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cours d'histoire

9 novembre 2007

Famille et parenté dans l’Occident médiéval (Didier Lett)

Famille et parenté dans l’Occident médiéval,  (Didier Lett)

I.                   Des groupements de parenté larges et indifférenciés (5°-10°)

Fusion entre éléments romains, germaniques et chrétiens. La parenté regroupe un ensemble de cousins et présente une faible conscience généalogique. Transmise indifférement par le père ou la mère (parenté cognatique qui s’oppose à la parenté agnatique, transmise par le père)

Pratiques successorales plutôt héréditaires entre les enfants mâles

1.      Large parenté transmise indifféremment par le père ou la mère

a.                 Une parenté horizontale

La Sippe (sens de cousinage)

Patrimoine familial héréditaire et éclaté

Structure de parenté simple

b.                 Une parenté indifférenciée

Promotion de la femme et de la conjugalité

Promotion de la lignée maternelle

c.                 Règles égalitaires de succession et d’héritage

Avantage les plus proches parents par le sang. Division en autant de part que d’héritiers (qu’ils soient aînés, cadets ou bâtards).

Primogéniture à la fin du 10°.

Filles rarement totalement exclues des pratiques successorales.

2.      Un nom unique d’origine germanique, provenant  du père ou de la mère

a.                 Règles de transmission du nom

Trianomina devient nom unique

Nomen créé avec les éléments onomastiques des deux parents

Variation à la répétition des noms. Ce passage se transmet vers le vas de l’échelle sociale. Procédé de répétition devient systématiques chez les Carolingiens aux 9-10°.

b.                 Noms très variés, germaniques et peu christianisés

II.                Naissance et affirmation du lignage (10°-13°)

Profonds changements affectent structures de parenté à partir du 10°, surtout dans la noblesse : le lignage[1] se substitue au cousinage. Naissance du lignage est contemporaine de la territorialisation de la noblesse qui désormais fait souche autour d’un château (féodalisation). Resserement vertical de la parenté sur le père et le fils aîné. Mutations affectant les coutumes de succession et d’héritage et par la « révolution anthroponymique »[2]

1.      Lignage : une nouvelle structure de parenté

a.                 Profondeur généalogique du côté paternel

Généalogies, sources d’histoire de la parenté (la plus ancienne connue est celle du comte Arnulf de Flandre faite par Witger, moine de Saint-Bertin à Saint-Omer). Recherche de l’ancêtre (plus ou moins mythique, souvent dans les 1° Chrétiens)

Naissance des armoiries dès la fin du 11°.

b.                 Pacte entre une famille et un monastère

Pacte entre une famille et un monastère marquant la territorialisation de l’aristocratie (contexte de christianisation des élites donc liens étroits avec les monastères). Dons et inhumation des membres de la famille dans le monastère.

Ancrage territorial aussi dans le monde paysan : matériaux de construction plus solides, naissance du village, multiplication des paroisses, essor du cimetière.

2.      Parenté indifférenciée à forte inflexion patrilinéaire

a.                 Valorisation de la parenté agnatique

Le 1° né occupe une place de choix dans la fratrie.

Femmes ne présentent d’intérêt généalogique que si elles nouent des réseaux d’alliance matrimoniale et apportent du prestige aux membres du groupe.

Points marquants des structures de la parenté aux 11°-12° :

·        Rappel des origines du lignage en cherchant l’ancêtre éponyme

·        Priorité donnée aux hommes

·        Profondeur généalogique plus forte dans la branche paternelle

3.      Volonté de préserver l’unité du patrimoine familial

a.                 Primogéniture (concurrencée dans la pratique)

Aînés avantagés (liaison avec la renaissance du droit romain au 12°. Instauration de la primogéniture plus précoce dans l’aristocratie.

Aînés concurrencés dans la pratique.

b.                 Cadets dévalorisés 

Somme d’argent ou acquêts laissé par les aînés insuffisants, obligation d’introduire une brisure dans les armoiries

c.                 Filles exclues de l’héritage

En échange du versement d’une dot (mouvement attesté dès le 10° dans les milieux aristocratiques).

d.                 Procédures visantà éviter le transfert des biens dans une autre famille

Réserve héréditaire, laudatio parentum et retrait lignager

4.      Révolution anthroponymique (1050-1150)

Nomen proprium (marque individuel) et cognomen (surnom le rattachant à une famille et se cristallisant parfois en patronyme)

a.                 Emergence d’un 2nd  nom brutalité du phénomène

Brutalité du phénomène, diversité régionale et sociale

Retards de l’anthroponymie féminine (car elles sont en marge de la transmission des patrimoines).

b.                 Nature du 2nd nom

Lié à un trait physique ou moral, lieu de résidence ou métier. Les surnoms ne donnent pas tous naissance à des patronymes, changement anthroponymique dans un acte n’est pas toujours définitif et l’origine du surnom peut être trompeuse (ex. Guillaume de Dole n’est pas maître  de Dole)

Nom du père ajouté au nomen proprium atteste de la conscience d’être un héritier.

c.                 Naissance du patronyme

Quand l’individu cesse de s’inscrire exclusivement dans un rapport de filiation mais s’insère dans un rapport de lignée. Il souligne et accentue la patrilinéarité.

5.      Règles de transmission du prénom

a.                 Transmission bilatérale surtout pour les filles

b.                 L’aîné, un prénom patrilinéaire

Choix agnatique du nom de baptême de l’aîné

c.                 Les choix hors des stocks familiaux

Nobles se rallient plus tardivement aux noms chrétiens, plus soucieux de donner des noms d’aïeux marquant une conscience du lignage.

Christianisation des prénoms de la roture vers l’aristocratie

6.      Lente christianisation du prénom et développement de l’homonymie

a.                 Resserrement général du stock des prénoms

Pas nécessairement en lien avec la christianisation

Pierre, Jean et les autres mais les prénoms germaniques résistent.

III.             Lignages et ménages (13°-15°)

Pas de grands bouleversement concernant les structures de parenté mais poursuite des changements entamés.

Patriciat urbain adopte les habitudes de lignage et de clan de l’aristocratie féodale

1.      La parenté : un groupe de descendants

Les Toscans et leur famille dans les ricordanze à ne pas forcément généraliser à d’autres régions.

Maison des Florentins.

a.                 Forte structure agnatique

2.      Persistance d’une parenté indifférenciée à faible profondeur généalogique

a.                 Patrilinéarité plus poussée au sud de l’Europe ?

b.                 Mémoire généalogique centrée sur la famille étroite

3.      Partage des biens successoraux

a.                 Avantages accordés à l’aîné (poursuite de l’évolution amorcée au 10°)

Tendance forte mais qui n’est pas le système exclusif (priment les intérêts particuliers)

b.                 Sort des bâtards entre droit et pratique

Intégrés à la famille et au lignage durant le Haut MA

c.                 Exclusion des filles  de l’héritage ?

Elles sont parfois en situation d’hériter. La dot peut parfois atteindre un niveau égal à une part d’héritage.

4.      Triomphe du ménage ou du lignage ?

a.                 Essor des ménages ?

Ménage prend le pas sur le lignage ou le lignage prend le pas sur le ménage ?

b.                 Régions communautaires (esprit de ménage)

Centre et Est de la France

c.                 Régions égalitaires et préciputaires (esprit de lignage)

Ouest français, Flandre ou Angleterre.  Le couple n’est qu’un moment de l’histoire de la parenté. Disparités régionales à propos des règles d’héritage

d.                 Familles nobles et familles roturières

Structures de la parenté aristocratiques vont du « large vers l’étroit »

Structures  de la parenté roturière vont de la « conjugalité à la famille ». Prmotion de la conjugalité en lien avec la fragilité du lien de la terre et des hommes (mainmorte) . Seigneurie foncière favorise la relation d’héritage entre époux. Dans les villes d’autres formes de solidarité se développent.

5.      Le « clan » familial

a.                 Adaptation urbaine du lignage

Regroupent de familles apparentées ou non  dans des ensembles plus vastes que l’on désigne du terme de « clan »

Alberghi génois, consortiere d’Italie centrale, paraiges messins

b.                 Extension de l’usage du nom et christianisation des prénoms

6.      Anthroponymie masculine et féminine

a.                 Relative « démocratisation » du nom

b.                 Retard et dépendance de l’anthroponymie féminine

7.      Faire et refaire des prénoms chrétiens

a.                 Risques d’homonymie

b.                 Prénom paternel ou maternel

c.                 Pratique du rifare

d.                 Resserrement du stock anthroponymique et christianisation des prénoms

IV.             Une parenté additionnelle : la parenté spirituelle

Organisation de l’Eglise repose sur un système de parenté :

Eglise mariée avec le Christ, prêtres permettent la reproduction spirituelle par le baptême, moines sont frères et doivent obéissance au père, l’abbé, les moniales reçoivent l’anneau et le voile comme les jeunes mariées.

1.      Une autre parenté

a.                 La parenté baptismale

Le baptême, nouvel acte de naissance. Rite effaçant le pêché originel et intégration sociale dans la communauté chrétienne.

Le parrainage se développe à partir du 6°

b.                 Une parenté supérieure

Car dégagée de tout pêché de chair. D’où valorisation des saints qui délaissent leur famille biologique.

2.      Une parenté à part entière

a.                 Vocabulaire spécifique (parrain, marraine)

b.                 Inceste spirituelle

L’Eglise s’est progressivement immiscée dans les structures de parenté pour imposer une exogamie maximale (en vigueur aussi dans le domaine de la parenté spirituelle).

Pas de mariage entre les filleuls d’un même parrain, les conjoints des compères et commères.

c.                 Parenté excluant le père et la mère de l’enfant

d.                 Hérédité spirituelle

Transmission par la parenté spirituelle  des qualités physiques et psychologiques du parrain. Etre choisi comme parrain est un honneur (éternité par la direction spirituelle).

3.      Parenté spirituelle et pratiques sociales : institution détournée au profit des intérêts familiaux

Relation de parrainage et compérages au carrefour des directives théologiques et de la volonté des familles d’enrichir le lien social.

a.                 Nombres de parrains et marraines

Trois parents spirituels pour  un enfant (un seul parrain et deux marraines).

Limite pas toujours respectée. Inflation.

Parrainages, compérage et alliance. Le parrainage est un moyen d’alliance supplémentaires. Parenté spirituelle récupérée par les familles pour créer ou renforcer des alliances

b.                 Choix des parrains et marraines

Choix en dehors de la parenté proche. En tissant des liens entre des familles de niveau social légèrement différents, le parrainage a pu jouer comme un instrument d’homogénéisation sociale. Le père de l’enfant privilégie sa propre génération (frères et sœurs et ceux de son épouse).

c.                 Choix dicté par des stratégies familiales

4.      Attribution du prénom par les parents spirituels

a.                 Parrain et filleul : même nom de baptême (habitude développée au 13°)

b.                 Choix du parrain ou choix du père ?

Ex. Le père choisi Jean comme prénom puis cherche un Jean pour être parrain de son fils (système aisé dans une société au stock anthroponymique réduit)

5.      Fonction des parents spirituels

a.                 Rôle de régulation : discours spirituel accordant de forts pouvoirs éducatifs

Assure éducation spirituelle,

b.                 Parenté spirituelle effacée dans les faits

Education de l’enfant reste avant tout de la compétence des parents

L’intérêt spirituel de l’enfant compte moins que les relations découlant de la parenté spirituelle : le compérage l’emporte sur le parrainage.

V.                Un mariage endogamique et peu christianisé (5°-10°

Mariage hypogamique ou homogamique au temps des royaumes barbares, il devient hypergamique au 9°.

Législation ecclésiastique cherchant à imposer monogamie et indissolubilité mais le mariage demeure un acte profane.

Polygamie courante chez les grands aristocrates assurant à l’épouse légitime une protection grâce à l’institution du douaire[3].

1.      Mariage endogamique à des fins politiques

a.                 Politique matrimoniale des rois barbares.

Le mariage doit créer et renforcer des alliance pour éviter la faide (vengeance privée) et assurer la paix sociale.

Le terme allemand de « friedelehe » (union d’un homme avec une concubine) signifie « mariage de paix ».

Renchaînement d’alliance (prise de conjoint dans  une famille déjà alliée pour renforcer les liens) couramment pratiqué.

b.                 S’unir avec les Carolingiens

Aux 9°-10° de nombreuses familles comtales se réclament d’ancêtres mythiques, aïeux de Charlemagne.

2.      Qui épouser ?

a.                 De l’endogamie à l’exogamie

Endogamie pour éviter la dispersion des charges et domaines.

Essor des mariage exogamiques aux 8°-9° chez les Francs et Pipinnides pour ouvrir des alliances avec d’autres familles, renforçant la puissance du lignage en s’assurant le soutien de l’Eglise.

b.                 De l’homogamie à l’hypergamie[4] (9°)

3.      « Polygamie hiérarchisée »

Avant l’instauration définitive du mariage grégorien il existe plusieurs types d’union.

La Munttehe, la Friedelehe, le concubinage et le rapt (condamné par l’Eglise mais relativement toléré dans la pratique, moyen d’obtenir une femme de plus haut rang). Déclin du rapt au 10° car mariage hypergamique et resserrement lignagier.

4.      L’épouse et le douaire

De la Morgengabe (privée et offerte après l’union avec la Muntfrau) au douaire (public, donné lors des fiançailles et négocié entre les parentèles) aux 10°-11°.

5.      Un mariage peu christianisé

a.                 La procréation : raison d’être de l’acte conjugal

« Mieux vaut se marier que brûler » (saint Paul)

Vision chrétienne de l’union de l’époux à son épouse comme celle de l’Eglise au Christ. Cadre licite de l’acte sexuel. L’acte conjugal doit déboucher sur la procréation.

b.                 Consentement des époux et lutte pour l’exogamie

Opposition des familles aristocrates au consentement car dans une affaire collective et politique intéressant le clan entier, l’individu n’a pas sa place.

6.      Le mariage carolingien

a.                 Exogamie maximale (comput germanique)

Avancée indéniable de l’Eglise en attendant le décisif « moment grégorien ». En lien avec l’essor des idées théocratiques. Jusqu’au 8° l’Eglise se préoccupe surtout d’interdire le divorce et le remariage. Exogamie maximale s’impose au 9° avec le passage définitif et officiel du comput romain au comput germanique.

b.                 Lutte contre la polygamie, le remariage et la répudiation de l’épouse

c.                 Extension démesurée de l’exogamie : obsession de l’inceste

Dans le but pour l’Eglise de capter les héritages ?

Reste aux individus « l’oubli de la parenté ».

Système utilisé par les grands en inventant ou se rappelant subitement un lien de parenté pour répudier une épouse devenue indésirable ou pour lutter contre une faction aristocratique rivale.

VI.             Mise en place du mariage grégorien (11°-12°)

Tournant majeur de l’histoire du mariage : influence croissante de l’Eglise et adaptation aux nouvelles structures de la parenté (le lignage)

Mariage au temps du lignage : triomphe de l’hypergamie et de l’exogamie, relatif et provisoire équilibre dans les échanges de prestations matrimoniales entre les deux familles alliées (douaire contre dot).

Règle grégorienne impose l’indissolubilité, le consensualisme,  la monogamie, l’exogamie au 7°degré, distingue nettement les fiançailles du mariage et christianise la cérémonie

Résistance des familles qui perçoivent ces pratiques comme une ingérence dans leurs pratiques d’alliance au cœur du fonctionnement de la parenté et du lien social.

1.      Le mariage au temps du lignage

a.                 Triomphe de l’hypergamie et de l’exogamie

Hypergamie permet de préserver le patrimoine. L’aristocratie s’attache plus fidèlement des vassaux .

Homogamie reste la règle dans les couches paysannes.

Permet d’étendre la caritas à tout le genre humain parce que c’est normal d’aimer ceux que les liens du sang unissent à nous (Saint Augustin)

b.                 Epouse, douaire et dot

Dot permet d’exclure les filles de l’héritage.

Age d’or du douaire permettant d’assurer un gain de survie à la veuve et aux orphelins.

Dans l’aristocratie où l’hypergamie est plus répandue, le douaire permet de révéler le prix à payer pour obtenir une épouse prestigieuse.

« au mal coucher, la femme perd son douaire »

mise en place du régime dotal.

2.      Le mariage : un sacrement universel

L’Eglise mène une offensive contre le nicolaïsme pour imposer le célibat des prêtres (milieu du 11°). Permet de mieux distinguer clercs (reproduction spirituelle) /laïcs (reproduction biologique)

Gratien (Décret) et Pierre Lombard (IV° Livre des Sentences)  synthétisent les principales idées de l’Eglise sur le lien matrimonial au milieu du 12°. S’impose une même union matrimoniale pour tous les Chrétiens de l’Occident (monogamie, indissolubilité, consentement et exogamie). Le mariage devient un sacrement en 1181.

a.                 Indissolubilité et consensualisme

Consensualisme (des époux) valorise l’aspect spirituel au détriment de son aspect sexuel. L’engagement fait le sacrement (Gratien, citant Isidore de Séville rappelle : « le consentement fait le mariage »).

b.                 Interdits de parenté

Lutte de l’Eglise pour imposer une exogamie maximale

Recul du 7° au 4° degré d’exogamie car bon sens et  volonté ecclésiastique de défendre le consensualisme et l’indissolubilité.

c.                 Mariage grégorien et stratégies familiales

Persistance du concubinage

Indissolubilité et consensualisme limité

Eglises et familles : des intérêts communs. Respect des règles ecclésiastiques nécessaire au salut.

3.      Les fiançailles et le mariage

a.                 Distinctions entre fiançailles et mariage à mettre en place

Difficile distinction entre les fiançailles et le mariage jusqu’au Concile de Trente (1563). Remaniement et ajustement pour distinguer fiançailles et mariage (11°-13°)

b.                 Christianisation des rituels encore timide

Perdurent des rituels profanes et des formes d’union très variées selon les régions.

Rituels de fiançailles : transaction préalables, promesse d’engagement, donation d’anneaux, remise de la charte de douaire, baiser sur la bouche (osculum)

Rituels du mariage : de plus en plus souvent devant l’Eglise, en public, interrogation du prêtre sur l’exogamie, jonction des mains

[1] Lignage : ensemble d’individu se rattachant à un ancêtre commun, connu et désigné

[2] individu en vient à être désigné par deux noms : le sien propre et le nom ou surnom de son père.

[3]Dotation faite par le mari à son épouse au moment du mariage. Géré en usufruit pendant l’union conjugale, il doit servir à faire vivre la femme si son mari décède avant elle.

[4] Hypergamie : l’épouse est d’un rang supérieur à celui de son époux.


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9 novembre 2007

Le Haut Empire (Paul Petit)

I.      Auguste et son temps (27avJC-14apJC) 2

1.     Le règne d’Auguste. 2

2.        Principat d’Auguste. 2

3.        L’Empire sous Auguste. 3

4.        Politique économique et sociale. 3

5.     Le siècle d’Auguste. 4

II.        Les empereurs du I°apJC (14-96apJC) 4

1.     Tibère le premier successeur (14-37) 4

2.     Les empereurs Caius (Caligula) et Claude (37-54) 4

3.        L’aventure néronienne et ses problèmes. 5

4.     La dynastie des Flaviens. 6

III.            L’Empire à la fin du I°  7

1.        Evolution des classes dominantes. 7

2.     Apogée et crise de l’Italie. 7

3.     Essor des provinces occidentales. 8

IV.            Apogée de l’Empire : les premiers Antonins (96-161) 8

1.     Les empereurs. 8

a.        Nerva  8

b.        Trajan militaire et administrateur. 8

c.        Hadrien  8

d.        Antonin  9

2.     La monarchie antonine. 9

a.        Pouvoir impérial 9

b.        Rapport avec le Sénat 9

c.        Problèmes successoraux  9

d.        Idéologie impériale. 9

3.        Fonction administrative  10

a.        Administration impériale. 10

b.        Personnel et les carrières. 10

c.        Institutions locales. 11

d.        Unification législative et morale de l’Empire. 11

V.    L’Empire au milieu du II°apJC.. 12

1.        Politique extérieure des 1° antonins : de la conquête à la stabilisation. 12

a.        Armée romain au II°  12

b.        Politique de grandeur : Trajan. 12

2.        Economie et société du milieu du II°apJC.. 13

a.        Conditions générales favorables. 13

b.     Vie rurale  13

c.        Economie urbaine et société municipale. 13

d.     Les classes supérieures au milieu du II°  14

3.        L’Occident européen. 14

a.     Les Trois-Gaule et les deux Germanies. 14

b.        Bretagne romaine. 15

4.        Renaissance de l’Orient grec : l’Asie mineeure. 15

a.        Politique des empereurs. 15

b.     La vie rurale. 15

c.        Floraison de la vie municipale. 15

VI.            Civilisation du Haut-Empire  16

1.     La vie religieuse. 16

a.     Culte impérial et religion traditionnelle  16

b.        Religions orientales. 16

2.     Vie intellectuelle  16

a.        Conditions générales. 16

b.        Aspects de la vie intelectuelle au Haut-Empire. 16

3.     Art du Haut-Empire. 17

a.     Art de Rome. 17

I.                   Auguste et son temps (27avJC-14apJC)

1.      Le règne d’Auguste

a.                 Remise en ordre de l’Etat

Prérogatives détachées de leurs fonctions (pouvoir des tribuns sans l’être pregressivement acquis à vie)

Fin des guerres civiles

Remet l’Etat entre les mains du Sénat et du peuple romain qui refuse et lui confie le gvt civil et militaire (imperium pour 10 ans+titre d’Auguste)

b.                 Obtention du pouvoir des mains du Sénat

Multiplie les consulats

Réforme les ordres supérieurs des sénateurs et chevaliers, mœurs et justice

Principat repose sur puissance militaire (imperium), religieuse (gd pontife) et civile (pui tribunitienne)

Difficile dernières années de règne car pb financiers (impôt impopulaire du vingtième), famine (création préfecture des vigiles et de l’annone, le peuple s’en remet à Auguste, cf. Pater Patriae), révolte en Dalmatie et Pannonie, Varus perd 3 légions mais Germanicus sauve.

c.                 Real politic

Principe : refuse toute magistrature ou charge illégale mais en accepte le travail à titre temporaire.

Fonde empire : réalisme et équilibre, acquis à la raison d’Etat (y sacrifie ses proches)

2.      Principat d’Auguste

a.                 Imperium et respect fictif des traditions républicaines

Pouvoirs fondamentaux de l’imperium, prédivinisation du héros national (cognomen d’Auguste dc aura religieuse), puissance tribunitienne, préserve fiction de annalité républicaine.

b.                 Ambiguïté du principat

cumule (illégalité 1) pouvoir de magistratures jamais revêtues ( illégalité 2).

Puissance de fait : activité censoriale, création services civils et militaires, droit déclaration guerre, paix, traité (normalement droits imprescriptibles du peuple).

Partisans : Césariens, généraux et officiers, chevaliers italiens, notables des municipes, républicains repentis de défaite de Philippes, Antoniens déconfits d’Actium.

Lacunes : insuffisante administration et précarité du système successoral

3.      L’Empire sous Auguste

a.                 L’armée et la paix romaine (gestion des provinces)

Veut armée de petits propriétaires, pérégrins pour auxiliariat, recrutement dans la marine est médiocre socialement.

Grands chefs appartiennent à la famille impériale. Pacification par les villes et colonies fondées. Renonce finalement à la Germanie sinon politique de sécurité.

Paix romaine : les provinces ne sont plus exploitées mais administrées (recensements, cartographie, routes, urbanisation, appui sur les élites locales).

Vétéran de colonie romanise.

b.                 Œuvre administrative 

Sénat et magistrats dépouillés de leurs pvrs politiques, régularisation curus honorum, maintien apparence du consulat et multiplication des suffects

mais Sénat donne investiture des pvrs supérieurs reçoit nouvelles activités dans le domaine législatif, judiciaire et religieux, administre tjs certaines provinces.

Principale innovation à Rome de l’administration impériale avec une administration techniquement spécialisée. Préfet de la ville supplée l’Empereur (fonction permanente sous Tibère).

Conseil impérial dont la composition est flottante.

4.      Politique économique et sociale.

a.                 Pragmatisme, libéralisme et conservatisme

Pas vraiment de politique économique si ce n’est pragmatisme, libéralisme et conservatisme.

Conditions favorables : retour unité monde méditerranéen,  disparition piraterie, sécurité, prospérité Italie (pas encore concurrencée).

Empêche déprédations dans province, chaque province a son fiscus, comptes tenus par affranchis

Fiscalité par écrasante mais news impôts

Frappe monétaire passe sous le contrôle impériale et grande ampleur des émissions donc favorise activité commerciale, dvpt crédit et hausse des prix.

Apogée prospérité Italie, Orient se relève.

b.                 Politique conservatrice envers la nobilitas

La nobilitas s’est vue défaite de ses pouvoirs.

Classe sénatoriale plus une force politique mais devient une classe sociale, Auguste y adjoint ses partisans.

c.                 Concorde des ordres et esprit « vieux romain »

Concorde des ordres avec les chevaliers facilement ralliés au régime (ordre organisé sélectionné, fidèle et instruit au service de l’Etat et du régime)

Peu favorable au peuple qui perd des pouvoirs politiques mais panem et circences donc plèbe favorable au régime.

Restent bcp d’esclaves.

Esprit traditionnaliste et « vieux romain » par les « lois juliennes » favorables à l’ordre moral (impopulaires chez les chevaliers et sénateurs)

5.      Le siècle d’Auguste

a.                 Inflexion de la religion et de l’art

Inflexion augustéenne de la religion : se place sous la protection de patrons divins (Apollon Actien et Mars), idéologie religieuse du princeps, restauration « archéologique » de l’ancienne religion, refuse appui aux religions orientales (sauf Cybèle).

Goût personnel pour un hellénisme très romanisé

Valorisation sacrée de ses actes (pré divinisation).

Lien étroit entre religion et pvr impérial

Pvr fort donc temps dégagé pour les loisirs des élites

Inflexion augustéenne de l’art : « classicisme augustéen », art aulique (de cour) et triomphal combinant éléments grecs et romains.

II.                Les empereurs du I°apJC (14-96apJC)

1.      Tibère le premier successeur (14-37)

a.                 Même système pour obtenir le pouvoir qu’Octave

Pas de compétiteur en face. Pointilleux sur la légalité il opère comme Octave une « remise des pouvoirs » . Reçoit ts les pouvoirs d’Auguste.

Jeunes aiment moyen ce prince âgé, renfrogné comme Auguste mais lui préfère Germanicus, populaire. Tibère le rappelle de Germanie et l’envoie en Orient qui y meurt.

Intrigues meurtrières de Séjan qui échouent mais rendent Tibère misanthrope, despote et arbitraire.

b.                 Pouvoir fondé sur la puissance tribunitienne annuelle

Comme Auguste il fonde son pouvoir sur la puissance tribunitienne fictivement renouvelée tous les ans, refuse titre de Pater Patriae. Même politique intérieure qu’Auguste voire en retrait : honore le Sénat (qui a peur de lui), se soucie de la dignité de l’ordre équestre mais celui-ci perd son rôle politique suite à la suite de Séjan.

Politique traditionaliste et prudente.

Meurt détesté.

Epoque de paix et de sécurité : surveillance active de l’administration (procès pour les mauvais gouverneurs).

Crise monétaire due à la trop grande production de monnaie du début de règne de’Auguste, surmontée mais le naturel revient au galop.

Epoque du « luxus sénatorial » que Tibère ne parvient pas à empêcher malgré des lois somptuaires.

c.                 Politique extérieure d’Auguste

Comme Auguste en politique extérieur : ne cherche pas à agrandir, évite les guerres importantes et préfère la diplomatie.

Drusus réprime troubles en Pannonie et Germanicus en Germanie.

Création d’Etats clients. Conserve l’œuvre du fondateur.

2.      Les empereurs Caius (Caligula) et Claude (37-54)

a.                 Caius. : le principat devient une entité constitutionnelle

Principat cesse d’être une lente consécration personnelle et devient une entité constitutionnelle  dont la dévolution dépend des soldats de Rome et de l’investiture du Sénat

Caius reçoit titre d’imperator puis tous les autres titres d’un seul coup.

Malade, extravagant et cruel.

Prend le contre-pied de Tibère. Peu de changement dans le personnel administratif des provinces.

Logique à la rigueur dans sa politique religieuse : exaltation de l’idéologie orientale hellénistique et auto-déification.

S’aliène les classes supérieures, lève de news impôts sur les artisans et commerçants de Rome. Assassiné par le tribun du prétoire.

b.                 Claude : esprit réformateur et progressisme

Claude, oncle de Caligula. Les prétoriens le proclament empereur sans attendre Sénat et conjurés. Porte au pouvoir des gens de peu, son entourage, affranchis impériaux orientaux.

Développe administration, institutionnalise le principat (augmente les pouvoirs et moyens d’action du prince donc le Sénat l’aime pas).

Esprit réformateur et progressisme dans une unité de pensée et d’action.

Héritier d’Auguste donc veut agir en accord avec le Sénat et montre la même moderatio que Tibère pour la titulature.

Favorable aux traditions de Rome et hostile aux religions étrangère.

Aime la justice.

Action ample en faveur de l’urbanisation. Opposé à octroyer des autonomies régionales.

Création d’une administration centrale aux mains des affranchis, importance croissante du fiscus, politique généreuse envers les provinces (Sénat heurté).

Appuis : prétoriens qui l’ont porté au pouvoir et armée.

Empoisonnée par Agrippine qui lui a fait adopté Néron alors qu’il avait déjà un fils, Germanicus.

c.                 Politique extérieure augustéenne et réparer les erreurs de Caius

Caius : incohérente, opposition à Tibère et goût pour l’Orient et les royaumes hellénistique. Contrairment à Auguste et Tibère il créé des Etats clients.

Claude : même prudence qu’Auguste mais doit réparer les erreurs de Caius. Apparition de 6 nouvelles provinces. La grande affaire est la conquête de la Bretagne (gde entreprise pour satisfaire l’armée+ débouchés commerciaux+ressources minières).

3.      L’aventure néronienne et ses problèmes

a.                 Bon gouvernement jusqu’en 62

Néron devient empereur sans pb. Présente un programme de gvt très augustéen au Sénat (surement rédigé par Sénèque). Bon gvt pendant 5 ans puis fou.

Goût pour la Grèce.

Ruine les finances publiques.

62, année décisive : renvoi de Sénèque (philosophe sénateur et consul en 56), mort naturelle de Burrhus (chevalier préfet du prétoire), premiers procès de majesté.

Administration continue sa tâche .

Incendie de Rome et reconstruite selon les plan d’un urbanisme de conception moderne.

Dépenses faramineuses donc perception des impôts plus rigoureuse, confiscations, réformes monétaires.

Conspiration de Pison dénoncée et sauvagement réprimée. Période de délation, Répression lui aliène l’aristocratie sénatoriale.

Provinces occidentale jalouses et exploitées se révoltent.

Sénat déclare Néron ennemi public, il se suicide.

b.                 Politique extérieure augusténne et plus ambitieuse en Orient

(marchés et routes commerciales).

Révolte de Judée (pb éco et so) à la fin du règne mobilise les forces.

c.                 Populaire dans les classes populaires et auprès des prétoriens

Néronisme et ses pb : très populaire à Rome dans les classes populaire et prétoriens. Hellénisant et fond populaire italique, influences égyptienne. Amoralisme provoquant.

Veut fonder sa monarchie sur des bases théocratiques et esthétiques (pas aimé des nobles sénateurs et des chevaliers mais aimé du peuple) sur le modèle pharaonique et lagide.

4.      La dynastie des Flaviens

a.                 Vaste promotion sociale de la bourgeoisie italienne et élites des provinces romanisées

Porte au pouvoir la bourgeoisie italienne et les notables des provinces les plus romanisées.

Guerre civile avec 4 empereurs (juin 68 – décembre 69) : noblesse sénatoriale, hauts chevaliers, clients des victimes de Néron, échoués de la conspiration de Pison vs néroniens et plèbe.

Italie pillée, crise économique etc… puis Vespasien marche sur Rome. Issu d’une famille italienne lentement  parvenue aux affaires ( il est plus italien que romain): rassure les partisans de l’ordre même s’il n’est pas un julio-claudien (plus de rejeton julio-claudien).

b.                 Nouveauté : empereur pas forcément à Rome (Vespasien)

Nouveauté : on fait un empereur ailleurs qu’à Rome. Les provinciaux interviennent dans la politique romaine (indique une romanisation avancée).

c.                 Règnes de Vespasien et Titus : poursuite d’institutionnalisation

Affaires confiées à Mucien avant l’arrivée de Vespasien (octobre 70)

Chefs gaulois choisissent à Reims Rome aux Germains. Plus de pb pour régler la guerre juive.

Nouveauté : l’Empire a gouverné loin de sa capitale.

Restaure Etat et institutionnalise encore plus le principat. Veut gouverner avec le Sénat (qui aime son esprit conservateur mais méprise son origine de parvenu). La famille impériale monopolise les consulats ordinaires. Accepte les manifestations du culte impérial.

Ne favorise guère les Orientaux. Vaste promotion sociale privilégiant les élites italiennes (patriotes et honnêtes).

Restaure les finances publiques (recensement et cadastres comme à Orange, réorganisation administration financière).

Favorise romanisation et urbanisation en Occident (comme Auguste et Claude), connaît parfaitement ses provinces (comme Auguste et comme le fera Hadrien)

Réformateur mais n’a pas régné assez longtemps pour pouvoir juger des effets.

A sa mort le Trésor est en difficulté car prodigalité excessive, catastrophes naturelles (Vésuve, incendie Rome, peste à Rome), construction de routes, acqueducs réparés…

d.                 Domitien (81-96)

Prétentions au despotisme pas cachées.

Croissance de l’importance de l’ordre équestre (entrée de chevaliers au Conseil impérial, chevaliers remplacent des affranchis à la tête de bureaux).

Populaire auprès des propriétaires italiens mais rencontre à Rome une forte opposition, s’aliène les sénateurs.

Terreur car parano jusqu’au complot  des préfets du prétoire, des sénateurs et chambellans le tuant.

e.                 Politique extérieure des Flaviens : des devoirs nouveaux

Circonstances imposent des devoirs nouveaux (Danube, Bretagne, Asie mineure, remettre à sa place l’armée qui avait mené Vespasien au pouvoir).

Légions ouvertes aux citoyens des provinces évoluées, concentrées aux frontières.

Lien entre les villes du Rhin et celles du Danube a une portée économique et stratégique.

Plus d’Etat clients en Asie mineure où construction de routes stratégique (situation solide en Orient)

III.             L’Empire à la fin du I°

1.      Evolution des classes dominantes

a.                 Domination sociale de la classe séntoriale

Classe sénatoriale dirige moins mais domine socialement.

Affranchis puis chevaliers au service de l’Etat.

Luxus sénatorial car Auguste veut que ce soit le 1° ordre de l’Empire. Ce n’est pas une caste fermée malgré un important esprit de corps car renouvellement rapide.

Tibère fait entrer des provinciaux au Sénat (notables et pptaires fonciers très romanisés vivant au dessus de leurs moyens).

Hémorragie d’or monnayé car snobisme de cette classe.

Service de l’Etat compense la privation de ses jeux politiques. Disparition fidélité à la république. Bcp de sénateurs doivent à l’Empire leur promotion sociale.

Fin du luxus sénatorial à l’arrivée de Vespasien. Changement de personnel diplomatique favorisant la bourgeoisie des municipes italiens, colonies espagnoles ou gauloises (début II°apJC).

b.                 Grandeur et décadence des affranchis.

Dès Auguste, l’affranchissement est un snobisme.

Liberti jouent un rôle de 1° plan. Arrogants. Vocation mercantile. Affranchis impériaux (rôle culminant sous les julio-claudiens)/privés. Ils perdent leur postes de direction au profit des chevaliers (restent aux échelons moyens et inférieurs). Aide a faire se développer la notion d’Etat.

c.                 Ordre équestre et service public

Maîtres des affaires comme marchands, publicains, membres des sociétés vertigaliennes, grands pptaires fonciers.

Rôle politique situé entre la nobilitas conservatrice et les .populares révolutionnaires.

Introduisent esprit légiste dans la fonction publique (principat perd son caractère personnel et devient un Etat, voire une monarchie bureaucratique)

Débouche sur le Sénat et se recomplète par le bs à partir des milieux militaires et municipaux.

2.      Apogée et crise de l’Italie

a.                 Prospérité à partir de 40avJC jusqu’à Domitien..

Jeunesse italienne s’engage dans les légions. Les bourgeois des municipes entrent dans l’ordre équestre et même au Sénat.

b.                 Vie rurale essentielle.

Trilogie méditerranéenne. Artisanat varié.

Inégale répartition de l’activité entre l’Italie du sud en état de stagnation, l’Italie du centre (Rome) et l’Italie du nord (pptaires indépendants, villes moyennes propsère). Voie commerciale du Danube court-cicuitera l’Italie.

c.                 Crise de l’Italie (n’exploite plus les provinces qui la concurrence)

Crise de l’Italie qui vivait de la richesse des provinces sur un mode « colonial » dc problème qd provinces plus exploitées mais administrées (concurrence et manque de main d’œuvre).

Culture trop extensive, trop d’importations (facilitées par la dévaluation du denier qui a favorisé les échanges avec l’Orient), crise de l’ordre esclavagiste (développement du colonat).

Domitien prend mesure en faveur de la viticulture italienne. Fermage en argent remplacé par le fermage en nature faisant de l’exploitant un métayer, un colon « partiaire » plus dépendant de son maître.

3.      Essor des provinces occidentales

a.                 Apogées des plus romanisées

Apogée pour les plus proches de Rome, les plus anciennement conquises et assimilées.

Gaule narbonnaise porte la marque des civilisations pré-classiques et est soumise depuis longtemps à l’influence hellénique. Bcp de vétérans donnant aux ppales villes le droit latin, voire romain.

Culture vigne, olivier, artisanat copiant la sigillée italienne. Pays entièrement romanisé même si survivances celtiques et grecques.

b.                 Eclat de la vie urbaine

Monuments offerts par les empereurs

Péninsule ibérique bénéficie d’un climat favorable, civilisation avancée et apte au service militaire. Attachement des notables célébrant tôt le culte impérial.

Romains s’efforcent de faire descendre des oppida les petites communautés tribales vers des grandes civitates.

Prospérité éco (agriculture de marché reposant sur l’exportation et mine)

Dès le I°apJC, essor politique, urbain et éco (surtt en Taraconnaise du nord et Bétique).

Bcp de chevaliers viennent d’Espagne + Trajan (1° empereur d’origine provinciale).

IV.             Apogée de l’Empire : les premiers Antonins (96-161)

1.      Les empereurs

a.                 Nerva 

Choisi parmi les conjurés ayant assassiné Domitien, accepté par le Sénat (car sénateur respecté sans risque d’hérédité naturelle déconsidérée depuis Domitien).

Résous la crise financière, allège la fiscalité, loi agraire. Assure sa succession en adoptant le meilleur, Trajan.

b.                 Trajan militaire et administrateur.

Sut plaire à tous : aux sénateurs en conservant la façade civile du principat, au peuple, aux provinciaux (un des leurs), à l’armée et aux philosophes.

Gvt autoritaire. Politique dynastique. Se préoccupe de la situation éco de la péninsule mais soucieux d’un équilibre avec les provinces (new).

Accroit rendement technique, freine dépopulation pour résoudre le pb de main d’œuvre.

Tente de financer par la guerre et son butin les dépenses plus tard réglée par l’annone, les corvées et les réquisitions plus tard (remarquable).

Résultats des coûteuses guerres de Dacie et de Parthie décevants.

c.                 Hadrien

Parent éloigné de Trajan, qu’il aurait adopté sur son lit de mort selon Plotine, épouse de Trajan. Obtient in extremis son apothéose

Hostile aux généraux car compétiteurs, veut mettre fin aux gdes entreprises onéreuses (renforcement du limes).

Rejette honneur excessif comme Nerva et Trajan. S’aliène le Sénat par sa politique novatrice.

