux fiscaux (4 à 5 personnes par feu) :

·        Petite ville : 200 à 600 feux (majorité du tissu urbain avec les moyennes villes elles sont 200 en France en 1538)

·        Ville moyenne : 600 à 2 500 feux

·        Grande ville : 2 500 à 12 500 feux (50 en 1538)

·        Ville géante qu’est Paris (passe de 150 000 à 300 000 habitants durant le XVI°)

Le royaume de France comprend 300 bonnes villes. Ces cités entretiennent des rapports spécifiques avec la monarchie en raison de leur place dans la hiérarchie urbaine (autonomie et relation régulière avec le roi).

1.      Définition de la ville au XVI°

L’enceinte est la condition sine qua non de la ville

(mais ce n’est pas la seule). Ces murs permettent de circonscrire une espace de sécurité pour les habitants de la ville et pour les habitants du plat pays (qui s’y réfugie en cas de menace réelle ou supposée).

Cette limite matérielle est importante même si il existe des faubourgs.

Limite juridique marquée par les murs.

Les privilèges (libertés)

Ils sont honorifiques, économiques (exemption d’impôts ou de taxe royale comme la taille). Ces privilèges sont confirmés et consignés lors des visites royales ou lors de l’avènement d’un nouveau roi.

Lieu d’organisation politique autonome

Chaque ville possède son corps de ville (institution représentative des échevins au nord et consuls au sud) selon l’idéologie corporative. Ces corps de ville sont élus (=cooptation de notables)  et ils représentent physiquement la ville lors des cérémonies d’entrée de ville. Ils ont des prérogatives juridictionnelles sur les habitants mais celles ci deviennent de plus en plus rare (reliquats au XVI°).

Ils doivent organiser la défense de la ville (entretien des murs, organisation et entraînement des milices composées de bourgeois levés dans chaque quartier) selon un réflexe d’autodéfense en vigueur.

Elle possède un pouvoir et une autonomie financière (perception des droits d’octroi, location d’immobilier). Avec les droits divers perçus elle peut engager des employés municipaux.

Les relations avec la monarchie se sont stabilisées depuis la fin de la guerre de Cent Ans pour devenir une entente cordiale. Celle ci perdure jusqu’au temps de François I (1515) tant que le roi confirme les privilèges et que la ville répond aux demandes du roi. Mais au milieu du XVI°, ces relations se dégradent car François I puis Henri II ont des exigences fiscales et de contrôle politique de plus en plus lourdes. Ces mésententes deviennent flagrantes en période de troubles comme c’est le cas des guerres de religion : la logique de l’Etat s’oppose alors souvent à la logique des bourgeoisies urbaines.

La fin des guerres des religion voit certaines villes se dire appartenir à la ligue catholique tandis que le roi est protestant (nouvelle rupture avec la monarchie). Cependant toutes les tentatives d’émancipation échouent.

Le modèle de la ville alternative à l’Etat royal devient  un renforcement de la tutelle monarchique sur les villes durant tout le XVI° (plus d’entente ni de relation de réciprocité). Il n’y a alors plus de bonnes villes car la monarchie est devenu absolue.

La ville reste dominante par rapport au monde rural. La croissance des villes est alimentée par le plat pays (démographie, ravitaillement en matières premières…)

Cette domination s’exerce par des prélèvements des propriétaires urbains sur les exploitations rurales. Les bourgeoisies investissent le marché des terres (phénomène de plus en plus prégnant au XVI°). Ces propriétés s’étendent plus ou moins loin de la ville selon la dimension de celle-ci.

Ex. Anthony appartient à 30% à des propriétaires parisiens et Trappes appartient à 50% à ces derniers.

Les villes sont le siège des pouvoirs judiciaires, administratifs ou fiscaux dont dépendent les campagnes.

Les relations qu’elles entretiennent avec l’extérieur font les villes en plus des murs, privilèges et organisation autonome des pouvoirs.

Elles caractérisent la ville en tant que point d’ancrage de l’Etat royal en construction. Elle est le relais de la puissance royale qui y implante ses agents des :

·        Cours souveraines (Parlement)

·        Justices royales (baillage, sénéchaussée,  prévôtée)

·        Offices fiscaux

Ces représentants de l’Etat (officiers) exercent un contrôle sur les institutions municipales de plus en plus visible en étant présent dans les corps de villes (primauté des officiers sur les représentants traditionnels des notables).

Commerce du vin à Bordeaux, teintures et pastel à Toulouse, domination économique de Paris. Parfois les fonctions économiques et les fonctions administratives et judiciaires sont dissociées. Lyon, Marseille et Nantes ont avant tout une fonction économique.

Lyon est une plaque tournante des marchandises jusqu’au milieu du XVI° durant les foires et les foires de paiements qui y succèdent (installation de banques aux 2/3 italiennes faisant de  Lyon la première place bancaire du royaume).

Lyon a une position géographique favorable (Saône et Rhône) comme porte d’entrée du trafic commercial du royaume et comme lieu de transit entre le Nord et la Méditerranée.

C’est aussi un centre de production industrielle avec la fabrication de la soie qui se fait surtout par le débauchage des ouvriers italiens et avignonnais (privilèges accordés aux soyeux italiens en 1536), l’imprimerie.

Marseille trouve une nouvelle vitalité entre le XV° et le XVI° grâce à l’ensablement des ports du Languedoc (anciennes portes d’entrées de la Méditerranée) et l’annexion de la Provence. Elles est associée à Lyon dans la croissance du XVI° et fonctionne comme son port (qui connaît une activité florissante).

Les marchands marseillais sont nombreux à s’installer dans les échelles du Levant (comptoirs) en profitant de l’alliance passée entre François I et l’empereur ottoman par les Capitulations de 1535 (contre Charles Quint à l’origine). Cette alliance comprend des avantages commerciaux pour les sujets du roi (dans ce cadre, se développe la Compagnie du Corail de Thomas Lenche).

Les villes de la façade occidentale aussi ont une croissance urbaines liée au développement du commerce international (Bordeaux, Nantes…)

A côté de ces grands centres économiques internationaux, les villes moyennes aussi ont un commerce actif mais local ou régional. Elles sont des centres de distribution.

Ces villes voient dans le plat pays des aires pour leur ravitaillement qui dépasse parfois la campagne proche. La ville est un espace privilégié pour la consommation tant en diversité qu’en qualité.

2.      Foyer d’innovation et de diversité culturelle

Le taux d’alphabétisation, d’encadrement scolaire et de diffusion des écrits est supérieur dans les villes par rapport aux campagnes. L’école élémentaire y est généralisée et touche même les milieux les plus modestes de l’artisanat et de la boutique.

Le réseau est sensiblement le même qu’au Moyen Age (13 grandes villes universitaires en 1600) avec un cursus classique (faculté des Arts propédeutique puis faculté de Droit au minimum et éventuellement faculté de Médecine et de Théologie).

La structure de base est celle du collège qui est devenu un lieu d’enseignement (en plus d’être un internat).

Certaines universités ont  un rayonnement international (Théologie à Paris, Droit à Orléans, Médecine à Montpellier.

Leur fondation se systématise au XVI° comme lieu d’enseignement secondaire en tant que cycle préparatoire avant de partir loin pour les universités. L’enseignement suit une pédagogie humaniste : classe de niveau gradué (nouveauté).

Ex. collège Montaigu tenu par le recteur Jean Standonck est le « modèle parisien » de cette rénovation des collèges.

Les notables ont intérêt à fixer dans leur murs ces nouveaux collèges qui forment des bons citoyens chrétiens et latinistes.

Ces collèges furent l’objet de conflit dans le cadre des guerres de religion avec la fondation de collèges protestants (comme à Nîmes) contre les collèges de la Contre Réforme (que sont les collèges jésuites avec l’archétype du collège de Billon vers Clermont Ferrand, fondation d’un collège jésuite à Avignon en 1564).

Privilège culturel dans les villes par l’industrie nouvelle des livres imprimés (Paris, Lyon, Avignon ou Rouen ont de fortes concentration d’atelier).

Les universités, des collèges et imprimeries qu’ont trouve dans les villes jouent un rôle important dans les mutations des villes et dans les mutations religieuses. Les villes sont le creuset des ferveurs religieuses intenses soutenant la Réforme puis la Contre Réforme. Elles sont un lieu d’affrontement spirituel et religieux.

3.      La société urbaine et ses clivages internes

Le XVI° est un siècle de croissance urbaine même si on y trouve des clivages.

Sources : délibérations des conseils de ville retranscrites dans les livres de raison écrit par un bourgeois. Le statut de bourgeois est enviable.

Couches les plus modestes en proportion non négligeable. Il vit du travail de la terre tout en habitant en ville.

Journalier (gagne deniers) qui n’appartiennent à aucun corps de métier

Pauvres (6-8%) dont la part augmente en temps de crise. Conditions de vie difficile et précaires notamment en raison de l’évolution des prix par rapport au salaire (salaire minimal/salaire réel) . Les villes fabriquent de la pauvreté.

Le salaire connaît une hausse au XVI° mais ne compense pas la hausse des prix. Si bien que le pouvoir d’achat de 1470 est plus élevé que celui de 1540 (baisse de 75%).

Le XVI° est marqué par des mouvements d’émotion collective qui se traduisent par des révoltes apaisées par des aides octroyées. Ces révoltes sont ressenties comme une vraie menace.

Les révoltes liées à la hausse des prix entrainent une prise de conscience.

La Grande Rebeyne

En 1528, suite à une mauvaise récolte les prix sont doublés entre octobre et avril 1529. Placards sur les murs de Lyon par le Pôvre (anonyme) dénonçant la précarité. Il s’agit d’une remise en cause politique contre les accapareurs. Rassemblement le 25 avril donnant lieu à une révolte de plusieurs jours de milliers de personnes (pillage des maison, du grenier de l’hôtel de ville, des institutions ecclésiastiques…)

Il s’agit d’une crise de subsistance mais aussi politique (voire religieuse pour certains historiens).

Cette révolte accélère la prise de conscience de la pauvreté qui devient une question politique. La pauvreté connaît alors un encadrement des instances spécialisées d’assistance publique.

Ex. :  à Lyon, création en 1531 de l’Aumône générale qui fonctionne jusqu’en 1534. Ce n’est pas de la charité individuelle, ni religieuse. Assistance et encadrement  comportant aussi des contraintes car les mendiants doivent travailler.

Ex. : 1544 création à Paris du Grand Bureau des Pauvres.

Le pauvre n’est plus le symbole de la figure christique mais il est oisif, coupable de ne pas travailler. Il est considéré comme une tâche qui enlaidit la ville.

Effectif important de la ville (50%) qui demeure caractérisé par une organisation progressive en corps et communauté d’arts et métiers (pas de corporation) soumis à des règles.

Métiers libres : pas de règles spécifiques

Métiers jurés : formés par une lettre patente du roi. Normes précises. Reconnaissance juridique avec une autonomie financière et une hiérarchie. Plus à Paris.

Métiers réglés : dépendent de l’hôtel de ville. Plus à Lyon.

Les corps de métier sont sous tutelle (organisés, participent à la police de la ville).

Il existe des tensions dans ce monde soi disant harmonieux avec par exemple une conccurence entre les différents corps de métiers (boucher vs charcutier), entre maîtres et compagnons (problèmes sur l’accès à la maîtrise).

