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cours d'histoire
9 novembre 2007

Famille et parenté dans l’Occident médiéval (Didier Lett)

Fusion entre éléments romains, germaniques et chrétiens. La parenté regroupe un ensemble de cousins et présente une faible conscience généalogique. Transmise indifférement par le père ou la mère (parenté cognatique qui s’oppose à la parenté agnatique, transmise par le père)

Pratiques successorales plutôt héréditaires entre les enfants mâles

1.      Large parenté transmise indifféremment par le père ou la mère

La Sippe (sens de cousinage)

Patrimoine familial héréditaire et éclaté

Structure de parenté simple

Promotion de la femme et de la conjugalité

Promotion de la lignée maternelle

Avantage les plus proches parents par le sang. Division en autant de part que d’héritiers (qu’ils soient aînés, cadets ou bâtards).

Primogéniture à la fin du 10°.

Filles rarement totalement exclues des pratiques successorales.

2.      Un nom unique d’origine germanique, provenant  du père ou de la mère

Trianomina devient nom unique

Nomen créé avec les éléments onomastiques des deux parents

Variation à la répétition des noms. Ce passage se transmet vers le vas de l’échelle sociale. Procédé de répétition devient systématiques chez les Carolingiens aux 9-10°.

Profonds changements affectent structures de parenté à partir du 10°, surtout dans la noblesse : le lignage[1] se substitue au cousinage. Naissance du lignage est contemporaine de la territorialisation de la noblesse qui désormais fait souche autour d’un château (féodalisation). Resserement vertical de la parenté sur le père et le fils aîné. Mutations affectant les coutumes de succession et d’héritage et par la « révolution anthroponymique »[2]

1.      Lignage : une nouvelle structure de parenté

Généalogies, sources d’histoire de la parenté (la plus ancienne connue est celle du comte Arnulf de Flandre faite par Witger, moine de Saint-Bertin à Saint-Omer). Recherche de l’ancêtre (plus ou moins mythique, souvent dans les 1° Chrétiens)

Naissance des armoiries dès la fin du 11°.

Pacte entre une famille et un monastère marquant la territorialisation de l’aristocratie (contexte de christianisation des élites donc liens étroits avec les monastères). Dons et inhumation des membres de la famille dans le monastère.

Ancrage territorial aussi dans le monde paysan : matériaux de construction plus solides, naissance du village, multiplication des paroisses, essor du cimetière.

2.      Parenté indifférenciée à forte inflexion patrilinéaire

Le 1° né occupe une place de choix dans la fratrie.

Femmes ne présentent d’intérêt généalogique que si elles nouent des réseaux d’alliance matrimoniale et apportent du prestige aux membres du groupe.

Points marquants des structures de la parenté aux 11°-12° :

·        Rappel des origines du lignage en cherchant l’ancêtre éponyme

·        Priorité donnée aux hommes

·        Profondeur généalogique plus forte dans la branche paternelle

3.      Volonté de préserver l’unité du patrimoine familial

Aînés avantagés (liaison avec la renaissance du droit romain au 12°. Instauration de la primogéniture plus précoce dans l’aristocratie.

Aînés concurrencés dans la pratique.

Somme d’argent ou acquêts laissé par les aînés insuffisants, obligation d’introduire une brisure dans les armoiries

En échange du versement d’une dot (mouvement attesté dès le 10° dans les milieux aristocratiques).

Réserve héréditaire, laudatio parentum et retrait lignager

4.      Révolution anthroponymique (1050-1150)

Nomen proprium (marque individuel) et cognomen (surnom le rattachant à une famille et se cristallisant parfois en patronyme)

Brutalité du phénomène, diversité régionale et sociale

Retards de l’anthroponymie féminine (car elles sont en marge de la transmission des patrimoines).

Lié à un trait physique ou moral, lieu de résidence ou métier. Les surnoms ne donnent pas tous naissance à des patronymes, changement anthroponymique dans un acte n’est pas toujours définitif et l’origine du surnom peut être trompeuse (ex. Guillaume de Dole n’est pas maître  de Dole)

Nom du père ajouté au nomen proprium atteste de la conscience d’être un héritier.

Quand l’individu cesse de s’inscrire exclusivement dans un rapport de filiation mais s’insère dans un rapport de lignée. Il souligne et accentue la patrilinéarité.

5.      Règles de transmission du prénom

Choix agnatique du nom de baptême de l’aîné

Nobles se rallient plus tardivement aux noms chrétiens, plus soucieux de donner des noms d’aïeux marquant une conscience du lignage.

Christianisation des prénoms de la roture vers l’aristocratie

6.      Lente christianisation du prénom et développement de l’homonymie

Pas nécessairement en lien avec la christianisation

Pierre, Jean et les autres mais les prénoms germaniques résistent.

Pas de grands bouleversement concernant les structures de parenté mais poursuite des changements entamés.

Patriciat urbain adopte les habitudes de lignage et de clan de l’aristocratie féodale

1.      La parenté : un groupe de descendants

Les Toscans et leur famille dans les ricordanze à ne pas forcément généraliser à d’autres régions.