Introduit dans le Conseil impérial des juriste, développe l’administration centrarale ( !).

Grand voyageur. Veut préserver l’originalité des provinces.

Pour sa succession il désigne avec le titre de César en l’adoptantun inconnu de gde famille, Ceionius Commodus qui meurt donc est remplacé par Antonin à qui il fait adopter Marc Aurèle.

d.                 Antonin

Grande et riche famille italienne consulaire.

Apogée de l’Empire humanistique. Reçoit le cognomen de Pius.

Immobilisme dont les insuffisances n’apparaitront que plus tard.

Distinction dans la jurisprudence entre honestiores/humiliores, distinction économique remplaçant celle de la citoyenneté car critère perd de son importance avec les naturalisations amples.

Dans le domaine religieux : traditionalisme + intérêt pour les cultes orientaux (négligés par Hadrien) qui triomphent.

Défense de l’empire : diplomatie active, ferme et prompte aux démo de force. Reforce le limes.

Meurt en 161, juste avant les grands mouvements de peuples.

2.      La monarchie antonine

a.                 Pouvoir impérial

Pouvoir impérial ressemble à celui d’Auguste d’un point de vue institutionnel reposant sur l’imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne.  Affaiblissement du rôle du Sénat (dies imperii n’est plus le jour de l’investiture sénatoriale mais celui de l’acclamation par les troupes provinciales).

Changements :

·        pouvoir personnel des 1° empereurs devient une monarchie administrative.

·        Princeps perd ses alors de magistrats du peuple pour devenir titulaire d’un office public. Cf évolution du consilium qui était composé des amici et comites puis des préfets du prétoire + chefs des gds bureaux (fonction de consiliarus apparaît sous Hadrien mais le titre apparaît sous Commode).

b.                 Rapport avec le Sénat

Effacement des constants conflits entre souverains et Sénat sous les Antonins car :

·        modération personnelle des empereurs,

·        promesse de sécurité personnelle faite aux sénateurs (sauf Hadrien à la fin),

·        recrutement modifié (à partir de Vespasien) avec les notables d’Ombrie et de Cisalpine aux mœurs modestes et disciplinées, conscients de tout devoir aux empereurs.

A perdu ses pouvoirs politiques mais maintient son rôle judiciaire (législation repose sur les constitutions impériales et les senatus-consultes). Evolution administrative de l’Empire ne va pas dans son sens mais les empereurs les ménagent.

c.                 Problèmes successoraux

Déconsidération de l’hérédité directe des Flaviens, du prononciamunto militaire (qui avait abouti à la crise de 68-69) donc adoption du meilleur. Ce choix rend hommage au principe dynastique cher aux prétoriens et à une partie de l’armée.

Empereur régnant accumule honneurs, titres et passe-droits sur la tête de son successeurs.

d.                 Idéologie impériale

Provinciaux voient dans l’empereur le bienfaiteur universel. Ne tombent pas dans les excès de Néron ou Domitien : Jupiter reste le dieu suprême.

Progression orientale de la divinisation de l’empereur régnant.

Apothéose récompense les empereurs défunts mais aussi (nouveauté) certains membres de leur famille.

Renaissance philo grecque au service de la propagande officielle depuis le ralliement des stoïciens, platoniciens et cyniques.

3.      Fonction administrative

Trajan (esprit méthodique et minutieux) & Hadrien (novateur et autoritaire) portent au max l’efficacité de l’administration de l’Empire.

a.                 Administration impériale

Administration centrale

1° personnage du Consilium principis est le préfet du prétoire (représentant permanent de l’empereur, parfois suppléant, commandant des cohortes prétoriennes, chef d’Etat major de l’armée et gestionnaire de son intendance, directeur de la poste publique). Préfecture confiée à 2 titulaires chevaliers (diminution de l’aspect militaire)

Bureaux peuplés d’affranchis avec à leur tête des chevaliers.

Administration de Rome et de l’Italie

Cohorte des vigiles et cohortes urbaines surveillent Rome, préfet de l’annone chargé du ravitaillement, urbanisme par commissions sénatoriale de curateurs.

Le préfet de la ville est un sénateur au sommet représentant la tradition sénatoriale équilibrant avec la préfecture du prétoire.

Italie reste sous administrée car susceptibilité du Sénat et des municipes p/r à leur autonomie mais acheminement vers la provincialisation del’Italie.

Administration des provinces

Rome  est devenu la capitale d’une vaste communauté que la romanisation tend à unifier (plus de « colonialisme » mais de la participation bénéficiant aux élites locales).

Afrique et Asie gouvernées par des consulaires. Egypte n’a pas le statut de province mais est administrée par des chevaliers ; Autres provinces par d’anciens préteurs portant titre de proconsul, choisi par tirage au sort pour 1 an (sauf quand l’empereur choisit).

Dans chque province, procurateur équestre gérant les revenus impériaux. Légions des provinces commandées par des legati legionis, sénateurs prétoriens ou des legati pro praetore rendant la justice.

Développement des grands services

Moins d’importance de l’aerarium Saturni. Développement de la caisse des soldats (vingtième successoral et centième sur les ventes), caisse impériale  (impôts des provinces impériales) et patrimonium Caesaris.

Croissance du nb de procurateurs au mII°apJC.

b.                 Personnel et les carrières

Partage inégal des tâches  entre sénateurs, chevaliers et affranchis impériaux qui perdent l’importance usurpée au mI°apJC.

Cursus sénatorial alternant irrégulièrement magistratures honorifiques et coûteuse et hautes fonctions civiles et mililtaires : vigintirat (1 an)- service militaire-questure à 25 ans-fonctions questorienne-édilité ou tribunat de la plèbe- prêteur à 30 ans-consul souvent suffect à 33 ans. Max est préfet de la ville.

Diminution du % de sénateurs dans l’administration civile au profit des chevaliers.

Cursus équestre soit en étant fils de chevalier avec service militaire et une succession de procuratèles, soit en étant militaire mais pas d’une gde famille équestre (centurionat prompile, triple tribunat des cohortes urbaines, second primpilat puis procuratèle), soit grâce à la filière crée par Hadrien sans service militaire pour les intellectuels (avocat du fisc ou préfet des ouvriers ou collaborateur d’un sénateur chargé de curatèle romaine puis curateur).

Vers la séparation des carrières civiles et militaires accroît la spécificité de la fonction publique.

Hadrien considère la carrière équestre comme une machine à combattre le Sénat (sénateurs ne peuvent devenir chevaliers mais l’inverse est possible par adlectio interconsulares).

c.                 Institutions locales

Administration locale échappe en partie à l’Empire grâce à l’autonomie des cités. L’Empire est un agrégat de cités plus ou moins autonomes.

Régions non urbanisées et sous administrées

En Orient grec, cités stipendiaires ou villes libres dites « fédérées » (principe d’extraterritorialité) .

En Occident les Romains ont créé la vie urbaine (sauf qq cités grecques ou puniques) presque toutes stipendiaires sauf anciennes alliées de Rome recevant souvent le titre de municipes latin. Colonies latines ou romaines (statut le plus avantageux est le droit italique) sont des cités créées le sont à partir de communautés indigènes ou ex nihilo (plus raremement).

Uniformisation des institutions municipales au II°apJC (surtout en Occident) : populus (assemblée) élit magistrats (exécutants) et prêtres. 

Citoyens groupés en curies votant séparément.

Conseil municipal formé de décurions (orgueil de la cité) administre et dirige

Culte impérial confié aux flamines de Rome et d’Auguste.

Finances sont le point faible des cités. Besoin d’un contrôle plus continu dès fI°apJC dc envoi de curateurs (surveillant les finances) mais ingérence limité.

d.                 Unification législative et morale de l’Empire

Rome devient peu à peu la capitale d’un Empire en voie d’assimilation (provinciaux passent du statut de pérégrin à celui de citoyen, malheureusement concomitamment à une perte de la liberté politique).

Service de l’Etat ouvert aux afffranchis impériaux.

Esclaves-affranchis-citoyens romains (cives optimo jure) ont les mêmes droits que les citoyens romains de naissance.

On devient citoyen individuellement par promotion individuelle pour service rendu (rois, chefs, intellos), en ayant quitté la légion ou l’auxiliarat au bout de 20 ou 25 ans de service ou collectivement quand le municipe de droit latin devient de droit romain. En 212, édit de Caracalla fait de tout habitant de l’Empire un citoyen. Diffusion du droit romain pour des besoins administratifs.

Empereur est désormais le gd législateur : edicta (portée générale), rescripta (rescrits : interprétation officielle d'un texte donnée par l'Administration sur la demande d'un administré.),  epistula (réponse donnée par lettre à un fonctionnaire), decreta (décisions directes) mandata (instructions pour les gouverneurs de province). Progrès de la jurisprudence (apparition de juristes pro). Rôle du droit romain dans l’unification du monde romain.

V.                L’Empire au milieu du II°apJC

1.      Politique extérieure des 1° antonins : de la conquête à la stabilisation 

a.                 Armée romain au II°

Plein épanouissement sous sa forme classique sous Trajan et Hadrien (homogénéité encore réelle, valeur du commandement, progrès technique et rôle civique).

350 000 hommes pour 60 millions d’habitants dont 1/3 d’esclaves (0.85% pop libre).  Effectifs faibles pour des raisons économiques et financières. Recrutement plus souple des auxiliaires (crainte d’une prolétarisation des troupes d’élite).

Recrutement rendu difficile par le peu de goût des Italiens pour la vie militaire.

Conscription territoriale donc armées régionales (recrutement moins coûteux, homogénéité des unités, hérédité facilitée, romanisation par l’installation des vétérans)

Légions : 5 000-6 000 hommes + 120 cavaliers + 60 centurions (âmes de la légion) + 6 tribuns + 1 légat sénatorial.

28 sous Auguste qui restent 28 sous Marc Aurèle (désir de stabilité).

Antonins craignent plus l’usurpation d’un ambitieux à la tête de forces armées que les invasions barbares.

Corps auxiliaires : cohorte de fantassins (500 en gal), ailes de cavaliers portant nom ethnique et formés de pérégrins recevant le droit de cité à la fin  des tribus et peuples les plus guerriers et les moins romanisés.

Contre les barbares belliqueux, numeri formé de barbares combattant à leur manière avec leur armée et leur chef mais pour les Romains ou adaptation des troupes de Rome avec la création d’unités de cavaliers cuirassés à la mode parthe (Trajan) .

Marine est la parente pauvre de l’armée. Flottes patrouillant en Méditerranée occidentale, sur les fleuves dont les équipages ambitionnent de passer auxiliaires ou dans les légions.

b.                 Politique de grandeur : Trajan 

Dernier conquérant. Poursuit l’œuvre de Domitien renforçant et étendant le limes en Afrique, guerre de Dacie (2nde plus difficile mais aboutissement à la création de la province de Dacie rpdt intégrée aux circuits cciaux procurant d’énormes ressources économiques permettant gdes constructions et préparation guerre parthique), annexion Arabie.

Guerre parthique pour égaler la gloire d’Alexandre , mirage orientale, protéger frontière de l’Euphrate, sous sous. Casus bellli à propos de succession sur le trône. Echec.

Antonin, lui, est ferme et maintien la paix (accroissant son prestige)

Hadrien : nouvelle révolte des juifs (car « abomination de la désolation » avec construction du temple à Jupiter sur l’emplacement du temple de Salomon).

Pacification sur les autres fronts : division de la Dacie en 3 secteurs après insurrection, campagnes contre les Brigantes de la Bretagne (construction du mur)

Empire désormais sur la défensive (apogée limes avec signification morale et matérielle, rebâti en bois et pierre sous Domitien et Trajan).

2.      Economie et société du milieu du II°apJC

a.                 Conditions générales favorables

Or des Daces dilapidé par Trajan, perte d’hommes pdt les guerres, Orient souffrent des préparatifs, ruines de la gde révolte juive.

Cela explique la politique pacifique d’Hadrien + économies+remise et allégement d’impôts, limitation des exportations pour faire baisser les prix..

Antonin bénéficie d’une longue paix intérieure et extérieure.

Pas de politique économique mais libéralisme. Intervention sur la fiscalité (incombant désormais aux communautés locales soulageant les contribuables) et les travaux d’équipement. Conquête suit les marchands, puis le commerce régulier profite des nouvelles facilités.

Classes supérieures considèrent l’artisanat et le travail intello comme aliénant. Commerce de gros par chevaliers et affranchis, commerce de détail par la cupidates.

Dans les provinces associations corporatives soulignent la dignité du travail.

Faiblesse de l’éco n’est pas du seulement à l’esclavage mais plus à des pbs de circulation, de transport, d’énergie, de crédit, d’investissement, de niveau de vie.

Importante ppté privée, disparition progressive de l’esclavage (recrutement et rendement diminuant, multiplication d’affranchissement)  au profit du colonat. Cette disparition nivelle par la base l’économie au détriment des classes inférieures libres.

Absentéisme  de l’Etat ne régule pas les différences de richesses.

Unification politique et administrative n’a pas d’incidence économique. Bénéfices de la campagnes dépensés au profit des villes donc économie de type inflationniste.

Crise car : arrêt expansion territoriale, ralentissement colonisation intérieure, réveil des barbares et reprise forcée des guerres.

b.                 Vie rurale

90% pop. Tendance générale est le sacrifice à l’entretien et au progrès de la civilisation urbaine.

Pleine ppté seulement pour les Romains et Italiens. Dans les provinces, système de la possessio (ppté juridiquement précaire). Les pptés ne sont pas forcément d’un seul tenant.

Petite et moyenne ppté utilise le système du faire valoir direct tandis que le latifundium est pris à ferme par un conductor gérant les esclaves et colons.

Profits pour embellir les villes, promouvoir la popularité des évergètes.

Colonat devient colonat partiaire car médiocrité des fermiers et fréquence des arriérés.

Stagnation technique car pas de motivation pour innover.

Hadrien mène une politique visant à créer une classe de petits possessores protégés (conductores impérial ne pas exiger plus du 1/3 de la récolte).

c.                 Economie urbaine et société municipale

Richesse essentielle vient de la terre mais à certains moments enrichissement par industrie et commerce mais en vue d’achat de bien foncier pour vivre « noblement ».

Commerce, exploitations minières mais s’épuise et souffre d’un manque de main d’œuvre. Villes sont des centres de communication, des places de commerce et des centres de production artisanale.

Multiplication petits ateliers, baisse de la qualité et uniformisation de la production. Décentralisation menant à l’autarcie car transports précaires, recherche de main d’œuvre et emplacement des matières 1°.

Age d’or du cce au IIapJC (liberté, méthodes éprouvées et autarcie) Rôle des corporations dans la vie urbaine défendant les intérêts matériels d’une même profession, participant au culte impérial, ont leur propres divinités, assurent les honneurs funèbres (Trajan s’en méfie mais Hadrien voyant leur rôle social se montre plus libéral).

Cce fait la fortune des affranchis.

Dans la vie urbaine floraison des « bourgesoisie municipales » au II°apJC : unité de la classe décurionale (cens variable). Possibilité d’ascension sociale pour le notable municipal s’occupant des liturgies, finançant les Jeux et Concours, achetant du blé pour le peuple en temps de disette , évergétisme. L’ambition locale des notables permet de maintenir la paix sociale.

Toutes les villes sont des petites Romes. Les capitaux sont littéralement pétrifiés dans ces villes.

d.                 Les classes supérieures au milieu du II°

Nouveau recrutement sénatorial au profit des notables des municipes de l’Italie et de qq provinces occidentales (Espagne) ; ils sont issu de l’ordre équestre et de l’intelligentsia grecque ou africaine. Homines novi ont une importante fortune foncière (1/3 ou ¼ en Italie obligatoirement depuis Trajan).

Aristocratie dominante s’incarne en Antonin dont la monarchie est administrative mais non sclérosée trouvant un soutien efficace dans l’ordre équestre (possédant une grande plasticité sociale). Bcp d’affranchis impériaux, procurateurs de domaines ou conductores recoivent l’anneau d’or des chevaliers. Ordre équestre débouche mas fréquemment sur l’ordre sénatorial.

3.      L’Occident européen

a.                 Les Trois-Gaule et les deux Germanies

Plus tardivement mise en valeur que la Narbonnaise. Gde prospérité au mII°apJC car développement économique en Gaule et présence d’une armée nombreuse en Germanie.

Gaule : Narbonnaise (Sénat) + Aquitaine + Lugdunaise + Belgique (empereur)

Germanie : supérieure + inférieure.

Fidélité des Gaulois car progrès de la romanisation même si faiblesse du nb de sénateurs et chevaliers des Trois Gaules  (on ne sait pas pquoi)

Grandes routes : voies de la Narbonnaise (domitienne et aurélienne) + 5 voies en étoiles à partir de Lugdunum.

Economie rurale repose sur le grand domaine, fundus, généralisé avant la conquête et renforcé avec le colonat. Province douée pour la production agricole (même si elle exporte moins que l’Espagne et l’Afrique) et la production industrielle (forêt fournissant du bois, population, tradition celtique, fer et argile en abondance). Production de céramique.

Activité commerciale par sa position « d’isthme », plaque tournante de l’Occident.

Villes ont rôle administratif et religieux. Lyon est la 1° cité de la Gaule. Paysans profitent de la paix et sécurité, parfois du voisinnage des villes ou de vici (théâtres, thermes, temples…). Mais à 2mII°apJC, essoufflement de la romanisation fait revivre les influences anciennes.

b.                 Bretagne romaine

Romanisation touche bassin de Londres et Angleterre de l’est et du nord. Province de la Britannia divisée sous Septime Sévère en supérieure et inférieure.

Province jamais très peuplée ni complètement mise en valeur (manque de capitaux et de motivation), ni très romanisée (conquête trop tardive, inachevée et insularité excentrique).

S’y trouve des villae  (type openfield) des notables indigènes ou Romains immigrés, des villages lié aux « celtics fields » de type bocage.

Bourgeoisie locale n’a pas bcp de moyens ce qui limite la romanisation.

Présence de 3 puis 4 légions consommatrices limite l’exportation agricole. Importation. Ressources en minerai.

Pays exportateur de matières 1°,  dominé par la classe riche de gds pptaires superficiellement romanisés où l’élément militaire joue le rôle ppal (sauf à Londres).

4.      Renaissance de l’Orient grec : l’Asie mineeure

Renaissance politique, économique et culturelle au II°apJC. Retour à la paix et la sécurité, meilleure administration favorise la vie municipale. Elites intellectuelles participent à la vie de l’Empire.

a.                 Politique des empereurs

Organisation du territoire.

Réseau routier ouest/est pour concentration rapide de troupes et de  matériel pour défendre l’Orient contre les Alains et les Parthes.

Favorisent urbanisation en fondant colonies ou donnant leur nom à des villes anciennes ou communautés de villages. Culte impérial. Les gouverneurs se préoccupent surtout des villes et laissent les campagnes faire.

Vie de la cité pas tjs paisible : crainte famine, vie politique agitée.

b.                 La vie rurale

Territoire des villes cultivé par des paysans fermier, ppté individuelle répandue et pte ppté est loin d’avoir disparue.

Servage se maintient et l’esclavage rural est peu répandu (donc permanence d’une structure villageoise)

c.                 Floraison de la vie municipale

Romanisation incomplète car les villes grecques sont jalouses de leur autonomie et fières de leur passé. Vie municipale y est brillante.

Corporations apparaissent à l’époque romaine animent la vie de la cité, enveniment les conflits sociaux.

Richesse des cités et amélioration des communications favorisent le commerce local et régional reposant sur vin, huile, textile et surtout blé.

Animosité latente contre Rome. Les cités sont libres car l’empereur le veut bien et peut révoquer unilatéralement cette grâce.

VI.             Civilisation du Haut-Empire

1.      La vie religieuse

a.                 Culte impérial et religion traditionnelle

Auguste fonde culte impérial en associant son nom à celui de Rome divinisée, fils d’un divus (César), temple et autels provinciaux. Dans les provinces occasion de montrer son loyalisme.

Moderatio de Tibère.

Culte se teinte d’influence orientale (Isis sous Caligula et Domitien, Helios et Mithra sous Néron). Antonins font progresser la mystique impériale selon théorie  « jovienne ».

Apothéose accordée par le Sénat.

Empereurs sont chefs  de la religion officielle ont le souci des cultes publics, garants de la sécurité de l’Etat.

b.                 Religions orientales

Vif courant d’irrationalisme et de mysticisme répondant au désir d’immortalité personnelle (religions du salut). Ou religions avec un aspect cosmique qui s’imposent au III°apJC.

Armée joue rôle dans diffusion culte.

Respect de l’originalité des diverses provinces par Trajan qui n’est pas spécialement attiré par les cultes orientaux.

Difficultés à cerner la religion des élites et classes populaires.

Culte impérial, respect Panthéon traditionnel n’extirpent pas forcément les anciens cultes locaux. Marque de la limite de la romanisation officielle.

Renaissance des cultes locaux comme une forme de résistance à l’assimilation.

Pour les chrétiens Trajan dit que il faut tuer les chrétiens qui s’opiniatre mais ne pas les rechercher ni tenir compte des dénonciations anonymes.

2.      Vie intellectuelle

a.                 Conditions générales

Liberté après le despotisme croissant sous forme tyrannique (Néron et Domitien) ou éclairée (Trajan et Hadrien)

Latin devient rapidement vulgaire dans les provinces (sans mordre le grec des provinces orientales), imposé seulement dans l’armée et l’administration.

Décadence littéraire après Auguste.

Déclin pensée scientifique et stagnation technique.

Droit commence à acquérir sa forme définitive (écoles de droits, juristes au Conseil impérial, dvpt jurisprudence.

b.                 Aspects de la vie intelectuelle au Haut-Empire

Enseignement libre de base répandu. Goût pour le terme abstrait et noble au détriment de la précision. Renaissance grecque réconciliation entre Orient vaincu et Rome conquérante.

Epicurisme résiste mal aux progrès de la religiosité diffuse. Stoïcisme est bien adapté aux traditions romaines (fournit des opposants aux tyrans).

3.      Art du Haut-Empire

a.                 Art de Rome

Art sociale (religieux, triomphal et politique ) et individuel (goût du portrait, décoration et du sentiment religieux).

Artiste considéré comme un simple praticien (rôle de celui qui commande et paie)

Art aulique officiel faisant de Rome le centre du pouvoir.

Trajan est un gd bâtisseur grâce au trésor de guerre des Daces.

Philhellénisme d’Hadrien correspondant à un néo classicisme (copies d’œuvres de sculpteurs grecs classiques des V° et IV°)

9 novembre 2007

L'Empire romain (Auguste aux Sévères)

I.      L’Empire romain d’Auguste aux Sévères (31 av JC à 235) 3

1.     Le triumvirat Antoine, Octave et Lépide. 3

2.     Bases du pouvoir. 4

a.     Base populaire. 4

b.     Base militaire. 4

c.     Base religieuse. 4

3.        Problème de la succession impériale. 4

a.        L’adoption et la dynastie des Julio-claudiens. 4

b.        L’hérédité directe et les Flaviens. 5

c.     Le meilleur et les Antonins. 5

d.     Les Sévères. 5

e.     Du principat au dominat 6

II.            L’administration. 6

1.        Création et développement de l'administration  6

a.        Organisation de l’administration développée par Auguste. 6

b.        Système complété par Claude. 7

c.        Développement de l’ordre équestre et unification juridique. 7

2.     Les organes de l'administration  7

a.        administration centrale. 7

b.        Gestion de Rome et de l'Italie. 8

c.        Gestion des provinces. 8

3.        Personnel administratif et carrières. 8

a.     Les chevaliers. 9

b.     Les sénateurs : la carrière sénatoriale. 9

1/ fonction préquestorienne civile. 9

2/ service militaire. 9

3/ carrière élective prétexte à une carrière administrative. 9

III.       Armée et politique extérieure. 9

1.     La guerre. 9

2.     Armée composée de légionnaires et d’auxiliaires. 10

a.     Les légionnaires : citoyens volontaires  10

b.     Les auxiliaires : citoyens non romains. 11

c.     Rôle militaire, administratif, économique, culturel et politique de l’armée. 11

3.     La politique extérieure. 11

a.        Politique extérieure d’Auguste. 12

Terminer les conquêtes (Alpes et Espagne) 12

Offensives lancées vers les peuples menaçants. 12

Création d’Etats vassaux. 12

b.        Tibère  12

Annexion de la Grande Bretagne. 13

Asie et Afrique. 13

Front du Rhin et du Danube. 13

Création du limes sous Vespasien (provisoire puis permanent) 13

c.        Politique extérieure défensive (Marc Aurèle à Sévère Alexandre). 13

IV.       Le phénomène urbain  14

1.     La ville romaine. 14

a.        Organisation géométrique  14

b.        Fonctions bien délimitées. 14

c.        Fondation ou refondation systématique  15

V.    Les villes. 15

1.        Romaniser = urbaniser. 15

2.     Rôle des élites mercenaires. 15

3.        Politique de création urbaine. 16

VI.            Intégration économique des provinces dans l’Empire romain  17

1.     Réseau routier structuré. 17

2.        Unification monétaire. 17

a.        Trimétalisme et privilège impérial de frappe des monnaies d’or et d’argent 17

b.        Limites  de l’unification monétaire. 18

Tout l’Empire n’adopte pas ce système monétaire. 18

Inflation et dévaluations. 18

3.     Une politique économique ?  18

VII.     La campagne. 19

1.        Cadastration  19

2.        Propriétés et exploitations  19

a.        Types d’exploitation  19

b.        Systèmes de mises en valeur successifs de l’exploitation  20

3.     La production. 21

a.        Développement d’une agriculture spéculative  21

b.        L’économie artisanale. 22

c.     Le commerce. 22

VIII.        Une société de classes  22

1.        Ascension sociale. 22

a.     Les esclaves. 22

b.     Les affranchis. 22

c.     Les petits artisans et commerçants  23

d.     La bourgeoisie municipale et provinciale  23

2.        Résistances à la romanisation  23

a.     Les dieux, les élites et le petits peuple. 23

IX.       La religion romaine : une religion de la cité  23

1.     Des rapports juridiques entre la cité et les dieux. 24

2.        Communauté culturelle. 24

3.        Religion en évolution. 24

a.        Syncrétisme religion romaine/religion étrangères. 24

b.        Nouvel éclat de la religion traditionnelle  24

c.     Culte du chef victorieux : le culte impérial 25

X.    Religion de l’Orient dans la religion romaine. 25

1.     Les religions du Salut 25

2.     Le christianisme  26

XI.       Les lieux du pouvoir impérial à Rome  26

I.                   L’Empire romain d’Auguste aux Sévères (31 av JC à 235)

Bornes chronologiques du Haut Empire (d’Auguste à la crise du III°)

Passage de la République au commandement d’un seul (imperator).  La crise entraîne une rupture avec la forme de pouvoir précédente. Le pouvoir vient du peuple citoyen qui forme une assemblée chargée de nommer des magistrats pour un an (qui a plus de pouvoir qu’un simple citoyen). Les magistrats les plus importants sont les 2 consuls qui gouvernent collégialement (direction à tour de rôle) et contrôlent le pouvoir exécutif.

Le pouvoir judiciaire est confié aux prêteurs.

En sortie de charge les magistrats entrent au Sénat (de 600 à 1200 membres selon les périodes).

Ce système est vu comme idéal par Polybe (II° av JC) :

·        Royauté par le système des consuls

·        Aristocratie par la magistrature

·        Démocratie par le pouvoir du peuple de conférer les charges de magistrat (même si clientélisme développé et normal)

Le I° est un siècle de rivalité entre les consuls. Les consuls prennent le pouvoir, s’affrontent, recrutent des mercenaires à leur solde.

Ex. Marseille perd sa liberté en 49 car elle à choisit Pompée contre César. César pour se venger lui a ôté ses forces politiques et économique (frappe de la monnaie transférée à Nîmes et Arles ?).

1.      Le triumvirat Antoine, Octave et Lépide

Le Haut Empire trouve son originalité dans le fait que le premier des citoyen (princeps) est celui qui gouverne. Ce personnage donne le nom du principat.

Après la mort de César on décide de mettre un seul homme à la tête de l’Etat bien que les adversaires du principat veuillent un retour de la république. Les partisans de César forment un triumvirat (Octave, Antoine et Lépide). Octave et Antoine s’allient contre Lépide et le relègue à n’occuper qu’un pouvoir religieux en 36.

Partage de l’Empire avec l’Orient pour Antoine et l’Occident pour Octave. Ils finissent par se disputer sous le prétexte fallacieux que l’un aurait couché avec la sœur de l’autre. La bataille navale d’Actium en 31 consacre la victoire d’Octave qui reste seul maître du monde romain.

En 27, Octave ferme le temple de Janus et se présente devant le Sénat pour sortir de ses charges mais le Sénat le prie de rester en lui confiant les pouvoirs civils, militaires et religieux de la République pour lui seul (nouveauté). Les institutions de la République continuent de fonctionner.

2.      Bases du pouvoir

a.                 Base populaire

Représenté par la puissance tribunitienne qu’à l’empereur (permet de compter les années de règne des empereurs)

Puissance tribunitienne : fonction par laquelle un magistrat est inviolable, peut s’opposer à un projet de loi)

b.                 Base militaire

L’empereur est le commandant en chef des armées et a à ce titre l’imperium majus. La nouveauté est que ce pouvoir est conféré à vie et concerne tous les aspects de la société (droit de vie ou de mort sur tous les citoyens). En tant que père de la patrie il sait ce qui est bon pour elle.

Ce pouvoir ne peut qu’être celui d’un vainqueur (si défaite il y a, cela signifie que les instructions impériales n’ont pas été suivies) dans la mesure où l’empereur bénéficie du soutien des dieux.

c.                 Base religieuse

L’empereur est le chef de la religion romaine. Il s’agit de rapports juridiques aux dieux dans le cadre de la religion collective.

La victoire militaire indique la supériorité de la religion du vainqueur.

L’empereur reçoit un ensemble de qualité formant la titulature impériale :

·        Virtus : qualité masculine et valeur morale qui donne la possibilité d’agir. Elle est supérieure à la virtus des autres citoyens car l’empereur a le génie.

·        Justice :  possibilité de prendre du recul par rapport aux basses contingences des autres citoyens lambda.

·        Clémence :  capacité de pardonner (même aux traitres)

·        Piété : capacité de remplir ses devoirs envers sa famille, la société, l’Etat etc…

3.      Problème de la succession impériale

a.                 L’adoption et la dynastie des Julio-claudiens

Auguste n’établie  pas le principe d’hérédité du régime car le système des magistratures républicains confiées au princeps mettent en avant la fonction élective, prévenant le système de l’hérédité. Ce système aurait pu trouver sa légitimité dans la mesure où le pouvoir était concentré aux mains d’un seul.

Auguste souhaite aussi être prudent étant donné ce qui est arrivé à César (« tu quoque mi fili »).

La solution adoptée est celle de l’adoption. L’empereur fait élire son fils à des hauts postes de responsabilité tant et si bien qu’à sa mort les sénateurs sont forcés de choisir l’adopté comme nouvel empereur.

Auguste n’a qu’une fille avec Scribonia, sa première épouse. Or les filles ne sont même pas citoyenne. Il décide de marier sa fille, Julie, à un Agrippa (âgé) pour faire travailler ses ovaires. De cette union naissent Caius et Lucius qui malheureusement meurent avant Auguste en 2 et 4.

Auguste épouse alors Livie afin d’adopter les fils qu’elle a eu avec un autre, Tibère et Drusus. Il les charges de nombreuses magistratures en favorisant Drusus qui meurt bêtement après avoir épousé Antonia (fille de Antoine et d’Octavie, elle même sœur d’Auguste). Tibère devient donc empereur.

Pendant ce temps, Julie est remariée successivement afin de continuer à engendrer des mâles.

Quand Tibère meurt, un de ses neveux, Caligula (fou) se fait élire par la garde prétorienne alors que le pouvoir aurait du revenir à ses petits-fils. Après la mort de Caligula, la succession retrouve ses traces avec le gouvernement de Claude, époux de la sœur de Caligula, Agrippine. Claude adopte Néron, fils d’un premier mariage d’Agrippine. Celle ci pour favoriser son fiston fait assassiner le prétendant Brittanicus puis Claude. Néron (fou) devient empereur avant d’être lui même assassiné en 68.

b.                 L’hérédité directe et les Flaviens

Suite au décès de Néron, s’ouvre un crise se transformant en guerre civile avec jusqu’à 4 empereurs en même temps. Vespasien finit par gagner en 69 (et il invente de toilettes dédicace spéciale chromosomes XY). S’ouvre la dynastie des Flaviens.

Pour sa succession il privilégie le système de l’hérédité directe en associant Titus et Domitien au pouvoir. Domitien se révèle être un tyran. Il adopte ses petits neveux mais le Sénat casse son testament et la charge d’imperator revient à Nerva (vieux magistrat) qui adopte Trajan (qui a alors 60 ans).

c.                 Le meilleur et les Antonins

S’ouvre la dynastie des Antonins qui pour la succession font le choix du meilleur (avec ou sans adoption). Evidemment il est préférable que le meilleur fasse partie de la famille.

Ce choix est légitimé par l’idéologie impérial du fait que l’empereur vivant a un caractère divin (seul les fous diront qu’ils sont dieux).

Trajan fait épouser la petite fille de sa sœur, Sabine à Hadrien, le meilleur actuel. Et comme Hadrien n’a pas de fils, il adopte Marc Aurèle. Mais quand meurt Hadrien, Marc Aurèle est trop jeune pour être empereur donc le Sénat choisit Antonin comme successeur d’Hadrien (vieux sénateur) en espérant qu’il meurt assez rapidement. Par manque de chance il met du temps à mourir mais il a adopté Marc Aurèle et l’a associé au pouvoir. Quand il meurt, Marc Aurèle prend les rênes du pouvoir et c’est sous son règne qu’a lieu l’apogée de l’empire romain.

Marc Aurèle épouse la fille d’Antonin, Faustine II (nymphomane de soldats) qui donne le jour à Commode (fou) qui se prend pour le dieu Hercule. Le problème est que Marc Aurèle ne parvient pas à prendre de décision face au reflux des migrations barbares.

Commode est assassiné le 31 décembre 192 par sa maîtresse chrétienne (probablement par manque de charité).

d.                 Les Sévères

Le Sénat choisit Pertinax comme nouveau princeps mais les provinces romaines réclament le droit au chapitre dans le choix de l’empereur. Cette crise ouvre une nouvelle guerre civile avec 4 empereurs en 193, faite d’alliances et de retournement d’alliances. En 193, la victoire de Septime Sévère (gouverneur et chef de l’armée du Danube, né à Tripoli) est consacrée.

Il associe ses fils dont Caracalla en les chargeant de magistratures mais à sa mort Macrin usurpe le pouvoir pour un an (217-218) avant de mourir et que la légitimité impériale soit rétablie.

Période d’orientalisation de l’empire.

Le système veut de plus en plus se fonder sur l’hérédité malgré la système des magistratures. Le système du principat devient autoritaire et personnel.

e.                 Du principat au dominat

L’imperator devient le dominus (maître). Alors que Tibère, Claude ou Titus étaient les premiers des citoyens (princeps), Caligula, Domitien, Néron ou Commode sont les maîtres (dominus).

Entre ces deux conceptions du pouvoir se trouve la conception antonine du princeps/dominus qui établit un pouvoir autoritaire, religieux et militaire qui s’exerce au détriment des autres sources de pouvoir (Sénat, consuls…).

Le principe monarchique l’emporte avec le développement de l’administration et de la bureaucratie.

II.                L’administration

Mise en place de l’administration avec la domination de Rome (armée, fondation de colonies et transfert de propriété).

Depuis le I° av JC, Rome a des prétentions œcuméniques (cf. Res Gestae d’Auguste). Il s’agit de gouverner la planète entière. Il s’agit donc de savoir quelles sont les possibilités de domination. Dans ce but, Agrippa commence une carte du monde (terre rectangulaire divisée en 24 régions) destiné à être montrée aux Romains ; le recensement général a lieu, des cadastres fiscaux sont établis.

A cette époque lorsqu’un territoire était conquis, les vainqueurs pouvaient en faire ce que bon leur semblait. Les provinciaux devenaient les usufruitiers de ce qui était leur propriété.

Le système augustéen distingue la gestion par le princeps de celle du Sénat.

·        Provinces sénatoriales (dans le Midi surtout)

·        Provinces impériales dans la majorité des cas. Elles sont dirigées par un légat avec un rang de prêteur nommé et révocable par l’empereur, salarié et qui doit rendre des comptes de son gouvernement. Le régime considère les provinciaux comme des administrés (plus comme des exploités).

Rome, quant à elle, est gérée par des fonctionnaires nommés par Auguste. Il choisit ceux en qui il a confiance et ils s’agit souvent d’affranchis (qui en profitent pour se venger un peu de ce qu’ils ont vécu en tant qu’esclave). Le cursus honorum devient les échelons d’une carrière administrative dans l’empire romain. La mise en place de l’administration se fait lentement.

1.      Création et développement de l'administration

a.                 Organisation de l’administration développée par Auguste

Auguste participe à l'organisation de l'administration romaine et le système du curus honorum comme système de carrière (plutôt que comme système politique) se met en place à ce moment.

En 27 av JC Auguste réorganise l'ensemble des service entre la gestion sénatoriale et la gestion équestre (création d'ordre). Il créé un conseil privé, le conseil du prince composé d'amis et de compagnons (selon le modèle de la royauté hellénistique), les comes. De plus, il réorganise la gestion de Rome en  l'ôtant aux édiles, prêteurs et consuls afin de la confier aux curateurs. Ce sont les préfets (praefactus) qui ont ces charges : ils sont compétents dans leur domaine et sont révocables.

exemple de fonction : ravitaillement, eaux, entretien des bâtiments publics, grands travaux…

b.                 Système complété par Claude

Ce système a été complété par Claude (41-54) qui a créé les 3 bureaux de l'administration centrale confiée à des affranchis.

La caisse centrale des finances (fiscus) est distinct du patrimonium (gestion de la fortune de l'empereur) tandis que la vieille caisse du Sénat est toujours conservée dans le temple de Saturne (inviolable).

c.                 Développement de l’ordre équestre et unification juridique

A partir du règne de Flavius, les affranchis seront remplacés par des chevaliers. Sous le règne d'Hadrien, des conseils spécialisés avec une  hiérarchie sont créés (+création du bureau a memoria : archives de l'Etat).

Entre le règne d'Auguste et celui d'Hadrien une administration se met en place sous forme d'édits (disposition générale concernant tout l'empire), de décrets (disposition judiciaire), de rescripta (réponse à des fonctionnaire pouvant faire office de jurisprudence) et de mandat (instruction donnée à un gouverneur de province).

Au II° se met en place une unification juridique à l'échelle de l'empire. Les gouverneurs mettent en avant le droit sur les coutumes. Les provinces voient arriver sur leurs terres un droit écrit remplaçant le droit coutumier ou oral. En 212, Caraccala affirme que tout les habitants de l'empire sont soumis aux même lois.

De fait, ce sont les spécialistes du droit qui en viennent à gouverner l'empire : être noble ne suffit plus, il faut désormais faire des études. Ce sont les chevaliers qui administrent l'empire (jurisconsulte). A la fin, l'empire sera suradministré par ce nivellement de la gestion à tous les citoyens.

2.      Les organes de l'administration

a.                 administration centrale

Le Conseil des Princes

Il est recruté au gré des vœux impériaux et prend la forme sous le règne d'Hadrien d'un conseil de fonctionnaires juristes officiel.

Le prétoire

Cette fonction est créé en 2 apr JC par Auguste.

Il est dirigé par le préfet qui a la confiance de l'empereur. Il a la fonction de 2° et reprèsente, protège l'empereur (cohorte prétorienne)et peut le remplacer. Il joue un rôle essentiel et peut donc tenter un coup d'Etat. Son pourvoir de justice et politique sont importants (confident, gestion de la seule force armée dans Rome : sorte de ministre de l'intérieur). Il est révocable.