Ces corps occupent une place spécifique dans l’organisation municipale.

Elite formant un groupe hétérogène composé des officiers et des marchands. Les corps de villes sont dominés par les marchands, la bourgeoisie commerçante et artisanale.

Officier de finance, officier de justice qu’on retrouve parmi les échevins de la ville dans les villes de parlement. Pour eux l’université est importante (investissement rentable pour les enfants).

Echelons nouveaux chez les notables car il y a désormais un déclassement des grands marchands. L’office devient indispensable pour la promotion sociale.

Autres types de notables, surtout à Lyon et Marseille. Les marchands y occupent le devant de la ville.

Lyon : négociants italiens

Marseille : domination du monde des affaires. Au recensement de 1595, 4,3% des contribuables possèdent plus de 40% des biens.

Le grand marchand se définit par son caractère non spécialisé et la lettre de change. Mais c’est un monde hétérogène.

Liens de clientèle et d’amitié politique. Conflit autour du contrôle des magistratures (compétition politique). Les oppositions sont exacerbées par les divisions religieuses.

Avec le XVI°, on passe du système social de la bonne ville à celui de la ville d’Ancien Régime qui occupe la place que lui laisse la monarchie. La monarchie y intervient plus lourdement. La ville n’est plus une alternative à l’Etat royal mais doit s’y intégrer.

La noblesse se caractérise en tant que 2° ordre de la société, un idéal de vie et une conception juridique.

Mais dans le royaume de France il s’agit de concrétiser ce genre de vie et que les qualités de noblesse soient reconnues et conférées par le roi (noblesse nouvelle/noblesse ancienne).

La qualité de noblesse doit aussi se prouver. Au XVI°, apparaissent des problèmes pour définir le statut de la noblesse selon des critères précis. Du rang de notoriété la noblesse devient un statut avec des critères fixes.

1.      Fondements idéologiques de la vertu de noblesse

La tripartition est toujours d’actualité car c’est toujours le mode de désignation des députés aux Assemblées d’Etats Généraux.

De plus en plus des oppositions apparaissent séparant la noblesse de la roture dans une vision binaire de la société. Avant, il existait d’autres types de classement pour caractériser la hiérarchie sociale (« riches hommes, puissants, gros, gras, gens de biens, les plus apparents » sont des termes venant parler des notables).

Dans les actes notariés apparaissent des épithètes d’honneur qui sont un système d’appellation montrant l’honorabilité revendiquée.

·        Honnête homme, honorable homme = petit marchand

·        Sire = marchand plus aisé, avocat ou officier de justice

·        Maître = gradués de l’université

·        Ecuyer = premier degré de noblesse (son épouse est une damoiselle)

·        Messire = chevalier (son épouse est une dame)

·        Monseigneur illustre et excellent = prince

Ces appellations varient selon les régions. Les femmes bénéficient de ce système.

L’épithète de noble homme en vient à ne désigner qu’un roturier adoptant un genre de vie nobiliaire. Ces épithètes ne répondent pas à une règle stricte (possibilité de petites usurpations) mais un simple élément de taxinomie sociale.

Un sens moral est donné à la hiérarchie sociale. La noblesse est une excellence de l’humanité. Le portrait idéalisé du noble le caractérise par sa magnanimité (proche de l’éthique chevaleresque), sa libéralité (don permettant de récompenser dans un système de don et de contre don), sa loyauté au service de son suzerain (le roi) et la courtoisie (idée venue d’Italie répandue par le livre de B. Castiglione paru en 1528, Le courtisan).

Durant les guerres de religion la noblesse se voit reprocher le fait de ne plus être fidèle à elle-même.

Ex. Claude Haton a des doutes sur la capacité des gentilshommes à accomplir leur devoir de protection.

Certaines activités sont jugées avilissantes. Des juristes font des traités expliquant la dérogeance.

Ex. Commentaire sur la noblesse et le droit des aînés de A. Tiraqueau

·        Le travail de la terre fait déroger mais pas sa possession ou certaines activités

·        Arts mécaniques sont dérogeants mais pas le travail du verre, le métier d’avocat ou la médecine (ce qui n’est pas le cas de la chirurgie, travail manuel).

·        Commerce de détail fait déroger (mais pas à Marseille ou le commerce au loin)

Vivre noblement atteste de l’état nobiliaire

·        Aller à la guerre, à la chasse, jouer, posséder

·        Fréquenter d’autres nobles

·        Porter des vêtements dignes d’un noble

·        Ne pas travailler (vie des différents revenus)

·        Reconnaissance sociale accordée (l’estime sociale accrédite le noble)

Temps et hérédité. Les traités font référence à la « race » comme ensemble des parents issus d’une même souche, lignage, maison, sang ou parage. Cette référence fonctionne comme un statut juridique (prouver de 3° de noblesse au dessus de soi) mais permet de désigner la noblesse qui l’est depuis des temps immémoriaux. Chaque lignage est une espèce avec des traits physiques et moraux prédisposant l’individu à la vertu. La supériorité du noble doit être cultivée.

2.      L’ordre nobiliaire

Dans nos frontières actuelles il y aurait eu entre 40 000 et 50 000 familles nobles avec des densités variant selon les régions (plus en Normandie ou en Bretagne). La noblesse est une société hiérarchisée.

20 familles caractérisées par leurs possessions financières, leur charges et les réseaux qu’elles entretiennent.

Princes de sang issus des familles régnantes (Valois, Valois Orléans, Valois Angoulême, Bourbons descendants de saint Louis).

Princes étrangers : appartiennent aux grands lignages mais ont des origines étrangères (Guise)

Ces familles concentrent le pouvoir, le prestige et la richesse. Leur fortune est cependant vulnérable car ils doivent entretenir une clientèle, assurer une charge ou une ambassade confiée par le roi de France.

La clientèle est liée aux nobles dans une relation de réciprocité. Elle unit un inférieur (service) et un supérieur (don, argent, emploi, fonction, intervention, parrainage, aide juridique…)

Il est fait référence à un lien affectif et émotionnel indiquant un don total mais qui recouvre des intérêts matériels. La clientèle est domestique, militaire ou encore politique (monde des offices).

Revenus très variables la distinguant :

·        Moins de 100 livres par an : noblesse pauvre (31%).

·        100-1000 livres par an : noblesse petite (les plus nombreux : 45%) à moyenne (17%) qui a un signe de prééminence au niveau de la province. Masse de petite noblesse campagnarde composée de gentilshommes vivant des revenus de leurs terres.

Ex. Bayard qui est devenu une légende ou encore Blaise de Montluc

·        plus de 1000 livres par an (jusqu’à 10 000 livres) : 3%

3.      Les voies de l’anoblissement

Au XVI°, on observe un renouvellement des effectifs nobiliaires.

C’est un auto anoblissement. En vivant noblement, l’acceptation parmi les nobles se fait progressivement et insensiblement (sur 3 générations en général)

Mode de vie, possession de terres, ne pas figurer sur un document prouvant la roture,  attendre qu’il n’y ait plus de témoins des origines roturières et que des témoins prouve oralement la noblesse.

Car l’anoblissement coutumier pose un problème d’évasion fiscale. Le roi s’affirme comme seul dispenseur de noblesse.

Restriction par l’affirmation de définition de la noblesse plus stricte.

·        Le processus se passe par lettre d’anoblissement qui ne laisse plus supposé que la noblesse est immémorable.

François I dispense 168 lettres d’anoblissement dont 153 payantes.

En Normandie, 60% des anoblis le sont par lettre.

·        L’anoblissement par privilège de cloches, peu prestigieux, est une sorte de « noblesse municipale » qui s’acquièrent par un officie municipal .

·        L’anoblissement par offices royaux conférant une noblesse immédiate et héréditaire (offices de la maison du roi qui sont de fait tenus par des déjà nobles, notaires ou secrétaires du roi) ou graduelle (cour souveraine avec la possession de l’office depuis 2 générations et au moins 20 ans)

Rq. On  ne parle pas encore de noblesse de robe au XVI°

Guerres tournées vers l’extérieur (guerres d’Italie dans le duel Valois-Habsbourg) et vers l’intérieur avec les guerres de religion (1562-1598).

Au niveau international progressivement émerge l’Europe des Etats territoriaux (sortie de la notion de Chrétienté)

Progressivement Charles Quint à engrangé un héritage considérable :

En tant que fils de Jeanne la Folle, fille des rois d’Espagne, il est à la tête du royaume de Castille et du royaume d’Aragon.

En tant que fils de Philippe le Beau, lui même petit fils de l’empereur Maximilien il est à la tête des Etats patrimoniaux, reçoit la dignité impériale.

En tant que fils de Philippe le Beau, lui même fils de Marie de Bourgogne, la Bourgogne lui revient.

La guerre se déroule contre l’Empire qui a des prétentions universalistes entre 1519 et 1559. Charles Quint voulait affirmer sous son égide la Chrétienté contre l’Empire ottoman et autres schismes. Ce rêve échoue car l’Europe est divisée et le roi de France est opposé et forge des alliances contre cette hégémonie.

Naissance d’un nouveau modèle diplomatique d’un équilibre européen contre la domination d’une seule puissance.

La guerre accélère la naissance de l’Etat moderne en stimulant notamment les innovations fiscales (alourdissement), le recours à l’emprunt et l’endettement.

Ex. Sous François I°, 50% des dépenses sont attribuées à la guerre et à la diplomatie.

Guerres marquées par les archaïsmes (idéal chevaleresque représenté par Bayard) et des nouveautés (fortifications, artillerie, manières de mener les campagnes…)

1.      Les guerres d’Italie

La péninsule italienne subit les prétentions de conquête du roi de France, du roi d’Aragon et de l’empereur. Cette situation est compliquée par les rivalités intra-italiennes (Etats pontificaux, République de Venise, Duché de Lombardie, République de Florence, royaume de Naples)

Depuis le XV°, la France a une tradition interventionniste en Italie.

·        Charles VIII revendique par René d’Anjou le royaume de Naples, héritage des Angevins dont s’étaient emparés les Aragonais.

·        Louis XII ajoute à ces revendications le duché de Milan par sa grand-mère, Valentine Visconti, duchesse de Milan.

·        La conquête du royaume de Naples pourrait être le point de départ d’une croisade.

·        Régions riches.

·        Faiblesse militaire de ces Etats.

·        Faiblesse politique et division diplomatique de ces Etats marqués par l’instabilité des alliances.

Conquête du royaume de Naples aisée mais de courte durée. En effet, les alliés du roi de France se retournent contre ce dernier dans une ligue comptant notamment Maximilien Habsbourg et Ferdinand d’Aragon.

Charles VIII remonte vers le royaume de France en forçant le passage et ne conserve aucun de ses acquisitions territoriales. De plus, cette expédition a permis à ses adversaires de se rapprocher par le mariage entre Philippe le Beau et Jeanne la Folle.

Louis XII réclame non seulement le royaume de Naples mais aussi le duché de Milan. Il mène une campagne victorieuse en 1499 contre Ludovic Sforza qui lui permet l’entrée dans Milan. De là, les troupes se dirigent vers Naples, prise en août 1501 grâce à l’alliance avec Ferdinand d’Aragon. Cette conquête est fragile en raison des disputes qui ont lieu à propos du partage du royaume de Naples qui entraîne une guerre franco-espagnole.