Maison des Florentins.

2.      Persistance d’une parenté indifférenciée à faible profondeur généalogique

3.      Partage des biens successoraux

Tendance forte mais qui n’est pas le système exclusif (priment les intérêts particuliers)

Intégrés à la famille et au lignage durant le Haut MA

Elles sont parfois en situation d’hériter. La dot peut parfois atteindre un niveau égal à une part d’héritage.

4.      Triomphe du ménage ou du lignage ?

Ménage prend le pas sur le lignage ou le lignage prend le pas sur le ménage ?

Centre et Est de la France

Ouest français, Flandre ou Angleterre.  Le couple n’est qu’un moment de l’histoire de la parenté. Disparités régionales à propos des règles d’héritage

Structures de la parenté aristocratiques vont du « large vers l’étroit »

Structures  de la parenté roturière vont de la « conjugalité à la famille ». Prmotion de la conjugalité en lien avec la fragilité du lien de la terre et des hommes (mainmorte) . Seigneurie foncière favorise la relation d’héritage entre époux. Dans les villes d’autres formes de solidarité se développent.

5.      Le « clan » familial

Regroupent de familles apparentées ou non  dans des ensembles plus vastes que l’on désigne du terme de « clan »

Alberghi génois, consortiere d’Italie centrale, paraiges messins

6.      Anthroponymie masculine et féminine

7.      Faire et refaire des prénoms chrétiens

Organisation de l’Eglise repose sur un système de parenté :

Eglise mariée avec le Christ, prêtres permettent la reproduction spirituelle par le baptême, moines sont frères et doivent obéissance au père, l’abbé, les moniales reçoivent l’anneau et le voile comme les jeunes mariées.

1.      Une autre parenté

Le baptême, nouvel acte de naissance. Rite effaçant le pêché originel et intégration sociale dans la communauté chrétienne.

Le parrainage se développe à partir du 6°

Car dégagée de tout pêché de chair. D’où valorisation des saints qui délaissent leur famille biologique.

2.      Une parenté à part entière

L’Eglise s’est progressivement immiscée dans les structures de parenté pour imposer une exogamie maximale (en vigueur aussi dans le domaine de la parenté spirituelle).

Pas de mariage entre les filleuls d’un même parrain, les conjoints des compères et commères.

Transmission par la parenté spirituelle  des qualités physiques et psychologiques du parrain. Etre choisi comme parrain est un honneur (éternité par la direction spirituelle).

3.      Parenté spirituelle et pratiques sociales : institution détournée au profit des intérêts familiaux

Relation de parrainage et compérages au carrefour des directives théologiques et de la volonté des familles d’enrichir le lien social.

Trois parents spirituels pour  un enfant (un seul parrain et deux marraines).

Limite pas toujours respectée. Inflation.

Parrainages, compérage et alliance. Le parrainage est un moyen d’alliance supplémentaires. Parenté spirituelle récupérée par les familles pour créer ou renforcer des alliances

Choix en dehors de la parenté proche. En tissant des liens entre des familles de niveau social légèrement différents, le parrainage a pu jouer comme un instrument d’homogénéisation sociale. Le père de l’enfant privilégie sa propre génération (frères et sœurs et ceux de son épouse).

4.      Attribution du prénom par les parents spirituels

Ex. Le père choisi Jean comme prénom puis cherche un Jean pour être parrain de son fils (système aisé dans une société au stock anthroponymique réduit)

5.      Fonction des parents spirituels

Assure éducation spirituelle,

Education de l’enfant reste avant tout de la compétence des parents

L’intérêt spirituel de l’enfant compte moins que les relations découlant de la parenté spirituelle : le compérage l’emporte sur le parrainage.

Mariage hypogamique ou homogamique au temps des royaumes barbares, il devient hypergamique au 9°.

Législation ecclésiastique cherchant à imposer monogamie et indissolubilité mais le mariage demeure un acte profane.

Polygamie courante chez les grands aristocrates assurant à l’épouse légitime une protection grâce à l’institution du douaire[3].

1.      Mariage endogamique à des fins politiques

Le mariage doit créer et renforcer des alliance pour éviter la faide (vengeance privée) et assurer la paix sociale.

Le terme allemand de « friedelehe » (union d’un homme avec une concubine) signifie « mariage de paix ».

Renchaînement d’alliance (prise de conjoint dans  une famille déjà alliée pour renforcer les liens) couramment pratiqué.

Aux 9°-10° de nombreuses familles comtales se réclament d’ancêtres mythiques, aïeux de Charlemagne.

2.      Qui épouser ?

Endogamie pour éviter la dispersion des charges et domaines.

Essor des mariage exogamiques aux 8°-9° chez les Francs et Pipinnides pour ouvrir des alliances avec d’autres familles, renforçant la puissance du lignage en s’assurant le soutien de l’Eglise.

3.      « Polygamie hiérarchisée »

Avant l’instauration définitive du mariage grégorien il existe plusieurs types d’union.