Les bureaux centraux

a rationibus : différent du fiscus et du patrimonium. Gestion des richesses de l'empire.

a commentaris : correspondance

a censibus

etc…

b.                 Gestion de Rome et de l'Italie

Auguste créé une nouvelle administration de Rome. Le curateur est remplacé par des fonctionnaires officiels, les préfets.

Sous Claude est créé la fonction de préfet de l'annone (ravitaillement régulier, surveilllance des prix) qui est un fonctionnaire, chevalier.

Le préfet de la ville gère l'urbanisme. Il s'agit d'un sénateur, souvent ancien consul, qui dirige une cohorte (environ 500  soldats).

Le préfet des vigiles dirige une cohorte de vigiles (pompiers) qui agissent en cas d'incendie, d'inondation ou d'éboulement.

Direction des bibliothèques…

Les préfets ont sous leurs ordres des sous-préfets.

Depuis le règne de Jules César, l'Italie connaît une gestion municipale mais en raison de problèmes internes, celle-ci est reprise en main.

c.                 Gestion des provinces

En 27, les provinces sont réorganisées en provinces sénatoriales ou en provinces impériales.

Les provinces sénatoriales sont situées sur le pourtour de la Méditerrannée. Le Sénat y choisit les gouverneurs qui sont des anciens consuls qui reçoivent un traitement (qui signe par sont importance une hiérarchie sociale). Les provinces d'Asie ou d'Afrique sont prestigieuses et ne sont pas du ressors de l'empereur.

Les provinces impériales sont dirigées par le légat d'Auguste au prêteur (rang inférieur à celui de consul). Ils sont choisis parmi les sénateurs. De leur bonne gestion dépent la suite de leur carrière et sont donc surveillés.

Passage de l'exploitation des provinces à une gestion.

D'autre provinces impériales sont gérées par un procurateur (proc curare) qui ont des fonctions différentes. Ils sont spécialistes des finances s'occupent des prélèvements dans les provinces. Ils perçoivent un traitement hiérarchisé mais peuvent aussi gouverner seul une petite province (les provinces alpestres sont procaturiales).

L'Egypte a un statut à part et elle est directement soumise au prince (depuis la bataille d'Actium en 31) et sont gérées par un préfet en raison des usurpations fréquentes qui y ont lieu (les sénateurs même doivent obtenir une autorisation spéciales avant de s'y rendre).

3.      Personnel administratif et carrières

Au début, ce sont des affranchis qui occupent la fonction de personnel administratif mais Auguste créé l'ordre des sénateurs et celui des chevaliers.

Concrètement, le passage de l'exploitation à l'adminstration des provinces se fait au moyen des affranchis impériaux (liberti). Ils ont la confiance de l'empereur et ne doivent pas la décevoir. La relation maître/affranchi est la même que la relation père/fils (droits et devoirs). Cette catégorie sociale forme le dynamisme économique de l'Empire.

Fonctionnement par des esclaves car les citoyens ne s'occupent que de politique.

Par la suite, des fonctionnaires sont formés juridiquement à administration (nouveauté).

Les sénateurs deviennent des gouverneurs.

a.                 Les chevaliers

Fortune minimale : 400 000 sesterces.

Privilège : choisi par l'empereur, il reçoit le cheval public (inscription sur la liste officielle), places résérvées au spectacle

Ils sont appellé son Excellence tandis que les sénateurs sont appellés son Eminence.

Le service militaire devient propédeutique aux études juridiques.

Origine de cette ordre : personne riche qui n'est pas bien né. Durant, la guerre de César ce sont eux qui ont financé la campagne d'Octave. Après sa victoire, il décide mettre ces potentialités au service de l'Etat.

b.                 Les sénateurs : la carrière sénatoriale

1/ fonction préquestorienne civile.

Vers 18 ans d'un collège d'une vingrtaine de personnes (vingtinvirat) :

  • triumvirat monétaire (fils des grandes familles)
  • decumvirat chargé de juger les litiges
  • quadrumvirat chargés de l'entretien des routes
  • triumvirat capital

2/ service militaire 

En tant que sous officier (tribun de légion)

3/ carrière élective prétexte à une carrière administrative

20 postes de questeur élus par le Sénat, chargé des gérer une caisse (2 questeurs augusti, 4 questeurs de consuls, 2 questeur urbain au service du préfet, questeurs chargés des caisses des gouverneurs.

  • tribun de la plèbe, 3 édiles curules, 3 édiles de la plèbe. Les enfants de grandes familles peuvent sauter cet échelon
  • 18 postes de préteur (vers 30 ans) avec des fonctions judiciaires (préteur urbain , préteur pérégrin etc…) durant 1 an.
  • adjoint du légat, gouverneur au rang de propréteur,
  • consulat (vers 40 ans) : 2 consuls éponymes et postes de consuls suffect (titre de consuls avec éventuellement la gestion de quelques mois de l'année, propédeutique à la fonction de gouverneur de province, de direction des armées…)
  • accès aux hautes fonctions de l'Empire avec au summum la fonction de préfet de la ville ou de gouverneur de l'Egypte.

III.             Armée et politique extérieure

Le régime autoritaire met en place un nouveau contrôle des êtres humains avec la volonté de conquérir toutes les terres ), mieux connues à l’Orient qu’à l’Occident (idéal œcuménique). L’armée de citoyen devient insuffisante et passe de offensive à défensive. Le destin de Rome est un Empire universel.

1.      La guerre

Il y a des guerres rituelles et des guerres privées (de pirates, de brigandage) qui sont dans les mœurs en tant qu’économie de prédation.

La guerre est un phénomène ordinaire et n’est pas totale mais elle se conforme à des rites et des lois. A Rome, l’état de guerre est différent de l’état de paix :

·        Période de guerre de mars à octobre : sacrifice, purification des armes, armes fixées sur des trophées

·        Purification des chevaux, instrument, ouverture du temple de Janus, consultation des auspices

La déclaration de guerre est réservée aux comices centuriates car ce sont elles qui partent en guerre. De fait, la déclaration est la décision d’hommes politiques et en théorie la décision est divine (guerre si l’ennemi a offensé les dieux). La guerre est donc juste et pieuse.

Pour pouvoir déclarer la guerre, un casus belli est nécessaire (intérêt divin et peuple romain lésé). La guerre est déclarée si l’adversaire refuse de réparer ses torts. Les comices demandent alors l’intervention divine (nécessaire à la victoire) et l’avis des dieux sur cette guerre par la consultation d’entrailles, le vol des oiseaux avant l’envoi d’un faisceau sur le territoire ennemi ouvre la guerre. Jusqu’au dernier moment une raison religieuse peut empêcher la guerre d’avoir lieu.

De même la fin de la guerre doit être ritualisée (trève, traité ou capitulation ). Le vaincu par capitulation fait acte de soumission inconditionnelle (dedito) tandis que le vainqueur a un pouvoir sans limite car le vaincu perd sa personnalité (transfert de propriété au vainqueur). Les territoires conquis paient un impôt et doit respecter la paix.

Mais le vainqueur doit respecter ses serments par rapport aux  dieux (ensevelissement des morts, érection d’un trophée victorieux servant à fixer l’énergie productrice de la victoire).

2.      Armée composée de légionnaires et d’auxiliaires

a.                 Les légionnaires : citoyens volontaires

Il n’existe pas à proprement parlé de politique extérieure car le monde étranger (ostis) est le même que le monde ennemi (ostis). Les Romains veulent que tout le monde fasse partie de l’empire avec la mise en place d’un limes autour de cet Empire (système des Etats clients trop complexe).

Légion romaine dirigée par un ancien consul : 48 000 citoyens répartis en 10 cohortes de 6 centuries chacune comprenant 80 hommes répartis en 10 tentes.

L’origine de l’armée est civique (service militaire obligatoire entre 17 et 60 ans). Il dure aussi longtemps que nécessaire. La levée se fait par tribu.

Vers une armée de métier.

Déjà en 107 av JC, Marius appellent les pauvres dans l’armée en leur promettant une solde (sentiment d’appartenance à une élite). De nouveau, sous César l’armée est une armée de professionnels avec la mise en place de camp d’hiver (hiberna) sur place en attendant le mois de mars (plus de retour sur Rome chaque année) puis Auguste réformes allant dans le sens d’une armée de métier. Le problème étant que l’armée étant censitaire (le citoyen paie sont équipement : chevalier pour les riches, poste de commandement pour les nobles tribuns, membre d’une cohorte pour les plus pauvres).

Désormais l’armée sert un chef militaire. Lors de l’enrolement le militaire prête un serment solennel envers le consul l’ayant appelé puis ce sera l’empereur le faisant passer du statut de citoyen à celui de militaire (consécration). L’armée romaine est la plus puissante de la Méditerranée.

Les légionnaires (150 000) sont des citoyens volontaires qui servent pendant 20 ans sous Auguste. De plus en plus les légionnaires sont recrutés en province (ce sont toujours des citoyens).

Equipement offensif et défensif limité : pilum, gladius (épée courte), cuirasse pour les officiers, bouclier (en bois) et casque.

Quand il n’y a pas d’offensive, les légionnaires passent beaucoup de temps en parade pour des défilés des célébrations de fêtes officielles ou alors des gardes.

Le grand souci est la discipline et l’hygiène.

L’armée romaine réquisitionne sur les terres où elle se trouve pour nourrir les soldats. La population acceptent tout cela tant que l’occupant apporte des bienfaits ou du moins pas de méfaits mais Rome doit avoir les élites locales de son côté pour avoir les faveurs de la population locale.

Ex. 68, tentative de création d’un Empire des Gaules. Les Romains décident alors de réunir en assemblées les différents peuples à Reims pour avoir leur avis sur l’indépendance. Or l’assemblée décide de rester avec Rome (preuve de la réussite de la romanisation).

b.                 Les auxiliaires : citoyens non romains

Les auxiliaires (150 000) sont des citoyens non romains combattants aux côtés des légionnaires durant 25 ans avant de pouvoir devenir citoyen romain. Ils sont dans l’aile de cavalerie ou les cohortes d’infanterie et sont dirigés par des chevaliers. Leur troupe porte des noms locaux ou selon leur spécialisation (ex. cohorte des archers de Palmyre).

Marine composée de 2 flottes (à Missène et Ravène) qui servent éventuellement de complément (présence de flotilles sur les rivières).

c.                 Rôle militaire, administratif, économique, culturel et politique de l’armée

L’armée permanente a un rôle complexe, pas uniquement militaire comptant 300 000 soldats en tout pour un territoire allant des Pays Bas à la mer Noire. L’armée romaine est la plus importante et la mieux organisée (pas d’armée rivalisante).

Elle est répartie en fonction des impératifs.

Ex. Pour terminer la conquête de l’Espagne Auguste engage 5 légions sur 30 là bas (1/6 de l’armée) puis Tibère réduit à 3, Claude à 2 et Néron à 1. La frontière du Rhin nécessite 8 légions au I° siècle puis 4 sous Hadrien qui avait besoin de renforcer le Danube.

L’armée joue un rôle militaire, administratif et économique sur les territoires où elle se trouve. Elle joue un rôle dans les crises politiques en choisissant son chef.

Rôle économique en préservant la paix romaine des pillages, en construisant un réseau routier, des monuments, des villes (organisées par des architectes militaires. L’armée est un facteur de prospérité.

Rôle culturel en tant que machine à fabriquer des citoyens par l’auxiliariat (au terme duquel on devient vétéran) qui développe le latin sur place et favorise les mariages avec des femmes locales.

La partie militaire est la partie émergée de l’iceberg de l’armée.

3.      La politique extérieure

La politique extérieure est emprunte de réalisme politique car Rome ne possède que 30 légions. L’Empire est méditerranéen (mare nostrum) mais s’éloigne de la mer vers le sud, le nord et l’est.

a.                 Politique extérieure d’Auguste

Terminer les conquêtes (Alpes et Espagne)

Auguste veut rattacher certaines régions à l’Empire romain allant des vallées alpestre jusqu’au Danube (création de 2 nouvelles provinces) et l’Espagne.

1)A partir des années 25 av JC : conquête de l’arc montagneux situé entre l’Italie du nord, la Gaule et la Suisse dans un objectif commercial et de faire cesser toute menace sur Rome.

·        25 av JC : pacification de la vallée d’Aoste

·        16 av JC : pacification du nord de l’Italie

·        15 av JC : pacification du plateau bavarois

2)En 14 av JC, les Alpes sont romaines et les frontières sont repoussées au nord de la Suisse.

La conquête de l’Espagne se fait en 2 campagnes :

·        26-24 av JC : campagne partant de Burgos menée par Auguste et 3 légions : échec

·        19 av JC : Aggrippa battu dans un premier temps finit par l’emporter avec Auguste.

L’Espagne est pacifiée et divisée en 3 provinces

Offensives lancées vers les peuples menaçants

Auguste lance des offensives vers le nord (ceux que César appelait les Germains, les méchants qui se trouvent au delà du Rhin). En Germanie il y avait des peuples nomades (frisons, lombards, angles…). La conquête vise aussi les matières premières : ambre jaune et esclaves.

12-9 av JC : Drusus mène 3 offensives autour de Strasbourg et du Rhin à l’Elbe mais en 9 av JC, Drusus meurt à la suite d’une chute de cheval. Il est remplacé par Tibère qui lui, se contente de consolider les frontières établies par Drusus.

Le territoire est administré par les romains mais ils ne voient pas les grandes oppositions existant au sein des familles entre les proromains et les contre romains.

9 ap JC : révolte des Chérusques qui entraînent le légat Varus, 3 légions et 9 corps d’auxiliaires  dans un piège faisant 20 000 morts. Rome décide donc d’arrêter la conquête de cette région.

Mais en 16 ap JC Germanicus, le fils de Drusus, reprend l’offensive avec 8 légions, des auxiliaires et 1000 navires. Mais la Germanie ne redevient pas romaine car Tibère, jaloux de Germanicus, demande à ce dernier de cesser cette conquête et l’envoie se battre contre les Parthes. Il a réaliser le danger existant à mettre trop d’hommes sous la direction d’un seul et divise donc l’armée de Germanie entre l’armée de Germanie inférieure et l’armée de Germanie supérieure.

Création d’Etats vassaux

Pour le reste du monde antique, une politique d’Etats vassaux est menée. L’Afrique devient une province avec des dirigeants pro romains (Juba, roi des Maures, l’est)

En Orient, les Romains récupèrent les aigles des Parthes et mènent une politique d’Etats clients.

b.                 Tibère

Tibère est opposé à la menace que peut représenter la Germanie. En Orient Claude stoppe la politique des Etats clients en Mauritanie qui est annexée, tout comme le territoire situé entre la Judée et l’Euphrate.

Annexion de la Grande Bretagne

Rome veut annexer la Grande Bretagne. Caligula prépare les côtes à l’invasion de l’île. Claude fonde Londres en 42-43 ap JC puis se dirige vers le nord, le centre de l’Angleterre et le pays de Galles. Création de la province de Bretagne mais le gouverneur doit faire face à des problèmes dans les protectorats et des révoltes de population. Le centre résiste. C’est le cas des Brigantes ou des Iceniens menés par la reine Bouddica. Vers 61 ap JC, comme Néron veut accélérer la suppression des protectorats, il confisque les biens de la famille royale. La reine et l’aristocratie icénienne se révoltent en prenant Londres. Les Romains matent la révolte (70000 morts).

Asie et Afrique

En Asie et en Afrique il y a peu d’opérations militaires qui sont menées. En ce qui concernent les Berbères il s’agit de romaniser les élites tout en laissant les peuples vivre comme bon leur semble (pas de sédentarisation).

Front du Rhin et du Danube

Les Romains veulent accroître la défense sur le Rhin et le Danube. Vespasien veut réduire le territoire non romain situé entre ces deux fleuves (forêt noire et  sud de la Bavière) en 73-78 ap JC. Ces terres sont données à des colons et appelées les champs décumate.

Echec de la conquête allant du Rhin jusqu’à l’Elbe. Du coup les provinces de Germanie supérieure (capitale : Mayence) et inférieure (capitale : Cologne) sont placées en Gaule

Création du limes sous Vespasien (provisoire puis permanent)

Vespasien se limite dans la conquête et construit des fortifications, le limes séparant des populations et des civilisations (valeur religieuse, économique). Progressivement, cette frontière devient réelle et l’arrêt de conquête n’est plus seulement provisoire. A la fin du I° ap JC, la notion offensive devient défensive.

Trajan au pouvoir en 98 ap JC, reprend la guerre sur le Danube car les populations voisines traverseraient les frontières. Guerre contre les Daces en 101-102 ap JC gagnée par Trajan mais il faut remater les Daces en 105-106 ap JC. Cette victoire permet un afflux de richesses et de mettre fin aux difficultés financières de Rome.

Guerre contre les Parthes car ils interviennent en Arménie. Conquête de la Mésopotamie et création de 3 nouvelles provinces (Syrie, Arménie et Mésopotamie).

Fin du rêve de conquête de toute terre habitée dès le début du règne d’Hadrien qui met le monde romain en état de défense avec la généralisation du limes qui devient définitif.

c.                 Politique extérieure défensive (Marc Aurèle à Sévère Alexandre).

Le rapport de force changeant oblige à passer à une politique défensive.

Vers 160-170 ap JC : reprise des grandes migrations qu’avaient arrêtés temporairement les Romains suite à des phénomènes complexes (notamment climatique avec une montée des eaux de la Méditerranée) entraînant une descente des populations vers le sud (poussant les populations devant).

Les invasions sont motivées par la misère

Regroupement des peuples au sein de confédérations débutées au II°ap JC et constituées au début du III° ap JC. De ce fait apparaissent de nouveaux noms de peuples. La piraterie remplace le commerce.

Ex. ceux que l’on appelait les Chauques laissent place à un peuple nouveau, les Saxons.

Ex. Il en va de même avec les Chattes qui laissent place aux Francs, confédération de petits peuples

Ex. Sur le Rhin supérieur et le Danube avec les Alamans

Ex. Les Maures en Afrique du Nord qui brutalement entretiennent des rapports belliqueux avec Rome.

L’Empire est menacé par des populations barbares qui prend conscience de ce processus inéluctable. Les empereurs successifs travaillent tous à « colmater le navire » marquant l’engagement du processus marquant du Moyen Age. Les migrations sont la norme et les retenir était contre nature.

IV.             Le phénomène urbain

La civilisation romaine passe par le cadre de vie urbain. Le monde de cités existe déjà dans le pourtour méditerranéen, ailleurs, c'est le monde de tribu qui prédomine. L'espace d'une tribu est celui qu'elle a conquis tandis que dans le régime de cité ce sont des limites fixes déterminées par la cité (le territoire n'est pas extensible).

Les citoyens obéissent aux lois de la cité dans laquelle ils habitent (dans le territoire arécomique est peuplé de citoyens arécomiques). Cette civilisation des cités ne dure que le temps de l'Empire.

Domination du mode de vie romain. L'idéal de vie est romain et devient celui des populations conquises. Les Romains développent le mode de vie urbain : le citoyen romain est un citadin qui maîtrise un territoire rural (sur le modèle de la polis et de l'astu des grecs). Ce modèle fonctionne lorsque les élites indigènes ont intérêt à adopter le modèle de vie romain.

1.      La ville romaine

a.                 Organisation géométrique

Espace organisé pour répondre à un certain nombre de fonctions. Organisation géométrique selon des axes et des centres. Elle est organisée selon l'axe du cardo (nord-sud) et du decumanus (est-ouest) à partir de quoi le territoire est quadrillé afin d'être aisément contrôlé. Tous les ilôts, insulae sont comptés à partir de ce centre.

L'arpenteur avec sa groma vise le soleil couchant et à partir de sa position on peut situer un lieu. Il s'agit d'un héritage étrusque de l'organisation de l'espace qui est aussi utilisé dans les camps. Les architectes de ces villes sont militaires et organisent les cités comme ils ont l'habitude de le faire pour les camps.

Les ilots ont des proportions variables mais la dimension idéale est celle de la centurie (carré de 20 actus de côté, soit 709 mètres).

Les rues aussi ont des tailles variables allant jusqu'à 16 mètres.

b.                 Fonctions bien délimitées

Vie politique, sociale et religieuse est organisée à partir du forum, situé à l'intersection du cardo et du decumanus. On y trouve la curie (lieu de réunion des magistrats), une place (lieu de réunion des citoyens), une basilique (fonction judiciaire), un autel dédié au culte romain et à celui de l'Auguste. Ce lieu est couvert de monuments payés par les evergètes.

c.                 Fondation ou refondation systématique

Ces villes reçoivent un nom avec leur fondation qui est souvent celui de la famille impériale mais peut aussi faire référence au topos (Nemausus, nom de la fontaine sacrée, donne Nîmes). Les Romains mènent une politique systématique de fondation ou de refondation des villes (sauf en Orient).

Les habitants des campagnes sont invités à venir en ville. La population locale vivant dans l'oppidum  finance la construction des espaces publics de la nouvelle ville et en attendant améliore les constructions de leur oppidum (construction de maison gréco-romaines). Ce processus indique une romanisation des élites indigènes.

V.                Les villes

Pour la civilisation romaine, le monde de la cité est très important. Le phénomène naturel était aussi naturel en Orient que l’était le phénomène rural en Occident.

Ex. vers 500 av JC Avignon et le Languedoc étaient peuplés de population nomades

Ex. vers 8000 av JC, les hauts plateaux turcs et la vallée du Danube étaient un monde de villages.

Durant la protohistoire passage du nomadisme à la sédentarité à l’urbanisation. Le monde méditerranéen  est structuré autour de la ville ce qui impose de nouvelle règles de vie en communauté. Ce qui donne lieu à la cité, gouvernée par les nomoi (règles), issues de la tradition orale et sont écrites. L’organisation est plus complexe que dans le nomadisme.

1.      Romaniser = urbaniser

Dans le croissant fertile, des expériences successives ont mis au point une organisation des cités réutilisées par les civilisations successives. La civilisation romaine recueille les apports de toutes ces civilisations urbaines et en donne un modèle de civilisation prônant la vie urbaine comme idéal.

Romaniser une population revient à l’urbaniser. Cet idéal est l’aboutissement de toutes les civilisations mais nous observons un échec de celui ci à la fin de l’Antiquité.

Mise en place d’un processus d’urbanisation dans des sociétés non-urbanisées. C’est en Occident que l’apport est le plus important.

Rq. Echec en France puisque tout l’espace prévu pour l’urbanisation n’a pas été occupé.

Rome s’appuie pour urbaniser sur quelques villes mises en place avant la conquête par la civilisation tyrénienne et la civilisation grecque sous la forme de colonie occidentales. Ces villes servent de modèle pour les populations locales qui imitent cet urbanisme faisant naître les 1° villes occidentales indigènes. La copie de modèle des civilisations voisines permet ce passage de la ruralité à l’urbanité.

Ex. oppidum de Nages : organisation collective de l’habitat, uniformisation des constructions, rues parallèles selon le modèle grec mais avec des constructions locales (propres unités de mesure).

Ex. Glanum construite au II° av JC qui est une ville indigène prenant pour modèle Arles, Tarascon… elles mêmes bâties selon le modèle grec.

2.      Rôle des élites mercenaires

Les populations éloignées de l’arc  Méditerranéen suivent un autre processus d’urbanisation. Les chefs guerriers (mode de vie de ces populations est guerrier) avides de gloire se mettent au service des armées méditerranéennes (César, Alexandre…) en tant que mercenaires payés avec des monnaies d’or. Ces pièces sont fondues pour les dieux mais aussi utilisées comme modèles pour que ces populations frappent leurs propres monnaies.

Ces chefs vétérans recréent chez eux ce qu’ils ont vu formant la civilisation d’oppida (sites organisés selon un modèle urbain par l’aristocratie locale). C’est au 2° av JC que se développent ces civilisation proto-urbaines.

Quand Rome entame la conquête de ces régions, les civilisations sont en marche vers une urbanisation. Coexistent des villes, des villages organisés, des populations rurales et des populations nomades. Rome veut créer un modèle unique urbain.

Tout l’Empire n’a pas été fait de cités. L’urbanisation est  un modèle de contrôle de l’espace et de la population.

Lors de la conquête d’un territoire, tout le territoire passe sous le joug du vainqueur. Rome veut y installer son système urbain pour loger ses citoyens puis pour promouvoir les élites indigènes. La création de villes est souvent soumise à des impératifs militaires ou économiques. Rome confisque les bonnes terres pour ses citoyens.

Lien : romanisation-urbanisation-partage et redistribution du territoire

Ex. En Narbonnaise, les Romains sécurisent la voie héracléenne et fondent des colonies aux abords de cette route. En 118 av JC, Narbonne est crée : les citoyens romains viennent s’y installer et les indigènes deviennent les étrangers.

Après le 2° ap JC, l’urbanisation varient selon les lieux et les époques. Les moments forts de l’urbanisation sont : Claude, les Flaviens, Antonin, Septime Sévère.

3.      Politique de création urbaine

Auguste initie une politique de création urbaine en divisant l’Empire en provinces, sous divisées en cités (tribu, entité politique) avec à la tête de chacune une ville romaine. Auguste impose le choix d’un site dans chaque cité pour construire la ville nouvelle (politique volontariste). Globalement les élites indigènes sont ralliées à ce mouvement d’urbanisation et passent de cavalier-guerrier gaulois au statut de citadins vivant dans une cité aux frontières fixes.

Les villes sont situées sur des zones de carrefour, des sanctuaires préexistants etc… mais leur fondation dans un lieu n’est jamais due au hasard. Elles ne sont pas forcément sur l’oppidum antérieur car c’est souvent un lieu fortifié mal adapté à l’économie d’échange.

Toute colonie romaine est limitée dans l’espace car les dieux de la villes ne sont pas les mêmes que les dieux de la campagne.

L’assise de la richesse romaine est foncière mais l’idéal de vie est urbain. Il s’agit de donner envie de vivre dans la ville. Ce système ne fonctionne qu’en temps de prospérité économique.

Les grands temps de l’urbanisation :

·        Auguste : modernisation de l’habitat de l’oppidum

·        Tibère : construction de la ville nouvelle

·        Claude : emménagement dans la ville nouvelle

·        Vespasien : les maisons traditionnelles en terres sont remplacées par des maisons en pierre selon le modèle romain

Habitants des villes : propriétaires fonciers citoyens, populations commerçantes et artisanales assez riches pour participer à la vie politique de la ville par l’évergétisme.

Rôle de l’armée dans l’urbanisation car les militaires connaissent les techniques de fondation et de construction d’une ville. Standardisation des monuments urbains, des tracés directeurs, de la décoration des maisons…Ancrage de la civilisation romaine avec le même type de bâtiment.

Près des camps militaires, les populations civiles donnent naissance à des villes romaines. Les villes romaines ont une politique d’occupation du territoire (contrôle de la population par le pouvoir romain) ce qui est le 1° rôle de la ville.

Le culte impérial, l’évergétisme, le Forum (Curie, autel et basilique), l’appartenance à la communauté (par les spectacles dans les théâtres et amphithéatres, les thermes).

VI.             Intégration économique des provinces dans l’Empire romain

Dans un premier temps, Rome exploite les provinces conquises puis elle en vient a considérer les indigènes comme de futurs-citoyens et les intègrent donc dans l’Empire romain (économie, mode de vie …).

L’Empire transforme la propriété (cadastration) et est un espace structuré autour de réseaux routier. Mise en place d’une économie de villa, d’une agriculture spéculative destinée à l’exportation (spécialisations régionales) qui suppose la sécurité des transports.

Mise en place d’un réseau urbain formant le cadre de cette économie.

1.      Réseau routier structuré

Le cadre urbain systématiquement développé est relié par des routes. Il n’a pas été mis en place partout au même moment.

Ex. fin du 2°ap en Espagne et sous Auguste et Agrippa (fin du 1°av) en Gaule.

Il permet le désenclavement des régions. Il est entretenu par les populations locales (corvée).

Pour la région lyonnaise 5 axes principaux partent de Lyon en étoile :

Vers la Méditerranée (via agrippa)

Vers l’océan jusqu’aux Saintes

Vers le Rhin

Vers l’océan jusqu’à Boulogne

Vers l’Italie par les Alpes

Ce n’est pas Rome qui invente les chemins existant depuis 4000av JC sous forme de pistes longeant les rivières. Par contre, Rome, relie et raccourci ces pistes. Certaines sont dallées et elles sont plus ou moins bien organisées.

Il y a des routes rocades militaires en Grande Bretagne ou aux abords des frontières. La vocation première de ces routes est de sécuriser la région et de permettre sa mise en valeur. Les territoires conquis sont donc des lieux surs. Cela entraîne une évolution des circuits commerciaux stimulant les productions.

2.      Unification monétaire

a.                 Trimétalisme et privilège impérial de frappe des monnaies d’or et d’argent

Auguste laisse au sénat la frappe de la petite monnaie et se réserve celle de la monnaie d’or et d’argent.

Petite monnaie : as

Monnaie de base : sesterce

Monnaie des salaires en argent : denier

Monnaie d’or : aureus

1 aureus=25 deniers=100 sesterces=200 as

4 sesterces = 1 denier

A la fin du 1°ap, sous Domitien, un légionnaire gagne mensuellement 1 aureus soit 1700-2000 euros.

Lors de la conquête, le territoire passe du troc à une économie monétaire généralisée. La même monnaie circule dans tout l’Empire (de l’Arabie à l’Angleterre). Toutes les pièces portent l’image de l’Empereur ayant fait frapper les pièces et c’est par là un moyen de romaniser les populations et de les intégrer.

Trimétalisme, privilège impérial de frapper les monnaies d’or et d’argent, même système monétaire appliqué à tout l’Empire.

b.                 Limites  de l’unification monétaire

Tout l’Empire n’adopte pas ce système monétaire.

L’éloignement de la ville fait apparaître comme inutile l’utilisation de monnaie à la place du troc. Les citadins (8-10% de la population de l’Empire) qui ont moins de biens utilisent plus la monnaie que les ruraux.

Inflation et dévaluations

Dévaluation à chaque difficulté financière en diminuant le poids de la pièce ou en diminuant la quantité de métal précieux présent dans la pièce. Ces dévaluations entraînent une augmentation des prix.

Ex.

Auguste

Trajan

Septime Sévère

1 livre (256 gr d’argent vaut :

42 aureus

45 aureus

50 aureus

Ex. en 64 ap., Néron dévalue le denier en frappant dans une livre d’argent (256 gr) non plus 84 mais 96 deniers. Ce chiffre passe à 106 sous Septime Sévère

Ex. Septime Sévère créé une monnaie au nom de son fils Antoine (Caracalla), l’antoninianus qui vaut 2 deniers mais dont la quantité d’argent présente dans une pièce équivaut à celle d’1/2 deniers = dévaluation de 100%.

Cette monnaie dont l’acceptation est forcée se comporte comme une « hot monnaie » que chacun essaie de se refourguer tout en conservant les anciennes monnaies dans leurs bas de laine (valeur intrinsèque de la monnaie).

Chaque nouvel empereur demande aux ateliers impériaux de fondre les anciennes monnaies et de les frapper à leur effigie.

De fait, les monnaies se dévaluent plus vite que les salaires mais sur quelques génération les salaires rattrapent la dévaluation.

3.      Une politique économique ?

Il n’y a pas de politique cohérente sauf en ce qui concerne ces distributions de terre aux colons. En général pas d’intervention de l’Empereur sur l’économie sauf en ce qui concerne la gestion des terres distribuées au citoyens pauvres et aux vétérans.

Par contre, il y a une politique systématique de grands travaux (remparts, arcs de triomphe, monuments publics, réparation de villes incendiées, de routes et de ponts emportés…) mais on ne connaît pas le poids exact des évergésies pour ces constructions.

Ex. 1 seul citoyen a financé l’aqueduc entre Uzès et Nîmes

L’Empereur peut par contre diminuer ou pas les charges, la répartition de l’assiette des impôts, supprimer des dettes…

Il s’agit plutôt de stimuler le libéralisme par la paix romaine.

VII.          La campagne

Les champs ne sont pas les mêmes partout. Le parcellaire antérieur est soit remodelé par centuriation soit conservé.

Le parcellaire antérieur est mal connu. Il est délimité par des fossés, des haies ou parfois des murets en pierre sèche. Les champs mesurent 30 par 40 m de côté. Pour les indigènes la cadre de vie romaine ne change pas leurs habitudes.

1.      Cadastration

Cadastration (organisation fiscale) ou centuriation en champs dont la dimension idéale est de 20 actus. Ce système existait déjà en Campanie où il avait été mis en place au 2° av pour loger des citoyens pauvres.

Mise en œuvre de la cadastration :

Emplacement de la groma (choisit par les dieux ou diverses raisons) détermine l’axe du kardo maximus et du decumanus maximus. A partir de ces axes, l’espace est quadrillé (pas forcément régulièrement) selon une dimension de base qui est le pied (1 pied=29,56 cm) et les emplacement sont dénommés à partir des axes directeurs (ultra/vitra et dextra/sinistra).

A la moindre révolte, Rome confisque les terres des indigènes pour en faire des colonies militaires entraînant par là un transfert de propriété (distribuée aux citoyens pauvres et aux vétérans). Elle s’accapare seulement les bonnes terres.

Rome développe la centuriation dans les zones romanisées comme Cologne, la vallée du Rhône et pas dans l’Atlas, la Bretagne.

2.      Propriétés et exploitations

a.                 Types d’exploitation

Développement de la grande propriété (latifundia) dont la surface varie selon les régions.

Ex. en Espagne les latifundia vont de 500-2500 ha mais en Lusitanie elles peuvent aller jusqu’à plus de 8000 ha.

Elles appartiennent aux sénateurs et à ceux qui veulent vivre noblement. En théorie les revenus des sénateurs ne peuvent que provenir de la terre. Le revenu foncier est le seul revenu respectable. S’ensuit donc une course à l’achat de nouvelles terres. L’idéal est de ne voir que sa propriété depuis sa villa.

Moyenne propriété coloniale

Ex. le poète Ausone possède 260 ha dont 50 en céréales, 25 en vignes, 13 en prés et le reste en bois. Cette surface permet de faire vivre 30 familles.

Petite propriété (microfundia) tenue par des individus travaillant aussi la terre des latifundia.

2° grand défrichement de l’humanité en raison du développement  de la demande urbaine. On défriche tout ce qui peut l’être avec les moyens à dispositions. Certaines terres devront même retourner à la friche.

Rq. Production de laine en Flandres

En théorie, la gestion du domaine est directe mais de fait il est affermé. Normalement le propriétaire doit faire exploiter la terre par des esclaves. Les petits paysans soldats ont disparu depuis longtemps au profit des grands propriétaires. En effet, les grands propriétaires prêtent à usure aux petits paysans au moment de la soudure à des taux élevé (1% par semaine par ex.). Le petit paysan rembourse avec sa propriété et avec de la chance il est autorisé à rester fermier sur son ancienne propriété. Pour éviter les révoltes sociales, de temps en temps, l’Etat annule les dettes et interdit les ventes de terres avec paysans.

Evolution positive de l’agriculture qui permet l’enrichissement qui donne lieu à la promotion sociale dans la ville.

Ex. le moissonneur de Mactar. Ce moissonneur parvient à mettre de l’argent de côté et achète des terres. Puis il fait travailler les autres pour lui et s’installe en ville, devient édile, questeur puis duomvir. Il meurt considéré.

Grand propriétaire comme Pline le Jeune. Il a un hôtel à Rome, un dans la « banlieue » de Rome, des villas en Italie. Obligation d’avoir 1/3 de ses possessions en Italie. Il s’y rend pour se prélasser dans des jardins entretenus. La maison est luxueuse et peut être construite sur plusieurs ha. Le type de construction de villes est le même que celui mis en œuvre à la campagne. Seulement, il y a plus d’espace à la campagne donc les maisons sont plus étendues (démesure). Le mode de vie urbain est implanté à la campagne.

b.                 Systèmes de mises en valeur successifs de l’exploitation

Distinction entre la villa urbana (habitation du maître) séparée par un mur de la villa rustica (servant à l’exploitation). Cette élite est spécialiste d’agronomie et souhaite mettre en valeur ses terres (idéal d’exploitation directe). Cela se fait par l’intermédiaire de l’intendant (le vicilus).

L’exploitation est gérée par le vicilus et une armée d’esclaves (dont l’espérance de vie est de 20 ans). Les esclaves travaillent enchaîné pour qu’ils ne s’enfuient pas. Leur travail s’en ressent donc on décide de les traiter humainement (cf. stoïcisme) sans les enchaîner, en leur permettant d’avoir  une famille (femme régulière) et surtout en leur promettant la liberté quand ils seront vieux. Ce système pas assez rentable, périclite vers la f.1°-3° ap.

L’exploitation indirecte est alors mise en place. L’exploitation du maître est divisée en petites exploitations affermées à des paysans libres payant un fermage en denier. Ce système apporte une plus grande rentabilité de l’agriculture car les paysans fermiers y trouvent leur intérêt. L’exploitation rapporte de 3-5% ce qui est peu mais le revenu est sûr et régulier.

L’agriculture italienne connaît une période de crise due à la concurrence des productions des provinces romaines destinées à l’exportation ou pour payer l’impôt à Rome en nature. L’exploitation agricole de céréales-huile-vin intensive donne lieu à  une agriculture extensive qui ne résout pas la crise.

Le fermage en argent est réclamé en nature à la f.1°-2° : c’est le colonat. Le colon (différent du colon occupant une cité conquise par Rome) fournit au propriétaire une part proportionnelle à la part fournie par le propriétaire pour l’exploitation (terre, charrue, semences…). Cette part va du 1/3 aux 2/3.

La paysannerie locale a tendance a conserver son habitat traditionnel malgré la conquête. Lien entre le développement d’une économie spéculative dans la province et le développement de la villa romaine.

Présence de ces villas sur le littoral espagnol et en Narbonnaise sous Auguste et vers l’intérieur des terres pendant les Flaviens.

La maison de type romain supplante progressivement l’habitat traditionnel au cours de transformations successives. La villa romaine est avant tout au centre d’une exploitation agricole. Style économique et style de vie. Sa présence indique l’état de romanisation de la région. Les références de décorations sont les mêmes dans tout l’Empire et les propriétaire piquent à droite et à gauche des style différents.

3.      La production

a.                 Développement d’une agriculture spéculative

Tendance au développement de l’agriculture spéculative entraînant une spécialisation régionale (trilogie vigne-blé-olivier en Méditerranée) destinée à l’exportation approvisionnant un secteur du front ou une ville.

Ex. La Bétique au sud de l’Espagne ravitaille les troupes situées en Mauritanie. L’olivier y est cultivé et vient ravitailler tout l’Occident sans que la Narbonnaise ne puisse jamais rivaliser.

Ex. L’Afrique du nord devient le grenier à blé de Rome au 1°ap. Spécialisation dans la production d’huile au 2°ap.

Ex. Suite à la création de cépages résistants au gel (Allobrogica pour le Rhône et Bisturica pour le Bordelais, la Loire…) succès de la culture vinicole en Gaule. Il est si important que Domitien doit prendre des mesures (arrachage de plants) pour lutter contre la concurrence faite aux vignes italiennes.

Les campagnes possèdent des infrastructures offertes par un grand propriétaire afin d’en retirer du pouvoir, de la gloire et de la considération sociale.

Tendances générales : développement d'une agriculture spéculative et par voie de conséquence d'une spécialisation régionale (trilogie méditerranéenne). La production est destinée à l'exportation  vers un secteur, un front ou une ville.

ex. La Bétique ravitaille la Mauritanie où sont placées des troupes, elle cultive aussi l'olivier pour tout l'Occident (sans que la Narbonnaise ne la concurrence réellement)

ex. L'Afrique du Nord devient au I°apJC le grenier à blé de Rome.

ex. succès de la culture vinicole en Gaule avec la création de cépages résistants au froid (Allobrogica dans le Rhône, Biturica dans le Bordelais et la Loire). Du coup, Domitien doit prendre des mesures pour défendre la production italienne.

Rome essaie de développer les potentialités de chaque région et de diversifier son économie.