En 1504, l’armée française capitule et les conquêtes méridionales sont perdues mais Louis XII conserve le duché de Milan dans l’Italie du nord.

Louis XII s’engage dans les conflits internes aux Etats italiens. Il prend la tête d’une coalition avec le pape Jules II contre la République de Venise. Victoire à Agnadello. Comme le roi de France a une puissance hégémonique ce qui inquiète le pape qui prend la tête de la Sainte Alliance pour chasser les « barbares » d’Italie.

Louis XII est battu en 1513 par les mercenaires suisses et perd de ce fait le milanais.

François I° est fasciné par les champs de bataille italiens décide de reprendre la guerre avec l’Italie en 1515 et remporte la victoire de Marignan sur les mercenaires suisses qui entraîne la reconquête du milanais. Cette victoire occupe une place importante dans l’imaginaire de la noblesse. C’est là qu’a lieu l’adoubement de François I° par le chevalier Bayard.

En 1516, Charles d’Espagne signe un traité à Noyons :

·        Duché de Milan revient à la France

·        Royaume de Naples revient à l’Espagne

·        Les cantons suisses signent une paix perpétuelle avec la France (neutralité)

·        Concordat de Bologne signé avec le pape Léon X (décembre 1516)

·        Accord commercial avec Henri VIII d’Angleterre

Ce traité donne le sentiment d’une paix durable dans l’esprit de défense des « Républiques chrétiennes ». Cette solution s’avère fragilisée par la montée en puissance de Charles d’Espagne, élu empereur.

2.      Duel entre les Valois et les Habsbourg : les guerres d’Italie (1521-1559)

Tout débute lorsque Charles d’Espagne est élu empereur suite au décès de Maximilien en janvier 1519. Les Habsbourg occupent une position hégémonique en Europe et menace de ce fait le royaume de France. Pour éviter d’être encercler et malgré la tradition d’élection d’un Habsbourg à la dignité impériale, François I se présente comme candidat à la couronne impériale. Finalement c’est Charles qui est élu car il est plus riche (pour acheter les électeurs) et il est un Habsbourg. Rivalité personnelle entre Charles Quint et François I.

François I veut se rapprocher d’Henri VIII mais Charles Quint lui dame le pion. L’antagonisme entre la Maison de France et le Maison d’Espagne se met alors en place tandis que les enjeux militaires s’étendent à l’ensemble de l’espace européen avec des combats sur plusieurs fronts (Méditerranée, Italie, Flandres…) engageant plusieurs Etats.

Charles Quint se sent porteur d’un projet universaliste de défense de la chrétienté (identifie sa puissance à celle de Charlemagne). Le roi de France représente un obstacle pour ses prétentions car il cherche à s’allier avec toute puissance effrayée par le pouvoir de Charles Quint.

Elle se déroule sur plusieurs fronts (Pyrénées, Italie, nord-est du royaume de France). C’est en Italie que se détermine la victoire de Charles Quint dont les armées reconquièrent le milanais (mort de Bayard pris à revers en 1524).

« Trahison » du connétable de Bourbon qui se range du côté de Charles Quint.

Défaite de Pavie en 1525 où François I est fait prisonnier à Madrid et ses troupes sont décimées. Il doit accepter le traité de Madrid en 1526 :

·        Perte de la Bourgogne

·        Envoi de ses deux fils comme otages à sa place

·        Rétablissement du connétable de Bourbon.

Renversement des alliances contre l’Empereur car son hégémonie inquiète. Création de la Ligue de Cognac comptant le pape Clément VII, des Etats italiens et la France. Par ailleurs et sur un second front, Charles Quint  est menacé par les Turcs ottomans.

Le prestige impérial est atteint par le sac de Rome en mai 1527 par les armées impériales de mercenaires allemands (lansquenets) commandées par le connétable de Bourbon.

L’armée du royaume de France commandée par Lautrec prend le royaume de Naples. La République de Gènes quitte la Ligue de Cognac pour s’allier à Charles Quint.

La menace de l’offensive turque sur l’Europe centrale pousse à la signature du traité de Cambrai (1529), initié par Louise de Savoie et Marguerite de Bourgogne, marquant l’unité de la chrétienté soldée par le mariage entre François I et Eléonore d’Autriche (sœur de Charles Quint).

François Ier veut investir son fils à la tête du duché de Milan.

La France s’organise par la diplomatie avec les princes allemands protestants ce qui menace l’Empereur. La guerre a lieu en Piémont et Champagne. Le roi d’Angleterre intervient contre la France.

A cette occasion apparaît nettement l’alliance entre la France et les ottomans (pas très chrétienne comme alliance). La flotte turque attaque Nice et hiverne à Toulon.

Paix de Crécy en Lannois signée en 1544..

Elle a lieu avec d’autres protagonistes car François I est mort.

Charles Quint s’inquiète des revendications politiques et religieuses du protestantisme. Il remporte une victoire sur la ligue de Smalkalde (des princes protestants) à Mühlberg.

Traité de Chambord en 1552 autorise l’intervention d’Henri II dans l’Empire. Henri II prend le contrôle de Metz, Toul et Verdun (terres d’Empire) en profitant de l’affaiblissement de Charles Quint et fait échouer la reconquête de Metz avec les Guise.

Renforcement de la politique belliciste d’Henri II qui intervient dans la guerre de Parme contre le pape Jules II, dans la République de Florence, en favorisant une révolte en Corse contre Gènes.

e.       Cinquième guerre d’Italie (1552-1556) :

Henri II conquiert Metz, Toul et Verdun. Charles Quint fait le siège de Metz, défendu par François de Guise. Echec du siège

Le pouvoir de Charles Quint est affaibli, il signe une trêve à Vaucelles en février 1556 et il décide de se retirer  entre octobre 1555 et janvier 1556 au profit de son fils Philippe et de son frère Ferdinand.

f.        Sixième guerre d’Italie (1552-1556) :

Duc d’Albe envahit les Etats du Pape. Henri II aide le pape. Désastre de Saint-Quentin (massacre des troupes de Anne de Montmorency).

Traité de Cateau-Cambrésis (France ne conserve que Metz, Toul, Verdun et Calais ainsi que 5 villes italiennes)

Construction d’une monarchie féodale (roi est le seigneur des seigneurs), chrétienne (roi doit défendre la religion) et absolue (roi tient seul sa souveraineté : recupération de la notion d’imperium dans le droit romain par les juristes des rois).

1.      De la monarchie tempérée à la monarchie absolue

Fonctionne collégialement et a des compétences universelles avec 30 à 40 personnes. Il est ouvert et compte les élites du clergé, de la noblesse et de la roture (financiers) du royaume (frange supérieure en miniature)

Ex. guerres, finances, cérémonies d’entrée de ville…). Selon les affaires qu’il aborde son nom change. Le roi écoute, prend des conseils puis décide, seul en théorie, selon l’avis de la majorité en pratique. De fait il entérine la décision collégiale même si dans certains cas il passe outre.

Ex. pour traiter les affaires de justice il prend le nom de Grand Conseil.

Le roi a le sentiment que sa royauté n’est qu’une fonction au service de la couronne. Il n’est donc que titulaire de sa charge.

Ex. Louis XII se voit comme le 1° des officiers.

Le roi fait appel à des instances représentatives du royaumes permettant un dialogue avec celui-ci. Il s’agit des Etats Généraux et des Assemblées de notables.

Les Etats Généraux qui ont lieu à Tours en 1484 au début du règne de Charles VIII et sous la régence de Pierre et Anne de Beaujeu, procèdent d’une élection pour la 1° fois. Il s’agit de convoquer la population contre la trop grande influence de la haute noblesse mécontente. Les Etats Généraux sont en position de force et obtiennent une diminution des impôts (la taille passe de 4 à 1,5 millions de livres).

Durant ces Etats Généraux, Philippe Pot, député de la noblesse bretonne, fait un discours sur « l’expression de la volonté du royaume » (ce n’est pas encore le sens rousseauiste).

A Tours, Louis XII organise la réunion d’une Assemblée de notables (le roi choisit lui même ses représentants) en 1506 car il a besoin de l’appui du royaume pour se dégager de la promesse de marier sa fille à Charles de Habsbourg (futur Charles Quint). L’objectif est atteint.

Claude de Seyssel théorise cette monarchie de la Renaissance alors qu’il est au service de Louis XII par la publication après le décès de celui ci de La Grand Monarchie de France (rédigé en 1515). Il y décrit la monarchie idéale et expose sa méfiance vis à vis du pouvoir absolu qui peut s’avérer tyrannique. Le pouvoir royal est guidé par la religion, la justice et la police (ordonnances permettant de conserver le royaume). Il prône le régime mixte que proposait Aristote combinant aspects monarchiques, aristocratiques et démocratiques.

2.      Pouvoir absolu du roi : transformation du règne de François I°

a.       Renforcement de l’autorité de la monarchie et héroïsation du roi

Sous son règne a lieu un renforcement de l’autorité de la monarchie et de la thèse favorable à la toute puissance royale. Style de monarchie plus autoritaire avec un retour à la mythologie, aux symboles impériaux, l’héroïsation de la personne du roi (Hercule gaulois tenant ses sujets enchaînés) en tant qu’individu.

Les Regalia (1° rédactions dates du Moyen Age) recensent les droits du roi luttant contre le morcellement de la puissance publique.

Charles de Grassailles (1538)

Guillaume Budé, Annotations sur les Pandectes (commente le droit romain dans le vœu de revenir à la pureté originelle), Institution du prince (1515-1519). Budé veut conseiller le roi. Selon lui, la perfection du roi alliée à son éducation nécessaire le dispense de se soumettre au droit.

La pratique également permet au pouvoir royal de se renforcer. Le courant humaniste qui remet l’Antiquité à l’honneur va aussi dans le sens d’un renforcement du pouvoir royal.

b.      Conseil du roi se ressert et se spécialise

En pratique le Conseil du roi se ressert et nous observons les débuts d’une spécialisation des Conseils. La version large compte jusqu’à 40 personnes et tient des réunions sans la présence nécessaire du roi. La version étroite se réunit pour discuter d’un problème pratique ou d’un décision qui ne « nécessite » pas de débat (Conseil des affaires, Conseil secret : 2 à 10 personnes). Ces conseils ont une existence informelle et ne font que conseiller. Souvent une figure émerge parmi les membres (ex. Anne de Montmorency et Henri II).

Le Grand Conseil se réunit pour traiter des affaires de justice sans la présence du roi (Conseil des Parties) de même que le fait le Conseil des Finances.

Afin de montrer qu’il est le seul détenteur de l’autorité suprême, notamment face au Parlement (cour d’appel, plus haute instance judiciaire après le Conseil du Roi), élargit son rôle en période de crise.

Ex. quand François Ier était prisonnier à Madrid le Parlement de Paris a du prendre des mesures d’urgence. A son retour, François Ier a tenu  un lit de justice(après lequel plus rien ne peut venir faire obstacle à la volonté royale) les 24, 26 et 27 juillet 1527 durant lequel il a remis le Parlement à sa place.

3.      Les transformations de l’Etat

Au début du XVI°, le roi doit gouverner avec son Conseil (« le roi en son Conseil » préambule de nombreux actes) qui compte des membres de la maison du roi et des cadres de la Cour royale.