La Munttehe, la Friedelehe, le concubinage et le rapt (condamné par l’Eglise mais relativement toléré dans la pratique, moyen d’obtenir une femme de plus haut rang). Déclin du rapt au 10° car mariage hypergamique et resserrement lignagier.

4.      L’épouse et le douaire

De la Morgengabe (privée et offerte après l’union avec la Muntfrau) au douaire (public, donné lors des fiançailles et négocié entre les parentèles) aux 10°-11°.

5.      Un mariage peu christianisé

« Mieux vaut se marier que brûler » (saint Paul)

Vision chrétienne de l’union de l’époux à son épouse comme celle de l’Eglise au Christ. Cadre licite de l’acte sexuel. L’acte conjugal doit déboucher sur la procréation.

Opposition des familles aristocrates au consentement car dans une affaire collective et politique intéressant le clan entier, l’individu n’a pas sa place.

6.      Le mariage carolingien

Avancée indéniable de l’Eglise en attendant le décisif « moment grégorien ». En lien avec l’essor des idées théocratiques. Jusqu’au 8° l’Eglise se préoccupe surtout d’interdire le divorce et le remariage. Exogamie maximale s’impose au 9° avec le passage définitif et officiel du comput romain au comput germanique.

Dans le but pour l’Eglise de capter les héritages ?

Reste aux individus « l’oubli de la parenté ».

Système utilisé par les grands en inventant ou se rappelant subitement un lien de parenté pour répudier une épouse devenue indésirable ou pour lutter contre une faction aristocratique rivale.

Tournant majeur de l’histoire du mariage : influence croissante de l’Eglise et adaptation aux nouvelles structures de la parenté (le lignage)

Mariage au temps du lignage : triomphe de l’hypergamie et de l’exogamie, relatif et provisoire équilibre dans les échanges de prestations matrimoniales entre les deux familles alliées (douaire contre dot).

Règle grégorienne impose l’indissolubilité, le consensualisme,  la monogamie, l’exogamie au 7°degré, distingue nettement les fiançailles du mariage et christianise la cérémonie

Résistance des familles qui perçoivent ces pratiques comme une ingérence dans leurs pratiques d’alliance au cœur du fonctionnement de la parenté et du lien social.

1.      Le mariage au temps du lignage

Hypergamie permet de préserver le patrimoine. L’aristocratie s’attache plus fidèlement des vassaux .

Homogamie reste la règle dans les couches paysannes.

Permet d’étendre la caritas à tout le genre humain parce que c’est normal d’aimer ceux que les liens du sang unissent à nous (Saint Augustin)

Dot permet d’exclure les filles de l’héritage.

Age d’or du douaire permettant d’assurer un gain de survie à la veuve et aux orphelins.

Dans l’aristocratie où l’hypergamie est plus répandue, le douaire permet de révéler le prix à payer pour obtenir une épouse prestigieuse.

« au mal coucher, la femme perd son douaire »

mise en place du régime dotal.

2.      Le mariage : un sacrement universel

L’Eglise mène une offensive contre le nicolaïsme pour imposer le célibat des prêtres (milieu du 11°). Permet de mieux distinguer clercs (reproduction spirituelle) /laïcs (reproduction biologique)

Gratien (Décret) et Pierre Lombard (IV° Livre des Sentences)  synthétisent les principales idées de l’Eglise sur le lien matrimonial au milieu du 12°. S’impose une même union matrimoniale pour tous les Chrétiens de l’Occident (monogamie, indissolubilité, consentement et exogamie). Le mariage devient un sacrement en 1181.

Consensualisme (des époux) valorise l’aspect spirituel au détriment de son aspect sexuel. L’engagement fait le sacrement (Gratien, citant Isidore de Séville rappelle : « le consentement fait le mariage »).

Lutte de l’Eglise pour imposer une exogamie maximale

Recul du 7° au 4° degré d’exogamie car bon sens et  volonté ecclésiastique de défendre le consensualisme et l’indissolubilité.

Persistance du concubinage

Indissolubilité et consensualisme limité

Eglises et familles : des intérêts communs. Respect des règles ecclésiastiques nécessaire au salut.

3.      Les fiançailles et le mariage

Difficile distinction entre les fiançailles et le mariage jusqu’au Concile de Trente (1563). Remaniement et ajustement pour distinguer fiançailles et mariage (11°-13°)

Perdurent des rituels profanes et des formes d’union très variées selon les régions.

Rituels de fiançailles : transaction préalables, promesse d’engagement, donation d’anneaux, remise de la charte de douaire, baiser sur la bouche (osculum)

Rituels du mariage : de plus en plus souvent devant l’Eglise, en public, interrogation du prêtre sur l’exogamie, jonction des mains

[1] Lignage : ensemble d’individu se rattachant à un ancêtre commun, connu et désigné

[2] individu en vient à être désigné par deux noms : le sien propre et le nom ou surnom de son père.

[3]Dotation faite par le mari à son épouse au moment du mariage. Géré en usufruit pendant l’union conjugale, il doit servir à faire vivre la femme si son mari décède avant elle.

[4] Hypergamie : l’épouse est d’un rang supérieur à celui de son époux.


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