Potentialités : richesses du sous-sol systématiquement exploitées (mines à ciel ouvert ou en galerie). Certaines régions sont mêmes conquises dans un but d'enrichissement (idée que la Gaule regorge d'or, que l'Angleterre est riche en plomb et en fer…). Les Romains voient l'Occident comme une sorte d'Eldorado qui lui fournit les matières premières. Toutes ces productions ne sont pas destinées à l'exportation mais peuvent autant alimenter un artisanat local, qu'une économie régionale ou  un commerce international.

b.                 L’économie artisanale

Dans les campagnes les paysans récupèrent du métal dans leur exploitation afin de le fondre pour leur consommation personnelle (outils) mais il existe aussi des centres métallurgiques rayonnant dans toute l'Europe.

La production agricole est transformée en ville et ce système fonctionne pour toute l'économie.

L'économie artisanale et de transformation de la production agricole de l'Empire est active, se développe et est productrice de richesses (artisanat diversifié).

Se conjugue des petits ateliers de poterie par exemple dans tous les bourgs et villes destiné à une clientèle locale (artisanat urbain ou semi-urbain organisé en corporats).

ex. Nautes sont spécialisées dans le commerce fluvial

Certaines régions ont une spécialisation de leur artisanat destiné à l'exportation qui se multiplient dans tout l'Empire.

ex. Narbonnaise et Gaule chevelue copient le vaisselle italienne en série

c.                 Le commerce

Ces négociants transportent des produits ont des comptoirs dans différentes places et leur organisation est complexe est spécialisée. Le commerce international et l'artisanat qui se développent répondent à un accroissement des besoins et nécessitent le développement de la Pax Romana. Lien entre le développement économique et le développement des villes de Claude aux Antonins.

VIII.       Une société de classes

La différence entre les individus se fait entre la liberté et son absence déterminé par la naissance.

1.      Ascension sociale

a.                 Les esclaves

L'esclave n'est pas un simple bien mobilier puisqu'il a une  certain nombre de droits (responsable de son pécule, il doit être enterré, il relève d'un discipline domestique et tous les châtiments ne sont pas autorisés). L'Etat peut condamner les meurtres d'esclaves non justifiés. L'esclave est important car le corps civique se renouvelle entre autre par des anciens esclaves. L'esclave est un futur-citoyen :

promesse de liberté lui est faite pour qu'il travaille (peut acheter sa liberté grâce aux économies ammasés par son interessement au profit)

lors des crises, Rome promet la citoyenneté aux esclaves qui s'engage dans l'armée

ils permettent de renouveller le solde déficitaire des citoyens.

On est esclave car on a du se vendre ou par sa naissance. L'affranchissement est dans l'ordre des choses (acte juridique au cours duquel l'être renait comme un homme libre)

b.                 Les affranchis

Les affranchis forment une catégorie sociale fondamentale car ils représentent le dynamisme économique d'une civilisation qui ne l'est plus (avec les paysans qui désirent s'enrichir). L'affranchi a  une fortune qui n'est pas la sienne donc il s'enrichit par le commerce et prend des risques économiques (pour que sa richesse ne soit due qu'à lui-même). Il est commerçant ou travaille dans l'administration (affranchi impérial) dans des postes qu'occupera l'ordre équestre par la suite.

c.                 Les petits artisans et commerçants

Les petits artisans et commerçants sont en concurrence avec les affranchis. Pour devenir riche, le paysan se lance dans l'artisanat dans le bourg le plus proche espérant une ascension sociale. Ils sont regroupés dans des collèges (corporat) placés sous la protection d'un dieu, où règne l'entraide. Ils élisent les responsables de la corporat (sorte de petit Sénat) reproduisant l'organisation municipale. Ces collèges défendent les intérêts des artisans, honorent le patron commun (tailleur de pierre à Nice ont Hercule, commerçants du vin à Lyon ont Mercure), garantissent aux artisans une sépulture.

d.                 La bourgeoisie municipale et provinciale

Catégorie  sociale entre la base (petit paysan et esclave) et la bourgeoisie municipale ou provinciale qui peut arriver au niveau régional ou international. Cette bourgeoisie est en pleine ascension sociale vit dans des villes importante et ils contrôlent le commerce international. Ils constituent une classe sociale et deviennent indispensable à la vie de la ville par les évergésie et en s'y faisant élire. Ils se définissent par leur argent, vivent dans la ville, sont cultivés (parlent le latin, font éduquer leurs enfants dans les meilleures écoles…), adoptent un style de vie à la romaine traditionnelle et font des commandes artistiques (rôle de mécène pour les artisans et artistes).

Ils permettent de remplacer les chevaliers qui eux-mêmes aspirent à devenir sénateurs. De plus en plus de provinciaux entrent au Sénat (7% de provinciaux sous Vespasien et 50% de provinciaux sous les Sévères)

Ils utilisent leur argent pour les évergésies afin de conquérir l'administration mais ce système ne fonctionne que en période de prospérité (sinon les construction deviennent des réparations).

f2°-f3°apJC les grands bourgeois se replient dans les campagne et le monde urbain devient une simple citadelle rurale.

Rigidité importante entre les classes

2.      Résistances à la romanisation

a.                 Les dieux, les élites et le petits peuple

Les dieux sont ceux qui résistent le plus. Crainte que les dieux gaulois ne soient remplacées par des romains. Les foyers les plus importants de résistance se trouvent dans les sanctuaires indigènes.

Immédiatement après la conquête les élites résistent car elles y ont perdu leur pouvoir économique et politique. Leur révolte ne dure pas car la politique d'intégration de Rome vise à leur donner la citoyenneté et ses avantages. Le meilleur moyen de romaniser est de convaincre les élites locales de la supériorité de Rome.

Le petit peuple résiste (marginaux et oubliés de la croissance) qui maintiennent les traditions, les cultes locaux mais sont peu visibles par les historiens.

IX.             La religion romaine : une religion de la cité

Rôle important dans le processus de romanisation. Il existe autant de religion qu’il y a de cités. La religion romaine est donc la religion de la  cité de Rome (Rome et colonies de Rome).

1.      Des rapports juridiques entre la cité et les dieux

Permet le maintien de la paix des dieux. La religion est pratiquée par les membres d’une communauté (pas personnellement). La religion n’a rien à voir avec la croyance (religio différent de credo). La particularité des dieux par rapport aux hommes est l’immortalité.

Il s’agit d’actes rituels codifiés et effectués selon des normes précises. Chaque dieu veut des choses différentes.

Le sacrifice rend l’objet divin, sacré.

Le mal vient forcément du courroux des dieux, un acte n’a pas ou a mal été fait. Le sacrifice rétabli la paix des dieux.

Prière : demande à un dieu accompagnée d’actes précis. Les Jeux prennent place dans ce contexte de la religio (en l’honneur des dieux ou des morts).

2.      Communauté culturelle

Elle a un espace physique, social et des membres particuliers. Elle prend place dans le pomerium, résidence sacrée des dieux. Le pouvoir des dieux se manifeste dans le temenos. Aucun culte étranger ne peut prendre place dans le pomerium, sauf autorisation du Sénat.

Le citoyen romain est nécessairement fidèle aux dieux romain.

Cadre familial est le 1° cadre de la religion romaine

Le pater familias est chargé de maintenir la paix des dieux au sein de la famille (cérémonies pour les calendes, nones, ides). Le genius du père (aspect divin de tout humain) gère la religion. Il existe des dieux pour toutes les occasions et moments de l’existence.

Seul le citoyen romain (mâle adulte) peut pratiquer la religion romaine. La notion de piété/impiété transcende les individus mais est collective. Les rites se font en public et exigent la présence physique des citoyens. Les aspects concrets de la vie publique se font avec l’aval des dieux.

3.      Religion en évolution

a.                 Syncrétisme religion romaine/religion étrangères

Ouverture pour des raisons diplomatiques et politique. Elle s’approprie les valeurs des autres religions.

Ex. Cibèle installée sur le Palatin pour vaincre Hannibal (alliance politique avec l’Asie) vers 265 avJC . Résultat : Hannibal vaincu à Zama (202 avJC)

Syncrétisme religion romaine et autres religions. La religion romaine absorbe les dieux étrangers qui reçoivent leur équivalent romain (et vice versa).

Ex. Taranis en Gaule correspond à Jupiter (même attributs)

Société ouverte qui prend ce qui lui semble bon chez les autres et fait leur leurs traditions. Les élites dirigeantes contrôlent le peuple en faisant du chef un objet de culte.

b.                 Nouvel éclat de la religion traditionnelle 

Avec Auguste retour de la religion traditionnelle. Il redonne son importance au pontificat : le chef de l’Etat devient le chef de la religion. Les décisions du chef sont donc celles des dieux. En 42, le chef de l’Etat devient augure (consulte les dieux). En 31, il recommande  les candidats au sacerdoce.

Remise en état des vieux temples, restauration des anciennes cérémonies (17avJC, Jeux séculaire, course des Luperques autour du Palatin….)

Il confie à Apollon la paix de l’Empire, se dit être son fils.

Réorganise les cultes tombés en désuétudes dans l’esprit du retour de l’Age d’Or. Apaisement des dieux pour la paix perpétuelle de l’Empire

c.                 Culte du chef victorieux : le culte impérial

Auguste a le sentiment d’une prédestination divine pour le faire gouverner. Octave dit qu’il est le fil s d’Apollon. Le culte du chef de l’Etat est une tradition orientale (le régnant est un dieu vivant : pharaon) rejetée par les Occidentaux qui font la différence entre le dieu et l’homme. A la rigueur le chef mort rejoint les dieux.

Culte impérial rendu au chef vivant, présent et victorieux (caractère visible de sa force). Il pratique la religion de la cité. Le citoyen romain doit rendre culte au chef pour préserver la paix publique (persécution des chrétiens). Culte rendu dans un cadre collectif et symbolique.

Le lieu où le chef s’est rendu a un autel l’honorant. Le culte devient municipal à partir de Tibère puis provincial (provinces sénatoriales sous Vespasien) sur le lieu de l’autel fédéral. Culte rendu au nom des cités par un ou plusieurs délégués venus dans la capitale fédérale. Le grand prêtre (flamine) y fait un sacrifice.

Collège religieux. L’objet de culte est le genius parant le chef de toutes les qualités (clémence, justice et piété, virtus puis eternitas sous les Sévères).

Manifestation de loyalisme des élites envers le régime, lié à la prospérité économique des provinces. Aux I°-II°apJC, croissance économique donc croissance des manifestations spontanées du culte impérial en Occident (Afrique et Orient au II°ap JC).

Lien développement religion de la cité + du commerce et de l’économie + des villes +du souci d’ascension sociale + du culte impérial.

X.                Religion de l’Orient dans la religion romaine 

Religion romaine perméable aux dieux étrangers selon les besoins. Introduction par l’intermédiaire des philosophe et conquêtes. Débute au III°avJC mais s’accélère au I°avJC (apogée aux I°-II°apJC)

Trinité :  Jupiter Mars et Quirinius remplacés par Jupiter (au ciel) , Junon (féconde, équivalent de Héra d’Argos) et Minerve (équivalent d’Athéna travaillant).

Les 4 nations de l’Orient fournissent leur dieux lors des conquêtes. Les sociétés se tournent de plus en plus vers les religion à mystère (religion du Salut) car nouvelles préoccupations. Mélange culte du citoyen/culte de l’individu initié.

1.      Les religions du Salut

Apport gréco romain car nouvelles préoccupations (fin du culte de la cité).

Isis (déesse de la Lune et du Soleil) et Serapis (dieu des morts et de la Lumière identifié à Zeus, Jupiter) (hellénisation d’Osiris) arrivent au II°apJC. Développement du culte isiaque au I°apJC.

Cibèle vient de Phrygie. Terre mère associée à tous les phénomènes naturels de la végétation (parèdre de Atis) donc succès. Introduite pour les 1° guerres puniques.

Mithra (Iran) développé avec Néron. Sacrifice taureau pour libérer les énergies qu’il a en lui. Mithra associé au soleil. Envoyé sur Terre pour le bien de l’homme comme un Sauveur. Etre initié à ce culte garantie le Salut.

Autres cultes en Afrique comme celui de Baal, Jupiter transformés  en Syrie.

2.      Le christianisme

Message original d’un ministre : dieu nous aime et n’exige pas qu’on l’aime (plus de rapports juridiques)

Communauté chrétienne avec le martyr de Etienne structurée autour de Pierre.

Apports théologiques de Paul qui comme ancien adversaire des chrétiens, pas issu du judaïsme ouvre la communauté chrétienne à tous (les Gentils, païens)

Religion qui devient exclusive au IV°apJC avec l’interdiction du culte païen.

Naît  entre 4avJC et 6-7apJC.

Recrute apôtres.

Titulature impériale : imperator + caesar + nom de la gens ou de l’adoptant + surnom avec les pouvoirs (commandement, politiques, religieux, puissance tribunitienne, victoires militaires)

Puissance tribunitienne comptée à partir de la première fois qu’elle a été revêtues (débute en juillet puis décembre ou 1 janvier)

Passage curatèle à la préfecture mise en place par Auguste quand il organise l’ordre équestre.

Cohorte prétorienne : normalement une cohorte compte 480 hommes mais il existe des cohortes doubles, dite milières

XI.             Les lieux du pouvoir impérial à Rome

Forum de Rome :

X°avJC : nécropole

VII°avJC: centre de la vie publique (commerce et politique) avec comitium, basilique, 1° cultes publics

II°avJC : bâtiments liés à la fonction politique (éjection fonction commerciale)

I°avJC : fonction politique exclu toutes les autres fonctions. Récupéré pour le culte impériale dès César.

Pouvoir passe des palais impériaux bâtis à l’extérieur du Forum sur le Palatin. La maison de l’empereur devient le lieu de gouvernement de l’Empire (Domitien). Logique nouvelle et orientale. Le pouvoir devient autoritaire et autocratique car l’Empereur déplace le lieu du gouvernement à son gré (Hadrien à Tivoli)

Auguste réorganise le Champ de Mars, lieu de la République par excellence, et le tourne vers son pouvoir personnel.

9 novembre 2007

Le lien social au Moyen-Age

I.      Partie 1 : Les formes traditionnelles du lien social (V°-VIII°) 3

II.            Introduction  3

1.        Pourquoi étudier le lien social ?. 3

2.     Les sources. 3

a.     La Bible  3

b.        Tradition patristique. 4

c.     Droit 4

d.        Encyclopédiste. 4

e.        Littérature de divertissement 4

III.       Le lien social : entre paganisme et christianisme (V°-VII°) 4

1.        Solidarités  4

a.        Solidarité verticale/horizontale. 4

b.        Solidarité dans l’antiquité tardive. 5

c.        Métamorphoses de la société antique confrontée au christianisme  5

2.        Héritage judéo-chrétien fondé sur la Genèse. 5

a.        Augustin d’Hippone et la Genèse (théorie de l’harmonie universelle) 5

b.     Le Physiologus  5

3.        L’Eglise comme communauté se définit de plus en plus comme une chrétienté. 6

IV.       La société : un lien vertical, un lien vertical 6

1.        Transformation du vocabulaire par les chrétiens. 6

a.        Societas  6

b.        Chrétienté  7

c.        Communauté. 7

d.        Unanimité  7

e.        Amour/charité. 7

2.     Lien vertical 7

a.        L’âge, le sexe. 7

b.        Nouvelle relation à Dieu par le monothéisme  7

c.     Le chrétien et sa hiérarchie. 8

d.     La hiérarchie des églises. 8

3.     Lien horizontal 8

a.        L’égalité des baptisés. 8

b.        Isidore de Séville et la Convocation  8

c.        L’Eglise universelle et l’exclusion. 8

V.    Partie 2 : les expérimentations carolingiennes. 9

VI.            Reconstruction carolingienne. 9

1.        Métamorphose du royaume franc  9

a.        Tendance à l’endogamie et à l’hypergamie masculine. 9

b.        Cléricalisation de l’entourage royal 9

c.        Elargissement de la base du peuple franc  10

2.     Du regnum à l’imperium.. 10

3.        Fondation du droit dans l’Empire franc  11

VII.     Liens et ententes charnelles et spirituelles. 11

1.        Histoire de la terminologie  11

2.        Parenté carolingienne  12

a.        Prime à la famille nucléaire. 12

b.        Emergence d’une structure verticale de la parenté. 12

c.     Le mariage. 12

3.     Liens et  ententes spirituelles. 13

VIII.                Partie 3 : Cristallisation du lien social au XI°-XIII°. 14

IX.            Bouleversement du lien social (9°-12°) 14

1.        Changement sémantique montrant un changement du lien social 14

a.        ordonner 14

b.     La patrie prend racine dans la société terrestre. 15

2.        Spatialisation de la chrétienté. 16

a.        Mécanismes de spatialisation de la chrétienté. 16

b.        Résistances à la spatialisation de la chrétienté (mouvement réformateur) 16

3.        Encellulement 16

a.        Couverture du paysage par les églises. 16

b.        Protection des ecclésiastiques (préservation de leur caractère pur) 17

c.     La paroisse se rattache à une église particulière  17

4.     La commune. 17

X.    La paroisse, la famille. 18

1.     La paroisse. 18

a.        Domine la vie sociale du village/quartier 18

b.        Resserrement du cadre paroissial (2m12°) et confréries. 19

2.     La famille. 19

3.     Le patrimoine. 19

4.     Société persécutrice (12°-13°) et hérésie. 20

XI.            Individus et communautés. 20

1.     Ordre ritualisé. 20

a.        Passage de la convention orale à la convention ratifiée par écrit 20

b.        Rituels de l’écrit de plus en plus précis et rigoureux. 20

2.        Métaphore du lien social 21

a.        Revitalisation d’images antiques. 21

b.     Le « corps social ». 21

3.     Vers de nouveaux modèles. 21

a.        Apparition du thème de la masculinité héroïque. 21

b.     Du groupe des jeunes à la littérature courtoise à la noblesse. 21

c.     Les bonnes villes  21

XII.            Synthèse : liens sociaux au Moyen Age. 21

1.     Unité de l'homme. 22

a.     Tissu social de l'Antiquité. 22

b.        Augustin d’Hippone  22

c.        Réorganisation chrétienne. 22

2.     Temps forts  22

a.     Le royaume wisigothique au 7°. 22

b.     Le royaume et l'Empire carolingien aux 8°-9°. 22

3.        Bouleversements des 9°-12°. 23

a.        Enchatellement 23

b.        Préférence familiale. 23

c.        Communion de la patrie. 23

d.        Recomposition. 24

I.                   Partie 1 : Les formes traditionnelles du lien social (V°-VIII°)

II.                Introduction

1.      Pourquoi étudier le lien social ?

Concept récent mais de plus en plus répandu. L’individu est lié à  une série de réseau qui s’empilent et il convient d’étudier cet empilement et les corrélations de ces réseaux. Assez tôt, des écrits ont mis en place des règlements codifiant les liens sociaux.

Le lien social ne va pas de soi mais est construit. Même les ermites suivent une forme d’organisation sociale.

Les individus se représentent ce lien et réfléchissent à son propos pour y trouver les origines de la société (Adam et Eve). Les sociétés ayant réussi à construire un lien social intelligent ont plus de chance de perdurer.

Etude sur la période du haut Moyen Age (IV°-XIII°) car c’est là que s’est noué une partie de ce qui fait notre présent. Le lien social est toujours en mouvement et opère un lien entre réel et imaginaire.

2.      Les sources

a.                 La Bible

La société judeo chrétienne est influencée par la Bible. De nombreuses possibilités s’offrent à celui qui veut interpréter la Bible.

Livre de la Genèse : livre des commencements qui raconte la création du monde.

L’arche de l’Alliance aborde le thème de la réforme.

b.                 Tradition patristique (2°-7°)

Période des pères de l’Eglise (II°-VII°), commentateurs de la Bible qui donne donc le recueil des interprétations possibles de la Bible.

c.                 Droit

Dans la mesure où il codifie les relations entre l’individus, le produit du travail des individus etc…

Le Code Justinien est une entreprise remarquable (compilation faite entre 529 et 534 aussi appelé Institutes) car il est applicable universellement à tout l’Empire.

d.                 Encyclopédiste

Encyclopédie d’Isidore de Séville (membre du royaume wisigothique au VII°) : les Ethymologiques.

Vincent de Beauvais, frère dominicain contemporain de Thomas d’Aquin a écrit une encyclopédie, le Speculum (=miroir) en tant qu’instructeur des princes de la maison des Capétiens.

e.                 Littérature de divertissement

Roman courtois, chanson de geste.

Chrétiens de Troyes explique dans la littérature de divertissement le commencement de la société, les règles à suivre (courtoisie) etc…

III.             Le lien social : entre paganisme et christianisme (V°-VII°)

Ce n’est pas le facteur religieux qui créé le tissu social mais il permet d’en repérer les transformations en Occident après la chute de l’Empire romain d’Occident en 393 jusqu’à la création des grands monastères (qui se diffusent, VII°-VIII°).

Rq. La fonction d’empereur ne revient qu’en 800.

Thèse classique mais erronée : « avant le XII°, il existe seulement la notion de groupe nomade ou semi-nomade  soudé par la consanguinité et pas celle d’individu (selon Friedrich Engels). Ce groupe est socialement et économiquement égalitaire et le lien clanique prime sur le lien familial. La notion de propriété privée n’existe pas mais par contre on observe un attachement au clan, puis à la tribu puis au peuple ».

Cette thèse a été considéré comme vraie entre 1850 et 1975. Aujourd’hui encore Moris et Gourevitch l’acceptent en partie mais ça n’empêche pas de dire qu’elle ne tient pas la route.

1.      Solidarités

a.                 Solidarité verticale/horizontale

Solidarité verticale (intergénérationnelle, relations de pouvoir aboutissant à une pyramide de la société) et horizontales (cercle des gouvernants, société de cour qui débute à la fin du XII° mais est véritablement en place durant la période moderne).

Il existe des cercle de « groupes politiques » (parentés formant des groupes de pression, associations de métier, gildes…).

b.                 Solidarité dans l’antiquité tardive

Durant l’antiquité tardive la solidarité se faisait entre les citoyens (cives), dans les classes (chevaliers, sénateurs….), dans la gens (ensemble du groupe de parenté), dans les confréries, dans la famille nucléaire ou dans des groupes se reconnaissant une parenté philosophique (stoïciens, platoniciens…), par le biais du statut d’évergète (souci du bien commun).

Les groupes monastiques font partie de ces groupes humanitaires.

c.                 Métamorphoses de la société antique confrontée au christianisme (fraternité et caritas)

Les élites sont christianisées les premières et ouvrent des possibilités touchant au lien social (par exemple au moyen de réseaux d’assistance appuyés sur la société chrétienne  comme celui des xenodochia, hospices pour les fragiles voyageurs ou pèlerins).

Le christianisme joue aussi le thème de la fraternité, de l’amour du prochain. Ces thèmes sont présents dans la Genèse avec l’institution du couple, les liens familiaux et de parenté (tous fils et filles d’Adam et Eve) avec la notion de devoir comme l’amour du prochain.

2.      Héritage judéo-chrétien fondé sur la Genèse

a.                 Augustin d’Hippone et la Genèse (théorie de l’harmonie universelle)

L’homme ressemble au Créateur. Augustin d’Hippone écrit à une période cruciale, celle de la prise de Rome par les barbares (406-410). Cette expérience est fondatrice car la Bible dit pourtant que ces sauvages aussi descendent d’Adam et Eve. Augustin s’en tire en affirmant que malgré la diversité il existe une hiérarchie ordonnée et rationnelle ainsi qu’une solidarité de l’ensemble des espèces (théorie de l’harmonie universelle). Malgré un désordre apparent, le monde est rigoureusement ordonné.

De ce fait, tous les philosophes pensent le monde comme ordonné et rationnel dans un grand optimisme.

La Cité de Dieu aussi délivre une vision optimiste de l’humanité car il montre que nous pouvons dépasser l’erreur humaine.

Les autorités conjointes de la Bible et d’Augustin (dont les oeuvres ont été moult fois copiées) fondent la pensée sur le lien social dans le monde christianisant. De ce fait, la société médiévale est recouverte d’un verni chrétien.

b.                 Le Physiologus

Bestiaire décrivant 90 animaux rééls ou imaginaires. Utilisé entre le III° et le XII° (dernières copies connues).

Mise en parallèle avec la religion.

Ex. Pélican nourrit ses petits parfois jusqu’à se saigner. Le pélican est Jésus.

Ainsi, un savoir d’apparence scientifique se trouve dans un univers chrétien et met en évidence une parenté de l’ensemble du monde créé. Toutes les sociétés sont traversées par le bien et le mal mais l’homme sent une pulsion le poussant à dominer le mal.

Une attention est tout de même portée sur les particularismes distinguant l’homme de l’animal. Il s’agit de la raison et de l’intelligence. De plus la posture verticale indique que l’homme doit s’élever aux choses de l’esprit. L’homme dompte les bêtes et non l’inverse. Si l’homme jouit de la capacité à dominer les bêtes, il apparaît comme normal que l’homme ait  une propension à dominer les hommes (raisonnement analogique). Dans cette thèse se trouve la justification du pouvoir souverain qui doit suivre la tempérance et la modestie : le roi (regere) est celui qui sait dominer ses passions.

Cet équilibre est lu de manière prophétique dans la mesure où cet équilibre des forces se contrebalancent sans arrêt jusqu’à ce que soit reconstitué un lien solidaire au niveau de l’ensemble de la création (eschatologie chrétienne).

3.      L’Eglise comme communauté se définit de plus en plus comme une chrétienté

Pour Augustin, l’Eglise est la communion des saints (canonisation n’arrive qu’au XII°) rassemblés dans une communauté invisible visant une perfection future.

L’Eglise se pose donc comme un corps social en puissance plus qu’en acte. Elle vise à la rédemption de l’humanité et au salut des individus.

Tous les symboles de foi (apparus entre le II°-V°) présentent le caractère universel de l’Eglise (Augustin parle de Sainte Eglise Catholique) avec une capacité à se propulser dans le futur. Ce vœu d’universalité explique plus surement la propension prosélite du christianisme dans la christianisation des barbares.

Rq. La vision des chrétiens comme seuls vrais membres de la société n’apparaît qu’au XI°.

La societas est l’association à la civitas, la citoyenneté romaine. La société doit rassembler tous les fruits de la Création, dans une sorte de grande fratrie. On remarque dans les discours un aller-retour permanent entre hommes/bêtes, vivant/mort.

Ce réseau solidaire conjugue tout de même l’inégalité marqué par la préséance (des parents, des plus âgés, des détenteurs de responsabilité, des hommes sur les femmes…). Schéma vérifiable dans presque toutes les sociétés.

Par le baptême on créé une societas offrant un nouveau type de relation sublimant les failles des sociétés inégales. Ce nouvel ordre, lui, est égalitaire ce qui à terme risque de poser un problème. Le nouvel objectif est donc de justifier un inégalitarisme naturel au sein de cette nouvelle société égalitaire.

IV.             La société : un lien vertical, un lien vertical

1.      Transformation du vocabulaire par les chrétiens

a.                 Societas

Le lien social formé par la société est interprété d’une manière différente  par les chrétiens. Pour les chrétiens c’est se reconnaître fruit de la création divine (immense fratrie). En effet, les chrétiens du monde entier forment une société. Cette société a son analogue plus haut.

Ex. verset 1 du premier épître de Jean.

Principes des sociétés traditionnel : analogie (Terre/Ciel) et harmonie universelle

Ce système s’applique aussi à des échelles plus étroites comme c’est le cas chez les moines. Le monastère résume le monde social à lui seul. Le reste de la société ne le considère donc pas comme étant hors du monde même si les moines eux-mêmes se considèrent comme hors du monde dès les VI°-VII°. Les moines sont donc intégrés à la société. Dans la micro-société monacale, chacun travaille au dialogue et à la fraternité. Ces éléments se retrouvent dans la règle de saint Benoît et dans les compilations canoniques faites par Gratien. C’est cette organisation qui permet de résister à l’emprise d’un pouvoir extérieur, tant laïc que ecclésiastique. Cette affirmation justifie le principe de l’immunité dont jouissent les monastères.

Société = fraternité + concorde.

b.                 Chrétienté

Au sens géographique, ce terme est utilisable seulement à partir de la moitié du XI° (1070-1080).

Durant le haut Moyen Age, il s’agit d’une assemblée locale. Ce n’est pas une vision géographique ou sociologique de la chrétienté.

·        Augustin parle de la chrétienté comme d’une communauté de l’ensemble des Eglises se réclamant de Jésus. Il s’agit d’une chrétienté institutionnelle.

·        Le Concile de Nicée (325) définit la chrétienté comme l’ensemble des chrétiens se réunissant en assemblée publique en un lieu spécifique sous la présidence d’un évêque.

·        A la fin du XI° la chrétienté défini l’espace géographique occupé par les royaumes chrétiens.

c.                 Communauté

Communion de la sainte Trinité Père/Fils/Esprit. Chacun jouit des même privilèges. Par le système de l’analogie, le terme en vient à désigner un groupe d’individu partageant les même privilèges.

d.                 Unanimité

Elle permet la concorde et la fraternité et prend pour modèle la communauté de Jérusalem décrite dans le chapitre 4 des Actes des Apôtres.

Petit à petit on  observe que le monde chrétien se donne une unité.

e.                 Amour/charité

A l’amitié de la Rome antique, les chrétiens substituent l’amour-charité (considération attentive du prochain). Dès le V°, Paulin de Nole (évêque, poète et épistolier de Nole, située au nord est de Rome) illustre cette substitution des termes. Celle ci est reprise par Isidore de Séville qui confond amitié et charité.

Les chrétiens imposent une transformation du vocabulaire. Les notions chrétiennes en viennent à submerger le lien social.

2.      Lien vertical

a.                 L’âge, le sexe

Organisation hiérarchique selon la classe d’âge.

Adam dans la mesure où il a été créé le 1° justifie que la femme soit soumise à l’homme (même si certains penseurs comme Isidore de Séville pensent plutôt que Adam et Eve étaient en même temps dans la pensée de Dieu et que il faut bien commencer par l’un ou l’autre). Ce lien se reproduit dans le lien Dieu/Chrétien et Christ/Chrétien.

Ex. Epître de saint Paul.

b.                 Nouvelle relation à Dieu par le monothéisme

Le passage du polythéisme au monothéisme inspire donc un lien vertical avec Dieu plus précis et rigoureux. Les Romains acceptent plus facilement cette nouvelle relation que les Barbares (Ostrogoths, Wisigoths, Burgonds) qui optent parfois pour un temps pour l’arianisme (doctrine lancée par Arius selon laquelle le Christ est un homme adopté par Dieu).

c.                 Le chrétien et sa hiérarchie

Relation verticale entre homme/hiérarchie de son Eglise. Le système en vient à être de plus en plus médiatisé mais de manière lente (c’est seulement au VII° qu’apparaît la fonction d’archevêque car avant on ne distinguait que des évêques). Les Barbares n’ont pas de problème avec ce système médiatisé.

d.                 La hiérarchie des églises 

Les relations entre les différentes églises ne sont, de fait, pas égalitaires. Les évêques d’Avignon et d’Arles portent le même titre mais l’évêque d’Arles est plus important que celui d’Avignon (par la suite c’est à Arles que l’archevêque a résidé lorsque le titre s’est créé au VII°).

Prééminence de l’Eglise de Rome sur les églises occidentales. Ce lien a connu des phases des consolidation comme c’est le cas lors de la papauté de Gélase I qui a affirmé la théorie des deux glaives (l’un temporel réservé à l’empereur, l’autre spirituel réservé au pape). Pourtant, le système de l’analogie marque la prégnance du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel (l’empereur apprécie bof bof). Cette thèse est étouffée du VI° au XI°.

C’est ces relations hiérarchiques qui constituent une société.

3.      Lien horizontal

a.                 L’égalité des baptisés

Le groupe le plus vaste des égaux est celui constitué par les baptisés. C’est un lien fraternel qui les unit. On retrouve ce lien dans le groupe de la confrérie (frères se retrouvant pour une activité spécifique, existant durant l’Antiquité) portant le nom de guilde. Elles sont conçues négativement durant le Haut Moyen Age avant que les puissances en place les considèrent d’un œil bienveillant au XII° en tant qu’elles institutionnalise dans les villes le lien social.

b.                 Isidore de Séville et la Convocation

Isidore de Séville (vers 560-636), évêque à partir de 600 avant l’arrivée des Arabo-berbères dans le royaume wisigothiques. Pour lui, le lien horizontal est celui formé par l’Eglise universelle. L’Eglise est une convocation (appel à  une même vocation) du peuple à  une assemblée, elle comprend tous les hommes ayant répondu à cet appel (sorte de compagnonage marqué par le baptême). Idée de volontarisme dans le christianisme alors que la synagogue n’est qu’une congrégation (involontaire). La convocation va de la cité à l’ensemble des citoyens (géométrie variable) et s’étend par cercle concentrique.

L’Eglise reste une université assemblée dans l’unité.

c.                 L’Eglise universelle et l’exclusion

Cette Eglise universelle est opposable aux sociétés privées. L’Eglise est donc une société publique universelle (vision de l’hérétique comme un sournois). Isidore de Séville justifie le principe de l’Eglise de royaume et l’exclusion des sociétés privées (qui refusent de se ranger dans l’unité de l’Eglise).

Ces sociétés privées sont vues comme des groupes dissidents et dangereux. Dans ce cas se pose la question des sociétés monastiques dont se méfient les empereurs aux IV°-V°. Isidore pense que les monastères sont des sociétés authentiques dans la mesure où ils jouent le rôle d’éclaireurs pour mener tout le monde au ciel. Les liens de dilection entre les moines sont si importants que la société qu’ils forment tend vers la perfection.

C’est dans l’Espagne wisigothique que se définit pour la 1° fois l’ensemble des exclusions.

Cette pensée permet d’exclure les Juifs, les persécuteurs, les hérétiques, les Barbares, les Musulmans.

V.                Partie 2 : les expérimentations carolingiennes

VI.             Reconstruction carolingienne

L’époque carolingienne est essentielle pour l’histoire de l’Europe tant sur le plan administratif (constitution d’un Empire), que sur le plan économique (1° grandes mesures de contrôle de Charlemagne avec notamment l’apparition des livres et sous), le plan social (constitution d’un puissant réseau aristocratique lié au fonctionnement de l’Empire) ou le plan culturel.

Jusque dans la seconde moitié du VIII° le royaume franc passe par des période d’extension et de récession en raison des partages égalitaires entre les fils.

Vers 711-730, s’effondre l’image d’un société de fidèles du Christ avec l’effondrement du royaume wisigothique. Le vœu d’Isidore de Séville ne se concrétise pas mais ses écrits sont utilisés jusqu’au XIV°. Le royaume franc se souvient de cette pensée mais la juge inapplicable.

1.      Métamorphose du royaume franc

En ¾ de siècle, les Francs transforment la vision de la société et les formes traditionnelles du lien social.

Le passé mérovingien est marqué par la société palatine (ensemble du groupe des comtes, archevêques et évêques gravitant au nombre de 400). Traditionnellement les dirigeants carolingiens s’entourent d’hommes de rang légèrement inférieurs car ils sont jugés moins dangereux que les membres de la haute aristocratie. Les capétiens en font de même.

a.                 Tendance à l’endogamie et à l’hypergamie masculine

Par l’endogamie concentrée dans le groupe des princes, l’aristocratie reste à un haut niveau. Ces tendances frustrent l’aristocratie qui se rebelle par moment : on parle alors d’une monarchie tempérée par l’assassinat chez les Mérovingiens.

Ce système favorise la transmission patrilinéaire avec un partage égal entre les fils. L’endogamie est donc un système égalitaire au sein du groupe au pouvoir.

L’hypergamie masculine est le mariage d’une femme avec un homme de condition sociale inférieure.

Il s’agit d’un facteur de rééquilibrage dans la société en flattant les élus et en faisant espérer aux autres une élection (mobilité sociale).

L’effet pervers de ce système est de susciter une compétition entre l’aristocratie au pouvoir et ceux qui espèrent : « fidèles » contre « nourris »

b.                 Cléricalisation de l’entourage royal

Cette politique vient corriger les systèmes évoqués précédemment en permettant un resserrement du lien social par des éléments externes non mariable (moines et évêques).

Traditionnellement les évêques participent au pouvoir mais dans le cas présent ils le font dans des proportions plus importantes.

Ce système connaît son apogée avec Charlemagne et son conseiller, Alcuin (moine qui ne se mariera pas et est cultivé).

Les carolingiens flirtent du côté des ecclésiastiques ce qui contribue à créer un modèle chrétien de l’ascension sociale favorisant les ecclésiastiques (moins dangereux dans leur appétit du pouvoir que les laïcs).

A Constantinople on observe le même phénomène avec une forte proportion d’eunuques dans la sphère du pouvoir.

c.                 Elargissement de la base du peuple franc

Charlemagne adjoint au peuple franc des wisigoths insulaires et des Lombards entre autres dans une quête de romanité. Cette quête est un concept fédérateur dans l’entreprise de rénovation de l’Empire romain par Charlemagne. Il ne s’agit pas simplement d’uniformiser en façade mais de s’approprier au moyen des ouvrages de droits de Rome le principe unificateur de l’Empire.

Ainsi, à la noël 800, les liens avec Byzance sont rompus afin de créer l’Empire chrétien franc.

Les non francs sont inclus par la force dans un espace en voie d’expansion par la conquête des Saxons et des Frisons (baptême imposé aux peuples conquis).

2.      Du regnum à l’imperium 

Le passage du regnum à l’imperium renvoi à la construction d’un Empire sur le modèle romain et de la citoyenneté romaine (lien social majeur ?).

Ce passage se fait entre l’avènement de Pépin le Bref (752) et le décès de Charles le Chauve (877).

Alors qu’au début le royaume était fondé sur l’identité ethnique du peuple franc ferment de la cohésion du royaume, le milieu du VIII° connaît une relecture de l’histoire des royaumes francs comme fondés sur une identité chrétienne (base de l’unité du royaume, cf. inspiration d’Isidore de Séville).

Charlemagne manipule ce passage en élargissant la base idéologique du royaume. Il exploite à cet escient la religion chrétienne car elle est pleine d’idéaux universalistes. Les diocèses fusionnent alors avec les organes du gouvernement.

·        Les évêques participent au gouvernement

·        Les monastères sont des points d’appui du pouvoir (sorte de cordon de sainteté protégeant le royaume)

·        Les peuples soumis sont baptisés.

Charlemagne parvient donc à créer un ensemble franc chrétien qui est en progression infinie par le baptême des nouveaux nés. L’extension de l’Occident chrétien va de concert avec l’extension de l’Empire.

Dans ce contexte apparaît la notion de Rex Christus qui sert à définir le nouveau souverain mais de manière contenue dans une béatitude céleste seulement, comme un idéal vers lequel tendre.

Ce dispositif est complété d’une pyramide administrative composé d’un réseau d’agent laïcs et d’un réseau d’agent ecclésiastique. Les missi dominici créés en 802 (1 comte et 1 évêque) permettent de faire se rejoindre ces deux réseaux.

Le souverain gouverne comme dans l’Empire romain par :

·        Capitulaire (document législatif valable pour tout le monde franc)

·        Décision des grands conciles réformateurs (portée générale)

·        Capitulaires spécialisés à certains peuples ou certaines régions

·        Lettres de l’Empereur à ses agents.

Ce système permet une diffusion rigoureuse des ordres, une unification et une unification sociale de l’Empire. Il est complété par un serment direct des hommes libres à l’Empereur (unification concrétisée).

3.      Fondation du droit dans l’Empire franc

Le pays est fondé sur des règles et un droit précis  qui trouve sa source dans le code principal qu’est la Bible. La caritas (charité) est le ferment d’union de tous les individus de l’Empire en tant que loi universelle (inspirée de la Genèse).

Les lois particulières émanent du prince et de ses fidèles dans la tradition franque (pas de monarchie absolue). Le roi ne gouverne pas seul et est tenu par la loi.

Le monde franc ne connaît pas de tentation théocratique.