De même les grands officiers de la couronne joue un rôle dans le fonctionnement monarchique.

Ex. Connétable (Charles de Bourbon puis Anne de Montmorency),

Ex. Chancellier :responsable de l’administration royale, chef de la Robe=justice, porte parole de la royauté (Anne Duprat, Michel de l’Hopital). Il appose le sceau sur les actes royaux (garde des sceaux) mais  cette fonction peut lui être retirer.

Le corps des secrétaires d’Etat (établi en 1567) (4 secrétaires des commandements et des finances (1547) dont les compétences agissent sur  un territoire donné). Ces secrétaires ouvrent les dépêches, examine les rapports des agents du roi, contresignent les actes royaux marquant par là un nouvelle manière de valider les actes.

Délégation de la puissance royale dans le cadre de la justice ou des finances, c’est une « dignité avec une fonction publique ».

La possession d’un office confère des privilèges (exemption de la taille).

Vénalité publique des offices (source de recettes supplémentaires). Ils sont considérés comme une part du patrimoine familial (conservation et transmission).

Depuis Louis XI, les officiers sont inamovibles et ils désignent eux-mêmes leurs successeur (résignation en faveur de qq’un). Ces éléments vont dans la direction d’une patrimonalisation des offices.

La résignation est limitée par la clause des 40 jours (la résignation doit avoir lieu 40 jours avant le décès sinon la monarchie reprend l’office). Progressivement les rois accordent une libre transmission des offices avec le paiement d’un droit annuel au début du XVII° (la paulette).

L’armature judiciaire s’étoffe.

Création de la Cour présidiale afin de décharger les Parlements sans diminuer leurs pouvoirs pour autant.

Le Trésor des finances est une caisse qui centralise les autres caisses (1552 : trésoriers généraux répartissent l’impôt).

Renforcement de l’Etat moderne.

Historiographie de la Réforme :

Interrogation sur le partage religieux de la chrétienté, sur la remise en cause de l’Eglise (hiérarchie, pratiques et dogmes) qui n’est pas la seule origine de la Réforme.

Cf. Febvre (Lucien), « Une question mal posée : les origines de la Réforme française et les causes de la Réforme »

La Réforme n’est pas la seule conséquence des abus de l’Eglise mais une réponse à de nouveaux besoins spirituels : les Chrétiens de la fin du MA ne croient plus en la possibilité de faire son Salut par les voies traditionnelles. Le luthéranisme est donc une interrogation douloureuse sur l’impossibilité de faire son Salut.

En réponse à la Réforme, l’Eglise catholique lance le mouvement de la Réforme catholique, de la Contre-Réforme afin de reconquérir le pouvoir politique, religieux et spirituel. C’est l’Eglise tridentine.

Dans les années 1970-1980 recherches régionales et locales en lien avec l’histoire sociale de la religion vécue, de la mise en place des condition du succès de la Réforme, du changement des pratiques ( histoire socio-religieuse, géographie de la religion, histoire quantitative quant au nombre de prêtres, aux pratiques religieuses…)

Cf. Lebrun (dir.), Histoire religieuse de la France, tome 2

Depuis les années 1990 : recherche sur l’influence des mécanismes du pouvoir politique sur la religion (imbrication étroite), sur la violence orale (blasphème), contre les images (iconoclasme), sur les hommes (massacre)

Cf. Crouzet (Denis)

1.      Le temps des Réformes

Les crises de la fin du MA sont vues comme annonciatrice de la fin du monde faisant croître les angoisses eschatologiques.

Période de la religion flamboyante (multiplication des rites rassurant les fidèles, invention du Purgatoire, messes prévues par les testaments, piété quantitativiste par une répétition des gestes visant une sécurité mécanique). La sécurité mécanique n’est plus suffisante pour assurer le Salut imminent. Il s’agit donc de préparer celui-ci dans l’urgence (multiplication des œuvres).

Religion de la peur et religion de la sécurité  (demande d’intercession des saints par les reliques, pèlerinages…) en même temps puisque c’est une religion du mérite rassurant les fidèles et leur conférant  un cadre pour son existence.

Bien sur, l’adage « ecclesia semper reformanda » est toujours de mise mais comme la fin des Temps est imminente, l’urgence de la situation appelle un besoin de Réforme immédiat.

Humanisme est lié aux interrogations susdites et se développe autour d’Erasme, de Lefevre d’Etaple  des voies nouvelles en matière d’attente religieuse. Leurs travaux philologiques prennent pour objets les textes anciens mais aussi les textes sacrés dans un objectif de retour à la pureté des textes.

Ce mouvement d’exigence critique s’applique également à la Bible afin de rendre plus fiable l’accès aux Ecritures. La traduction de la Bible en latin par saint Jérôme, la Vulgate, est remise en cause et Erasme traduit le Nouveau Testament en latin en 1516 (Novum Instrumentum). De même, Lefevre d’Etaple traduit les psaumes et répond par là à l’appétit de lecture de la Bible.

Les évangiles guident la vie spirituelle du Chrétien (l’Eloge de la Folie prône cet aspect ainsi qu’une sagesse et une piété intériorisée) : c’est la Philosophia Christi.

L’humanisme chrétien prend des distances par rapport à l’Eglise et est optimiste (perfectibilité des pratiques religieuses). Il accueille le message de Luther mais en diverge notamment sur ce point de l’optimisme philosophique des humanistes.

L’évangélisme

Au début du 16°, des petits groupes d’humanistes aspirent à un christianisme plus pur (héritage spirituel d’Erasme). En France, se groupe se forme autour de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, issu d’une famille servant le roi et promis à une carrière traditionnelle : il cumulait les bénéfices des diocèses de Lodève et de Meaux. Mais Lefevre d’Etaple l’a influencé afin qu’il choisisse la voie de la Réforme dans son diocèse : contre les abus, contre la mauvaise formation des prêtres, souci de prédication (nouveau). Il s’entoure de Lefevre d’Etaple, Pierre Roussel, Guillaume Farel et Vatable.

Cette tentative du groupe de Meaux ne dure que de 1521 à 1525 (dislocation) car il est soupçonné d’hérésie (diffusion du luthéranisme). De fait, ce groupe accepte des aspects du luthéranisme et d’autres d’Erasme.

L’évangélisme est assimilé au luthéranisme alors que de fait c’est un humanisme chrétien.

Luther veut répondre à la question du Salut donc suit les préceptes de l’Eglise (prières, jeûne, repentance…) mais rien ne vient calmer ses angoisses. Il est spécialiste d’exégèse à l’université du Wittenberg. En étudiant l’épître au Romains de Paul il a la Révélation  que la justification est donnée par Dieu par la foi : c’est la Justice divine (« le juste vivra par la foi »). La prédestination libère de l’angoisse eschatologique et Luther se prononce publiquement contre le système des Indulgences en 1517 comme une fausse certitude (publication des 95 thèses).

Il découvre que la vérité passe par la lecture des Ecritures, seule autorité en matière de foi. Il ne doit pas y avoir d’autorité supérieure à la Bible (accès individuel).

Il est excommunié et mis au ban de l’Empire par Charles Quint (1521) m        ais ses thèmes sont diffusés et popularisé (création de la communauté de Strasbourg avec Bucer et Zwingli).

Vers 1519, le message luthérien arrive en France.

Marguerite d’Angoulême (sœur de François Ier, future Marguerite de Navarre), constitue une cour où se réfugient les anciens du groupe de Meaux.

Pantagruel (1532), Rabelais (1534) sont des œuvres proches de l’évangélisme. Il y a  une volonté de maintenir la Réforme au sein de l’Eglise mais cette position est de plus en plus difficile à suivre puisque les Evangélistes ont une position trop ambiguë durant 1530-1540.

La faculté de théologie de Paris joue un rôle important dans la persécution contre les Luthérien (idées condamnées en 1521). Cependant la position de François Ier est ambiguë car il protège Louis Berquin (traducteur de Erasme et de Luther) arrêté deux fois et relaxé deux fois, il finit par être brûlé (1529). Les condamnations ne condamnent pas les Erasmiens imprudents des Luthériens.

Des gestes de provocation comme l’iconoclasme qui veut dénoncer l’idolatrie sont effectuer. Ils sont peu nombreux mais entraînent une vive émotion. Attaque contre la messe et l’eucharistie vues comme une mascarade notamment en octobre 1534 lors de l’affaire des Placards (attaque de la messe papales) qui entraîne un courant de persécution (fuite de Calvin à Bâle puis Genève).

Calvin se distingue de Luther et Zwingli, il appartient à la 2° génération de Réformés. Il a suivit les cours du juriste italien André Aliciat. Sa conversion est difficile à dater. Cependant il participe à la rédaction de Cop, recteur de l’université de Paris, en 1533 où des idées réformées sont présentées. En 1535, il est déjà réformé car il fait paraître à Bâle, L’institution de la religion chrétienne, en 1536, dédié à François Ier pour défendre les persécutés. Il y exprime les idées fondamentales de la Réforme (orientation doctrinale claire et rigoureuse) et un modèle d’organisation ecclésiale. Il souhaite dénoncer les rumeurs courant sur le calvinisme dans cette œuvre qui est un exposé catéchétique présentant les dogmes fondamentaux du calvinisme au roi. Il installe l’Eglise Réformée à Genève lors de sa 2° tentative en 1541 avec les Ordonnances ecclésiastiques. Echec de la 1° expérience genevoise puisqu’il en est expulsé avec Farel en 1538.

Il impulse une nouvelle direction à la Réforme comme mouvement de dissidence religieuse multiforme qui s’ordonne.

·        Sola fide

Déchéance humaine suite au pêché originel empêche l’homme de faire le bien (vision sombre est pessimiste divergente de l’humaniste).

La foi seule justifie le pêcheur.

·        Double prédestination

Le Salut est donné par l’élection divine (décret souverain déterminant la damnation ou pas) ce qui renforce le caractère inutile des œuvres. Cet élément est libérateur car la foi est le signe de l’élection.

·        Sola scriptura

Il n’y a pas de règle en dehors des saintes Ecritures

·        Deux sacrements : la cène et le baptême

Cène célébrée 4 fois par an : pas transsubstantiation des catholiques, pas de consubstantiation de Luther, ni le seul symbole de Zwingli mais théologie de la présence réelle et spirituelle dans les espèces. Cette désacralisation des espèces heurte la sensibilité des catholiques. Le problème de l’eucharistie cristallise les tensions.

Baptême ne se fait pas nécessairement à la naissance car il n’est pas utile au Salut.

·        S’oppose au culte des saints et reliques, aux prières pour les défunts….

Il a donné des orientations claires et rigoureuses à ceux qui souhaitent se réformer.

Ce modèle est d’abord fait pour Genève dans les Ordonnances ecclésiastiques (1541). La Réforme circule par le biais des prédicateurs, des enseignants, des marchands, des étudiants étrangers et prêtres défroqués mais le calvinisme entraîne un changement d’échelle de cette diffusion.

Pour cela l’imprimerie a un rôle essentiel. A Genève, des livres (Bibles, controverses, commentaires bibliques…) sont produits et sont destinés à une diffusion massive notamment par des colporteurs.

La conversion par le livre s’ajoute à la conversion suscitée par les prédicateurs formés à Genève et agissant comme de vrais missionnaires.

2.      Réactions catholiques : le roi et l’Eglise

a.       Défi pour l’autorité royale et l’Eglise

Ces groupes religieux dissidents s’avèrent être un défi pour l’Eglise et les autorités royales. Très tôt, face au luthéranisme des théologiens répondent très rapidement à ces remises en cause. Ces réponses viennent surtout de la faculté de théologie de la Sorbonne qui peut engager des poursuites.

Ex. Noël Bédier s’avère être un théologien redouté tout comme Clichtoue. Clichtoue est opposé à l’humanisme simplement car il n’aime pas Luther et qu’il considère que l’humanisme à tracé le sillon de Luther. Il réfute systématiquement les idées de Luther.

b.      Idée concillière : le concile de Trente réaffirme le dogme (1545-1563)

Rapidement arrive l’idée concilière (idée forte dans les différents milieux au XVI°) mais elle se heurte à diverses hostilités :

·        Le pape, Clément VII, craint que dans la lignée du XV° et du concile de Bâle, ce concile aspire à montrer sa supériorité sur la papauté.

·        Charles Quint est pour la réunion de ce concile pour des raisons politiques de réunification religieuse de l’Empire

·        François Ier craint  un renforcement de l’Empereur donc est contre.

L’élection d’un nouveau pape, Paul III, débloque la situation. Il décide de convoquer le concile pour 1536 mais suite à la guerre franco-espagnole (François Ier/Charles Quint) celui-ci est reporté. Il a lieu en plusieurs sessions à Trente (cité libre d’Empire et sur le versant italien des Alpes) en 1545-1548, 1551-1552 (marqué des tensions entre Jules III et Henri II) et

1562-1563.

Ce concile ne monnaye rien avec la Réforme et réaffirme fortement le dogme catholique.

c.       Vague de répression suite à l’affaire des Placards (1534)

Dans  un 1° temps, François Ier ne croit pas en la présence d’hérésie au sein de son royaume mais l’affaire des placards en 1534 suscite une vague de répression. Celle-ci n’empêche pas le calvinisme de continuer de s’étendre.

1540 : royauté confie le jugement du crime en matière de foi aux Parlement

1543 : à la demande du roi, la faculté de Paris élabore des articles de foi marquant la volonté royale de défendre la religion catholique.

A la fin de son règne (1545-1547), François Ier est obsédé par le retour à l’unité religieuse de son royaume.

1545 : François Ier autorise la répression des Vaudois du Lubéron (communautés chrétiennes dissidentes ayant pris contact avec les Réformés depuis les années 1530). Des villages vaudois sont attaqués et exterminés en avril 1545 en Provence et dans le comtat Venaissin.

d.      Répression plus rigoureuse sous Henri II

Sous Henri II la répression devient plus rigoureuse encore. Création de la Chambre ardente au Parlement de Paris, chargée de traiter les affaires d’hérésie.

1551 : édit de Chateaubriant codifie les procédures en cas d’hérésie

1557 : édit de Compiègne élargit les cas de condamnation

1559 : édit d’Ecouen pour châtier tout hérétique.

La répression est prise en main par les tribunaux royaux au détriment des tribunaux ecclésiastiques. En effet, les crimes en matière de foi sont considérés comme séditieux et remettant en cause l’autorité royale même et doivent donc être du ressort du roi.

Chiffres de la répression :

5000-8000 jugements dont 4-7% de condamnation à mort (croissance du nombre de condamnation sur la fin de la période) marquant les consciences.

Ex. condamnation d’Anne du Bourg, conseiller du roi au Parlement de Paris condamné en décembre 1559.

Les années 1550 marquent la période de l’épopée héroïque des martyrs donnant lieu à une littérature réformée la décrivant  comme le Livre des martyrs de Jean Crespin (1554).

3.      La grande décennie du calvinisme français (1550-1560)

Sentiment d’accélération de l’histoire de la Réforme par la multiplication d’Eglises réformées et une sortie de la clandestinité favorisée par la certitude d’un signe de la volonté divine de voir triompher la vérité.

Ex. en 1564, 1 million d’Eglises réformées en France.

Période de l’icônoclasme comme une « théologie pratique » assumant le risque du martyr.

Jusqu’en 1555, on a essentiellement à faire à des groupes sans structure ecclésiastique (pasteur et consistoire). Au début, ces communautés ont des doctrines mêlées mais demande à Genève de leur donner un dogme et un encadrement.

Synode national de 1559 adopte la Confession de foi et la discipline correspondant au modèle genevois.

Forte densité d’Eglises dans le « croissant réformé » allant de la Rochelle au Dauphiné et en Normandie. Faible densité en Bretagne qui reste à l’écart du phénomène par son approche de la culture de la mort, associant vivants et morts.

Ex. début des 1560’s : 1250 Eglises dressées (sans compter le Béarn)  et 2 millions de sujets adhérant à la Réforme (10% de la population).

Sources : listes des réfugiés français à Genève, archives de la répression.

Surtout le bas clergé et les ordres réguliers ainsi que quelques évêques.

Ex. Antoine Carraciolo veut adhérer et rester évêque de Troyes

Ex. Odet de Chatillon, évêque de Beauvais, qui adopte la Réforme en 1561, se marie en 1564  mais n’abandonne ses bénéfices ecclésiastiques en 1568 seulement.

Conversion la plus marquante pour les esprit du XVI° (40% des Réformés normands sont des nobles). Elle donne à la Réforme un poids sociale et des hommes de guerre. Son adhésion est jugée moins sévèrement car on ne craint pas d’elle des soulèvements. Des hommes de la cour d’Henri II adhérait à la Réforme sans que ce dernier ne fasse rien.

Ces conversions suscitent celles de dépendants.

Les familles sont divisées par la conversion de l’un de leur membre.

Ex. Anne de Montmorency a 3 neveux qui se convertissent (Gaspard de Coligny, Odet de Chatillon et François d’Andelot)

Ex. Antoine de Bourbon et Louis de Bourbon Condé se convertissent.

Mobiles de ces adhésions vont de la conversion véritable (Gaspard de Coligny) à la volonté de la noblesse de s’illustrer dans des guerres de religion (conciliant honneur militaire et honneur de Dieu) suite à une démobilisation militaire (fin des guerres d’Italie).

Le monde du commerce, des officiers de justice (cours présidiales, avocats, légistes, docteurs en droit) sont réceptifs à la Réforme. C’est le cas des milieux proches de l’humanisme chrétien (professeurs, imprimeurs, libraires…)

Les classes populaires touchées sont celles des boutiquiers et artisans.

Pas de lien direct en crise économique et adhésion.

Certaines zones sont touchés comme les Cévennes mais la conversion peut être imposée (Jeanne d’Albret dans le Béarn) ou suit la conversion du seigneur (Périgord, Quercy, Rouergue).

Identité calviniste autour de nouvelles pratiques religieuses et aussi autour de nouveau modèles de comportement :

·        Culte dominical et au sein de la famille avec la Bible comme élément central

·        Idéal de vie austère sur lequel veille le Consistoire.

L’historien, E.G. Léonard affirme à ce titre que Calvin fonde une civilisation nouvelle par cette acculturation. Le mouvement réformé s’avère finalement minoritaire.

La mort d’Henri II ouvre une période d’instabilité due à des divisions religieuses et une faiblesse du pouvoir monarchique. Ce contexte suscite une coexistence entre Réformés et Catholiques qui passe par la loi. Les édits de pacification se heurtent à des réactions de rejet et de suspicion réciproque. Ces édits sont des échecs menant à la 1° guerre civile.

1.      Réforme dans le royaume : concorde religieuse ou tolérance civile

Celle-ci a lieu lors du règne de François II qui succède à son père, Henri II (1559-1560), à l’âge de 15 ans. Pour régner il s’en remet aux Guise qui sont les oncles de la reine, son épouse, Marie Stuart. Ils ont le monopole des faveurs du roi.

Cette situation est mal acceptée :

·        par les groupes écartés du pouvoir comme le Connétable Anne de Montmorency (qui était favori de Henri II) et Antoine de Bourbon (prince de sang qui voit les Guise, ducs de Lorraine, comme des étrangers)

·        par les nobles qui ne touchent plus les faveurs royales car les Guise mènent une politique d’économie visant à diminuer la dette de la France

·        par les Réformés car les Guise rejettent la Réforme et suscitent des édits de persécution.

Pour eux, la lutte contre les Guise est légitime car il s’agit de soustraire le roi, « mal conseillé par des étrangers » de cette influence. Il s’agit d’émanciper François II de la tutelle des Guise qui usurpent le pouvoir royal. Le royaume est opprimé : les calvinistes trouvent par là une cause juste à la remise en cause de la politique religieuse du royaume.

Les Réformés se tournent vers Antoine de Bourbon pour qu’il pèse en faveur d’une convocation des Etats Généraux. Celui-ci hésite car la haute noblesse n’est pas prête à soutenir ouvertement les Réformés.

La conjuration a lieu en mars 1560 sur l’initiative d’un groupe de la moyenne noblesse provinciale (dont La Renaudie) face à l’inaction des princes de sang. Les conjurés veulent renverser le roi sans violence mais n’ont ni la caution de la haute noblesse, ne celle de Calvin.  Celle ci préparée en amateur est un échec qui suscite une répression importante des Guise (arrestations, exécutions et exposition des cadavres). Cette répression atteste chez les Réformés la thèse de la cruauté des Guise(cf. Epître envoyé au Tigre de France d’Hotman).

Conséquences : peur et crainte du complot protestant. Le Réformé apparaît alors comme un séditieux. Cette méfiance est visible par la généralisation du terme « huguenot » issu de Eidgenossen assimilant le protestant au subversif.

Ils ont lieu à Orléans et Pontoise.

A la cour, les modérés redonnent de la voix depuis quelques temps. Ils prônent  une solution moyenne d’une concorde religieuse. Ces « moyenneurs » sont mal vus et peu nombreux (Jean de Monluc, évêque de Valence ; Charles de Marillac, archevêque de Vienne ; Michel de l’Hospital, chancelier) mais Catherine de Médicis soutient cette politique de pacification religieuse.

Août 1561 : une assemblée de notables est réunie et propose de convoquer un concile nationale pour réformer l’Eglise ou de réunir les Etats Généraux. Les Réformés siégeant à cette assemblée se posent comme défenseur des autres Réformés ouvertement (amiral de Coligny). François II décide donc de convoquer ces deux assemblées.

Il meurt en décembre 1560 mais les Etats Généraux s’ouvrent tout de même sous le règne de Charles IX, frère de François II, âgé de 10 ans.

La convocation des Etats Généraux ouvre une procédure lourde car il faut élire les députés et rédiger des cahiers de doléance. Ils sont représentatifs au sens de la sanior pars (comptant 221 députés du Tiers Etat, 107 de la noblesse et 127 ecclésiastiques). Ils sont ouverts le 13 décembre 1560 avec un discours de Michel de l’Hospital et discutent sur le gouvernement, la loi, la justice, le commerce, les finances, l’armée et les affaires religieuses et sont en cela un lieu de débat et de réflexion politique. Ils aboutissent à l’ordonnance d’Orléans signée en 1561.