Dans ce monde il y a une réelle coercition dans la mesure où les peuples soumis sont contraints de se faire baptisés. Entre 772 et 794, une politique de coercition est appliquée dans l’Empire franc. Il est admis que le roi franc peut forcer au baptême (cf. Augustin) mais de fait à partir de 800 des réformes successives auront lieu dans le but d’organiser, de réorganiser l’Empire et de recomposer le corps social : naissance de l’idée de réforme même.

VII.          Liens et ententes charnelles et spirituelles 

Duby, Toubert, Laslet ou Herlihy estiment que la famille sur le modèle qu’est le notre est née au XIII°.

Levi Strauss permet de comprendre ce phénomène (Structures élémentaires de la parenté)

1.      Histoire de la terminologie

Familia évoque le groupe domestique (ensemble des individus vivant sous le même toit).

L’acception la plus large comprend l’ensemble des individus descendant d’un ancêtre commun.

Dans les textes chrétiens le terme de famille évoque la famille nucléaire (parents et enfants).

Evolution du terme : les carolingiens utilisent ce terme à propos de la famille que composent Noé et les siens qui refondent l’humanité suite au Déluge. Noé est une figure prophétique du Christ, la famille de Noé est donc la famille du Christ.

La parenté est établie sur des relations de consanguinité établies par un homme et une femme. La parenté est contrôlé (contrôle des naissance). Le groupe renonce à s’étendre donc forge des alliances venant qualifier la relation existant entre 2 groupes de parenté (celui de l’homme et celui de la femme). Ces alliances reposent sur l’interdit de l’inceste qui a pour corollaire l’exogamie.

Vers 600-630, Isidore de Séville justifie l’expansion chrétienne par le fait que celle ci doit restaurer l’unité des hommes (perdue depuis Adam et Eve) et ne plus associer le christianisme aux seul peuple wisigothique.

Au IX°, Rabant Maur, moine, écrit une nouvelle encyclopédie reprenant celle d’Isidore de Séville, Sur la nature des choses, à la demande de Louis le Germanique (fils de Louis le Pieu avec Lothaire et Charles le Chauve). Pour lui Adam signifie terrestre et Eve, vie, calamité ou malheur. Adam est le Christ et Eve est son épouse, l’Eglise. Ce couple originel permet de comprendre l’histoire universel.

Les encyclopédistes soulignent l’existence d’une communauté voulue.

2.      Parenté carolingienne

a.                 Prime à la famille nucléaire

Avant dominait la famille indifférenciée (pas de privilège pour l’un des groupes de parenté) mais au IX° la famille nucléaire est favorisée (triomphe de la famille étroite). Il s’agit d’une survivance de l’aristocratie.

Le vocabulaire de parenté perd sa spécificité selon le versant masculin ou le versant féminin.

Ex. l’oncle paternel est le patruus tandis que l’oncle maternel est l’avunculus (qui donnera oncle).

Le vocabulaire se concentre sur les ascendants directs. La réduction du vocabulaire entamée au IX°, se confirme au X°-XI°.

Le nom de famille marqueur de parenté se spécialise comme marqueur cognatique (côté paternel). Les groupes sont reconnaissables par leur nom. La raréfaction du stock de nom montre la dimension de l’esprit de famille.

Rq. Noms et prénoms importants pour étudier la parenté.

b.                 Emergence d’une structure verticale de la parenté

Croissance du rôle du père et du fils aîné. Les enfants ne sont plus égaux pour l’héritage : privilège pour le côté male et l’aîné. Les filles sont marginalisées dans les partages successoraux.

Diminution de l’égalité traditionnelle entre les enfants légitimes et illégitimes (qui se révoltent car ils sont lésés).

La règle de la primogéniture s’installe moins vite dans les familles des dynastes. Dans l’histoire du lien social, les élites supérieures résistent à l’introduction de nouvelles règles.

Dans les pratiques successorales, l’aîné est privilégié et les filles sont exclues (on s’en débarrasse). La terre revient aux males et les filles recoivent plus du numéraire.

La généalogie se concentre sur 5 générations.

c.                 Le mariage

On connaît plus les rites de la fin du XI°-XIII°. Le mariage est au cœur du système de l’alliance. L’Eglise n’intervient pas dans un premier temps car c’est l’affaire des groupes des parenté. Ces alliances permettent d’organiser la paix et de réguler les tensions dans les sphères supérieures de la société.

Ex. le mariage de Théodelinde se fait sans ecclésiastique, ni cérémonie religieuse bien qu’il y ait un échange des anneaux.

Les ecclésiastiques interviennent durant le haut Moyen Age en cas de rapt (pratique pourtant acceptée socialement) et de polygamie.

La cérémonie officielle admise est la friedelehe (mariage d’amitié, de paix) comme un mariage légal entre un homme et une femme de second rang (polygamie cachée).

Les ecclésiastiques n’interviennent pas car ils prônent la paix dans le royaume, or, le harem permet cet équilibre (pas de critique de la polygamie de fait). Pour lutter contre la polygamie l’accent est mis sur le mariage avec une épouse principale. Au IX°, le seul rite mentionné dans les Sacramentaires est la bénédiction sans précision de lieu.

Au XI°-XII°, redéfinition du mariage avec de nouveaux rituels (bénédiction, anneaux et interrogatoire).

Unification : famille s’identifie de plus en plus aux maîtres et seigneurs.

Lutte contre l’endogamie pour conserver l’intégrité du patrimoine. Le mariage permet de consolider le modèle conjugal.

Les monastères forment les jeunes élites (administratives ou ecclésiastiques). Les abbés des grands monastères sont parents de l’empereur. Au milieu du IX°, ces monastères servent de nécropoles pour les princes les plus proches (privilège pour la famille étroite).

La concentration de la société sur la famille étroite par le lien matrimonial représente un danger pour l’ensemble de la société car la puissance publique doit néanmoins relier toutes les cellules entre elles dans la même dynamique. Or dans la Bible, Dieu commande à Moïse d’empêcher les gens de se marier hors de leur tribu. Cela ne correspond pas au précepte « exogamique » mais est justifié par le fait qu’il s’agissait des débuts. La caritas étant universelle il faut que la cellule conjugal soit celle de base mais insérée dans  un ensemble plus large.

Au IX°, les Francs précisent les règles du jeu social avec la famille étroite, la monogamie, la primogéniture mâle etc… en introduisant cependant des compensations communautaires au travers de l’Empire et des compensations matrimoniales par l’extension de l’aire de recrutement de l’épouse.

L’Empire carolingien restaure l’Empire romain en tant qu’Empire chrétien de l’Ouest, mais avec de nouvelles bases. Le code justinien est utilisé pour la législation matrimoniale, les associations et groupements comme les moines tandis que des rites chrétiens s’ancrent par le baptême (parfois forcé) des peuples et celui systématique des enfants. Les liens interhumains sont resserés et fondés sur le christianisme.

L’exogamie ne va cependant pas en dehors du monde chrétien.

Le pouvoir carolingien n’aime pas les gildes mais ce contentieux unilatéral s’amenuise.

L’Empire est organisé comme une structure de la société parfaite. Cela revient à dire que seulement les Francs vivant dans l’Empire sont des éléments de la société céleste.

A ce propos a lieu une querelle sur la prédestination dans les annes 830 à 860. Le moine Gottswalk d’Orbais affirmait en gros que l’appartenance à la société franque était un signe de la prédestination favorable. Cette affaire se trouve devant la cour de l’Empire car ces thèses contredisent les prétentions universalistes de l’Empire.

La concentration sur le groupe étroit permet d’éviter la seule concentration sur la famille proche. Le recrutement des épouses est donc large. Pour que celui ci le soit, le comput est utilisé. Le comput romain (civil) est le comput dominant tandis que l’expérience du comput germanique (ecclésiastique) n’a pas été très probante.

L’extension des liens de parenté et l’hypergamie favorise le succès de la Vierge Marie comme mère et épouse de Dieu (devenant par là son  parèdre et son rôle d’intercesseeur croît)

Rq. Eva mène  le monde à sa perte et Ave (Maria) lui donne le salut par son fils.

3.      Liens et  ententes spirituelles

Le monde carolingien s’invente un roman familial en s’identifiant au christianisme. Cela se fait notamment au moyen de la donation de Constantin qui explique le passage de l’Empire romain du paganisme au christianisme. Cette donation (fausse) brise le lien entre Rome et Constantinople au profit du lien entre Rome et le royaume Franc.

La paix de Charlemagne reprend celle de Constantin

Le baptême du souverain va donc de Reims (Clovis) à Rome (Constantin).

Les formes du lien spirituel :

Lien d’affinités entre tous les chrétiens membres de l’Empire.

Lien de l’alliance. Le rite lui même constitue l’alliance étant constitué d’un échange matériel (douaire contre dot) et la promesse des témoins. La société est constituée entre les deux groupes représentés par les époux du moment qu’ils ont formulés des promesses de fiancialles et qu’ils ont été bénis (= mariage caroloingien)

Rites du lien : baptême, bénédiction et échanges des otages.

Afin de conserver ce lien, les divorces sont interdits et l’insistance sur le notion de foi (fidélité) permet de renforcer le serment.

De plus, dans la mesure où elles rassemblent les individus les confréries et associations sont mieux tolérées.

VIII.       Partie 3 : Cristallisation du lien social au XI°-XIII°

IX.             Bouleversement du lien social (9°-12°)

Création d’un lien communautaire d’un type nouveau avec les communauté et l’universitas, formes terrestres de la communauté (suite à la dissolution de l’empire carolingien).

Transformation de ces liens visibles au travers de l’évolution du monachisme. Jusqu’à la fin du 8° siècle les moines sont des groupes éparses mais ils prennent de l’importance durant l’Empire carolingien (sont d’ailleurs aux frontières de l’Empire)

1.      Changement sémantique montrant un changement du lien social

a.                 ordonner

Depuis les Carolingiens les moines servent la cité terrestre tandis que leur idéal est d’en sortir (montrant le chemin) par leur retrait de la société.

Théorie des Ordres est celle des ordo :

Cf. article de Goetz, Les ordines de la théorie médiévale de la société : un système hiérarchisé ?

Vers 860, Eric d’Auxerre présente une division tripartite de la société mais place les moines dans le 3° ordre.

Vers 1025, Adalberon de Laon, définit la division tripartite de la société mais place les moines dans le 1° ordre.

Nous observons une oscillation de ce système entre le 9° et le 11° avant que celui-ci se stabilise sous la forme pronée par Adalberon de Laon entre :

·        1/ ceux qui prient

·        2/ ceux qui combattent

·        3/ ceux qui travaillent

Jusqu’au IX°, le terme de sacerdotes (cad les prêtres) désigne le groupe entier des ecclésiastiques avant qu’apparaisse le terme de orantes (ceux qui prient) et même celui d’oratores (ceux qui parle). Les moines apparaissent comme ceux qui ont le pouvoir des mots et gratifiés de ce privilège ils éduquent ceux qui devront prendre la parole en public, les princes. Modèle en vigueur du IX°au XII°.

Les attentes exprimées vis à vis du monachisme deviennent de plus en plus importantes. Le groupe des prêtres se caractérise par une solidarité collective et un statut social (appartenance à l’élite).

Dans les monastères les prêtres sont peu nombreux mais comme les moines se voient confier le soin de prier pour les autres (les morts) lors des messes au 9°siècle (apparition des messes dans les monastères entraînant un regain d’intérêt pour les prêtres). Ils ont donc gagner un pouvoir sur la partie non visible de la parenté.

Les moines par la messe quotidienne sont associé au clergé des grandes cathédrales (qui n’ont que la messe dominicale). Ils appartiennent alors au fonctionnement de l’Eglise.

Vers 860, Eric d’Auxerre en raison du transfert du pouvoir culturel et ecclésiastique vers les monastères affirme que les moines doivent donc être associé au groupe des orateurs. Ils revendique pour les moines la gestion spirituelle de la société.

Vers 1000, les moines dominent les institutions ecclésiastiques. Adalberon de Laon et Gérard de Cambrai sont contre cet impérialisme monastique vers 1020-1025. Ce mouvement de riposte tend à ramener les moines dans l’abbaye (leur oter la fonction d’orateur) en les réformant. C’est le mouvement de la réforme grégorienne. Dans l’idéal, la direction de la société est confiée aux ecclésiastiques compétents, en l’occurrence les moines, mais qui restent désormais dans leur monastère (utopie).

La césure au sein de l’Eglise militante apparaît donc entre les réguliers (chanoines et moines) et les séculiers.

Eglise militante par opposition à l’Eglise triomphante (Eglise céleste)

Rq. Porosité entre les 2 Eglises.

Dans la 2m du 11° on parle de la société chrétienne incarnée dans l’espace des royaumes chrétiens (comptant aussi les Chrétiens grecs). Cette société chrétienne promet que ce monde se réalisera dans l’Au Delà.

Ces évolutions du monachisme nous permet de voir la redéfinition de l’unité chrétienne. Cette redéfinition explique l’accueil favorable réservé au pape qui prêcha la 1° croisade en 1095.

b.                 La patrie prend racine dans la société terrestre

Patria renvoie au groupe de paternité (le père et ses biens matériels). Dans le christianisme elle désigne la terre du Père.

A part l’Irlande et l’Angleterre du nord où la patrie est associée à la terre, la patrie est associée à quelque chose de perdu. La patrie est donc le Ciel, le Paradis perdu, le Séjour éternel des Bienheureux. La religion invite au retour vers cette patrie éternelle par une fidélité aux pratiques du christianisme. Le monde des Chrétiens est invité à se diriger vers le Ciel (la patrie est donc l’apanage des moines).

La patrie est une perfection inaccessible sur Terre.

Après l’an Mil, on observe une mutation de l’usage du mot patrie qui « redescend » sur Terre. La patrie prend racine dans la société terrestre qui s’identifie à un petit royaume.

Ex. La patrie catalane (étudiée par Zimmermann) est la terre du seigneur, du père (qui se fait appeler pater patriae). Les moines se posent en défenseur de la patrie terrestre et réagissent contre une spiritualisation dangereuse de la patrie et prônent un retour au réel. Les imperfections du réel sont solubles dans l’histoire.

On observe la restauration volontariste d’une patrie perdue des personnes voulant un changement de la société (autre patrie réordonnée). Les efforts fournis dans le sens de la réforme visant à retrouver la patrie perdue se traduisent en Catalogne par une conception du féodalisme comme un consensus communautaire (permettant de se passer de roi).

Vers 1000, apparaît une nouvelle forme de consensus.

La réforme se combine avec le monachisme. Le double spirituel de la société terrestre se trouve au Ciel et aux Origines (relecture des actes des apôtres, fondateurs du christianisme).

Au 11° apparaissent des groupes dissidents (dits hérétiques), de nouveaux ordres religieux (réforme grégorienne) et des communes (renouvellement de l’idéal communautaire).

2.      Spatialisation de la chrétienté

a.                 Mécanismes de spatialisation de la chrétienté 

Chrétienté-espace moral devient une Chrétienté-espace géographique

Pour leur société, les carolingiens misent sur  l’hagiopolis (cité sainte) et dans cet optique a fagocité le monachisme au service de la société terrestre. Le moine est alors ramené au niveau des hommes. Les carolingiens s’opposent aux liens sociaux qui ne sont pas visibles comme les gildes ou encore les sociétés secrètes. Il importe de plus en plus que le lien social soit inscrit dans un espace matériel. Le lien social est matérialisé dans la patrie (royaume), le village ou la ville et la seigneurie (fonctionnant comme une petite patrie).

Rq. Le fief est pour cela formalisé dans un lieu précis.

La notion spatiale de la patrie permet de spatialiser un espace chrétien (la patrie de l’Au delà est rapatriée sur terre).  La chrétienté-espace moral (code de comportement conforme à la vie du Christ) devient une chrétienté-espace géographique au 11°.

Fagocytose : cellule englobant et digérant des cellules étrangère

b.                 Résistances à la spatialisation de la chrétienté (mouvement réformateur)

Mouvement réformateur prônant pour le monachisme une différence fondamentale d’avec la société environnante.

Ex. réforme de Bruno de Cologne, alias Bruno de Reims qui créé la Chartreuse en 1085.

Ex. réforme de Bernard de Citeaux

Hérésies

3.      Encellulement

a.                 Couverture du paysage par les églises

Il s’agit de prendre chacun dans un espace précis. La patrie terrestre devient un lieu marqueur de l’identité individuelle et s’incarne dans l’église (lieu de la communauté religieuse), le village (communauté humaine) et la seigneurie (communauté politique).

Dans les royaumes occidentaux, on observe une multiplication des lieux de cultes suivant une architecture romane (1030-2m12°). Cette multiplication répond à une demande accrue de la communauté qui ressent le besoin de se retrouver dans un même lieu. Les communautés s’implantent dans un lieu significatif qui doit se distinguer des autres par son architecture, sa hauteur…

b.                 Protection des ecclésiastiques (préservation de leur caractère pur)

La mise en valeur de l’église comme un lieu significatif fait écho à la réforme grégorienne qui prônait une nette séparation sacré/profane. Cette séparation qui devient plus importante au 11° implique une mise à l’écart des hommes et biens liés au sacré (protection absolue).

Dispute sur le droit de régale du roi de récupérer les biens de l’évêque après son décès. Justifié dans la mesure où il lui apporte comme à tous ses sujets sa protection

Protection du cimetière qui vient jouxter l’église au 8°-10°. La société des morts appartient au monde sacré, donc il ne faut pas trifouiller dans les cimetières.

De même, la dîme appartient au sacré (don matériel en échange d’un contre don spirituel) et ne doit donc n’être prélevée que par des ecclésiastiques

Dans les royaumes d’occident se met en place une réelle protection des ecclésiastiques (5% de la population) et des marchands. Puis, la définition des ecclésiastiques se précise au cours du 11° puisqu’il ne s’agit alors que des personnes touchant directement au sacré (à partir des sous-diacres jusqu’au pape). En contre partie de leur protection, les sous-diacres ne doivent pas se souiller, en se mariant par exemple. De même, les moines et chanoines réguliers sont soumis à certaines règles strictes visant à préserver leur caractère pur. Ils ne doivent pas étudier le droit civil ou la médecine car ces activités sont trop proche des affaires terrestres et donc souillées

Chanoines régulier : élite protégeant l’évêque et la cathédrale suivant une règle.

c.                 La paroisse se rattache à une église particulière

La paroisse comme attachée à une église particulière apparaît au 10-11° (avant le terme parochia désignait un diocèse). Il s’agit d’appartenir à une communauté de chrétiens rattachés à une église.

Ces encadrements se multiplient et se complexifient permettant de localiser un individu (exigence croissante).

Ex. Yves de Chartres, évêque de Chartres, vers 1100, dans Panormia fait état de l’interdiction d’acheter quoi que ce soit à une personne dont on ne sait ni le nom, ni la provenance, ni l’appartenance (à un seigneur).

L’encellulement se précise donc comme une forme généralisée de l’enchâtellement.

4.      La commune

Preuve de lien sociaux plus prégnant

Elle permet de parler de communauté et montre que les liens sociaux sont de plus en plus prégnant.

Guibert de Nogent, qui n’aime pas la commune, l’identifie aux règles juridiques gouvernant les serfs.

La commune devient un autre système d’enrôlement des individus devant faire croître la cohésion sociale et la puissance économique de la cité. Au sein de la commune existent plusieurs groupes de solidarité, formant des groupes de pression :

·        Les hommes du comte, du seigneur ou de l’évêque constituant la milice de la cité. Ce groupe exerce le gouvernement de fait de la cité.

·        Le groupe des échevins, magistrats civils (souvent formés par les hommes du comte)

·        Le groupe des marchands auquel les statuts urbains font référence

·        Le groupe du peuple constitué de l’ensemble des hommes libres. C’est le groupe le plus large et qui est puissant par les mouvements de révoltes (parfois maniupulés). Ce groupe est sous-divisé en quartiers, eux-mêmes sous-divisés en paroisses indiquant une parcellisation du monde urbain.

La communauté se superpose à une série de cellules et les consolident entre elles.

X.                La paroisse, la famille

L’histoire du lien social est forcément l’histoire ecclésiastique en raison de l’imbrication étroite en sacré et profane jusqu’au 12° au moins. Les documents que nous pouvons utiliser tant en histoire qu’en archéologie ne concernent que 10% de la population (5% d’ecclésiastiques et 5% de haute aristocratie).

Au 12° la culture des laïcs se différencie en partie de la culture ecclésiastique pour plusieurs raisons :

·        Les croisades ont élargi l’espace connu des nobles y ayant participé

·        Apprentissage de nouvelles langues

·        Appropriation par les laïcs de l’écrit dont la diffusion augmente notamment entre 1070 et 1150 (production écrite multipliée par 3). Apparition d’une littérature nouvelle en langue romane et anglaise. Celle-ci fait apparaître une vision du monde spécifique mais ne concerne que les liens sociaux de la frange supérieure de la population. Le monde des cours, des châteaux et des grands marchands et négociants (11-12% de la population au total).

Ex. Les paysans ne sont pas mentionné dans les chansons de geste si ce n’est ironiquement.

1.      La paroisse

a.                 Domine la vie sociale du village/quartier

C’est la première cellule de proximité avec la famille. A partir du 11°, elle domine toute la vie sociale en tant que lieu naturel d’insertion social pour le village ou pour le quartier. Au 11°, le village est constitué. C’est une agglomération humaine formée autour d’un château, d’un cimetière et d’une église. L’église est le lieu de rassemblement dominical depuis le 5°-6° mais à partir du 11° on observe une réelle injonction faite à l’individu de se rendre dans l’église de sa paroisse et pas une autre pour les principaux actes de la vie sociale.

En pratique la paroisse est antérieure au 12° mais c’est à ce moment qu’apparaît rigoureusement celle-ci (dans les Décrets de Gratien, les canons des conciles et synodes). Au 12°, des paroisses sont créées dans les régions nouvellement conquises comme au Proche-Orient (reproduction par ces seigneurs de leur cadre de vie habituel) ou en Espagne où la réinstallation d’un évêché entraîne la réorganisation de tout le tissu paroissial resserrant par là le maillage autour de l’individu.

Sources du 13° des visites pastorales des évêques dans les différentes paroisses.

b.                 Resserrement du cadre paroissial (2m12°) et confréries

Dans la 2m du 12° resserrement du  cadre paroissial avec une multiplication du nombre de paroisses dans un même diocèse et l’apparition de confréries liées à la paroisse. Il s’agit des élites de la paroisse qui se rassemblent dans une société d’assurance mutuelle comme institution de solidarité se promettant aide et secours en cas de difficulté de la vie. Progressivement les confréries tendent à une relative mixité (10% de femme éventuellement). Elle est strictement régie par des devoirs et comporte des mécanismes d’exclusion (confrérie exclusive). Les confréries se réunissent fréquemment et sont chargées d’organiser des rites publics de la cité (opérations caritatives, organisation civique comme la production d’œuvres dramatiques, véritables fêtes civiques).

Au début du 13° les confréries s’autonomisent du cadre paroissial qui les a vu naître en créant notamment leur propre chapelle mais ne peut tout de même pas s’extraire du droit des paroisses en ce qui concerne les sacrements (baptême, mariage, inhumation…)

Ex. Les orfèvres de Florence font l’église Or’ San Michele.

2.      La famille

Cristallisation du lignage et une consolidation du patrimoine.

Le changement du mariage entraîne un changement du modèle familial aux 11°-12° se caractérisant par une cristallisation du lignage et une consolidation du patrimoine.

Le lignage représente le lien social par excellence (reconnaissance du lignage par les blasons vers 1130-1150). Le lignage contribue à entretenir une conscience du groupe qui est l’apanage d’une petite minorité organisée verticalement, tandis que les bourgeois répondent à une organisation horizontale. Cette cristallisation verticale est plus tardive chez les élites urbaines. Au 12°, le clan se réorganise en famille patricienne sous la forme du lignage (référence à l’Antiquité romaine et à la figure du père).

Rq. Pas de patriciat avant le 13°

La famille se recentre sur la famille étroite à 2 générations (parents et enfants) comme groupe fondamental.

Rq. Plusieurs générations peuvent cependant partager le même habitat.

(13° : le rôle de la femme altère les formes traditionnelles du lien social dans les villes ou dans l’aristocratie traditionnelle. Le rôle est important car elles sont liées au patrimoine).

3.      Le patrimoine

Désigne les biens familiaux au début du 12°

Ce terme fait émerger dans son étymologie la figure du père. Jusqu’au 12°, on ne parle de patrimoine qu’à propos de l’Eglise (fondation permettant l’entretien des bâtiments ecclésiastiques et de leur desservant) perdant sa cohérence antique. En effet, chez les laïcs, les biens de la famille sont précaire car le seigneur peut se les réapproprier à tout moment selon le processus de féodalisation.

Vers 1100 (d.12°),  ce terme ressurgit pour désigner les biens d’une famille (ensemble des terres dévolues par un père à son fils). Le patrimoine est considéré comme le cœur du pouvoir d’un lignage qui suit le principe de primogéniture (13°) masculine (antérieure au 13°).

Dans l’aristocratie, seuls les membres de la famille étroite gèrent le patrimoine. Mais dans le monde des marchands le patrimoine est géré par des sociétés associant des individus avec un lien de parenté plus éloigné.

4.      Société persécutrice (12°-13°) et hérésie

Aux 12°-13°, de nouveaux liens sociaux se façonnent dans le cadre de la paroisse et de la famille entraînant un encadrement plus rigoureux. Naissance de la « société persécutrice » et de la « société de l’aveu » (surveillance des actes et pensées par l’obligation de confession instaurée par le concile de Latran IV).

Contestation de ce nouvel ordre géré par la religion ne peuvent s’exprimer que sur ce terrain. Ce sont les hérésies dont nous avons les premiers témoignages au d.11° (1015-1025) signalant des désordres à Orléans (1022), Arras (1025), en Aquitaine (vers 1015). Ces hérésies sont perçues comme des groupes constitués autour d’une solidarité puissante recherchant une nouvelle relation au sacré. Ces groupes apparaissent dans les villes en dehors des cadres traditionnels (hérésie des 11°-13° sont toujours urbaines). Le discours religieux est alors le seul moyen d’exprimer des attentes et la revendication d’une nouvelle organisation sociale. Celles ci se focalisent sur la manipulation du sacré prônant la purification de ce qui pollue l’homme dans le but de « restaurer la paix ». C’est à dire la pollution sexuelle, la pollution de l’argent (simonie) et la pollution du pouvoir.

Au m.12°, le rôle de ces dissidents est reconnu dans toute l’Europe puisque le droit défini alors  une répression automatique contre ces rebelles (début de la société persécutrice) 

XI.             Individus et communautés

Lien : croissance économique, développement des villes, révolutions urbaines et dissidence, enchâtellement.

1.      Ordre ritualisé

a.                 Passage de la convention orale à la convention ratifiée par écrit

L’ordre qui se met en place aux 11°-12° et s’exprime par des rites. La Catalogne servit de laboratoire à ce passage : les accords sont mis au point oralement puis sont confirmés par écrit (pas encore de formulaire).

Au milieu du 12°, dans ses Décrets, Gratien affirme que pour être vrai, tout jugement doit être rédigé. Tout rassemblement humain se voit alors doté de véritables statuts (grande nouveauté du 12°) ce qui souligne le poids acquis par l’écrit. On entre dans l’Age du droit, de la loi car la régulation par ces normes impose les mêmes règles pour tous. Cependant les seigneurs restent supérieurs aux vassaux.

Cet écrit pousse les individus à intérioriser ces normes mais le danger est d’entraîner un conservatisme ou des dissidences (l’écrit-norme permet d’identifier l’anormal).

Emergence de marquer la subjectivité par l’écrit des auteurs nous montre l’émergence de l’individu face à la loi et la communauté.

b.                 Rituels de l’écrit de plus en plus précis et rigoureux

Ces rituels deviennent de plus en plus précis et rigoureux. Ils sont mis au point plus tôt chez les ecclésiastiques (par ex. seul l’évêque ou le pape peuvent réunir un concile, sinon c’est  un rassemblement). Pour les mariages, le consensus doit se faire devant des témoins par le biais du contrat de mariage.

Extension de la ritualité.

Dans les assemblées urbaines, des statuts communaux sont mis en place au 12° alors que les communes sont en préparation depuis le 11°. Au 12°, les écrits prennent une valeur légale dans le sud. Ces statuts donnent des nouvelles règles à suivre dont la convivialité (différente d’une justice également applicable à tous). Le droit persiste tout de même à aller en faveur du dominant.

Rq. Argument a silentio difficile à manier.

2.      Métaphore du lien social 

a.                 Revitalisation d’images antiques

Image de la nef, du navire de saint Pierre (navicella Petri) montre une communauté contrainte à vivre en groupe. Cette image est véhiculée dans les cercles ecclésiastiques. Image du bâtiment de l’église.

b.                 Le « corps social »

Image reprenant  un thème de l’Antiquité de manière importante. Il exprime le lien entre toutes les parties du corps et le fait que chacune ait un rôle défini (soutient l’idée de la théorie des 3 ordres). Vision unitaire et considération de l’individu à partir de sa relation à autrui.

3.      Vers de nouveaux modèles

L’emprise croissante de la norme suscite mécaniquement des réactions et la mise en place d’espace de liberté.

a.                 Apparition du thème de la masculinité héroïque

Visible dans les chansons de geste.

b.                 Du groupe des jeunes à la littérature courtoise à la noblesse

Cf. « Les jeunes dans le société féodale », Georges Duby dans les Annales (1962)

Ce groupe est cohérent et solidaire en tant que celui de jeunes chevaliers adoubés et passé par une initiation chevaleresque. Ils ont de 14-15 ans à 50 ans. Ils sont opposés au groupe des vieux seigneurs qui ne meurent pas et empêchent jeunes d’hériter.

Privés du pouvoir les jeunes s’épanouissent dans la guerre et cultivent un imaginaire transcrit par la littérature courtoise (2m12°)

Cf. E Kölher, Idéal et réalité dans la société courtoise au XII°

Deux générations plus tard ce groupe des jeunes est devenu celui de la noblesse forgée par une initiation commune (jeunesse chevaleresque) se définissant par son rang et son mérite (supposé de la guerre).

c.                 Les bonnes villes

Mentionnée au 13°, le système royal s’appuie dessus.

11°-12° marquent l’ensemble des relations entre individus et entre individus et communauté. Emergence de l’individu, comme subjectif et revendiquant cela (cf. Abélard, Perceval ou Tristan). Cette subjectivité passe par l’appartenance à une société unie.

Cf. thème de la société chrétienne du 11° en vient à se reconnaître dans des royaumes précis comme le montre l’utilisation d’une langue spécifique au royaume.

XII.          Synthèse : liens sociaux au Moyen Age

Le chevalier a le devoir de construire une cellule familiale, de donner de la cohésion au groupe dans une société en voie de fermeture et de durcissement (société persecutrice).

Pourquoi l'individu ne vit plus seul car la société ne se reproduit qu'en reconstituant sa cohérence en permanence et en organisant sa survie.

Métamorphose du lien social entre le 5° et le 7°.

1.      Unité de l'homme 

a.                 Tissu social de l'Antiquité

Il existe des solidarité verticale et horizontale.

Les solidarités horizontales prennent pied dans le groupe, la famille et la parenté philosophique (stoïcisme, néoplatonisme).

b.                 Augustin d’Hippone

Héritage judéo chrétien du Moyen Age compte l'apport d'Augustin (354-430) qui voit la prise de Rome par les barbares. Selon lui, toutes les parties du monde se rapporte à un ensemble : c'est le thème de l'harmonie universelle. L'unité fondamentale de l'individu s'étend à toute la création selon le processus de l'analogie. Tout comme la vie de la nature, des cycles vitaux immuables régissent l'histoire.

L'homme domine les animaux car il a la Raison étant donné qu'il a été créé à l'image de Dieu. La société se reconnaît comme le Fruit de la Création, l'humanité est donc une immense fratrie. L'Eglise chrétienne est la Cité de Dieu mais la société a perverti cette Cité de Dieu suite au pêché originel. Il s'agit pour la société humaine de corriger les effets de cette faute première afin de redevenir la Cité de Dieu (ce qui arrivera à la Fin des Temps).

c.                 Réorganisation chrétienne

Réorganisation chrétienne dans la perception des liens sociaux (verticaux notamment). Ces liens existent entre Chrétien/Christ, individu/individu, église/église (selon le privilège de l'ancienneté), chrétien/épouse.

Les liens horizontaux existe par le compagnonnage créée par l'égalité entre les baptisés (appartenance à une même église). Cette égalité existe bel et bien mais à différents niveaux hiérarchiques.

2.      Temps forts

a.                 Le royaume wisigothique au 7°

Dans les cadres du royaume wisigothique connus par l'Encyclopédie d'Isidore de Séville, qui veut redéfinir l'Eglise en tant que convocation universelle faite à tous les Chrétiens. Cette assemblée connaît des géométries de l'espace de cette convocation variables. Cette Eglise survit à tous les aléas politiques et aux effondrement des royaumes. Vision positive.

b.                 Le royaume et l'Empire carolingien aux 8°-9° 

Les Carolingiens repense la notion d'Eglise dans le cadre de l'Empire (rq. on retrouve Isidore de Séville puisque l'Empire a une vocation universelle). Une société palatine est mise en place reproduisant les modèles du royaume.

Cléricalisation de l'entourage royal car les carolingiens font confiance aux ecclésiastiques (membres de la société palatine). Les évêques sont administrateurs. La cohésion de l'Empire repose sur l'espace latin et chrétien reprenant l'idée d'Augustin de la caritas. La caritas est cette grande fraternité de la société chrétienne. Cette fraternité est en reproduction perpétuelle par le baptême (parfois forcé).

La cohésion de l'Empire est faite autour de l'idée de rénovation de l'Empire utilisant le droit romain. Le droit romain fait ressurgir d'anciennes formes de solidarité dont celle de la parenté qui prend de plus en plus d'importance autour du couple conjugal. Renforcement de la cohésion du groupe familial et du couple conjugal.

Emergence d'une structure verticale de la parenté (renforcement du pouvoir des mâles et des mâles aînés). L'exclusion des filles est organisée pour les successions afin de perpétuer le patrimoine au sein de la famille. Le mariage devient le cœur d'un système d'alliance en raison de cet accent mis sur la cellule conjugale comme cellule de référence de la société.

A côté de la parenté charnelle l'idée de baptême est valorisée comme lien spirituel (reproduction du système romain des confréries où l'égalité était aussi de mise).

Les Carolingiens encouragent également les liens spirituels que forment les moines ensemble. Les moines soutiennent spirituellement la famille de l'élite chrétienne qui y est attachée.

Au 9°, redéfinition de ce lien de solidarité existant entre les moines comme reproduisant la solidarité existant au sein du groupe de parenté. Les jeunes aristocrates sont formés sur le même lieu que les futurs moines dans les monastères.

3.      Bouleversements des 9°-12°

a.                 Enchatellement

Enchatellement sur les décombres de l'Empire carolingien. Monachisation des sociétés occidentales.

Vers 1000, sentiment que le monde va de plus en plus mal. Le discours sur les trois ordres de la société est une réaction face à ce sentiment. Adalberon de Laon affirme que le roi possède les trois fonctions de la société et doit assurer le fonctionnement harmonieux de la société dans l'unanimité. Ce système des Trois ordres, fagocite le monachisme qui est réintégré à la société.

b.                 Préférence familiale

Correspond à la spatialisation de la communauté qui prend désormais place dans un espace géographique (cf. évolution du terme de chrétienté qui s'appuie sur le pape dont le pouvoir est revalorisé. Il devient un guide spirituel de la société au 11°)

Dans la 2m11° les règles organisant la parenté, le mariage, la patrilinéarité, la primogéniture masculine et l'indissolubilité du mariage sont précisées.

Principes de référence pour les mariages : exogamie maximale, consensus et indissolubilité.

Les comtes et évêques deviennent seigneurs. L'enchatellement est lié à une aristocratie guerrière. La société reste féodo-vassalique

c.                 Communion de la patrie

Le sens du mot patrie change au d11°. La notion de patrie donne une identité à un groupe d'individus ancrés dans la seigneurie, la chatellerie ou le duché avant que ça ne soit le royaume. Cet évolution marque un plus grand enracinement de la société dans le réel.

d.                 Recomposition

Au 12° émergence de l'individu comme être subjectif  (et de la distinction public/privé) et de la cellule conjugale comme cellule de référence. Cependant, la communauté est derrière l'individu qui est encadré dans la paroisse, doit se confesser.

Le héros de la société chevaleresque devient un modèle. La société devient persécutrice. Retour des métaphores de la société (comme un "corps" selon Jean de Salisbury). Nouveau modèle de l'amour comme liant deux individus de manière particulière.

Le groupe des jeunes se singularise de plus en plus. Ils vivent comme s'ils formaient une société fermée.

Tentation de la société fermée, sans mobilité sociale, sans changement (f12°-13°)

9 novembre 2007

La France au XVI°

I.      Le royaume de France : l’espace et les hommes  3

1.     L’espace français diversité et unité. 3

a.     Mesure du royaume  3

b.     Les frontières du royaume. 3

c.     La formation de l’espace  3

d.     Diversité de l’espace français. 4

e.     Un territoire immense  4

2.     Les hommes dans le royaume : le monde plein de la Renaissance  4

a.     Sources de la démographie historique  4

b.     Population dénombrée  4

c.     Variantes régionales  5

d.     Les villes  5

II.        Dynamisme et croissance des sociétés urbaines  5

1.     Définition de la ville au XVI°  5

a.     Enceinte, privilèges (libertés) et lieu d’organisation politique autonomie  5

b.     Relations avec l’extérieur 6

Rapport avec l’Etat royal 6

Rapports avec le plat pays  6

c.     Fonctions et privilèges citadins  6

Fonction judiciaires et administratives  6

Fonctions économiques  6

2.     Foyer d’innovation et de diversité culturelle  6

a.     Les universités  6

b.     Les collèges  7

3.     La société urbaine et ses clivages internes  7

a.     Le menu peuple  7

b.     La boutique, l’artisan  7

c.     Les notables  7

III.       Nobles et noblesses dans la France du XVI°  8

1.     Fondements idéologiques de la vertu de noblesse  8

a.     Epithètes d’honneur 8

b.     Noblesse comme vertu  8

c.     Vivre noblement et déroger 8

2.     L’ordre nobiliaire  8

a.     Les grands lignages  8

b.     La noblesse moyenne et provinciale  9

3.     Les voies de l’anoblissement 9

a.     Agrégation coutumier ou taisible  9

b.     Anoblissement royal 9

IV.       Le royaume de France et la guerre (1494-1559) 9

1.     Les guerres d’Italie  10

Arguments dynastiques  10

Autres arguments  10

a.     Campagnes de Charles VIII (1494-1495) 10

b.     Les guerres de Louis XII 10

c.     Intervention de François I°  10

2.     Duel entre les Valois et les Habsbourg : les guerres d’Italie (1521-1559) 10

a.     Première guerre d’Italie (1521-1526) 10

b.     Seconde guerre d’Italie (1527-1529) 10

c.     Troisième guerre d’Italie (1536-1538) 11

d.     Quatrième guerre d’Italie (1552-1556) 11

e.     Guerres n° 5 et n° 6  11

V.    Le roi et l’Etat royal 11

1.     De la monarchie tempérée à la monarchie absolue  11

a.     Transition entre les décès de Charles VIII (1483) et Louis XII (1515) 11

Le conseil du roi 11

Pratique d’une démocratie représentative et consultative (début du XVI°) 11

Claude de Seyssel : La Grand Monarchie de France (1519) 12

2.     Pouvoir absolu du roi : transformation du règne de François I°  12

3.     Les transformations de l’Etat 12

a.     Le Conseil 12

b.     Les grands officiers de la couronne  12

c.     Les secrétaires d’Etat 12

d.     Les officiers  12

VI.       Implantation de la Réforme en France au XVI°  12

1.     Le temps des Réformes  13

a.     Solution de l’humanisme chrétien et l’évangélisme  13

b.     Rupture luthérienne  13

c.     Le calvinisme (2° génération de réformateurs) 14

Calvin  14

Doctrine calviniste  14

d.     Modèle d’organisation ecclésiale  14

2.     Réactions catholiques : le roi et l’Eglise  14

3.     La grande décennie du calvinisme français (1550-1560) 15

a.     Répartition géographique  15

b.     Répartition sociale  15

Clergé  15

Noblesse  15

Habitants des villes  15

Monde paysan globalement peu touché  15

VII.     Coexistence entre la loi et la guerre (1559-1568) 15

1.     Réforme dans le royaume : concorde religieuse ou tolérance civile  16

a.     Crise politique majeure : la conjuration d’Amboise  16

Rôle politique important des Guise mal acceptée  16

Justification pour lutter contre la politique religieuse du royaume de France  16

Echec et conséquence de la conjuration (méfiance) 16

b.     Appel au royaume : la réunion des Etats Généraux  16

Suscité par les « moyenneurs »  16

L’ordonnance d’Orléans  16

Le contrat de Poissy  16

c.     Echec du colloque de Poissy  16

2.     De la loi à la guerre  17

a.     Edit de janvier 1562  17

b.     La première guerre (printemps 1562-mars 1563) 17

Massacre de Wassy  17

Conséquence : ouverture de la voie de la violence  17

c.     L’édit d’Amboise (mars 1563) 17

3.     Coexistence fragile (1563-1567) 17

a.     Politique de Catherine de Médicis et de Michel de l’Hôpital 17

b.     Le tour de France de Charles IX (1564) 18

c.     Echec de la coexistence pacifique : la seconde guerre de religion  18

Obstacles à la politique royale  18

Seconde guerre civile et la paix de Longjumeau  18

VIII.        Violence de religion et conflits idéologiques  18

1.     De la reprise de la guerre au massacre de la saint Barthélémy  18

a.     La troisième guerre civile (août 1568-août 1570) 19

b.     Menaces extérieures et diplomatie  19

c.     Le sens d’un massacre  19

2.     Guerre civile et crise politique  19

a.     La quatrième guerre civile (octobre 1572-juillet 1573) 19

b.     Remise en cause de la souveraineté : les monarchomaques  20

c.     Union des provinces du Midi 20

IX.       La noblesse et la guerre  20

a.     Le malcontentement nobiliaire  20

b.     La 5° guerre civile  21

2.     La monarchie au temps de la Ligue (1576-1589) 21

a.     De la ligue  de 1576 à la réunion des Etats Généraux  21

b.     La monarchie ou le péril de la Ligue  21


I.                   Le royaume de France : l’espace et les hommes

Bornes chronologiques : Charles VIII à Henri IV.