Ils sont bloqués sur le problème de l’impôt nouveaux qui la monarchie endettée voudrait faire adopté car les députés affirment que n’étant pas mandatés pour cela il ne peuvent accepter. Du coup, ils sont renvoyés dans leur province afin que de nouvelles élections aient lieu pour remédier aux problèmes financiers du royaume. Le Tiers veut que le clergé contribue. Les nobles sont d’accord (car si les paysans paient moins au roi, ils pourront payer plus au seigneur). Une assemblée de prélats est réunie à Poissy et vote le « don gratuit » (car le clergé ne peut pas payer d’impôt) de 1,6 millions de livres par an pendant 6 ans. C’est le contrat de Poissy. En contre partie, l’assemblée du clergé se réunira régulièrement pour gérer ce don.

Bilan : monarchie représentative et consultative. Les députés se sentent investis d’une mission spécifique.

Elaboration des juristes visant à contredire l’idée d’un interrègne par l’application de l’adage « le mort saisit le vif » en terme de succession de la royauté.

Les modérés veulent la concorde religieuse. Comme les troubles s’aggravent entre 1560-1561 des discussions sont ouvertes. Il y a un courant minoritaire animé par l’irénisme (désir de pacification que partageait Erasme) dans le but de revenir à l’unité au prix de concessions doctrinales (Claude d’Espence, théologien ; François de Baudouin, juriste).

Calvin est contre l’idée de faire des concessions avec l’inacceptable tandis que les théologiens catholique s’oppose à faire des concessions avec l’hérésie.

Cependant, Charles de Lorraine soutient ces concessions doctrinales (position inattendue de la part du frère du duc de Guise) car il souhaite la paix, y fait un calcul politique et s’est rendu compte du manque de résultats des actions entamées précédemment.  De même, Michel de l’Hospital et Catherine de Médicis relâchent la définition du crime d’hérésie dans ce sens.

Par contre le pape craint que ce concile n’aboutisse au schisme de l’Eglise gallicane. Pour ne pas en arriver là, on nomme cette réunion « colloque » (discussion de théologiens professionnels) avec des Catholiques et des Réformés (Théodore de Bèze).

Les « moyenneurs » veulent que ces concessions prennent la forme d’une confession commune aux deux religions mais Calvin est aussi intransigeant que les représentants de l’Eglise catholique.

Le colloque se solde par un échec et se ferme le 14 octobre 1561.

Suite à cet échec, certains recherchent une formule de tolérance civile dans le cadre de la loi mais tous s’y opposent en raison d’une croissance des intolérances religieuses (les calvinistes espèrent un triomphe imminent et les pamphlets anti-protestants se multiplient comme celui de Artus Désiré, Combat des fidèles papistes qui prône la violence soteriologique)

Le devoir d’obéissance au roi rencontre l’impératif de respecter la volonté divine suscitant des tensions et une croissance de la violence contre les Réformés.

Les catholiques s’organisent en raison de l’inaction du pouvoir royal et constituent les 1° ligues (1560’s). François de Guise, Anne de Montmorency et J. d’Albon qui ne s’apprécient pas s’unissent donc malgré leur inimitié dans cette cause. C’est une union des mécontents.

2.      De la loi à la guerre

Il s’agit d’une solution politique suite à l’échec de Poissy : légalisation provisoire des Réformés afin de rétablir l’ordre dans le royaume. L’étape de « tolérance civile » est franchie (liberté de culte limitée dans le temps). La tolérance est connotée négativement car on ne « tolère  que ce qui est mauvais  faute de mieux ».

Michel de l’Hospital souhaite toujours la concorde mais pense en juriste qu’il est que ces divisions religieuses risquent de mener à un éclatement de l’Etat. Il oppose les notion de religio/respublica, christiani/cives distinguant par là un ordre spirituel distinct d’un ordre juridique.

Cet édit apparaît comme une victoire de modérés. Pour protester les chefs du parti catholique s’éloignent de la cour.

Légalisation du culte public des Réformés de jour, sans armes et hors des villes, des synodes et consistoires réformés si le roi et ses officiers y sont présents. Ce texte est limitatif mais nouveau car c’est la première fois qu’on légalise la dualité religieuse dans le royaume.

Réaction

Les protestants l’acceptent mais regrettent les restrictions. Ils pensent que le roi découvre enfin la Vérité.

Les catholiques sont fortement opposés et y voient une trahison du roi par la remise en cause de l’adage « un roi,  une foi,  une loi » contre l’uniformité du royaume. En province des mobilisations militaires ont lieu. La violence est légitimée par le fait que le roi ne fait plus son travail.

Evènement déclencheur qui s’est déroulé sous l’autorité du duc de Guise mais dont on ne sait pas s’il a été prémédité ou si il s’agit d’un dérapage violent.

Le duc de Guise revient à la cour pour faire pression sur la reine afin qu’elle révoque cet édit. En chemin, il s’arrête à Wassy où existe une communauté protestante. Le 1 mars 1562, un prêche y a lieu mais fans la ville enclenchant des violence entre catholiques et protestants, enfermés et massacrés dans une grange (25-30 individus)

Autour de la personne du roi, la guerre éclate opposant le triumvir François de Guise, Anne de Montmorency et J. d’Albon aux chefs du parti protestant. Les protestants prennent les armes (justification par le prince de Condé) en prenant la même argumentation que celle qui avait menée à la conjuration d’Amboise.

2 avril 1562 : prise d’Orléans. Le roi et Catherine de Médicis y voient une rébellion atteignant l’autorité royale (et non la tentative d’émanciper le roi de mauvaises influences) et la traite comme telle.

Prise de villes dans le Dauphiné, le Languedoc, la vallée du Rhône (Lyon), la vallée de la Loire…Les prises de villes dans le Nord s’avèrent fragiles et poussent Louis de Condé à rechercher de l’appui hors de France. Il signe avec Elizabeth d’Angleterre un traité monnayant son appui au don de la ville du Havre (qu’elle espère monnayer par la suite contre Calais).

Les batailles sont vues comme le jugement de Dieu donc Condé l’a mauvaise lorsqu’il perd la bataille de Dreux (décembre 1562) et qu’il est fait prisonnier par François de Guise. Plus tard, François de Guise est assassiné lors du siège d’Orléans par Poltrot Méré (un rescapé de la conjuration d’Amboise) le 18 février 1563. Cette mort est perçu comme un assassinat par les Guise, est imputable à Coligny et suscite l’appétit de vengeance.

Négocié par Louis de Condé et le connétable Anne de Montmorency. Il marque le retour de la tolérance civile mais est moins favorable aux protestants car la liberté de culte est très limitée Culte seulement dans les faubourgs, pas de construction de temple, culte seulement dans une ville par baillage et pas autour de Paris, le culte peut se poursuivre dans les lieux où il se pratiquaient au moment de l’édit. Les seigneurs ont droit au culte domestique (et peuvent réunir leurs vassaux si ils ont la haute justice).

Les dispositions sont favorables à la noblesse calviniste mais les protestants ont  un sentiment d’abandon et d’échec.

Cette paix est critiquée de toutes parts mais elle dure malgré tout car les membres du bastion catholique ont disparus (duc de Guise, Antoine de Bourbon et Jacques d’Albon saint André).

Cette guerre a fait émerger la déchirure religieuse du royaume et la faiblesse de l’autorité royale.

3.      Coexistence fragile (1563-1567)

Pour que la paix d’Amboise soit respectée il importe que l’autorité royale soit rétablie. Catherine de Médicis joue un rôle prépondérant dans le pouvoir. Elle est veuve d’Henri II et contrôle tout durant 4 ans (membre du Conseil étroit, elle reçoit les dépêches diplomatiques et s’occupe de la Régence).

Michel de l’Hôpital gouverne en juriste, la tolérance qu’il défend est la tolérance civile. Il croît à la réforme du royaume (de l’Eglise gallicane puis de l’Etat) et défend la préeminence du roi et de son pouvoir législateur.

Le Parlement de Paris est opposé à cette politique d’apaisement et utilise tous les moyens possibles pour ne pas enregistrer ce traité d’Amboise. Du coup, Charles IX tient un lit de justice à Rouen (17 août 1563) durant lequel sa majorité est proclamé selon une nouvelle interprétation (majorité lorsque le roi entame sa 14° année et pas de période d’interrègne). Punition des magistrats parisiens. Le roi réaffirme sa suprématie législatrice (nouveauté préfigurant Bodin)

Il part début janvier 1564 pour 27 mois (ampleur exceptionnelle). Il est accompagné de toute la cour, de sa famille et de l’appareil gouvernemental.

But de reconstruction de l’autorité royale :

·        Pacification et faire voir le roi pour forger l’unité du royaume

·        Rencontre de souverains étrangers.

Charles IX rencontre à Bayonne le duc d’Albe représentant le roi d’Espagne, Philippe II, et la reine d’Espagne (fille de Catherine de Médicis). Cette rencontre suscite des rumeurs chez les protestants qui craignent une alliance avec le roi d’Espagne, très catholique contre eux.

·        Visite des Parlements de province qui enregistrent l’édit d’Amboise (sauf celui d’Aix qui sera puni)

·        Reprise en main politique des villes par le contrôle de l’oligarchie urbaine. L’édit de Crémieux vient dans ce sens donner plus de pouvoir au roi quant à l’élection des corps de villes importantes. Se forgent alors de nouveaux liens de dépendance et de fidélité entre les bourgeois et le roi.

·        Reprise en main de la noblesse provinciale puisque le roi en échange de la distribution de récompenses symboliques exige des serments de celle-ci.

Itinéraire : Paris vers le sud (Lyon), Avignon, Provence, Languedoc, vers Bordeaux, retour vers Bayonne pour y rencontrer le représentant du roi d’Espagne, vers le nord en passant par la vallée de la Loire (Moulins).

Bilan : les conflits ouverts diminuent suite au passage du roi (qui juge lors de ces visites) mais la réconciliation est fictive et ne dure pas.

L’application de l’édit suscite des conflits sur des questions très précises au sein des communautés.

Ex. les parlements de province refuse la réintégration des magistrats protestants.

Ouverture d’une période de rénovation catholique et de reconquête sur l’hérésie .

Obstacles à la politique royale : Apparitions embryonnaires des 1° Ligues. Charles IX interdit les Ligues avant d’en prendre la tête (afin de lutter contre la clandestinité). La fin du concile de Trente (1563) à consacré la réaffirmation du dogme catholique sans recherche de conciliation. Pie V incarne la reconquête tridentine. Les Gallicans sont opposés à cette réforme venue de Rome. Les magistrats rechignent donc à en enregistrer les décrets mais  il faut tout de même faire entrer ces décrets dans le royaume de France. La réforme tridentine prend la forme de l’apparition de nouveaux ordres religieux (jésuites) et de nouveaux diocèses organisés sur le modèle tridentin. 

Pendant ce temps, les heurts entre catholiques et protestants se multiplient. Les protestants redoutent une intervention militaire de l’Espagne.

Seconde guerre civile (1567-mars 1568) est due à la tentative du prince de Condé&co pour libérer le roi (modèle de la conjuration d’Amboise) de mauvaises influence (cardinal de Lorraine). Le roi se réfugie à Meaux (« surprise de Meaux ») et la tentative est un échec.

Cette guerre mobilise toutes les armées bien organisées. Des villes du Midi sont prises et des massacres y ont lieu (Michelade de Nîmes).

Durant la bataille de la porte Saint Denis (vers Paris), le 10 novembre 1567, Anne de Montmorency est tué. Le nouveau connétable est Henri d’Anjou (frère de Charles IX).

La paix de Longjumeau est signée en mars 1568. Elle confirme l’édit d’Amboise en moins restrictif, exaspérant les catholiques et ne parvenant pas à rassurer les protestants.

Michel de l’Hôpital est vu comme traître, responsable de cette guerre et du non engagement de Charles IX dans la lutte contre l’hérésie. Il est écarté du Conseil et perd la garde des sceaux (juin 1568). Le nouveau chancelier est Jean Morvillet, modéré.

Echec de la politique de reconstruction de l’autorité royale, de la tolérance civile et de la Réforme de l’Eglise de France.

Déplacement des enjeux sous la pression internationale (dont celle de Philippe II) permettant aux intransigeants d’acquérir plus de poids à la Cour et au Conseil.

1.      De la reprise de la guerre au massacre de la saint Barthélémy

Philippe II (duc d'Albe incarne cette politique) veut lutter contre les calvinistes des Pays-Bas  (Guillaume d'Orange&co) mais ceux-ci résistent à l'oppression religieuse et politique formant l'Union des Réformés Français et Calvinistes des Pays Bas. Le duc d'Albe est envoyé pour châtier les nobles réformés de Flandres. Le fait que la noblesse soit prise pour cible produit une certaine émotion. Les Huguenots français craignent que Catherine de Médicis en fasse de même. Du coup, les protestants français et flamands s'allient contre le roi d'Espagne.

Philippe II veut supprimer l'hérésie qui menace les souverains européens car l'idée se développe que les protestants sont subversifs et qu'ils remettent en cause l'autorité du souverain.

Le prince de Condé et Coligny quittent la cour car ils craignent l'intervention militaire contre les protestants français (notamment celle du roi d'Espagne). Ils se rendent à La Rochelle et prennent les armes "au nom du bien public pour défendre le royaume" pensant que la monarchie se dénature.

L'appel aux Etats Généraux est préconisé. Le conflit s'internationalise car Catherine de Médicis souscrit des emprunts aux souverains européens pour la guerre tandis que Guillaume d'Orange et Elizabeth profitent de l'aide des protestants.

Le prince de Condé est "assassiné" par un membre des la maison d'Anjou, lors de la bataille de Jarnac en mars 1569. Cette "assassinat" provoque comme les autres représailles, massacres et vengeances tant individuelles que collectives dans le nord et le sud.

Cette guerre est marquée par les vengeances nobiliaires et les massacres individuels et collectifs.

8 août 1570 : édit de Saint Germain signée pour mettre fin à la guerre car les Guise sont entrés dans une période de disgrâce et les modérés remontent au créneau. Cet édit confirme celui d'Amboise, le culte est plus libre, entame une période d'apaisement (les Réformés récupèrent leurs charges et leurs biens) et la royauté donne aux protestants des places de sureté (La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité) comme une garantie militaire. Cette paix est vue comme boiteuse mais elle a le mérite de tenter une nouvelle fois de pacifier le royaume. Elle dure jusqu’en 1572 (massacre de la saint Barthélemy). Les plus intransigeants sont de plus en plus mécontents car ils sont contre l’intervention française contre le très catholique roi d’Espagne.

Dans le conseil du roi, Montmorency qui prône la tolérance (au sens du XVI°) est en position dominante. Sa voix et celle de Morvillet (même ligne politique que l’ancien chancelier, Michel de l’Hopital). Charles IX est acquis à l’idée de pacification du royaume (influence du néoplatonisme prônant l’harmonie et l’amour du monde passant entre autre par les arts). L’amiral de Coligny est revenu à la Cour (septembre 1571) même si des rumeur de vengeance des Guise l’inquiète. Il la quitte puis y retourne une nouvelle fois en juin 1572. La proximité qu’il entretient avec le roi marque les esprits (bien que ce soit normal).

L’application de l’édit est difficile bien qu’il soit plus rigoureux car :

·        Les réformés craignent que Charles IX ait la langue fourchue (période de suspicion généralisée) même si ce dernier à autorisé la tenue d’un synode national à la Rochelle en 1571, gage de sa bonne volonté.

·        Les catholiques ne comprennent pas ces concessions alors que le roi est en position de force militairement (de nombreux placards et pamphlets dont ceux d’Artus Désiré circulent prédisant des calamités, une malédiction divine imminente dues à cet édit).

·        Des incidents locaux ont lieu dans ce cadre, les catholiques intransigeant voyant dans certaines mesures de pacification des remises en cause de leur religion.

De plus, les menaces extérieures augmentent ces tensions internes. Dans les années 1570, on observe la volonté de libérer Charles IX des pressions espagnoles par la diplomatie. Des ambassadeurs élaborent des projets d’alliance avec rapprochant Charles IX du monde protestant. Un projet de mariage entre Henri d’Anjou et la reine d’Angleterre. Le duc d’Anjou renonce et est remplacé par François, duc d’Alençon. Un traité est donc signé entre la France et l’Angleterre puis entre la France et les princes protestants allemands. Ces éléments nous permettent de noter le retour d’une diplomatie cohérente dirigée contre l’Espagne et ses vœux hégémoniques. C’est aussi un des effet de l’édit de Saint Germain.

De son côté, le roi d’Espagne fait une ligue le 25 mai 1571 avec le pape (donc Sainte Ligue), la république de Venise&co dans un objectif de croisade contre les Turcs. Les Réformés y voient surtout une ligue papiste qui risque de ce retourner contre eux.

Coligny avait signé un traité avec le prince d’Orange dans le cadre des guerres civiles. Il se sent redevable et veut l’aider vis à vis de l’intervention espagnoles contre les princes protestants des Pays Bas d’Espagne (gueux). Coligny réclame au roi cette intervention mais celle ci est rejetée par le Conseil (influencé par Catherine de Médicis qui ne veut pas d’affrontement avec la monarchie espagnole). Du coup, le choix d’une intervention secrète (usuelle) est fait. Celle-ci commence à être mise en œuvre par l’envoi de régiments soutenants les calvinistes mais ces régiments sont vaincus et découverts.

Résultats : Philippe II est inquiété par la France et Coligny envisage une guerre privée. La situation internationale est dangereuse car il existe désormais un risque de guerre franco-espagnole.

Echec de la tentative de pacification de Charles IX par l’édit  de saint Germain.  Pour se réconcilier, Catherine de Médicis imagine une union entre sa fille, Marguerite de Valois et Henri de Navarre. Cette cérémonie a lieu à Paris et attire de nombreux gentilshommes protestants qui sont plus visibles dans la population parisienne. Celle-ci excitée par la chaleur de l’été est hostile à cette présence. De plus, la célébration a lieu en partie hors de la cathédrale , affichant l’hérésie de Henri de Navarre. La population voit de nombreux signes interprétés comme la colère imminente de Dieu contre la souillure de la présence protestante.

Un premier attentat vise Coligny mais échoue (22 août 1572). Les protestants sont de plus en plus inquiets et exigent de Charles IX qu’il fasse justice sinon ils menacent de quitter la capitale (marquant par là la reprise des affrontements armés).

Dans l’urgence Charles IX et Catherine de Médicis prennent la décision préventive contre une nouvelle flambée de violence de tuer les chefs huguenots (sous la pression des Guise et des Espagnols) les 23-24 août 1572.

Les protestants sont conduits hors du palais royal, Coligny est assassiné. Ces actes visent un groupe limité mais entraîne un déchaînement de violence de la population parisienne et des milices bourgeoises en un massacre généralisé. Ces gens sont certains d’accomplir par là la volonté divine en un acte de purification. Ces massacres durent jusqu’au 30 août et font de 2000 à 4000 morts à Paris (10 000 morts au total en comptant les saint Barthélemy de province).

Charles IX endosse l’entière responsabilité de ces événements (alors qu’ils n’avait commandité que le massacre des chefs huguenots et pas la tuerie généralisée)

2.      Guerre civile et crise politique

Les réformés sont choqués par le massacre et craignent d’y voir un abandon de Dieu. Les villes protestantes du Midi se soulèvent dirigées par les notables huguenots (les grands chefs étant morts lors des précédentes guerres) contre le tyran dans un projet de sécession en attendant que Dieu fasse venir le prince libérateur.

Mise en place d’une résistance urbaine sur le modèle du siège de la Rochelle, bastion protestant, aimant les libertés urbaines et entretenant des liens commerciaux avec l’Angleterre. Les armées royales dirigées par Henri d’Anjou (futur Henri III) font le blocus de la Rochelle tandis que les rochellais vivent ce siège comme une aventure biblique.

Effet paradoxal de ce siège qui conduit à se côtoyer des nobles de confessions différentes mais qui s’accordent sur l’insatisfaction que produit ces guerres. Ils se sentent les premières victimes de ces guerres.

Le siège connaît une issue précipitée pour des raisons financière (schéma traditionnel de ces guerres) et l’élection d’Henri d’Anjou au trône de Pologne en mai 1573.

L’édit de Boulogne en juillet 1573 marque la fin de la guerre et rétabli la liberté de conscience et de culte (limitée/autorisé pour les seigneurs possédant la haute justice).

Accueil : les protestants du nord ont beaucoup souffert de ces guerres se résignent à cet édit tandis que les protestants du Midi refusent celui ci. Là, les notabilités résistent et réclament plus de concessions.

La guerre a fait apparaître une évolution de la conception de la monarchie. Le sud réclame désormais une monarchie sur la modèle d’un contrat passé entre le prince et le peuple.

Ils écrivent des traités écrits avant et publiés après la saint Barthélemy à propos de la résistance aux persécutions.

Auteur : François Hotman (Franco Gallia), Théodore de Bèze (Du droit des magistrats et de leurs sujets), Philippe Duplessis Mornay et auteurs anonymes.

La saint Barthélemy a rompu le lien unissant le roi à ses sujets, or  le roi devenu tyran voit sa légitimité s’effondrer.

Les monarchomaques remettent en cause la monarchie absolue (tyrannique car arbitraire) et la monarchie qui favorise la prise de décision en solitaire (cf. resserement du conseil du roi au XVI°). Ils invoquent la mauvaise influence italienne de Catherine de Médicis (italophobie) comme source des maux rompant la continuité et la permanence du royaume (entité valorisée). La puissance absolue nuit aux bonnes lois que sont les lois fondamentales alors que les lois des rois sont sujettes à leurs caprices.

Les monarchomaques imaginent la monarchie des origines comme celle des Francs et des Gaulois en opposition à la monarchie corrompue entamée lors du règne de Louis XI. La monarchie d’avant reposé sur une alliance contre les Romains. Le souverain était alors le peuple et ses représentants. A cause de cela, les Etats Généraux devraient être la source de tous les pouvoirs (ils ne comptent évidemment pas les membres du clergé).

Conséquences théoriques :

·        Survenue de l’idée de contrat entre le peuple et son roi (qui lui est subordonné). Le roi est le pilote du navire mais n’en est pas le seigneur. C’est le peuple qui peut se lever contre le roi et remettre son commandement en cause s’il mène le navire dans les récifs.