La France :

·        Royaume de France

·        Espace français ( identité collective)

·        Territoire (droit de suzeraineté) mais pas homogène

Image traditionnelle de l’hexagone n’est pas appropriée car la France a alors plutôt la forme d’un losange et que la vision géométrisé du territoire n’apparaît qu’à la fin du XVIII°.

Perception de la France comme d’un immense royaume mais comme un royaume-mosaïque avec des résistances provinciales au pouvoir royal.

Population en croissance. Monde plein évoquant aux contemporains la richesse, l’abondance et la prospérité. De fait, un équilibre homme/ressources a été trouvé.

1.      L’espace français diversité et unité.

a.       Mesure du royaume 

Extension de la superficie du royaume de France aux XVI°-XVII°. Au début du XVI° la superficie est sensiblement celle de la Francie occidentale consacrée par le traité de Verdun par les successeurs de Charlemagne en 843 (450 000 km2).

A la fin du XVI°, elle s’élève à 470 000 km2  et au décès de Louis XIV en 1715, elle est de 510 000km2.

Le roi de France ne gouverne pas l’espace de manière homogène car il existe  une multiplicité de statut. Le royaume est plutôt un agrégat de territoire sous la suzeraineté du roi. C’est un territoire morcelé avec de grands fiefs intérieurs (enchevêtrement de féodalité) qui sont progressivement rapprochés du royaume, et des enclaves étrangères (Avignon et le comtat venaissin, Calais, principauté d’Oranges…)

b.      Les frontières du royaume.

Frontières extérieures marquant la limite de la suzeraineté du roi.

Frontières intérieures délimitant la souveraineté directe du roi sur un territoire.

Dans un même mouvement ces deux types de frontières s’étendent.

c.       La formation de l’espace

La monarchie capétienne s’étend progressivement sur le bassin parisien et se construit un domaine plus compact avec l’Ile de France, la Normandie, la Champagne, l’Auvergne et le Languedoc.

Sous Louis XI, l’emprise du domaine royale sur la France augmente avec des acquisitions au nord et au sud. Il profite également de la dislocation du duché de Bourgogne.

La morphologie de la France est le produit d’une histoire longue ; fruit des rapports entretenus avec les souverains voisins et les liens tissés avec les grands domaines féodaux.

La notion de frontière n’est pas le tracé homogène que nous nous représentons mais plutôt une ligne frontière-zone (zone marginale de transition).

Les frontières continentales sont justifiées par la théorie des juristes de l’époque des 4 grandes rivières (Escaut, Meuse, Saône et Rhône).

Les traités de Madrid (1526) et de Cambrai (1529) mettent un terme à la suzeraineté du roi de France sur les Flandres et l’Artois.

Calais est un cas particulier car c’est une enclave anglaise reconquise par Henri II.

A l’est, la Lorraine est entre deux dans la mesure où les ducs de Lorraine (dynastie autonome) sont princes d’Empire mais sont aussi vassaux du roi de France pour certains domaines (zone du Barrais mouvant).

Cette dynastie donne la branche des Guises (fondée par Claude et Jean) qui sera une puissante famille alliée à la vieille noblesse.

Le roi de France acquiert Metz, Toul et Verdun en Lorraine qui deviennent des villes impériales administrées par le roi de France. Cette situation est reconnue seulement en 1648 par le traité de Westphalie.

La Franche Comté constitue un espace distinct de conflits car elle est occupée par Louis XI puis rendue aux Habsbourg par Charles VIII.

Lyon (ville royale depuis 1307) est une grande capitale économique mais reste  une ville-frontière jusqu’au début du XVII° (Henri II) grâce à l’annexion des zones proches (repoussant la Savoie).

A l’Ouest, le vieux duché féodal de Bretagne a une tradition d’autonomie et se rattache plus progressivement au royaume de France (débutant avec le mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII puis Louis XII). Union par stratégie matrimoniale.

Moyens d’étendre le contrôle royal et d’unir les territoires :

·        Politique d’alliance matrimoniale (Anne de Bretagne)

·        Jeu des héritages ( Louis XI profite du décès de René d’Anjou pour récupérer ses possessions)

·        Apanages (portion du domaine royal octroyé aux cadets du roi, transmissibles jusqu’à l’extinction de la dynastie). Ex. apanage des Valois d’Orléans qui retourne au domaine royal sous Louis XII ou l’apanage des Valois d’Angoulême qui sont rattachés au domaine royal avec l’avènement de François I).

·        Grands fiefs comme celui du connétable de Bourbon, Charles, constitué par le jeu des mariages et héritages formant un très grand territoire au cœur-même du royaume de France.

o       Attribut d’un Etat avec une capitale, une fiscalité propre etc…

o       Louise de Savoie, mère de François I brigue une partie du territoire en héritage

o       Procès qui tourne en défaveur du connétable

o       Le connétable se met au service de Charles Quint (légitime défense face à la tyrannie du roi selon lui / trahison selon la Cour)

L’autre branche des Bourbons possède le duché de Vendôme qui revient dans le giron du royaume de France avec l’avènement de Henri IV (Henri de Navarre).

De plus en plus, le contrôle de l’Etat sur le royaume s’étend entre 1460 et 1610. Le contrôle de l’Etat sur le territoire passe ainsi de 60% à presque 100%.

d.      Diversité de l’espace français.

Paysages changeants, langues variés (langues régionales, langue d’oc, langue d’oïl, français, latin).

Des mesures réglementaires sont prises pour l’unification linguistique.

Ex. Edit de Villers Cotterêt (1539) impose la langue française pour toute procédure judiciaire. La langue du pouvoir devient le français.

Diversité du droit avec des pays de droit romain et des pays de droit de coutume.

Diversité de la fiscalité (taille réelle/ taille personnelle).

Unité du royaume se réalise malgré ces diversités autour de la personne du roi qui à cet escient fait des voyages (souveraineté ambulante durant tout le XVI°) qui permet de contrôler les provinces.

Ex. Voyage entre 1564 et 1566 par Charles IX décidé par Catherine de Médicis afin de renforcer les frontières lors des guerres de religion.

Ces voyages permettent de montrer le roi dans des provinces éloignées du centre de la monarchie. L’Etat entier se déplace. Ces mouvements ont pour base l’idée que la présence construit l’autorité.

Dans ce cadre les cérémonies d’entrée de ville sont très importantes pour le contrôle des élites urbaines et le règlement de conflits locaux. Ces cérémonies sont le moyen de faire un acte d’obéissance.

Ces voyages se produisent souvent pour reprendre en main un pouvoir menacé.

e.       Un territoire immense

Il est immense par rapport aux moyens de transport à disposition.

Marche à pieds : 20-30 km/j

Cheval : 50-60 km/j (Paris-Lyon en 8-10 jours et Paris-Marseille en 16-20 jours)

Coche ou carrosse : 30-40 km/j

Les routes sont en mauvais état, peu sures etc… La voie d’eau représente une alternative (pour les marchandises).

Ex. 90 km/j en descendant le Rhône ; 20 km/j en le remontant.

La lenteur marque les échanges et la circulation. C’est un obstacle et un frein à la centralisation administrative (les autorités locales sont souvent en position de décider seules).

A retenir : espace immense, morcelé, constitué d’un agrégat de territoire.

2.      Les hommes dans le royaume : le monde plein de la Renaissance

a.       Sources de la démographie historique

Les contemporains sont marqués par la « copiosité du populaire » ( Claude de Seysell en 1508) car ils voient que le terrain se fait rare, que moins de terres sont en friche et qu’il y a moins de bois.

Cette croissance est instinctivement ressenties mais nous l’étudions par la démographie historique suivant différentes sources possibles :

·        Recensement généraux : rares ou seulement projets donc peu fiables

·        Dénombrements locaux : ponctuels, peu nombreux et l’extrapolation est difficile et risquée.

·        Registres paroissiaux (baptême, mariage et décès) : source fiable et homogène

Les baptêmes sont peu nombreux au début du XVI° (mais sont imposés dès le XV° dans l’Ouest par certains évêques).

Rapidement l’Etat monarchique se préoccupe de la bonne tenue de ceux-ci par l’ordonnance de Villers Cotterêt de 1539 (art. 50 et 51). L’Etat veut que ces registres aient valeur de preuve en ce qui concerne les détenteurs de bénéfices ecclésiastiques notamment.

·        Listes fiscales, de contribuables, compoids

·        Actes notariés

·        Livres de raison (chroniques des familles, épidémies etc…)

b.      Population dénombrée

Apogée se situe à 20 millions de français dans les frontières actuelles vers 1330.

S’ensuit une période de chute démographique due à la guerre, aux épidémies, à la famine et à la crise économique faisant regresser la population à 10 millions.

Le « beau XVI° » : vers 1450, commence une phase de reprise lente et continue jusqu’au milieu du XVI° (20-21 millions en 1560).

La croissance connaît un infléchissement à partir de là.

La France des Valois est un des pays les plus peuplés d’Europe. L’Espagne ne compte que 6 millions d’habitants et l’Angleterre, 4 millions. Quant au Saint Empire Germanique il est très peuplé mais n’ayant pas d’unité de territoire ce n’est pas un point de comparaison.

c.       Variantes régionales

D’une manière générale on observe des défrichements, des repeuplements de village signalant une reconquête du territoire.

Le nord est plus densément peuplé (Nord, Ile de France et Ouest : 40-60 hab/km2) que le sud (moins de 30 hab/km2).

La France a une majorité de ruraux (90%), peu mobiles (mais avec une migration saisonnière) qui cultivent de plus en plus les zones en friche (même les terres ingrates) pour nourrir une population croissante.

L’équilibre optimal hommes/ressources est atteint au milieu du XVI° (1540) puis la population croît et met en culture des zones moins rentables. La croissance se heurte aux limites des capacités productives de l’agriculture (point de blocage).

d.      Les villes

Période de forte croissance des villes. Hiérarchie urbaine :

·        Paris (150 000 à 300 000 habitants au XVI°) est la plus grande ville d’Europe avec Naples et Constantinople.

·        Lyon : 20 000 habitants en 1450 à 70 000 habitants en 1530 (apogée avant déclin).

·        Rouen : 30 000 habitants en 1450 à 60 000 habitants en 1550

·        Capitales régionales : nombreuses ont de 20 000 à 40 000 habitants (Bordeaux, Orléans, Toulouse…)

·        Petites et moyennes villes de 10 000 habitants sont très nombreuses (Limoges, Poitiers, Dijon…)

Taux d’urbanisation de 10%. Le phénomène urbain reste relativement marginal par rapport à d’autres pays.

Les villes sont affectées par la mauvaise conjoncture à  la fin du XVI° (Lyon se retrouve avec seulement 35 000 habitants). La chute démographique ramène la population au niveau du siècle précédent (phase de récupération débute au XVII°)

La croissance est avant tout du à l’immigration (visible au moyen des registres des institutions d’assistance) car la ville est un pôle attractif.

Lyon est à cet égard exceptionnelle  car elle a un rayonnement très large avec une prédominance du plat pays et des régions alpines.

On trouve des migrants de passage et des migrants de longue durée dont une majorité d’hommes venus s’installer de divers horizons (apprentis, domestiques, manœuvres, métiers de l’imprimerie…)

Entre 1450-1560 : période de renaissance par la vitalité démographique, le dynamisme des villes et les progrès des campagnes. La monarchie s’appuie sur cette vitalité pour ses recettes fiscales.

La seconde moitié du XVI° est une période plus sombre en raison des troubles religieux et des guerres civiles qui mettent à mal l’unité du royaume et révèle la tendance à l’éclatement de l’espace français. Les souverains faibles ne peuvent maintenir cette unité..

La croissance de la population est une réponse à la réunion de conditions économiques favorables mais est limité par la non extensibilité de la production agricole. Les crises viennent réguler les trop pleins démographiques (cf. période de dépression de 1580-1590).

II.                Dynamisme et croissance des sociétés urbaines

L’urbanisme est un phénomène minoritaire mais les villes sont sur le devant de la scène au niveau politique, économique et social.

C’est durant ce « beau XVI° » qu’on observe le « triomphe de la ville » (après la nouvelle phase de croissance attendra la XVIII°)

Rayonnement des villes par :

·        Essor de la population

·        Commerce et artisanat

·        Domination exercée sur le plat pays

·        Présence d’institution de pouvoir dans la ville même

·        Dynamiques sociales propulsant les individus vers des positions reconnues comportant fortune et estime sociale  (mobilité ascendante)

Rq. Cette prospérité ne touche pas tous les citadins ce qui fait de la ville un lieu de tensions et de clivages sociaux. La ville est donc aussi un espace de conflit.

Critères de définition et hiérarchie des villes de Bernard Chevalier dans Les bonnes villes (car de toute évidence le seuil actuel des 2000 habitants ne convient pas) au moyen des feux fiscaux (4 à 5 personnes par feu) :

·        Petite ville : 200 à 600 feux (majorité du tissu urbain avec les moyennes villes elles sont 200 en France en 1538)

·        Ville moyenne : 600 à 2 500 feux

·        Grande ville : 2 500 à 12 500 feux (50 en 1538)

·        Ville géante qu’est Paris (passe de 150 000 à 300 000 habitants durant le XVI°)

Le royaume de France comprend 300 bonnes villes. Ces cités entretiennent des rapports spécifiques avec la monarchie en raison de leur place dans la hiérarchie urbaine (autonomie et relation régulière avec le roi).

1.      Définition de la ville au XVI°

a.       Enceinte, privilèges (libertés) et lieu d’organisation politique autonomie

L’enceinte est la condition sine qua non de la ville

(mais ce n’est pas la seule). Ces murs permettent de circonscrire une espace de sécurité pour les habitants de la ville et pour les habitants du plat pays (qui s’y réfugie en cas de menace réelle ou supposée).

Cette limite matérielle est importante même si il existe des faubourgs.

Limite juridique marquée par les murs.

Les privilèges (libertés)

Ils sont honorifiques, économiques (exemption d’impôts ou de taxe royale comme la taille). Ces privilèges sont confirmés et consignés lors des visites royales ou lors de l’avènement d’un nouveau roi.

Lieu d’organisation politique autonome

Chaque ville possède son corps de ville (institution représentative des échevins au nord et consuls au sud) selon l’idéologie corporative. Ces corps de ville sont élus (=cooptation de notables)  et ils représentent physiquement la ville lors des cérémonies d’entrée de ville. Ils ont des prérogatives juridictionnelles sur les habitants mais celles ci deviennent de plus en plus rare (reliquats au XVI°).

Ils doivent organiser la défense de la ville (entretien des murs, organisation et entraînement des milices composées de bourgeois levés dans chaque quartier) selon un réflexe d’autodéfense en vigueur.

Elle possède un pouvoir et une autonomie financière (perception des droits d’octroi, location d’immobilier). Avec les droits divers perçus elle peut engager des employés municipaux.

b.      Relations avec l’extérieur

Rapport avec l’Etat royal

Les relations avec la monarchie se sont stabilisées depuis la fin de la guerre de Cent Ans pour devenir une entente cordiale. Celle ci perdure jusqu’au temps de François I (1515) tant que le roi confirme les privilèges et que la ville répond aux demandes du roi. Mais au milieu du XVI°, ces relations se dégradent car François I puis Henri II ont des exigences fiscales et de contrôle politique de plus en plus lourdes. Ces mésententes deviennent flagrantes en période de troubles comme c’est le cas des guerres de religion : la logique de l’Etat s’oppose alors souvent à la logique des bourgeoisies urbaines.

La fin des guerres des religion voit certaines villes se dire appartenir à la ligue catholique tandis que le roi est protestant (nouvelle rupture avec la monarchie). Cependant toutes les tentatives d’émancipation échouent.

Le modèle de la ville alternative à l’Etat royal devient  un renforcement de la tutelle monarchique sur les villes durant tout le XVI° (plus d’entente ni de relation de réciprocité). Il n’y a alors plus de bonnes villes car la monarchie est devenu absolue.

Rapports avec le plat pays

La ville reste dominante par rapport au monde rural. La croissance des villes est alimentée par le plat pays (démographie, ravitaillement en matières premières…)

Cette domination s’exerce par des prélèvements des propriétaires urbains sur les exploitations rurales. Les bourgeoisies investissent le marché des terres (phénomène de plus en plus prégnant au XVI°). Ces propriétés s’étendent plus ou moins loin de la ville selon la dimension de celle-ci.

Ex. Anthony appartient à 30% à des propriétaires parisiens et Trappes appartient à 50% à ces derniers.

Les villes sont le siège des pouvoirs judiciaires, administratifs ou fiscaux dont dépendent les campagnes.

Les relations qu’elles entretiennent avec l’extérieur font les villes en plus des murs, privilèges et organisation autonome des pouvoirs.

c.       Fonctions et privilèges citadins

Fonction judiciaires et administratives

Elles caractérisent la ville en tant que point d’ancrage de l’Etat royal en construction. Elle est le relais de la puissance royale qui y implante ses agents des :

·        Cours souveraines (Parlement)

·        Justices royales (baillage, sénéchaussée,  prévôtée)

·        Offices fiscaux

Ces représentants de l’Etat (officiers) exercent un contrôle sur les institutions municipales de plus en plus visible en étant présent dans les corps de villes (primauté des officiers sur les représentants traditionnels des notables).

Fonctions économiques

Commerce du vin à Bordeaux, teintures et pastel à Toulouse, domination économique de Paris. Parfois les fonctions économiques et les fonctions administratives et judiciaires sont dissociées. Lyon, Marseille et Nantes ont avant tout une fonction économique.

Lyon est une plaque tournante des marchandises jusqu’au milieu du XVI° durant les foires et les foires de paiements qui y succèdent (installation de banques aux 2/3 italiennes faisant de  Lyon la première place bancaire du royaume).

Lyon a une position géographique favorable (Saône et Rhône) comme porte d’entrée du trafic commercial du royaume et comme lieu de transit entre le Nord et la Méditerranée.

C’est aussi un centre de production industrielle avec la fabrication de la soie qui se fait surtout par le débauchage des ouvriers italiens et avignonnais (privilèges accordés aux soyeux italiens en 1536), l’imprimerie.

Marseille trouve une nouvelle vitalité entre le XV° et le XVI° grâce à l’ensablement des ports du Languedoc (anciennes portes d’entrées de la Méditerranée) et l’annexion de la Provence. Elles est associée à Lyon dans la croissance du XVI° et fonctionne comme son port (qui connaît une activité florissante).

Les marchands marseillais sont nombreux à s’installer dans les échelles du Levant (comptoirs) en profitant de l’alliance passée entre François I et l’empereur ottoman par les Capitulations de 1535 (contre Charles Quint à l’origine). Cette alliance comprend des avantages commerciaux pour les sujets du roi (dans ce cadre, se développe la Compagnie du Corail de Thomas Lenche).

Les villes de la façade occidentale aussi ont une croissance urbaines liée au développement du commerce international (Bordeaux, Nantes…)

A côté de ces grands centres économiques internationaux, les villes moyennes aussi ont un commerce actif mais local ou régional. Elles sont des centres de distribution.

Ces villes voient dans le plat pays des aires pour leur ravitaillement qui dépasse parfois la campagne proche. La ville est un espace privilégié pour la consommation tant en diversité qu’en qualité.

2.      Foyer d’innovation et de diversité culturelle

Le taux d’alphabétisation, d’encadrement scolaire et de diffusion des écrits est supérieur dans les villes par rapport aux campagnes. L’école élémentaire y est généralisée et touche même les milieux les plus modestes de l’artisanat et de la boutique.

a.       Les universités

Le réseau est sensiblement le même qu’au Moyen Age (13 grandes villes universitaires en 1600) avec un cursus classique (faculté des Arts propédeutique puis faculté de Droit au minimum et éventuellement faculté de Médecine et de Théologie).

La structure de base est celle du collège qui est devenu un lieu d’enseignement (en plus d’être un internat).

Certaines universités ont  un rayonnement international (Théologie à Paris, Droit à Orléans, Médecine à Montpellier.

b.      Les collèges

Leur fondation se systématise au XVI° comme lieu d’enseignement secondaire en tant que cycle préparatoire avant de partir loin pour les universités. L’enseignement suit une pédagogie humaniste : classe de niveau gradué (nouveauté).

Ex. collège Montaigu tenu par le recteur Jean Standonck est le « modèle parisien » de cette rénovation des collèges.

Les notables ont intérêt à fixer dans leur murs ces nouveaux collèges qui forment des bons citoyens chrétiens et latinistes.

Ces collèges furent l’objet de conflit dans le cadre des guerres de religion avec la fondation de collèges protestants (comme à Nîmes) contre les collèges de la Contre Réforme (que sont les collèges jésuites avec l’archétype du collège de Billon vers Clermont Ferrand, fondation d’un collège jésuite à Avignon en 1564).

Privilège culturel dans les villes par l’industrie nouvelle des livres imprimés (Paris, Lyon, Avignon ou Rouen ont de fortes concentration d’atelier).

Les universités, des collèges et imprimeries qu’ont trouve dans les villes jouent un rôle important dans les mutations des villes et dans les mutations religieuses. Les villes sont le creuset des ferveurs religieuses intenses soutenant la Réforme puis la Contre Réforme. Elles sont un lieu d’affrontement spirituel et religieux.

3.      La société urbaine et ses clivages internes

Le XVI° est un siècle de croissance urbaine même si on y trouve des clivages.

Sources : délibérations des conseils de ville retranscrites dans les livres de raison écrit par un bourgeois. Le statut de bourgeois est enviable.

a.       Le menu peuple

Couches les plus modestes en proportion non négligeable. Il vit du travail de la terre tout en habitant en ville.

Journalier (gagne deniers) qui n’appartiennent à aucun corps de métier

Pauvres (6-8%) dont la part augmente en temps de crise. Conditions de vie difficile et précaires notamment en raison de l’évolution des prix par rapport au salaire (salaire minimal/salaire réel) . Les villes fabriquent de la pauvreté.

Le salaire connaît une hausse au XVI° mais ne compense pas la hausse des prix. Si bien que le pouvoir d’achat de 1470 est plus élevé que celui de 1540 (baisse de 75%).

Le XVI° est marqué par des mouvements d’émotion collective qui se traduisent par des révoltes apaisées par des aides octroyées. Ces révoltes sont ressenties comme une vraie menace.

Les révoltes liées à la hausse des prix entrainent une prise de conscience.

La Grande Rebeyne

En 1528, suite à une mauvaise récolte les prix sont doublés entre octobre et avril 1529. Placards sur les murs de Lyon par le Pôvre (anonyme) dénonçant la précarité. Il s’agit d’une remise en cause politique contre les accapareurs. Rassemblement le 25 avril donnant lieu à une révolte de plusieurs jours de milliers de personnes (pillage des maison, du grenier de l’hôtel de ville, des institutions ecclésiastiques…)

Il s’agit d’une crise de subsistance mais aussi politique (voire religieuse pour certains historiens).

Cette révolte accélère la prise de conscience de la pauvreté qui devient une question politique. La pauvreté connaît alors un encadrement des instances spécialisées d’assistance publique.

Ex. :  à Lyon, création en 1531 de l’Aumône générale qui fonctionne jusqu’en 1534. Ce n’est pas de la charité individuelle, ni religieuse. Assistance et encadrement  comportant aussi des contraintes car les mendiants doivent travailler.

Ex. : 1544 création à Paris du Grand Bureau des Pauvres.

Le pauvre n’est plus le symbole de la figure christique mais il est oisif, coupable de ne pas travailler. Il est considéré comme une tâche qui enlaidit la ville.

b.      La boutique, l’artisan

Effectif important de la ville (50%) qui demeure caractérisé par une organisation progressive en corps et communauté d’arts et métiers (pas de corporation) soumis à des règles.

Métiers libres : pas de règles spécifiques

Métiers jurés : formés par une lettre patente du roi. Normes précises. Reconnaissance juridique avec une autonomie financière et une hiérarchie. Plus à Paris.

Métiers réglés : dépendent de l’hôtel de ville. Plus à Lyon.

Les corps de métier sont sous tutelle (organisés, participent à la police de la ville).

Il existe des tensions dans ce monde soi disant harmonieux avec par exemple une conccurence entre les différents corps de métiers (boucher vs charcutier), entre maîtres et compagnons (problèmes sur l’accès à la maîtrise).

Ces corps occupent une place spécifique dans l’organisation municipale.

c.       Les notables

Elite formant un groupe hétérogène composé des officiers et des marchands. Les corps de villes sont dominés par les marchands, la bourgeoisie commerçante et artisanale.

Officier de finance, officier de justice qu’on retrouve parmi les échevins de la ville dans les villes de parlement. Pour eux l’université est importante (investissement rentable pour les enfants).

Echelons nouveaux chez les notables car il y a désormais un déclassement des grands marchands. L’office devient indispensable pour la promotion sociale.

Autres types de notables, surtout à Lyon et Marseille. Les marchands y occupent le devant de la ville.

Lyon : négociants italiens

Marseille : domination du monde des affaires. Au recensement de 1595, 4,3% des contribuables possèdent plus de 40% des biens.

Le grand marchand se définit par son caractère non spécialisé et la lettre de change. Mais c’est un monde hétérogène.

Liens de clientèle et d’amitié politique. Conflit autour du contrôle des magistratures (compétition politique). Les oppositions sont exacerbées par les divisions religieuses.

Avec le XVI°, on passe du système social de la bonne ville à celui de la ville d’Ancien Régime qui occupe la place que lui laisse la monarchie. La monarchie y intervient plus lourdement. La ville n’est plus une alternative à l’Etat royal mais doit s’y intégrer.

III.             Nobles et noblesses dans la France du XVI°

La noblesse se caractérise en tant que 2° ordre de la société, un idéal de vie et une conception juridique.

Mais dans le royaume de France il s’agit de concrétiser ce genre de vie et que les qualités de noblesse soient reconnues et conférées par le roi (noblesse nouvelle/noblesse ancienne).

La qualité de noblesse doit aussi se prouver. Au XVI°, apparaissent des problèmes pour définir le statut de la noblesse selon des critères précis. Du rang de notoriété la noblesse devient un statut avec des critères fixes.

1.      Fondements idéologiques de la vertu de noblesse

La tripartition est toujours d’actualité car c’est toujours le mode de désignation des députés aux Assemblées d’Etats Généraux.

De plus en plus des oppositions apparaissent séparant la noblesse de la roture dans une vision binaire de la société. Avant, il existait d’autres types de classement pour caractériser la hiérarchie sociale (« riches hommes, puissants, gros, gras, gens de biens, les plus apparents » sont des termes venant parler des notables).

a.       Epithètes d’honneur

Dans les actes notariés apparaissent des épithètes d’honneur qui sont un système d’appellation montrant l’honorabilité revendiquée.

·        Honnête homme, honorable homme = petit marchand

·        Sire = marchand plus aisé, avocat ou officier de justice

·        Maître = gradués de l’université

·        Ecuyer = premier degré de noblesse (son épouse est une damoiselle)

·        Messire = chevalier (son épouse est une dame)

·        Monseigneur illustre et excellent = prince

Ces appellations varient selon les régions. Les femmes bénéficient de ce système.

L’épithète de noble homme en vient à ne désigner qu’un roturier adoptant un genre de vie nobiliaire. Ces épithètes ne répondent pas à une règle stricte (possibilité de petites usurpations) mais un simple élément de taxinomie sociale.

b.      Noblesse comme vertu

Un sens moral est donné à la hiérarchie sociale. La noblesse est une excellence de l’humanité. Le portrait idéalisé du noble le caractérise par sa magnanimité (proche de l’éthique chevaleresque), sa libéralité (don permettant de récompenser dans un système de don et de contre don), sa loyauté au service de son suzerain (le roi) et la courtoisie (idée venue d’Italie répandue par le livre de B. Castiglione paru en 1528, Le courtisan).

Durant les guerres de religion la noblesse se voit reprocher le fait de ne plus être fidèle à elle-même.

Ex. Claude Haton a des doutes sur la capacité des gentilshommes à accomplir leur devoir de protection.

c.       Vivre noblement et déroger

Certaines activités sont jugées avilissantes. Des juristes font des traités expliquant la dérogeance.

Ex. Commentaire sur la noblesse et le droit des aînés de A. Tiraqueau

·        Le travail de la terre fait déroger mais pas sa possession ou certaines activités

·        Arts mécaniques sont dérogeants mais pas le travail du verre, le métier d’avocat ou la médecine (ce qui n’est pas le cas de la chirurgie, travail manuel).

·        Commerce de détail fait déroger (mais pas à Marseille ou le commerce au loin)

Vivre noblement atteste de l’état nobiliaire

·        Aller à la guerre, à la chasse, jouer, posséder

·        Fréquenter d’autres nobles

·        Porter des vêtements dignes d’un noble

·        Ne pas travailler (vie des différents revenus)

·        Reconnaissance sociale accordée (l’estime sociale accrédite le noble)

Temps et hérédité. Les traités font référence à la « race » comme ensemble des parents issus d’une même souche, lignage, maison, sang ou parage. Cette référence fonctionne comme un statut juridique (prouver de 3° de noblesse au dessus de soi) mais permet de désigner la noblesse qui l’est depuis des temps immémoriaux. Chaque lignage est une espèce avec des traits physiques et moraux prédisposant l’individu à la vertu. La supériorité du noble doit être cultivée.

2.      L’ordre nobiliaire

Dans nos frontières actuelles il y aurait eu entre 40 000 et 50 000 familles nobles avec des densités variant selon les régions (plus en Normandie ou en Bretagne). La noblesse est une société hiérarchisée.

a.       Les grands lignages

20 familles caractérisées par leurs possessions financières, leur charges et les réseaux qu’elles entretiennent.

Princes de sang issus des familles régnantes (Valois, Valois Orléans, Valois Angoulême, Bourbons descendants de saint Louis).

Princes étrangers : appartiennent aux grands lignages mais ont des origines étrangères (Guise)

Ces familles concentrent le pouvoir, le prestige et la richesse. Leur fortune est cependant vulnérable car ils doivent entretenir une clientèle, assurer une charge ou une ambassade confiée par le roi de France.

La clientèle est liée aux nobles dans une relation de réciprocité. Elle unit un inférieur (service) et un supérieur (don, argent, emploi, fonction, intervention, parrainage, aide juridique…)

Il est fait référence à un lien affectif et émotionnel indiquant un don total mais qui recouvre des intérêts matériels. La clientèle est domestique, militaire ou encore politique (monde des offices).

b.      La noblesse moyenne et provinciale

Revenus très variables la distinguant :

·        Moins de 100 livres par an : noblesse pauvre (31%).

·        100-1000 livres par an : noblesse petite (les plus nombreux : 45%) à moyenne (17%) qui a un signe de prééminence au niveau de la province. Masse de petite noblesse campagnarde composée de gentilshommes vivant des revenus de leurs terres.

Ex. Bayard qui est devenu une légende ou encore Blaise de Montluc

·        plus de 1000 livres par an (jusqu’à 10 000 livres) : 3%

3.      Les voies de l’anoblissement

Au XVI°, on observe un renouvellement des effectifs nobiliaires.

a.       Agrégation coutumier ou taisible

C’est un auto anoblissement. En vivant noblement, l’acceptation parmi les nobles se fait progressivement et insensiblement (sur 3 générations en général)

Mode de vie, possession de terres, ne pas figurer sur un document prouvant la roture,  attendre qu’il n’y ait plus de témoins des origines roturières et que des témoins prouve oralement la noblesse.

b.      Anoblissement royal

Car l’anoblissement coutumier pose un problème d’évasion fiscale. Le roi s’affirme comme seul dispenseur de noblesse.

Restriction par l’affirmation de définition de la noblesse plus stricte.

·        Le processus se passe par lettre d’anoblissement qui ne laisse plus supposé que la noblesse est immémorable.

François I dispense 168 lettres d’anoblissement dont 153 payantes.

En Normandie, 60% des anoblis le sont par lettre.

·        L’anoblissement par privilège de cloches, peu prestigieux, est une sorte de « noblesse municipale » qui s’acquièrent par un officie municipal .

·        L’anoblissement par offices royaux conférant une noblesse immédiate et héréditaire (offices de la maison du roi qui sont de fait tenus par des déjà nobles, notaires ou secrétaires du roi) ou graduelle (cour souveraine avec la possession de l’office depuis 2 générations et au moins 20 ans)

Rq. On  ne parle pas encore de noblesse de robe au XVI°

IV.             Le royaume de France et la guerre (1494-1559)

Guerres tournées vers l’extérieur (guerres d’Italie dans le duel Valois-Habsbourg) et vers l’intérieur avec les guerres de religion (1562-1598).

Au niveau international progressivement émerge l’Europe des Etats territoriaux (sortie de la notion de Chrétienté)

Progressivement Charles Quint à engrangé un héritage considérable :

En tant que fils de Jeanne la Folle, fille des rois d’Espagne, il est à la tête du royaume de Castille et du royaume d’Aragon.

En tant que fils de Philippe le Beau, lui même petit fils de l’empereur Maximilien il est à la tête des Etats patrimoniaux, reçoit la dignité impériale.

En tant que fils de Philippe le Beau, lui même fils de Marie de Bourgogne, la Bourgogne lui revient.

La guerre se déroule contre l’Empire qui a des prétentions universalistes entre 1519 et 1559. Charles Quint voulait affirmer sous son égide la Chrétienté contre l’Empire ottoman et autres schismes. Ce rêve échoue car l’Europe est divisée et le roi de France est opposé et forge des alliances contre cette hégémonie.

Naissance d’un nouveau modèle diplomatique d’un équilibre européen contre la domination d’une seule puissance.

La guerre accélère la naissance de l’Etat moderne en stimulant notamment les innovations fiscales (alourdissement), le recours à l’emprunt et l’endettement.

Ex. Sous François I°, 50% des dépenses sont attribuées à la guerre et à la diplomatie.

Guerres marquées par les archaïsmes (idéal chevaleresque représenté par Bayard) et des nouveautés (fortifications, artillerie, manières de mener les campagnes…)

1.      Les guerres d’Italie

La péninsule italienne subit les prétentions de conquête du roi de France, du roi d’Aragon et de l’empereur. Cette situation est compliquée par les rivalités intra-italiennes (Etats pontificaux, République de Venise, Duché de Lombardie, République de Florence, royaume de Naples)

Arguments dynastiques

Depuis le XV°, la France a une tradition interventionniste en Italie.

·        Charles VIII revendique par René d’Anjou le royaume de Naples, héritage des Angevins dont s’étaient emparés les Aragonais.

·        Louis XII ajoute à ces revendications le duché de Milan par sa grand-mère, Valentine Visconti, duchesse de Milan.

Autres arguments

·        La conquête du royaume de Naples pourrait être le point de départ d’une croisade.

·        Régions riches.

·        Faiblesse militaire de ces Etats.

·        Faiblesse politique et division diplomatique de ces Etats marqués par l’instabilité des alliances.

a.       Campagnes de Charles VIII (1494-1495)

Conquête du royaume de Naples aisée mais de courte durée. En effet, les alliés du roi de France se retournent contre ce dernier dans une ligue comptant notamment Maximilien Habsbourg et Ferdinand d’Aragon.

Charles VIII remonte vers le royaume de France en forçant le passage et ne conserve aucun de ses acquisitions territoriales. De plus, cette expédition a permis à ses adversaires de se rapprocher par le mariage entre Philippe le Beau et Jeanne la Folle.

b.      Les guerres de Louis XII

Louis XII réclame non seulement le royaume de Naples mais aussi le duché de Milan. Il mène une campagne victorieuse en 1499 contre Ludovic Sforza qui lui permet l’entrée dans Milan. De là, les troupes se dirigent vers Naples, prise en août 1501 grâce à l’alliance avec Ferdinand d’Aragon. Cette conquête est fragile en raison des disputes qui ont lieu à propos du partage du royaume de Naples qui entraîne une guerre franco-espagnole.

En 1504, l’armée française capitule et les conquêtes méridionales sont perdues mais Louis XII conserve le duché de Milan dans l’Italie du nord.

Louis XII s’engage dans les conflits internes aux Etats italiens. Il prend la tête d’une coalition avec le pape Jules II contre la République de Venise. Victoire à Agnadello. Comme le roi de France a une puissance hégémonique ce qui inquiète le pape qui prend la tête de la Sainte Alliance pour chasser les « barbares » d’Italie.

Louis XII est battu en 1513 par les mercenaires suisses et perd de ce fait le milanais.

c.       Intervention de François I°

François I° est fasciné par les champs de bataille italiens décide de reprendre la guerre avec l’Italie en 1515 et remporte la victoire de Marignan sur les mercenaires suisses qui entraîne la reconquête du milanais. Cette victoire occupe une place importante dans l’imaginaire de la noblesse. C’est là qu’a lieu l’adoubement de François I° par le chevalier Bayard.

En 1516, Charles d’Espagne signe un traité à Noyons :

·        Duché de Milan revient à la France

·        Royaume de Naples revient à l’Espagne

·        Les cantons suisses signent une paix perpétuelle avec la France (neutralité)

·        Concordat de Bologne signé avec le pape Léon X (décembre 1516)

·        Accord commercial avec Henri VIII d’Angleterre

Ce traité donne le sentiment d’une paix durable dans l’esprit de défense des « Républiques chrétiennes ». Cette solution s’avère fragilisée par la montée en puissance de Charles d’Espagne, élu empereur.

2.      Duel entre les Valois et les Habsbourg : les guerres d’Italie (1521-1559)

Tout débute lorsque Charles d’Espagne est élu empereur suite au décès de Maximilien en janvier 1519. Les Habsbourg occupent une position hégémonique en Europe et menace de ce fait le royaume de France. Pour éviter d’être encercler et malgré la tradition d’élection d’un Habsbourg à la dignité impériale, François I se présente comme candidat à la couronne impériale. Finalement c’est Charles qui est élu car il est plus riche (pour acheter les électeurs) et il est un Habsbourg. Rivalité personnelle entre Charles Quint et François I.