·        Définition de la tyrannie différenciant le tyran d’usurpation (que n’importe qui peut tuer) et le tyran d’exercice à qui le peuple doit résister. Pour cela il doit d’abord avoir recours aux officiers de la couronne qui sont en devoir de convoquer les Etats Généraux qui peuvent juger et déposer le roi. Si ces démarches n’aboutissent pas, les officiers peuvent appeler à la sédition qui est alors légitime. Le recours à la violence est l’ultime recours.

La doctrine échappe peu à peu au parti catholique et se dresse contre lui. Henri de Navarre souhaite refonder la monarchie absolue sans laisser aucune place aux monarchomaques.

Union des provinces du Midi dotées de pouvoirs étendus. Dans les provinces du Languedoc il y a des assemblées de protestants. Après 1572, ces assemblées changent de nature. Par exemple, en 1573, l'assemblée politique de Millau se dote d'une constitution et choisissent en 1574, Henri de Condé comme protecteur. En 1575, l'assemblée de Nîmes réunit les Etats Généraux des provinces qui sont les "Provinces unies du Midi". Le règlement prévoit une structure confédérale à trois niveaux : le conseil de ville ou de la communauté villageoise, l'assemblée provinciale et l'assemblée générale. La fonction militaire est confiée à un grand représentant de la haute noblesse. Cette assemblée prétend avoir le droit de légiférer et parle donc de la souveraineté du peuple, se dotant par là d'une large autonomie. Certains dénoncent ce projet comme celui d'une république cherchant un frein au pouvoir personnel du roi.

Les nobles modérés de différentes confessions en arrivent à se rapprocher lors de la 5° guerre. Le phénomène du malcontentement nobiliaire jour un rôle essentiel et correspond à un malaise profond. Au cœur des problèmes de la noblesse se trouvent les bienfaits (récompense honorifique) du roi aux nobles bien intégrés dans les grandes cours. Ce système fonctionne très bien si le roi distribue les récompenses égalitairement. Pour être récompensé, il faut que quelques gentilshommes restent assez longtemps dans ce système clientéliste.

C'est l'action guerrière qui est l'essence de la noblesse. Or la noblesse se décime elle-même, les lignages se fracturent. Le malcontentement c'est la forme politique des mécontentements des nobles qui s'expriment par des ruptures (quitter la cour, prendre les armes, regrouper les partisans)

Figures emblématiques de ce mécontentement : duc d'Alençon, Henri de Navarre. Le duc d'Alençon est le fils d'Henri II qui s'oppose à son frère car il craint de ne pas être reconnu dans son rang par le souverain. Il redoute une déchéance de son prestige. Il est étroitement surveillé à la cour.

Henri de Navarre est aussi un prince de sang, converti de force au catholicisme il se trouve alors prisonnier de Charles IX.

Le duc de Montmorency se plaint de ce que Charles IX ne le reconnaît pas et a derrière lui de nombreux clients. Ils font des déclarations "légitimant la prise d'armes"

Face à cela, la monarchie réagit brutalement par la répression et les arrestations. Les plu suspects sont les Montmorency. Au nom de son honneur, Danville décide de s'allier aux protestants.

30 mai 1574 : mort de Charles IX tandis que son frère Henri est en Pologne comme roi. Il quitte le trône de Pologne pour prendre celui de France mais entre les deux se déroule une sorte de période d'inter règne qui fait espérer le duc d'Alençon mais finalement Henri III rentre en France. Cela implique la reprise des guerres.

Manifeste de 1576 : Bref remontrance de la noblesse de France (Innocent Gentillet) qui fait ressortir quelques idées de Machiavel sur la perversion du roi par quelques gentilshommes. Autre manifeste paru en 1576, La tyrannie turque (perçue comme la pire des tyrannies)

La saint Barthélémy est perçu comme une attaque contre les nobles en général, plus que simplement contre les protestants. Ils craignent que le roi veuille détruire l'ancienne noblesse pour la remplacer par une nouvelle noblesse plus docile. Elle s'attache donc à la patrie dans une italophobie galopante. La noblesse entre dans un mouvement de contestation et pense qu'il est de son devoir de se révolter. Prise d'arme légitime pour défendre le royaume et les traditions.

Opérations au nord et au sud (Languedoc). Dès 1575, le duc d'Alençon donne aux mécontents une figure emblématique (apparaît comme protecteur de la liberté et du bien). Henri III est isolé et compte sur le duc de Guise et ce qui reste de la famille de Lorraine. Le rapprochement se fait par le mariage d'Henri III et de Louise du lignage des Guise.

Edit de Beaulieu clôt la guerre le 6 mai 1576 qui rétablit le culte réformé+8places de sureté+réhabilitations et indemnisation des victimes de la Saint Barthelemy.

Grande victoire des malcontents et des unions protestantes. Le roi est contraint d'accepter.

2.      La monarchie au temps de la Ligue (1576-1589)

Le mouvement ligueur : la 1° Ligue de 1576

Pour les Huguenots, la paix de Baulieu est une sorte de revanche de la saint Barthélémy et pour les catholiques c'est un scandale. Ils forment  une ligue catholique très virulente et opposée à cette paix.

En Picardie, se regroupent des gentilshommes catholiques contre cette paix : Ligue de Péronne. Elle est dans la tradition des 1° mouvements ligueurs de 1562. Elle admire le duc de Guise. Pour la contenir, le roi se déclare chef de la ligue.

La réunion des Etats Généraux de Blois (1576)

Contexte agité

110 clercs+187 du Tiers Etat+90 nobles = 383 membres. Ils abordent la question fondamentale de la périodicité du conseil du roi afin qu'il y ait une plus grande représentativité du royaume. Ils insistent sur le renforcement du pouvoir des Etats Généraux. S'affirme l'idée que les Etats Généraux représentent la France, le royaume. La question est de savoir si la souveraineté royale est partageable ou non. La loi des Etats Généraux ne peut être modifiée mais celle du roi peut l'être. Considérant que l'édit de Beaulieu est une loi du roi, ils pensent qu'il convient de la supprimer.

Ils se heurtent au roi qui veut, lui, augmenter les impôts ou vendre une partie du domaine pour payer ses dettes. Jean Bodin s'y oppose car le domaine est inaliénable.

La 6° guerre civile vient stopper ces considérations (décembre 1576-septembre 1577)

Les protestants n'ont pas confiance vis-à-vis des Etats Généraux, en plus ils ont perdu le soutien du duc d'Alençon (ailleurs) et de Montmorency (qui se rapproche du roi). C'est une guerre de siège mais Henri III n'a pas les moyens financiers de gérer cette guerre. La paix de Poitiers est donc signée en octobre 1577 mais elle est assez restrictive (ressemble à la paix d'Amboise). Solution médiane entre autorisation totale de culte de 1576 et la restriction. Moment de répit pour le roi.

Le problème : Henri III

L'autorité royale tente de se reconstruire. Il a une mauvaise réputation mais aujourd'hui on réévalue le bilan de son règne. Il a accompli une œuvre considérable. Son goût pour la mode et la propreté nuit à son image de roi guerrier. Il a un sens poussé de la responsabilité spirituelle du royaume et croit que ses pêchés sont payés par ses sujets (repentir). A partir de 1582, il participe à des processions (dans le sud où il y a des confréries de pénitents). Tout cela choque ses sujets et l'idée d'un roi pénitent suscite l'hostilité. On voit sa pénitence comme un orgueil déguisé.

Henri pour reprendre le royaume en main s’appuie sur la noblesse moyenne. Ils s’appuie sur les mignons qui apparaissent comme ses dévoués (Anne de Joyeuse, J. Louis d’Epernon). Cela provoque la fureur des grands qui ne seront plus favorisé. Création de l’ordre du Saint Esprit pour les nobles de plus de 3 générations : ordre de chevaliers chrétiens entièrement dévoués à Henri III. Il utilise la cour comme un instrument d’arbitrage pour gouverner (attentif aux règles de bienséances et rangs). Il veut créer une distance entre lui et les grands pour retrouver sa position d’arbitre. Cette cour est raffinée mais reste violente.

Pendant ce temps, l’appareil d’Etat existe toujours puisqu’il s’agit d’un Etat d’office.

Les guerres civiles  (tabelau récapitulatif)

date

Evénement déclencheur

Edit ou paix mettant fin

Faits marquants

Charles IX (1560-1574)

1)

Mars1562

mars1563

Massacre de Wassy

Edit d’Amboise

Liberté de conscience et autorisation limité de culte

Favorable aux nobles protestants

Condé prisonnier des catholiques Montmorency prisonnier des protestants à la bataille de Dreux

Mort maréchal Saint-André

Duc François de Guise assassiné lors du siège d’Orléans par Poltrot Méré

2)

Sept 1567

mars 1568

Surprise de Meaux

Paix de Longjumeau (pb financiers) rétabli la paix d’Amboise

Condé assiège Paris

Montmorency meurt lors de la bataille de Saint Denis

Repli protestant + Michelade

Disgrâce M. de L’Hôpital

3)

1568

août 1570

Duc d’Albe envoyé aux Pays-Bas

Coligny et Condé aident Guillaume d’Orange et Louis de Nassau

Espagne et Pape pousse roi à agir

Charles IX veut faire arrêter Condé et Coligny (refuge à la Rochelle)

Edit de Saint-Maur (septembre 1568)

Edit de Saint Germain favorable aux protestants donne 4 places de sûreté (La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité)

Condé assassiné à la bataille de Jarnac

4)

Sept 1572

juillet 1573

Massacre de la Saint Barthélemy

Edit de Boulogne (car Henri d’Anjou, roi de Pologne) : liberté de culte à La Rochelle, Nîmes, Montauban et hauts justiciers

Haute noblesse protestante décapitée donc protestants roturiers

Siège de La Rochelle par Henri d’Anjou

François II (1559-1560)  Charles IX (1560-1574)

5)

1574

mai 1576

Résistance dans des villes du Midi

Malcontents contre l’Etat royal (François d’Alençon&Henri de Montmorency-Damville et Henri de Condé&François de la Noue

Edit de Baulieu, « paix de Monsieur » : 8 places de sûreté et liberté de culte (sauf Paris), chambres mi-parties, réhabilitation victimes de la Saint Barthélemy

Recours à des mercenaires allemands

Première ligue picarde (1576)

6)

Déc 1576

Oct 1577

Etats Généraux de Blois tournant à l’avantage des Catholiques

Edit de Poitiers (crise financière) restreint l’Edit de Beaulieu + dissolution de toutes les ligues

Siège de Montpellier

Sac de La Charité sur Loire et d’Issoire par les troupes du duc d’Anjou (Monsieur)

7)

Nov 1579

Nov 1580

« Guerre des amoureux » décidé par Henri IV et la cour de Nérac

Paix du Château de Fleix

Prise de Cahors par Henri de Navarre

Prise de la Mure par duc de Mayenne, frère du duc de Guise

Henri III (1574-1589)&Henri IV (1589-1610)

8)

Juillet 1585

Avril 1598

Traité de Nemours

Edit de Nantes ( ?)

Faiblesse financière donc recours à l’aide étrangère.

Aucune opération militaire décisive.

Journée de Barricades&Ligue de Paris.

Assassinat des Guise aux Etats Généraux de Blois (décembre 1588).

Alliance Henri III et Henri de Navarre contre les Ligueurs.

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