François I veut se rapprocher d’Henri VIII mais Charles Quint lui dame le pion. L’antagonisme entre la Maison de France et le Maison d’Espagne se met alors en place tandis que les enjeux militaires s’étendent à l’ensemble de l’espace européen avec des combats sur plusieurs fronts (Méditerranée, Italie, Flandres…) engageant plusieurs Etats.

Charles Quint se sent porteur d’un projet universaliste de défense de la chrétienté (identifie sa puissance à celle de Charlemagne). Le roi de France représente un obstacle pour ses prétentions car il cherche à s’allier avec toute puissance effrayée par le pouvoir de Charles Quint.

a.       Première guerre d’Italie (1521-1526)

Elle se déroule sur plusieurs fronts (Pyrénées, Italie, nord-est du royaume de France). C’est en Italie que se détermine la victoire de Charles Quint dont les armées reconquièrent le milanais (mort de Bayard pris à revers en 1524).

« Trahison » du connétable de Bourbon qui se range du côté de Charles Quint.

Défaite de Pavie en 1525 où François I est fait prisonnier à Madrid et ses troupes sont décimées. Il doit accepter le traité de Madrid en 1526 :

·        Perte de la Bourgogne

·        Envoi de ses deux fils comme otages à sa place

·        Rétablissement du connétable de Bourbon.

b.      Seconde guerre d’Italie (1527-1529)

Renversement des alliances contre l’Empereur car son hégémonie inquiète. Création de la Ligue de Cognac comptant le pape Clément VII, des Etats italiens et la France. Par ailleurs et sur un second front, Charles Quint  est menacé par les Turcs ottomans.

Le prestige impérial est atteint par le sac de Rome en mai 1527 par les armées impériales de mercenaires allemands (lansquenets) commandées par le connétable de Bourbon.

L’armée du royaume de France commandée par Lautrec prend le royaume de Naples. La République de Gènes quitte la Ligue de Cognac pour s’allier à Charles Quint.

La menace de l’offensive turque sur l’Europe centrale pousse à la signature du traité de Cambrai (1529), initié par Louise de Savoie et Marguerite de Bourgogne, marquant l’unité de la chrétienté soldée par le mariage entre François I et Eléonore d’Autriche (sœur de Charles Quint).

c.       Troisième guerre d’Italie (1536-1538)

François Ier veut investir son fils à la tête du duché de Milan.

La France s’organise par la diplomatie avec les princes allemands protestants ce qui menace l’Empereur. La guerre a lieu en Piémont et Champagne. Le roi d’Angleterre intervient contre la France.

A cette occasion apparaît nettement l’alliance entre la France et les ottomans (pas très chrétienne comme alliance). La flotte turque attaque Nice et hiverne à Toulon.

Paix de Crécy en Lannois signée en 1544..

d.      Quatrième guerre d’Italie (1552-1556)

Elle a lieu avec d’autres protagonistes car François I est mort.

Charles Quint s’inquiète des revendications politiques et religieuses du protestantisme. Il remporte une victoire sur la ligue de Smalkalde (des princes protestants) à Mühlberg.

Traité de Chambord en 1552 autorise l’intervention d’Henri II dans l’Empire. Henri II prend le contrôle de Metz, Toul et Verdun (terres d’Empire) en profitant de l’affaiblissement de Charles Quint et fait échouer la reconquête de Metz avec les Guise.

Renforcement de la politique belliciste d’Henri II qui intervient dans la guerre de Parme contre le pape Jules II, dans la République de Florence, en favorisant une révolte en Corse contre Gènes.

e.       Cinquième guerre d’Italie (1552-1556) :

Henri II conquiert Metz, Toul et Verdun. Charles Quint fait le siège de Metz, défendu par François de Guise. Echec du siège

Le pouvoir de Charles Quint est affaibli, il signe une trêve à Vaucelles en février 1556 et il décide de se retirer  entre octobre 1555 et janvier 1556 au profit de son fils Philippe et de son frère Ferdinand.

f.        Sixième guerre d’Italie (1552-1556) :

Duc d’Albe envahit les Etats du Pape. Henri II aide le pape. Désastre de Saint-Quentin (massacre des troupes de Anne de Montmorency).

Traité de Cateau-Cambrésis (France ne conserve que Metz, Toul, Verdun et Calais ainsi que 5 villes italiennes)

V.                Le roi et l’Etat royal

Construction d’une monarchie féodale (roi est le seigneur des seigneurs), chrétienne (roi doit défendre la religion) et absolue (roi tient seul sa souveraineté : recupération de la notion d’imperium dans le droit romain par les juristes des rois).

1.      De la monarchie tempérée à la monarchie absolue

a.       Transition entre les décès de Charles VIII (1483) et Louis XII (1515) 

Le conseil du roi

Fonctionne collégialement et a des compétences universelles avec 30 à 40 personnes. Il est ouvert et compte les élites du clergé, de la noblesse et de la roture (financiers) du royaume (frange supérieure en miniature)

Ex. guerres, finances, cérémonies d’entrée de ville…). Selon les affaires qu’il aborde son nom change. Le roi écoute, prend des conseils puis décide, seul en théorie, selon l’avis de la majorité en pratique. De fait il entérine la décision collégiale même si dans certains cas il passe outre.

Ex. pour traiter les affaires de justice il prend le nom de Grand Conseil.

Le roi a le sentiment que sa royauté n’est qu’une fonction au service de la couronne. Il n’est donc que titulaire de sa charge.

Ex. Louis XII se voit comme le 1° des officiers.

Pratique d’une démocratie représentative et consultative (début du XVI°)

Le roi fait appel à des instances représentatives du royaumes permettant un dialogue avec celui-ci. Il s’agit des Etats Généraux et des Assemblées de notables.

Les Etats Généraux qui ont lieu à Tours en 1484 au début du règne de Charles VIII et sous la régence de Pierre et Anne de Beaujeu, procèdent d’une élection pour la 1° fois. Il s’agit de convoquer la population contre la trop grande influence de la haute noblesse mécontente. Les Etats Généraux sont en position de force et obtiennent une diminution des impôts (la taille passe de 4 à 1,5 millions de livres).

Durant ces Etats Généraux, Philippe Pot, député de la noblesse bretonne, fait un discours sur « l’expression de la volonté du royaume » (ce n’est pas encore le sens rousseauiste).

A Tours, Louis XII organise la réunion d’une Assemblée de notables (le roi choisit lui même ses représentants) en 1506 car il a besoin de l’appui du royaume pour se dégager de la promesse de marier sa fille à Charles de Habsbourg (futur Charles Quint). L’objectif est atteint.

Claude de Seyssel : La Grand Monarchie de France (1519)

Claude de Seyssel théorise cette monarchie de la Renaissance alors qu’il est au service de Louis XII par la publication après le décès de celui ci de La Grand Monarchie de France (rédigé en 1515). Il y décrit la monarchie idéale et expose sa méfiance vis à vis du pouvoir absolu qui peut s’avérer tyrannique. Le pouvoir royal est guidé par la religion, la justice et la police (ordonnances permettant de conserver le royaume). Il prône le régime mixte que proposait Aristote combinant aspects monarchiques, aristocratiques et démocratiques.

2.      Pouvoir absolu du roi : transformation du règne de François I°

a.       Renforcement de l’autorité de la monarchie et héroïsation du roi

Sous son règne a lieu un renforcement de l’autorité de la monarchie et de la thèse favorable à la toute puissance royale. Style de monarchie plus autoritaire avec un retour à la mythologie, aux symboles impériaux, l’héroïsation de la personne du roi (Hercule gaulois tenant ses sujets enchaînés) en tant qu’individu.

Les Regalia (1° rédactions dates du Moyen Age) recensent les droits du roi luttant contre le morcellement de la puissance publique.

Charles de Grassailles (1538)

Guillaume Budé, Annotations sur les Pandectes (commente le droit romain dans le vœu de revenir à la pureté originelle), Institution du prince (1515-1519). Budé veut conseiller le roi. Selon lui, la perfection du roi alliée à son éducation nécessaire le dispense de se soumettre au droit.

La pratique également permet au pouvoir royal de se renforcer. Le courant humaniste qui remet l’Antiquité à l’honneur va aussi dans le sens d’un renforcement du pouvoir royal.

b.      Conseil du roi se ressert et se spécialise

En pratique le Conseil du roi se ressert et nous observons les débuts d’une spécialisation des Conseils. La version large compte jusqu’à 40 personnes et tient des réunions sans la présence nécessaire du roi. La version étroite se réunit pour discuter d’un problème pratique ou d’un décision qui ne « nécessite » pas de débat (Conseil des affaires, Conseil secret : 2 à 10 personnes). Ces conseils ont une existence informelle et ne font que conseiller. Souvent une figure émerge parmi les membres (ex. Anne de Montmorency et Henri II).

Le Grand Conseil se réunit pour traiter des affaires de justice sans la présence du roi (Conseil des Parties) de même que le fait le Conseil des Finances.

Afin de montrer qu’il est le seul détenteur de l’autorité suprême, notamment face au Parlement (cour d’appel, plus haute instance judiciaire après le Conseil du Roi), élargit son rôle en période de crise.

Ex. quand François Ier était prisonnier à Madrid le Parlement de Paris a du prendre des mesures d’urgence. A son retour, François Ier a tenu  un lit de justice(après lequel plus rien ne peut venir faire obstacle à la volonté royale) les 24, 26 et 27 juillet 1527 durant lequel il a remis le Parlement à sa place.

3.      Les transformations de l’Etat

a.       Le Conseil

Au début du XVI°, le roi doit gouverner avec son Conseil (« le roi en son Conseil » préambule de nombreux actes) qui compte des membres de la maison du roi et des cadres de la Cour royale.

b.      Les grands officiers de la couronne

De même les grands officiers de la couronne joue un rôle dans le fonctionnement monarchique.

Ex. Connétable (Charles de Bourbon puis Anne de Montmorency),

Ex. Chancellier :responsable de l’administration royale, chef de la Robe=justice, porte parole de la royauté (Anne Duprat, Michel de l’Hopital). Il appose le sceau sur les actes royaux (garde des sceaux) mais  cette fonction peut lui être retirer.

c.       Les secrétaires d’Etat

Le corps des secrétaires d’Etat (établi en 1567) (4 secrétaires des commandements et des finances (1547) dont les compétences agissent sur  un territoire donné). Ces secrétaires ouvrent les dépêches, examine les rapports des agents du roi, contresignent les actes royaux marquant par là un nouvelle manière de valider les actes.

d.      Les officiers

Délégation de la puissance royale dans le cadre de la justice ou des finances, c’est une « dignité avec une fonction publique ».

La possession d’un office confère des privilèges (exemption de la taille).

Vénalité publique des offices (source de recettes supplémentaires). Ils sont considérés comme une part du patrimoine familial (conservation et transmission).

Depuis Louis XI, les officiers sont inamovibles et ils désignent eux-mêmes leurs successeur (résignation en faveur de qq’un). Ces éléments vont dans la direction d’une patrimonalisation des offices.

La résignation est limitée par la clause des 40 jours (la résignation doit avoir lieu 40 jours avant le décès sinon la monarchie reprend l’office). Progressivement les rois accordent une libre transmission des offices avec le paiement d’un droit annuel au début du XVII° (la paulette).

L’armature judiciaire s’étoffe.

Création de la Cour présidiale afin de décharger les Parlements sans diminuer leurs pouvoirs pour autant.

Le Trésor des finances est une caisse qui centralise les autres caisses (1552 : trésoriers généraux répartissent l’impôt).

Renforcement de l’Etat moderne.

VI.             Implantation de la Réforme en France au XVI°

Historiographie de la Réforme :

Interrogation sur le partage religieux de la chrétienté, sur la remise en cause de l’Eglise (hiérarchie, pratiques et dogmes) qui n’est pas la seule origine de la Réforme.

Cf. Febvre (Lucien), « Une question mal posée : les origines de la Réforme française et les causes de la Réforme »

La Réforme n’est pas la seule conséquence des abus de l’Eglise mais une réponse à de nouveaux besoins spirituels : les Chrétiens de la fin du MA ne croient plus en la possibilité de faire son Salut par les voies traditionnelles. Le luthéranisme est donc une interrogation douloureuse sur l’impossibilité de faire son Salut.

En réponse à la Réforme, l’Eglise catholique lance le mouvement de la Réforme catholique, de la Contre-Réforme afin de reconquérir le pouvoir politique, religieux et spirituel. C’est l’Eglise tridentine.

Dans les années 1970-1980 recherches régionales et locales en lien avec l’histoire sociale de la religion vécue, de la mise en place des condition du succès de la Réforme, du changement des pratiques ( histoire socio-religieuse, géographie de la religion, histoire quantitative quant au nombre de prêtres, aux pratiques religieuses…)

Cf. Lebrun (dir.), Histoire religieuse de la France, tome 2

Depuis les années 1990 : recherche sur l’influence des mécanismes du pouvoir politique sur la religion (imbrication étroite), sur la violence orale (blasphème), contre les images (iconoclasme), sur les hommes (massacre)

Cf. Crouzet (Denis)

1.      Le temps des Réformes

Les crises de la fin du MA sont vues comme annonciatrice de la fin du monde faisant croître les angoisses eschatologiques.

Période de la religion flamboyante (multiplication des rites rassurant les fidèles, invention du Purgatoire, messes prévues par les testaments, piété quantitativiste par une répétition des gestes visant une sécurité mécanique). La sécurité mécanique n’est plus suffisante pour assurer le Salut imminent. Il s’agit donc de préparer celui-ci dans l’urgence (multiplication des œuvres).

Religion de la peur et religion de la sécurité  (demande d’intercession des saints par les reliques, pèlerinages…) en même temps puisque c’est une religion du mérite rassurant les fidèles et leur conférant  un cadre pour son existence.

Bien sur, l’adage « ecclesia semper reformanda » est toujours de mise mais comme la fin des Temps est imminente, l’urgence de la situation appelle un besoin de Réforme immédiat.

a.       Solution de l’humanisme chrétien et l’évangélisme

Humanisme est lié aux interrogations susdites et se développe autour d’Erasme, de Lefevre d’Etaple  des voies nouvelles en matière d’attente religieuse. Leurs travaux philologiques prennent pour objets les textes anciens mais aussi les textes sacrés dans un objectif de retour à la pureté des textes.

Ce mouvement d’exigence critique s’applique également à la Bible afin de rendre plus fiable l’accès aux Ecritures. La traduction de la Bible en latin par saint Jérôme, la Vulgate, est remise en cause et Erasme traduit le Nouveau Testament en latin en 1516 (Novum Instrumentum). De même, Lefevre d’Etaple traduit les psaumes et répond par là à l’appétit de lecture de la Bible.

Les évangiles guident la vie spirituelle du Chrétien (l’Eloge de la Folie prône cet aspect ainsi qu’une sagesse et une piété intériorisée) : c’est la Philosophia Christi.

L’humanisme chrétien prend des distances par rapport à l’Eglise et est optimiste (perfectibilité des pratiques religieuses). Il accueille le message de Luther mais en diverge notamment sur ce point de l’optimisme philosophique des humanistes.

L’évangélisme

Au début du 16°, des petits groupes d’humanistes aspirent à un christianisme plus pur (héritage spirituel d’Erasme). En France, se groupe se forme autour de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, issu d’une famille servant le roi et promis à une carrière traditionnelle : il cumulait les bénéfices des diocèses de Lodève et de Meaux. Mais Lefevre d’Etaple l’a influencé afin qu’il choisisse la voie de la Réforme dans son diocèse : contre les abus, contre la mauvaise formation des prêtres, souci de prédication (nouveau). Il s’entoure de Lefevre d’Etaple, Pierre Roussel, Guillaume Farel et Vatable.

Cette tentative du groupe de Meaux ne dure que de 1521 à 1525 (dislocation) car il est soupçonné d’hérésie (diffusion du luthéranisme). De fait, ce groupe accepte des aspects du luthéranisme et d’autres d’Erasme.

L’évangélisme est assimilé au luthéranisme alors que de fait c’est un humanisme chrétien.

b.      Rupture luthérienne

Luther veut répondre à la question du Salut donc suit les préceptes de l’Eglise (prières, jeûne, repentance…) mais rien ne vient calmer ses angoisses. Il est spécialiste d’exégèse à l’université du Wittenberg. En étudiant l’épître au Romains de Paul il a la Révélation  que la justification est donnée par Dieu par la foi : c’est la Justice divine (« le juste vivra par la foi »). La prédestination libère de l’angoisse eschatologique et Luther se prononce publiquement contre le système des Indulgences en 1517 comme une fausse certitude (publication des 95 thèses).

Il découvre que la vérité passe par la lecture des Ecritures, seule autorité en matière de foi. Il ne doit pas y avoir d’autorité supérieure à la Bible (accès individuel).

Il est excommunié et mis au ban de l’Empire par Charles Quint (1521) m        ais ses thèmes sont diffusés et popularisé (création de la communauté de Strasbourg avec Bucer et Zwingli).

Vers 1519, le message luthérien arrive en France.

Marguerite d’Angoulême (sœur de François Ier, future Marguerite de Navarre), constitue une cour où se réfugient les anciens du groupe de Meaux.

Pantagruel (1532), Rabelais (1534) sont des œuvres proches de l’évangélisme. Il y a  une volonté de maintenir la Réforme au sein de l’Eglise mais cette position est de plus en plus difficile à suivre puisque les Evangélistes ont une position trop ambiguë durant 1530-1540.

La faculté de théologie de Paris joue un rôle important dans la persécution contre les Luthérien (idées condamnées en 1521). Cependant la position de François Ier est ambiguë car il protège Louis Berquin (traducteur de Erasme et de Luther) arrêté deux fois et relaxé deux fois, il finit par être brûlé (1529). Les condamnations ne condamnent pas les Erasmiens imprudents des Luthériens.

Des gestes de provocation comme l’iconoclasme qui veut dénoncer l’idolatrie sont effectuer. Ils sont peu nombreux mais entraînent une vive émotion. Attaque contre la messe et l’eucharistie vues comme une mascarade notamment en octobre 1534 lors de l’affaire des Placards (attaque de la messe papales) qui entraîne un courant de persécution (fuite de Calvin à Bâle puis Genève).

c.       Le calvinisme (2° génération de réformateurs)

Calvin 

Calvin se distingue de Luther et Zwingli, il appartient à la 2° génération de Réformés. Il a suivit les cours du juriste italien André Aliciat. Sa conversion est difficile à dater. Cependant il participe à la rédaction de Cop, recteur de l’université de Paris, en 1533 où des idées réformées sont présentées. En 1535, il est déjà réformé car il fait paraître à Bâle, L’institution de la religion chrétienne, en 1536, dédié à François Ier pour défendre les persécutés. Il y exprime les idées fondamentales de la Réforme (orientation doctrinale claire et rigoureuse) et un modèle d’organisation ecclésiale. Il souhaite dénoncer les rumeurs courant sur le calvinisme dans cette œuvre qui est un exposé catéchétique présentant les dogmes fondamentaux du calvinisme au roi. Il installe l’Eglise Réformée à Genève lors de sa 2° tentative en 1541 avec les Ordonnances ecclésiastiques. Echec de la 1° expérience genevoise puisqu’il en est expulsé avec Farel en 1538.

Il impulse une nouvelle direction à la Réforme comme mouvement de dissidence religieuse multiforme qui s’ordonne.

Doctrine calviniste

·        Sola fide

Déchéance humaine suite au pêché originel empêche l’homme de faire le bien (vision sombre est pessimiste divergente de l’humaniste).

La foi seule justifie le pêcheur.

·        Double prédestination

Le Salut est donné par l’élection divine (décret souverain déterminant la damnation ou pas) ce qui renforce le caractère inutile des œuvres. Cet élément est libérateur car la foi est le signe de l’élection.

·        Sola scriptura

Il n’y a pas de règle en dehors des saintes Ecritures

·        Deux sacrements : la cène et le baptême

Cène célébrée 4 fois par an : pas transsubstantiation des catholiques, pas de consubstantiation de Luther, ni le seul symbole de Zwingli mais théologie de la présence réelle et spirituelle dans les espèces. Cette désacralisation des espèces heurte la sensibilité des catholiques. Le problème de l’eucharistie cristallise les tensions.

Baptême ne se fait pas nécessairement à la naissance car il n’est pas utile au Salut.

·        S’oppose au culte des saints et reliques, aux prières pour les défunts….

Il a donné des orientations claires et rigoureuses à ceux qui souhaitent se réformer.

d.      Modèle d’organisation ecclésiale

Ce modèle est d’abord fait pour Genève dans les Ordonnances ecclésiastiques (1541). La Réforme circule par le biais des prédicateurs, des enseignants, des marchands, des étudiants étrangers et prêtres défroqués mais le calvinisme entraîne un changement d’échelle de cette diffusion.

Pour cela l’imprimerie a un rôle essentiel. A Genève, des livres (Bibles, controverses, commentaires bibliques…) sont produits et sont destinés à une diffusion massive notamment par des colporteurs.

La conversion par le livre s’ajoute à la conversion suscitée par les prédicateurs formés à Genève et agissant comme de vrais missionnaires.

2.      Réactions catholiques : le roi et l’Eglise

a.       Défi pour l’autorité royale et l’Eglise

Ces groupes religieux dissidents s’avèrent être un défi pour l’Eglise et les autorités royales. Très tôt, face au luthéranisme des théologiens répondent très rapidement à ces remises en cause. Ces réponses viennent surtout de la faculté de théologie de la Sorbonne qui peut engager des poursuites.

Ex. Noël Bédier s’avère être un théologien redouté tout comme Clichtoue. Clichtoue est opposé à l’humanisme simplement car il n’aime pas Luther et qu’il considère que l’humanisme à tracé le sillon de Luther. Il réfute systématiquement les idées de Luther.

b.      Idée concillière : le concile de Trente réaffirme le dogme (1545-1563)

Rapidement arrive l’idée concilière (idée forte dans les différents milieux au XVI°) mais elle se heurte à diverses hostilités :

·        Le pape, Clément VII, craint que dans la lignée du XV° et du concile de Bâle, ce concile aspire à montrer sa supériorité sur la papauté.

·        Charles Quint est pour la réunion de ce concile pour des raisons politiques de réunification religieuse de l’Empire

·        François Ier craint  un renforcement de l’Empereur donc est contre.

L’élection d’un nouveau pape, Paul III, débloque la situation. Il décide de convoquer le concile pour 1536 mais suite à la guerre franco-espagnole (François Ier/Charles Quint) celui-ci est reporté. Il a lieu en plusieurs sessions à Trente (cité libre d’Empire et sur le versant italien des Alpes) en 1545-1548, 1551-1552 (marqué des tensions entre Jules III et Henri II) et

1562-1563.

Ce concile ne monnaye rien avec la Réforme et réaffirme fortement le dogme catholique.

c.       Vague de répression suite à l’affaire des Placards (1534)

Dans  un 1° temps, François Ier ne croit pas en la présence d’hérésie au sein de son royaume mais l’affaire des placards en 1534 suscite une vague de répression. Celle-ci n’empêche pas le calvinisme de continuer de s’étendre.

1540 : royauté confie le jugement du crime en matière de foi aux Parlement

1543 : à la demande du roi, la faculté de Paris élabore des articles de foi marquant la volonté royale de défendre la religion catholique.

A la fin de son règne (1545-1547), François Ier est obsédé par le retour à l’unité religieuse de son royaume.

1545 : François Ier autorise la répression des Vaudois du Lubéron (communautés chrétiennes dissidentes ayant pris contact avec les Réformés depuis les années 1530). Des villages vaudois sont attaqués et exterminés en avril 1545 en Provence et dans le comtat Venaissin.

d.      Répression plus rigoureuse sous Henri II

Sous Henri II la répression devient plus rigoureuse encore. Création de la Chambre ardente au Parlement de Paris, chargée de traiter les affaires d’hérésie.

1551 : édit de Chateaubriant codifie les procédures en cas d’hérésie

1557 : édit de Compiègne élargit les cas de condamnation

1559 : édit d’Ecouen pour châtier tout hérétique.

La répression est prise en main par les tribunaux royaux au détriment des tribunaux ecclésiastiques. En effet, les crimes en matière de foi sont considérés comme séditieux et remettant en cause l’autorité royale même et doivent donc être du ressort du roi.

Chiffres de la répression :

5000-8000 jugements dont 4-7% de condamnation à mort (croissance du nombre de condamnation sur la fin de la période) marquant les consciences.

Ex. condamnation d’Anne du Bourg, conseiller du roi au Parlement de Paris condamné en décembre 1559.

Les années 1550 marquent la période de l’épopée héroïque des martyrs donnant lieu à une littérature réformée la décrivant  comme le Livre des martyrs de Jean Crespin (1554).

3.      La grande décennie du calvinisme français (1550-1560)

Sentiment d’accélération de l’histoire de la Réforme par la multiplication d’Eglises réformées et une sortie de la clandestinité favorisée par la certitude d’un signe de la volonté divine de voir triompher la vérité.

Ex. en 1564, 1 million d’Eglises réformées en France.

Période de l’icônoclasme comme une « théologie pratique » assumant le risque du martyr.

Jusqu’en 1555, on a essentiellement à faire à des groupes sans structure ecclésiastique (pasteur et consistoire). Au début, ces communautés ont des doctrines mêlées mais demande à Genève de leur donner un dogme et un encadrement.

Synode national de 1559 adopte la Confession de foi et la discipline correspondant au modèle genevois.

a.       Répartition géographique

Forte densité d’Eglises dans le « croissant réformé » allant de la Rochelle au Dauphiné et en Normandie. Faible densité en Bretagne qui reste à l’écart du phénomène par son approche de la culture de la mort, associant vivants et morts.

Ex. début des 1560’s : 1250 Eglises dressées (sans compter le Béarn)  et 2 millions de sujets adhérant à la Réforme (10% de la population).

b.      Répartition sociale

Sources : listes des réfugiés français à Genève, archives de la répression.

Clergé

Surtout le bas clergé et les ordres réguliers ainsi que quelques évêques.

Ex. Antoine Carraciolo veut adhérer et rester évêque de Troyes

Ex. Odet de Chatillon, évêque de Beauvais, qui adopte la Réforme en 1561, se marie en 1564  mais n’abandonne ses bénéfices ecclésiastiques en 1568 seulement.

Noblesse

Conversion la plus marquante pour les esprit du XVI° (40% des Réformés normands sont des nobles). Elle donne à la Réforme un poids sociale et des hommes de guerre. Son adhésion est jugée moins sévèrement car on ne craint pas d’elle des soulèvements. Des hommes de la cour d’Henri II adhérait à la Réforme sans que ce dernier ne fasse rien.

Ces conversions suscitent celles de dépendants.

Les familles sont divisées par la conversion de l’un de leur membre.

Ex. Anne de Montmorency a 3 neveux qui se convertissent (Gaspard de Coligny, Odet de Chatillon et François d’Andelot)

Ex. Antoine de Bourbon et Louis de Bourbon Condé se convertissent.

Mobiles de ces adhésions vont de la conversion véritable (Gaspard de Coligny) à la volonté de la noblesse de s’illustrer dans des guerres de religion (conciliant honneur militaire et honneur de Dieu) suite à une démobilisation militaire (fin des guerres d’Italie).

Habitants des villes

Le monde du commerce, des officiers de justice (cours présidiales, avocats, légistes, docteurs en droit) sont réceptifs à la Réforme. C’est le cas des milieux proches de l’humanisme chrétien (professeurs, imprimeurs, libraires…)

Les classes populaires touchées sont celles des boutiquiers et artisans.

Pas de lien direct en crise économique et adhésion.

Monde paysan globalement peu touché

Certaines zones sont touchés comme les Cévennes mais la conversion peut être imposée (Jeanne d’Albret dans le Béarn) ou suit la conversion du seigneur (Périgord, Quercy, Rouergue).

Identité calviniste autour de nouvelles pratiques religieuses et aussi autour de nouveau modèles de comportement :

·        Culte dominical et au sein de la famille avec la Bible comme élément central

·        Idéal de vie austère sur lequel veille le Consistoire.

L’historien, E.G. Léonard affirme à ce titre que Calvin fonde une civilisation nouvelle par cette acculturation. Le mouvement réformé s’avère finalement minoritaire.

VII.          Coexistence entre la loi et la guerre (1559-1568)

La mort d’Henri II ouvre une période d’instabilité due à des divisions religieuses et une faiblesse du pouvoir monarchique. Ce contexte suscite une coexistence entre Réformés et Catholiques qui passe par la loi. Les édits de pacification se heurtent à des réactions de rejet et de suspicion réciproque. Ces édits sont des échecs menant à la 1° guerre civile.

1.      Réforme dans le royaume : concorde religieuse ou tolérance civile

a.       Crise politique majeure : la conjuration d’Amboise

Rôle politique important des Guise mal acceptée

Celle-ci a lieu lors du règne de François II qui succède à son père, Henri II (1559-1560), à l’âge de 15 ans. Pour régner il s’en remet aux Guise qui sont les oncles de la reine, son épouse, Marie Stuart. Ils ont le monopole des faveurs du roi.

Cette situation est mal acceptée :

·        par les groupes écartés du pouvoir comme le Connétable Anne de Montmorency (qui était favori de Henri II) et Antoine de Bourbon (prince de sang qui voit les Guise, ducs de Lorraine, comme des étrangers)

·        par les nobles qui ne touchent plus les faveurs royales car les Guise mènent une politique d’économie visant à diminuer la dette de la France

·        par les Réformés car les Guise rejettent la Réforme et suscitent des édits de persécution.

Justification pour lutter contre la politique religieuse du royaume de France

Pour eux, la lutte contre les Guise est légitime car il s’agit de soustraire le roi, « mal conseillé par des étrangers » de cette influence. Il s’agit d’émanciper François II de la tutelle des Guise qui usurpent le pouvoir royal. Le royaume est opprimé : les calvinistes trouvent par là une cause juste à la remise en cause de la politique religieuse du royaume.

Les Réformés se tournent vers Antoine de Bourbon pour qu’il pèse en faveur d’une convocation des Etats Généraux. Celui-ci hésite car la haute noblesse n’est pas prête à soutenir ouvertement les Réformés.

Echec et conséquence de la conjuration (méfiance)

La conjuration a lieu en mars 1560 sur l’initiative d’un groupe de la moyenne noblesse provinciale (dont La Renaudie) face à l’inaction des princes de sang. Les conjurés veulent renverser le roi sans violence mais n’ont ni la caution de la haute noblesse, ne celle de Calvin.  Celle ci préparée en amateur est un échec qui suscite une répression importante des Guise (arrestations, exécutions et exposition des cadavres). Cette répression atteste chez les Réformés la thèse de la cruauté des Guise(cf. Epître envoyé au Tigre de France d’Hotman).

Conséquences : peur et crainte du complot protestant. Le Réformé apparaît alors comme un séditieux. Cette méfiance est visible par la généralisation du terme « huguenot » issu de Eidgenossen assimilant le protestant au subversif.

b.      Appel au royaume : la réunion des Etats Généraux

Suscité par les « moyenneurs »

Ils ont lieu à Orléans et Pontoise.

A la cour, les modérés redonnent de la voix depuis quelques temps. Ils prônent  une solution moyenne d’une concorde religieuse. Ces « moyenneurs » sont mal vus et peu nombreux (Jean de Monluc, évêque de Valence ; Charles de Marillac, archevêque de Vienne ; Michel de l’Hospital, chancelier) mais Catherine de Médicis soutient cette politique de pacification religieuse.

Août 1561 : une assemblée de notables est réunie et propose de convoquer un concile nationale pour réformer l’Eglise ou de réunir les Etats Généraux. Les Réformés siégeant à cette assemblée se posent comme défenseur des autres Réformés ouvertement (amiral de Coligny). François II décide donc de convoquer ces deux assemblées.

Il meurt en décembre 1560 mais les Etats Généraux s’ouvrent tout de même sous le règne de Charles IX, frère de François II, âgé de 10 ans.

L’ordonnance d’Orléans

La convocation des Etats Généraux ouvre une procédure lourde car il faut élire les députés et rédiger des cahiers de doléance. Ils sont représentatifs au sens de la sanior pars (comptant 221 députés du Tiers Etat, 107 de la noblesse et 127 ecclésiastiques). Ils sont ouverts le 13 décembre 1560 avec un discours de Michel de l’Hospital et discutent sur le gouvernement, la loi, la justice, le commerce, les finances, l’armée et les affaires religieuses et sont en cela un lieu de débat et de réflexion politique. Ils aboutissent à l’ordonnance d’Orléans signée en 1561.

Le contrat de Poissy

Ils sont bloqués sur le problème de l’impôt nouveaux qui la monarchie endettée voudrait faire adopté car les députés affirment que n’étant pas mandatés pour cela il ne peuvent accepter. Du coup, ils sont renvoyés dans leur province afin que de nouvelles élections aient lieu pour remédier aux problèmes financiers du royaume. Le Tiers veut que le clergé contribue. Les nobles sont d’accord (car si les paysans paient moins au roi, ils pourront payer plus au seigneur). Une assemblée de prélats est réunie à Poissy et vote le « don gratuit » (car le clergé ne peut pas payer d’impôt) de 1,6 millions de livres par an pendant 6 ans. C’est le contrat de Poissy. En contre partie, l’assemblée du clergé se réunira régulièrement pour gérer ce don.

Bilan : monarchie représentative et consultative. Les députés se sentent investis d’une mission spécifique.

Elaboration des juristes visant à contredire l’idée d’un interrègne par l’application de l’adage « le mort saisit le vif » en terme de succession de la royauté.

c.       Echec du colloque de Poissy

Les modérés veulent la concorde religieuse. Comme les troubles s’aggravent entre 1560-1561 des discussions sont ouvertes. Il y a un courant minoritaire animé par l’irénisme (désir de pacification que partageait Erasme) dans le but de revenir à l’unité au prix de concessions doctrinales (Claude d’Espence, théologien ; François de Baudouin, juriste).

Calvin est contre l’idée de faire des concessions avec l’inacceptable tandis que les théologiens catholique s’oppose à faire des concessions avec l’hérésie.

Cependant, Charles de Lorraine soutient ces concessions doctrinales (position inattendue de la part du frère du duc de Guise) car il souhaite la paix, y fait un calcul politique et s’est rendu compte du manque de résultats des actions entamées précédemment.  De même, Michel de l’Hospital et Catherine de Médicis relâchent la définition du crime d’hérésie dans ce sens.

Par contre le pape craint que ce concile n’aboutisse au schisme de l’Eglise gallicane. Pour ne pas en arriver là, on nomme cette réunion « colloque » (discussion de théologiens professionnels) avec des Catholiques et des Réformés (Théodore de Bèze).

Les « moyenneurs » veulent que ces concessions prennent la forme d’une confession commune aux deux religions mais Calvin est aussi intransigeant que les représentants de l’Eglise catholique.

Le colloque se solde par un échec et se ferme le 14 octobre 1561.

Suite à cet échec, certains recherchent une formule de tolérance civile dans le cadre de la loi mais tous s’y opposent en raison d’une croissance des intolérances religieuses (les calvinistes espèrent un triomphe imminent et les pamphlets anti-protestants se multiplient comme celui de Artus Désiré, Combat des fidèles papistes qui prône la violence soteriologique)

Le devoir d’obéissance au roi rencontre l’impératif de respecter la volonté divine suscitant des tensions et une croissance de la violence contre les Réformés.

Les catholiques s’organisent en raison de l’inaction du pouvoir royal et constituent les 1° ligues (1560’s). François de Guise, Anne de Montmorency et J. d’Albon qui ne s’apprécient pas s’unissent donc malgré leur inimitié dans cette cause. C’est une union des mécontents.

2.      De la loi à la guerre

a.       Edit de Saint Germain (janvier 1562)

Il s’agit d’une solution politique suite à l’échec de Poissy : légalisation provisoire des Réformés afin de rétablir l’ordre dans le royaume. L’étape de « tolérance civile » est franchie (liberté de culte limitée dans le temps). La tolérance est connotée négativement car on ne « tolère  que ce qui est mauvais  faute de mieux ».

Michel de l’Hospital souhaite toujours la concorde mais pense en juriste qu’il est que ces divisions religieuses risquent de mener à un éclatement de l’Etat. Il oppose les notion de religio/respublica, christiani/cives distinguant par là un ordre spirituel distinct d’un ordre juridique.

Cet édit apparaît comme une victoire de modérés. Pour protester les chefs du parti catholique s’éloignent de la cour.

Légalisation du culte public des Réformés de jour, sans armes et hors des villes, des synodes et consistoires réformés si le roi et ses officiers y sont présents. Ce texte est limitatif mais nouveau car c’est la première fois qu’on légalise la dualité religieuse dans le royaume.

Réaction

Les protestants l’acceptent mais regrettent les restrictions. Ils pensent que le roi découvre enfin la Vérité.

Les catholiques sont fortement opposés et y voient une trahison du roi par la remise en cause de l’adage « un roi,  une foi,  une loi » contre l’uniformité du royaume. En province des mobilisations militaires ont lieu. La violence est légitimée par le fait que le roi ne fait plus son travail.

b.      La première guerre (printemps 1562-mars 1563)

Massacre de Wassy

Evènement déclencheur qui s’est déroulé sous l’autorité du duc de Guise mais dont on ne sait pas s’il a été prémédité ou si il s’agit d’un dérapage violent.

Le duc de Guise revient à la cour pour faire pression sur la reine afin qu’elle révoque cet édit. En chemin, il s’arrête à Wassy où existe une communauté protestante. Le 1 mars 1562, un prêche y a lieu mais fans la ville enclenchant des violence entre catholiques et protestants, enfermés et massacrés dans une grange (25-30 individus)

Conséquence : ouverture de la voie de la violence

Autour de la personne du roi, la guerre éclate opposant le triumvir François de Guise, Anne de Montmorency et J. d’Albon aux chefs du parti protestant. Les protestants prennent les armes (justification par le prince de Condé) en prenant la même argumentation que celle qui avait menée à la conjuration d’Amboise.

2 avril 1562 : prise d’Orléans. Le roi et Catherine de Médicis y voient une rébellion atteignant l’autorité royale (et non la tentative d’émanciper le roi de mauvaises influences) et la traite comme telle.

Prise de villes dans le Dauphiné, le Languedoc, la vallée du Rhône (Lyon), la vallée de la Loire…Les prises de villes dans le Nord s’avèrent fragiles et poussent Louis de Condé à rechercher de l’appui hors de France. Il signe avec Elizabeth d’Angleterre un traité monnayant son appui au don de la ville du Havre (qu’elle espère monnayer par la suite contre Calais).

Les batailles sont vues comme le jugement de Dieu donc Condé l’a mauvaise lorsqu’il perd la bataille de Dreux (décembre 1562) et qu’il est fait prisonnier par François de Guise. Plus tard, François de Guise est assassiné lors du siège d’Orléans par Poltrot Méré (un rescapé de la conjuration d’Amboise) le 18 février 1563. Cette mort est perçu comme un assassinat par les Guise, est imputable à Coligny et suscite l’appétit de vengeance.

c.       L’édit d’Amboise (mars 1563)

Négocié par Louis de Condé et le connétable Anne de Montmorency. Il marque le retour de la tolérance civile mais est moins favorable aux protestants car la liberté de culte est très limitée Culte seulement dans les faubourgs, pas de construction de temple, culte seulement dans une ville par baillage et pas autour de Paris, le culte peut se poursuivre dans les lieux où il se pratiquaient au moment de l’édit. Les seigneurs ont droit au culte domestique (et peuvent réunir leurs vassaux si ils ont la haute justice).

Les dispositions sont favorables à la noblesse calviniste mais les protestants ont  un sentiment d’abandon et d’échec.

Cette paix est critiquée de toutes parts mais elle dure malgré tout car les membres du bastion catholique ont disparus (duc de Guise, Antoine de Bourbon et Jacques d’Albon saint André).

Cette guerre a fait émerger la déchirure religieuse du royaume et la faiblesse de l’autorité royale.

3.      Coexistence fragile (1563-1567)

a.       Politique de Catherine de Médicis et de Michel de l’Hôpital

Pour que la paix d’Amboise soit respectée il importe que l’autorité royale soit rétablie. Catherine de Médicis joue un rôle prépondérant dans le pouvoir. Elle est veuve d’Henri II et contrôle tout durant 4 ans (membre du Conseil étroit, elle reçoit les dépêches diplomatiques et s’occupe de la Régence).

Michel de l’Hôpital gouverne en juriste, la tolérance qu’il défend est la tolérance civile. Il croît à la réforme du royaume (de l’Eglise gallicane puis de l’Etat) et défend la préeminence du roi et de son pouvoir législateur.

Le Parlement de Paris est opposé à cette politique d’apaisement et utilise tous les moyens possibles pour ne pas enregistrer ce traité d’Amboise. Du coup, Charles IX tient un lit de justice à Rouen (17 août 1563) durant lequel sa majorité est proclamé selon une nouvelle interprétation (majorité lorsque le roi entame sa 14° année et pas de période d’interrègne). Punition des magistrats parisiens. Le roi réaffirme sa suprématie législatrice (nouveauté préfigurant Bodin)

b.      Le tour de France de Charles IX (1564)

Il part début janvier 1564 pour 27 mois (ampleur exceptionnelle). Il est accompagné de toute la cour, de sa famille et de l’appareil gouvernemental.

But de reconstruction de l’autorité royale :

·        Pacification et faire voir le roi pour forger l’unité du royaume

·        Rencontre de souverains étrangers.

Charles IX rencontre à Bayonne le duc d’Albe représentant le roi d’Espagne, Philippe II, et la reine d’Espagne (fille de Catherine de Médicis). Cette rencontre suscite des rumeurs chez les protestants qui craignent une alliance avec le roi d’Espagne, très catholique contre eux.

·        Visite des Parlements de province qui enregistrent l’édit d’Amboise (sauf celui d’Aix qui sera puni)

·        Reprise en main politique des villes par le contrôle de l’oligarchie urbaine. L’édit de Crémieux vient dans ce sens donner plus de pouvoir au roi quant à l’élection des corps de villes importantes. Se forgent alors de nouveaux liens de dépendance et de fidélité entre les bourgeois et le roi.

·        Reprise en main de la noblesse provinciale puisque le roi en échange de la distribution de récompenses symboliques exige des serments de celle-ci.

Itinéraire : Paris vers le sud (Lyon), Avignon, Provence, Languedoc, vers Bordeaux, retour vers Bayonne pour y rencontrer le représentant du roi d’Espagne, vers le nord en passant par la vallée de la Loire (Moulins).

Bilan : les conflits ouverts diminuent suite au passage du roi (qui juge lors de ces visites) mais la réconciliation est fictive et ne dure pas.

c.       Echec de la coexistence pacifique : la seconde guerre de religion

Obstacles à la politique royale

L’application de l’édit suscite des conflits sur des questions très précises au sein des communautés.

Ex. les parlements de province refuse la réintégration des magistrats protestants.

Ouverture d’une période de rénovation catholique et de reconquête sur l’hérésie .

Obstacles à la politique royale : Apparitions embryonnaires des 1° Ligues. Charles IX interdit les Ligues avant d’en prendre la tête (afin de lutter contre la clandestinité). La fin du concile de Trente (1563) à consacré la réaffirmation du dogme catholique sans recherche de conciliation. Pie V incarne la reconquête tridentine. Les Gallicans sont opposés à cette réforme venue de Rome. Les magistrats rechignent donc à en enregistrer les décrets mais  il faut tout de même faire entrer ces décrets dans le royaume de France. La réforme tridentine prend la forme de l’apparition de nouveaux ordres religieux (jésuites) et de nouveaux diocèses organisés sur le modèle tridentin. 

Seconde guerre civile et la paix de Longjumeau

Pendant ce temps, les heurts entre catholiques et protestants se multiplient. Les protestants redoutent une intervention militaire de l’Espagne.

Seconde guerre civile (1567-mars 1568) est due à la tentative du prince de Condé&co pour libérer le roi (modèle de la conjuration d’Amboise) de mauvaises influence (cardinal de Lorraine). Le roi se réfugie à Meaux (« surprise de Meaux ») et la tentative est un échec.

Cette guerre mobilise toutes les armées bien organisées. Des villes du Midi sont prises et des massacres y ont lieu (Michelade de Nîmes).

Durant la bataille de la porte Saint Denis (vers Paris), le 10 novembre 1567, Anne de Montmorency est tué. Le nouveau connétable est Henri d’Anjou (frère de Charles IX).

La paix de Longjumeau est signée en mars 1568. Elle confirme l’édit d’Amboise en moins restrictif, exaspérant les catholiques et ne parvenant pas à rassurer les protestants.

Michel de l’Hôpital est vu comme traître, responsable de cette guerre et du non engagement de Charles IX dans la lutte contre l’hérésie. Il est écarté du Conseil et perd la garde des sceaux (juin 1568). Le nouveau chancelier est Jean Morvillet, modéré.

Echec de la politique de reconstruction de l’autorité royale, de la tolérance civile et de la Réforme de l’Eglise de France.

VIII.       Violence de religion et conflits idéologiques

Déplacement des enjeux sous la pression internationale (dont celle de Philippe II) permettant aux intransigeants d’acquérir plus de poids à la Cour et au Conseil.

1.      De la reprise de la guerre au massacre de la saint Barthélémy

Philippe II (duc d'Albe incarne cette politique) veut lutter contre les calvinistes des Pays-Bas  (Guillaume d'Orange&co) mais ceux-ci résistent à l'oppression religieuse et politique formant l'Union des Réformés Français et Calvinistes des Pays Bas. Le duc d'Albe est envoyé pour châtier les nobles réformés de Flandres. Le fait que la noblesse soit prise pour cible produit une certaine émotion. Les Huguenots français craignent que Catherine de Médicis en fasse de même. Du coup, les protestants français et flamands s'allient contre le roi d'Espagne.

Philippe II veut supprimer l'hérésie qui menace les souverains européens car l'idée se développe que les protestants sont subversifs et qu'ils remettent en cause l'autorité du souverain.

a.       La troisième guerre civile (août 1568-août 1570)

Le prince de Condé et Coligny quittent la cour car ils craignent l'intervention militaire contre les protestants français (notamment celle du roi d'Espagne). Ils se rendent à La Rochelle et prennent les armes "au nom du bien public pour défendre le royaume" pensant que la monarchie se dénature.

L'appel aux Etats Généraux est préconisé. Le conflit s'internationalise car Catherine de Médicis souscrit des emprunts aux souverains européens pour la guerre tandis que Guillaume d'Orange et Elizabeth profitent de l'aide des protestants.

Le prince de Condé est "assassiné" par un membre des la maison d'Anjou, lors de la bataille de Jarnac en mars 1569. Cette "assassinat" provoque comme les autres représailles, massacres et vengeances tant individuelles que collectives dans le nord et le sud.

Cette guerre est marquée par les vengeances nobiliaires et les massacres individuels et collectifs.

8 août 1570 : édit de Saint Germain signée pour mettre fin à la guerre car les Guise sont entrés dans une période de disgrâce et les modérés remontent au créneau. Cet édit confirme celui d'Amboise, le culte est plus libre, entame une période d'apaisement (les Réformés récupèrent leurs charges et leurs biens) et la royauté donne aux protestants des places de sureté (La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité) comme une garantie militaire. Cette paix est vue comme boiteuse mais elle a le mérite de tenter une nouvelle fois de pacifier le royaume. Elle dure jusqu’en 1572 (massacre de la saint Barthélemy). Les plus intransigeants sont de plus en plus mécontents car ils sont contre l’intervention française contre le très catholique roi d’Espagne.

Dans le conseil du roi, Montmorency qui prône la tolérance (au sens du XVI°) est en position dominante. Sa voix et celle de Morvillet (même ligne politique que l’ancien chancelier, Michel de l’Hopital). Charles IX est acquis à l’idée de pacification du royaume (influence du néoplatonisme prônant l’harmonie et l’amour du monde passant entre autre par les arts). L’amiral de Coligny est revenu à la Cour (septembre 1571) même si des rumeur de vengeance des Guise l’inquiète. Il la quitte puis y retourne une nouvelle fois en juin 1572. La proximité qu’il entretient avec le roi marque les esprits (bien que ce soit normal).

L’application de l’édit est difficile bien qu’il soit plus rigoureux car :

·        Les réformés craignent que Charles IX ait la langue fourchue (période de suspicion généralisée) même si ce dernier à autorisé la tenue d’un synode national à la Rochelle en 1571, gage de sa bonne volonté.

·        Les catholiques ne comprennent pas ces concessions alors que le roi est en position de force militairement (de nombreux placards et pamphlets dont ceux d’Artus Désiré circulent prédisant des calamités, une malédiction divine imminente dues à cet édit).

·        Des incidents locaux ont lieu dans ce cadre, les catholiques intransigeant voyant dans certaines mesures de pacification des remises en cause de leur religion.

b.      Menaces extérieures et diplomatie

De plus, les menaces extérieures augmentent ces tensions internes. Dans les années 1570, on observe la volonté de libérer Charles IX des pressions espagnoles par la diplomatie. Des ambassadeurs élaborent des projets d’alliance avec rapprochant Charles IX du monde protestant. Un projet de mariage entre Henri d’Anjou et la reine d’Angleterre. Le duc d’Anjou renonce et est remplacé par François, duc d’Alençon. Un traité est donc signé entre la France et l’Angleterre puis entre la France et les princes protestants allemands. Ces éléments nous permettent de noter le retour d’une diplomatie cohérente dirigée contre l’Espagne et ses vœux hégémoniques. C’est aussi un des effet de l’édit de Saint Germain.

De son côté, le roi d’Espagne fait une ligue le 25 mai 1571 avec le pape (donc Sainte Ligue), la république de Venise&co dans un objectif de croisade contre les Turcs. Les Réformés y voient surtout une ligue papiste qui risque de ce retourner contre eux.

Coligny avait signé un traité avec le prince d’Orange dans le cadre des guerres civiles. Il se sent redevable et veut l’aider vis à vis de l’intervention espagnoles contre les princes protestants des Pays Bas d’Espagne (gueux). Coligny réclame au roi cette intervention mais celle ci est rejetée par le Conseil (influencé par Catherine de Médicis qui ne veut pas d’affrontement avec la monarchie espagnole). Du coup, le choix d’une intervention secrète (usuelle) est fait. Celle-ci commence à être mise en œuvre par l’envoi de régiments soutenants les calvinistes mais ces régiments sont vaincus et découverts.

Résultats : Philippe II est inquiété par la France et Coligny envisage une guerre privée. La situation internationale est dangereuse car il existe désormais un risque de guerre franco-espagnole.

c.       Le sens d’un massacre

Echec de la tentative de pacification de Charles IX par l’édit  de saint Germain.  Pour se réconcilier, Catherine de Médicis imagine une union entre sa fille, Marguerite de Valois et Henri de Navarre. Cette cérémonie a lieu à Paris et attire de nombreux gentilshommes protestants qui sont plus visibles dans la population parisienne. Celle-ci excitée par la chaleur de l’été est hostile à cette présence. De plus, la célébration a lieu en partie hors de la cathédrale , affichant l’hérésie de Henri de Navarre. La population voit de nombreux signes interprétés comme la colère imminente de Dieu contre la souillure de la présence protestante.

Un premier attentat vise Coligny mais échoue (22 août 1572). Les protestants sont de plus en plus inquiets et exigent de Charles IX qu’il fasse justice sinon ils menacent de quitter la capitale (marquant par là la reprise des affrontements armés).

Dans l’urgence Charles IX et Catherine de Médicis prennent la décision préventive contre une nouvelle flambée de violence de tuer les chefs huguenots (sous la pression des Guise et des Espagnols) les 23-24 août 1572.

Les protestants sont conduits hors du palais royal, Coligny est assassiné. Ces actes visent un groupe limité mais entraîne un déchaînement de violence de la population parisienne et des milices bourgeoises en un massacre généralisé. Ces gens sont certains d’accomplir par là la volonté divine en un acte de purification. Ces massacres durent jusqu’au 30 août et font de 2000 à 4000 morts à Paris (10 000 morts au total en comptant les saint Barthélemy de province).

Charles IX endosse l’entière responsabilité de ces événements (alors qu’ils n’avait commandité que le massacre des chefs huguenots et pas la tuerie généralisée)

2.      Guerre civile et crise politique

a.       La quatrième guerre civile (octobre 1572-juillet 1573)

Les réformés sont choqués par le massacre et craignent d’y voir un abandon de Dieu. Les villes protestantes du Midi se soulèvent dirigées par les notables huguenots (les grands chefs étant morts lors des précédentes guerres) contre le tyran dans un projet de sécession en attendant que Dieu fasse venir le prince libérateur.

Mise en place d’une résistance urbaine sur le modèle du siège de la Rochelle, bastion protestant, aimant les libertés urbaines et entretenant des liens commerciaux avec l’Angleterre. Les armées royales dirigées par Henri d’Anjou (futur Henri III) font le blocus de la Rochelle tandis que les rochellais vivent ce siège comme une aventure biblique.

Effet paradoxal de ce siège qui conduit à se côtoyer des nobles de confessions différentes mais qui s’accordent sur l’insatisfaction que produit ces guerres. Ils se sentent les premières victimes de ces guerres.

Le siège connaît une issue précipitée pour des raisons financière (schéma traditionnel de ces guerres) et l’élection d’Henri d’Anjou au trône de Pologne en mai 1573.

L’édit de Boulogne en juillet 1573 marque la fin de la guerre et rétabli la liberté de conscience et de culte (limitée/autorisé pour les seigneurs possédant la haute justice).

Accueil : les protestants du nord ont beaucoup souffert de ces guerres se résignent à cet édit tandis que les protestants du Midi refusent celui ci. Là, les notabilités résistent et réclament plus de concessions.

La guerre a fait apparaître une évolution de la conception de la monarchie. Le sud réclame désormais une monarchie sur la modèle d’un contrat passé entre le prince et le peuple.

b.      Remise en cause de la souveraineté : les monarchomaques 

Ils écrivent des traités écrits avant et publiés après la saint Barthélemy à propos de la résistance aux persécutions.

Auteur : François Hotman (Franco Gallia), Théodore de Bèze (Du droit des magistrats et de leurs sujets), Philippe Duplessis Mornay et auteurs anonymes.

La saint Barthélemy a rompu le lien unissant le roi à ses sujets, or  le roi devenu tyran voit sa légitimité s’effondrer.

Les monarchomaques remettent en cause la monarchie absolue (tyrannique car arbitraire) et la monarchie qui favorise la prise de décision en solitaire (cf. resserement du conseil du roi au XVI°). Ils invoquent la mauvaise influence italienne de Catherine de Médicis (italophobie) comme source des maux rompant la continuité et la permanence du royaume (entité valorisée). La puissance absolue nuit aux bonnes lois que sont les lois fondamentales alors que les lois des rois sont sujettes à leurs caprices.

Les monarchomaques imaginent la monarchie des origines comme celle des Francs et des Gaulois en opposition à la monarchie corrompue entamée lors du règne de Louis XI. La monarchie d’avant reposé sur une alliance contre les Romains. Le souverain était alors le peuple et ses représentants. A cause de cela, les Etats Généraux devraient être la source de tous les pouvoirs (ils ne comptent évidemment pas les membres du clergé).

Conséquences théoriques :

·        Survenue de l’idée de contrat entre le peuple et son roi (qui lui est subordonné). Le roi est le pilote du navire mais n’en est pas le seigneur. C’est le peuple qui peut se lever contre le roi et remettre son commandement en cause s’il mène le navire dans les récifs.

·        Définition de la tyrannie différenciant le tyran d’usurpation (que n’importe qui peut tuer) et le tyran d’exercice à qui le peuple doit résister. Pour cela il doit d’abord avoir recours aux officiers de la couronne qui sont en devoir de convoquer les Etats Généraux qui peuvent juger et déposer le roi. Si ces démarches n’aboutissent pas, les officiers peuvent appeler à la sédition qui est alors légitime. Le recours à la violence est l’ultime recours.

La doctrine échappe peu à peu au parti catholique et se dresse contre lui. Henri de Navarre souhaite refonder la monarchie absolue sans laisser aucune place aux monarchomaques.

c.       Union des provinces du Midi

Union des provinces du Midi dotées de pouvoirs étendus. Dans les provinces du Languedoc il y a des assemblées de protestants. Après 1572, ces assemblées changent de nature. Par exemple, en 1573, l'assemblée politique de Millau se dote d'une constitution et choisissent en 1574, Henri de Condé comme protecteur. En 1575, l'assemblée de Nîmes réunit les Etats Généraux des provinces qui sont les "Provinces unies du Midi". Le règlement prévoit une structure confédérale à trois niveaux : le conseil de ville ou de la communauté villageoise, l'assemblée provinciale et l'assemblée générale. La fonction militaire est confiée à un grand représentant de la haute noblesse. Cette assemblée prétend avoir le droit de légiférer et parle donc de la souveraineté du peuple, se dotant par là d'une large autonomie. Certains dénoncent ce projet comme celui d'une république cherchant un frein au pouvoir personnel du roi.

IX.             La noblesse et la guerre

a.       Le malcontentement nobiliaire

Les nobles modérés de différentes confessions en arrivent à se rapprocher lors de la 5° guerre. Le phénomène du malcontentement nobiliaire jour un rôle essentiel et correspond à un malaise profond. Au cœur des problèmes de la noblesse se trouvent les bienfaits (récompense honorifique) du roi aux nobles bien intégrés dans les grandes cours. Ce système fonctionne très bien si le roi distribue les récompenses égalitairement. Pour être récompensé, il faut que quelques gentilshommes restent assez longtemps dans ce système clientéliste.

C'est l'action guerrière qui est l'essence de la noblesse. Or la noblesse se décime elle-même, les lignages se fracturent. Le malcontentement c'est la forme politique des mécontentements des nobles qui s'expriment par des ruptures (quitter la cour, prendre les armes, regrouper les partisans)

Figures emblématiques de ce mécontentement : duc d'Alençon, Henri de Navarre. Le duc d'Alençon est le fils d'Henri II qui s'oppose à son frère car il craint de ne pas être reconnu dans son rang par le souverain. Il redoute une déchéance de son prestige. Il est étroitement surveillé à la cour.

Henri de Navarre est aussi un prince de sang, converti de force au catholicisme il se trouve alors prisonnier de Charles IX.

Le duc de Montmorency se plaint de ce que Charles IX ne le reconnaît pas et a derrière lui de nombreux clients. Ils font des déclarations "légitimant la prise d'armes"

Face à cela, la monarchie réagit brutalement par la répression et les arrestations. Les plu suspects sont les Montmorency. Au nom de son honneur, Danville décide de s'allier aux protestants.

30 mai 1574 : mort de Charles IX tandis que son frère Henri est en Pologne comme roi. Il quitte le trône de Pologne pour prendre celui de France mais entre les deux se déroule une sorte de période d'inter règne qui fait espérer le duc d'Alençon mais finalement Henri III rentre en France. Cela implique la reprise des guerres.

Manifeste de 1576 : Bref remontrance de la noblesse de France (Innocent Gentillet) qui fait ressortir quelques idées de Machiavel sur la perversion du roi par quelques gentilshommes. Autre manifeste paru en 1576, La tyrannie turque (perçue comme la pire des tyrannies)

La saint Barthélémy est perçu comme une attaque contre les nobles en général, plus que simplement contre les protestants. Ils craignent que le roi veuille détruire l'ancienne noblesse pour la remplacer par une nouvelle noblesse plus docile. Elle s'attache donc à la patrie dans une italophobie galopante. La noblesse entre dans un mouvement de contestation et pense qu'il est de son devoir de se révolter. Prise d'arme légitime pour défendre le royaume et les traditions.

b.      La 5° guerre civile

Opérations au nord et au sud (Languedoc). Dès 1575, le duc d'Alençon donne aux mécontents une figure emblématique (apparaît comme protecteur de la liberté et du bien). Henri III est isolé et compte sur le duc de Guise et ce qui reste de la famille de Lorraine. Le rapprochement se fait par le mariage d'Henri III et de Louise du lignage des Guise.

Edit de Beaulieu clôt la guerre le 6 mai 1576 qui rétablit le culte réformé+8places de sureté+réhabilitations et indemnisation des victimes de la Saint Barthelemy.

Grande victoire des malcontents et des unions protestantes. Le roi est contraint d'accepter.

2.      La monarchie au temps de la Ligue (1576-1589)

a.       De la ligue  de 1576 à la réunion des Etats Généraux

Le mouvement ligueur : la 1° Ligue de 1576

Pour les Huguenots, la paix de Baulieu est une sorte de revanche de la saint Barthélémy et pour les catholiques c'est un scandale. Ils forment  une ligue catholique très virulente et opposée à cette paix.

En Picardie, se regroupent des gentilshommes catholiques contre cette paix : Ligue de Péronne. Elle est dans la tradition des 1° mouvements ligueurs de 1562. Elle admire le duc de Guise. Pour la contenir, le roi se déclare chef de la ligue.

La réunion des Etats Généraux de Blois (1576)

Contexte agité

110 clercs+187 du Tiers Etat+90 nobles = 383 membres. Ils abordent la question fondamentale de la périodicité du conseil du roi afin qu'il y ait une plus grande représentativité du royaume. Ils insistent sur le renforcement du pouvoir des Etats Généraux. S'affirme l'idée que les Etats Généraux représentent la France, le royaume. La question est de savoir si la souveraineté royale est partageable ou non. La loi des Etats Généraux ne peut être modifiée mais celle du roi peut l'être. Considérant que l'édit de Beaulieu est une loi du roi, ils pensent qu'il convient de la supprimer.

Ils se heurtent au roi qui veut, lui, augmenter les impôts ou vendre une partie du domaine pour payer ses dettes. Jean Bodin s'y oppose car le domaine est inaliénable.

La 6° guerre civile vient stopper ces considérations (décembre 1576-septembre 1577)

Les protestants n'ont pas confiance vis-à-vis des Etats Généraux, en plus ils ont perdu le soutien du duc d'Alençon (ailleurs) et de Montmorency (qui se rapproche du roi). C'est une guerre de siège mais Henri III n'a pas les moyens financiers de gérer cette guerre. La paix de Poitiers est donc signée en octobre 1577 mais elle est assez restrictive (ressemble à la paix d'Amboise). Solution médiane entre autorisation totale de culte de 1576 et la restriction. Moment de répit pour le roi.

b.      La monarchie ou le péril de la Ligue

Le problème : Henri III

L'autorité royale tente de se reconstruire. Il a une mauvaise réputation mais aujourd'hui on réévalue le bilan de son règne. Il a accompli une œuvre considérable. Son goût pour la mode et la propreté nuit à son image de roi guerrier. Il a un sens poussé de la responsabilité spirituelle du royaume et croit que ses pêchés sont payés par ses sujets (repentir). A partir de 1582, il participe à des processions (dans le sud où il y a des confréries de pénitents). Tout cela choque ses sujets et l'idée d'un roi pénitent suscite l'hostilité. On voit sa pénitence comme un orgueil déguisé.

Henri pour reprendre le royaume en main s’appuie sur la noblesse moyenne. Ils s’appuie sur les mignons qui apparaissent comme ses dévoués (Anne de Joyeuse, J. Louis d’Epernon). Cela provoque la fureur des grands qui ne seront plus favorisé. Création de l’ordre du Saint Esprit pour les nobles de plus de 3 générations : ordre de chevaliers chrétiens entièrement dévoués à Henri III. Il utilise la cour comme un instrument d’arbitrage pour gouverner (attentif aux règles de bienséances et rangs). Il veut créer une distance entre lui et les grands pour retrouver sa position d’arbitre. Cette cour est raffinée mais reste violente.

Pendant ce temps, l’appareil d’Etat existe toujours puisqu’il s’agit d’un Etat d’office.

Les guerres civiles  (tabelau récapitulatif)

date

Evénement déclencheur

Edit ou paix mettant fin

Faits marquants

Charles IX (1560-1574)

1)

Mars1562

mars1563

Massacre de Wassy

Edit d’Amboise

Liberté de conscience et autorisation limité de culte

Favorable aux nobles protestants

Condé prisonnier des catholiques Montmorency prisonnier des protestants à la bataille de Dreux

Mort maréchal Saint-André

Duc François de Guise assassiné lors du siège d’Orléans par Poltrot Méré

2)

Sept 1567

mars 1568

Surprise de Meaux

Paix de Longjumeau (pb financiers) rétabli la paix d’Amboise

Condé assiège Paris

Montmorency meurt lors de la bataille de Saint Denis

Repli protestant + Michelade

Disgrâce M. de L’Hôpital

3)

1568

août 1570

Duc d’Albe envoyé aux Pays-Bas

Coligny et Condé aident Guillaume d’Orange et Louis de Nassau

Espagne et Pape pousse roi à agir

Charles IX veut faire arrêter Condé et Coligny (refuge à la Rochelle)

Edit de Saint-Maur (septembre 1568)

Edit de Saint Germain favorable aux protestants donne 4 places de sûreté (La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité)

Condé assassiné à la bataille de Jarnac

4)

Sept 1572

juillet 1573

Massacre de la Saint Barthélemy

Edit de Boulogne (car Henri d’Anjou, roi de Pologne) : liberté de culte à La Rochelle, Nîmes, Montauban et hauts justiciers

Haute noblesse protestante décapitée donc protestants roturiers

Siège de La Rochelle par Henri d’Anjou

François II (1559-1560)  Charles IX (1560-1574)

5)

1574

mai 1576

Résistance dans des villes du Midi

Malcontents contre l’Etat royal (François d’Alençon&Henri de Montmorency-Damville et Henri de Condé&François de la Noue

Edit de Baulieu, « paix de Monsieur » : 8 places de sûreté et liberté de culte (sauf Paris), chambres mi-parties, réhabilitation victimes de la Saint Barthélemy

Recours à des mercenaires allemands

Première ligue picarde (1576)

6)

Déc 1576

Oct 1577

Etats Généraux de Blois tournant à l’avantage des Catholiques

Edit de Poitiers (crise financière) restreint l’Edit de Beaulieu + dissolution de toutes les ligues

Siège de Montpellier

Sac de La Charité sur Loire et d’Issoire par les troupes du duc d’Anjou (Monsieur)

7)

Nov 1579

Nov 1580

« Guerre des amoureux » décidé par Henri IV et la cour de Nérac

Paix du Château de Fleix

Prise de Cahors par Henri de Navarre

Prise de la Mure par duc de Mayenne, frère du duc de Guise

Henri III (1574-1589)&Henri IV (1589-1610)

8)

Juillet 1585

Avril 1598

Traité de Nemours

Edit de Nantes ( ?)

Faiblesse financière donc recours à l’aide étrangère.

Aucune opération militaire décisive.

Journée de Barricades&Ligue de Paris.

Assassinat des Guise aux Etats Généraux de Blois (décembre 1588).

Alliance Henri III et Henri de Navarre contre les Ligueurs.

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9 novembre 2007

Pouvoirs et société en 'Europe au XIX°

I.      L’Europe en 1815. 3

1.        Redécoupage territorial 4

a.        Restaurer l’état d’avant 1789  4

b.        Redistribution des territoires. 4

c.        Retour en arrière total impossible. 4

2.        Restauration politique. 4

a.        Réaction politique fondée sur la religion et le royalisme. 4

b.        Epanouissement du courant contre-révolutionnaire  4

c.        Recul du principe constitutionnel (sans disparition totale) 4

3.     Mise en place d’un nouveau système diplomatique  5

a.        Pacte de la Sainte Alliance. 5

b.        Traité de la Quadruple Alliance. 5

II.        L’idée de nation dans l’Europe du XIX°  5

1.        Elaboration des définitions de la nation dans l’Europe du XIX°  5

2.     Les usages de l’histoire. 6

a.        Vercingétorix. 6

b.        Clovis  6

c.        Jeanne d’Arc. 7

3.     Voies d’interiorisation des identités nationales. 7

III.            Pouvoirs et politiques dans l'Europe du XIX° : étude de cas. 7

1.     Les campagnes françaises : entre conflits locaux et enjeux nationaux. 8

a.        Conflits dans les campagnes du Lot 8

b.        Exemple de révolte populaire contre l'Etat en 1841  8

2.        Apprentissage de la politique moderne dans la France de la monarchie de Juillet ?. 9

a.        Approche macro historique. 9

b.        Micro-histoire : politisation des conflits par le biais des élections. 10

3.     Autre type de politisation : le caciquisme en Espagne. 10

a.     Les caciques : interface entre l’Etat et la communauté de village  10

b.        Remise en cause de ce système. 11

c.        Restauration. 11

IV.       Elites, pouvoirs et sociétés dans l'Europe du XIX°  11

1.        Noblesse et bourgeoisie anglaise. 11

a.        Persistante puissance de la noblesse. 11

b.        Classes supérieures concurrencées par la bourgeoisie  12

2.     La France des notables. 12

a.     La société des élites recomposée par le I° Empire. 12

b.        puissance foncière et pouvoir économique des élites françaises. 13

c.        Prestige social et culturel 13

3.     La haute société dans le reste de l'Europe. 14

a.        Allemagne : domination du modèle prussien des junkers. 14

b.     Les élites des péninsules méditerranéennes. 14

c.     La noblesse russe  14

V.    Destins sociaux spécifiques : la disparition du paysan anglais. 15

1.        Disparités de la société rurale anglaise au début du XIX°  15

a.        Tenanciers (locataires de la terre) 15

b.        Salariés agricoles (fermiers) 15

c.        Paysans indépendants  16

2.        Développement précoce du capitalisme agraire. 16

a.     Les enclosures (vœu de rationalisation) 16

b.        Nouveaux systèmes de culture. 16

3.        Gagnants et perdants de la modernisation  17

a.        Emprise renforcée de l’aristocratie foncière. 17

b.        Prospérité des grands fermiers. 17

c.        Développement du salariat agricole. 17

d.        Déclin de la petite paysannerie  17

VI.            Mutation sociopolitique majeure : l’abolition du servage en Russie  18

1.        Situation à l’orée du XIX°. 18

a.     De pesantes tutelles juridiques. 18

b.        Aggravation des contraintes économiques  18

c.     Les premières révoltes. 18

2.        Premières remises en cause politiques et premières réformes. 18

a.        Modernisation de la société civile  18

b.        Soulèvement des décabristes  19

c.        Règne de Nicolas Ier 19

3.        Abolition du servage. 19

a.        Réforme impulsée d’en haut 19

b.        Poursuite des réformes. 20

c.        Question agraire (1863-1917) 20

VII.     La question d’Irlande au XIX°  20

1.        Processus de naissance de la question agraire. 21

a.        Transfert de propriété : expulsion des catholiques  21

2.        Organisation d’une tardive mais réelle prise de conscience. 22

a.     Due à l’action du programme d’O’Connell 22

b.        Grande Famine. 22

c.        Mouvement Fenian. 22

3.        Réformisme anglais et la résolution de la question agraire. 22

a.        Législation protectrice des tenanciers. 22

b.        Solution finale : création d’une petite paysannerie propriétaire  23

VIII.                Urbanisation : le cas anglais. 23

1.     Les processus d'urbanisation au XIX°: approche globale. 23

a.        Définition de la ville  23

b.     Liens entre la poussée urbaine et le développement économique  24

c.        Problème d'aménagement liés à l'essor urbain  24

2.     La croissance urbaine en Angleterre. 24

a.        Urbanisation galopante. 24

b.        L'organisation de l'espace. 24

c.        Conditions  de vie des ouvriers. 24

3.        Londres à l'ère victorienne. 25

a.        Incarnation du gigantisme urbain  25

b.     Ville multifonction  25

c.     Une société très contrastée : ségrégation  25

IX.       La protoindustrie en Europe au XIX°  26

1.        Esquisse de chronologie. 26

a.     Le premier XIX° : pluriactivité foisonnante  26

b.        1840-1880 : facteurs de changement 27

c.        1880-1930 : période cruciale. 27

2.        Structure du monde protoindustriel 27

a.        Potentiel humain de l’Europe du XIX° majoritairement rurale  27

b.        Multiplication des petites unités industrielles  27

3.        Performances et mutations. 27

a.        Maintien d’une population en zone rurale  27

b.        Innovation technologiques  28

c.        Unités protoindustrielles devenant de véritables industries. 28

I.                   L’Europe en 1815

Pouvoirs et sociétés en Europe au XIX°.

L’Europe est organisée depuis Vienne lors du Congrès de Vienne.

Choix de ce lieu car : cœur géographique de l’Europe occidentale et l’Autriche est très puissante.

Réunion de la Russie, Prusse, Autriche et Royaume Uni lors de ce congrès en septembre 1814.

Membres :

·        Metternich : représente l’Autriche et incarne la contre révolution et a à ce titre des préoccupations idéologiques

·        Castelreagh : représente l’Angleterre. Artisan de la coalition contre Napoléon. Il veut maintenir l’isolement de la France en Europe pour des raisons économiques.

·        Nesselrode : Russie. Peu présent dans la mesure où le tsar Alexandre I est présent au congrès.

·        Hardenberg : Prusse. Incarne la résistance de la Prusse face à l’occupation française suite à la défaite traumatisante de 1807 et sa régénération. La Prusse commence à s’envisager en tant que nation.

·        Talleyrand : France représenté au titre que les Bourbons ont été restaurés en France et sont disctints de Napoléon. De fait, la France a peu de poids.

Action :

Ouverture d’une nouvelle ère diplomatique avec la mise en place de commissions spécialisées chargées d’organiser concrètement l’Europe.

Ex. Commission des statistiques doit évaluer la population et les ressources fiscales.

Se déroule à Vienne une réelle vie de cour (permet de contrôler le politique et de mettre en scène les positions sociales).

Vœu de reconstruire la paix par le retour à la légitimité de l’Ancien Régime.

1.      Redécoupage territorial

a.                 Restaurer l’état d’avant 1789

Volonté de nier l’épisode révolutionnaire et napoléonien dans l’esprit que effacer les conséquences suffirait à effacer le souvenir.

Négation du principe de la souveraineté nationale en veillant à ce que la France ne redevienne pas conquérante. Encerclement de la France avec la création du Royaume des Pays-Bas, la confédération helvétique et la restauration de royaume de Piémont Sardaigne (cordon sanitaire autour de la France)

b.                 Redistribution des territoires

Russie : garde la Finlande, récupère la Bessarabie (vers la mer Noire permettant un accès au port d’Odessa)  et réaffirme son pouvoir sur la Pologne.

Prusse : renonce à la Pologne, annexe la Saxe (pour punir le roi de son soutien à Napoléon I) et une bande de terre entre Coblence et Trève.

Autriche : renonce à la Belgique, création du royaume de Lombardie Vénétie qui  est sous sa coupe, récupère le Tyrol.

Royaume Uni : conserve l’Irlande, Malte et les Iles Ioniennes (puissance maritime recherchée).

c.                 Retour en arrière total impossible

Confédération germanique ne compte plus que 39 Etats (alors qu’il y en avait 10 fois plus auparavant).

Italie de nouveau divisée alors que Napoléon l’avait unifié.

2.      Restauration politique

Principe de monarchie de droit divin réaffirmé comme légitimation de l’absolutisme.

a.                 Réaction politique fondée sur la religion et le royalisme

Réaffirmation du principe de légitimité dynastique. Les souverains sont rétablis et arguent du fait que le droit divin est garant de la paix, de la justice et du respect de la religion.

Le conservatisme politique s’appuie sur la religion et la papauté y trouve son compte.

b.                 Epanouissement du courant contre-révolutionnaire

Nouveauté politique dans la mesure où ce qui allait de soi dans l’Ancien Régime a désormais besoin de justification et de théoriciens. L’utilisation des média est une preuve de cette modernité politique.

Ex. A la Chambre des députés en France, le courant ultra royaliste est le groupe le mieux organisé politiquement.

Théoriciens : Joseph de Maistre, Louis de Bonald, François-René de Chateaubriand (modernité politique avec utilisation de la presse).  Leur pensée se structure avant la Restauration et donne une place essentielle à la religion.

c.                 Recul du principe constitutionnel (sans disparition totale)

En France, Louis XVIII octroie une Charte à ses sujets.

Les Etats du nord de l’Europe conservent un constitution (Bavière, Bade Wurtemberg, Pays Bas).

En Italie par contre, la Constitution est supprimée.

3.      Mise en place d’un nouveau système diplomatique

a.                 Pacte de la Sainte Alliance

Signé le 26 septembre 1815 par la Prusse, l’Autriche et la Russie. Il prévoit  une autorisation mutuelle de recourir à la force contre le développement en Europe de mouvements révolutionnaires ou visant à des revendications nationales).

L’Angleterre ne le signe pas du fait de son passif (monarchie parlementaire, décapitation d’un roi) et prétexte que le régent ne peut signer ce genre de pacte.

b.                 Traité de la Quadruple Alliance

Signé le 20 novembre 1815 par la Prusse, l’Autriche, la Russie et l’Angleterre. Vocation de maintenir la paix en Europe et de conserver la carte européenne telle quelle. C’est un traité militaire visant à isoler la France qui entre tout de même dans ce système en 1818 (sortie de son isolement diplomatique) et engagera même ses troupes en Espagne pour préserver le souverain de mouvements libéraux.

Restauration incomplète car :

·        Carte d’avant 1789 ne peut être entièrement restaurée

·        Les suppression du régime seigneurial opéré par la France en Allemagne  n’est pas entièrement effacé.

·        Souvenir de la révolution n’est pas effaçable et on assiste dans une certaine mesure à une idéalisation de cette période.

Bilan : l’ordre établi dure tout de même ½ siècle. Mais dès 1830 apparaissent des mouvements révolutionnaires.

II.                L’idée de nation dans l’Europe du XIX°

Au XIX° débutent les conflits nationalistes qui occupent les hommes dans leur vie quotidienne et la réflexion  des penseurs et historiens (rôle de la théorisation de la question nationale par Fustel de Coulanges, Renan).

Etymologiquement la nation est identifiée à la naissance donc à la parenté. Au sens primitif ce serait l’ethnie. De fait, c’est avec la construction des Etats monarchiques durant la période moderne qu’apparaissent des nations (tous les habitants d’un même Etat vivant sous les mêmes lois et usant la même langue) et dont l’idée se précise avec la Révolution.

1.      Elaboration des définitions de la nation dans l’Europe du XIX°

En France, c’est avec la proclamation de l’Assemblée nationale constituante en 1789 qui fait passer réellement l’idée de nation. La souveraineté n’est plus dynastique mais nationale (notion nouvelle et fondamentale). Avec la Révolution vient l’idée du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’idée de nation séduit beaucoup de monde (ex. victoire de Valmy du 20 septembre 1792, remportée au cri de « vive la nation » de Kellermann).

Ce principe sert à redéfinir le territoire national (ex. rattachement d’Avignon à la France en 1791) et à exporter la Révolution (avant que la France devienne conquérante).

En Prusse, la France entre victorieuse en 1807. Les Prussiens s’y opposent justement au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Fichte dans les Discours à la nation allemande en 1807 appelle à résister à l’acculturation française. A partir de là se forge l’idée de nation en Prusse dans la volonté d’affirmer le droit de la nation sous forme de lutte.

En Autriche, à  cette époque naît l’hymne nationale.

Il s’agit du nationalisme du ressentiment (en réaction à l’occupation étrangère).

Durant le XIX°, la définition des nationalités puise dans l’héritage révolutionnaire plus que dans les propres spécificités de chaque nation. L’idée de nation se trouve au cœur de l’élan romantique. Attachement au principe des nationalités (cf. Mazzini dans l’Italie des 1830’s pour qui la nationalité est une pensée, un principe et un but commun).

Appartenir à une nation c’est avoir conscience d’une identité spécifique (vision libérale). Cette conception contredit l’idéologie allemande de la nation, fondée sur la race, la langue (conservatrice).

Ces conceptions s’affinent progressivement avec en France, Michelet dit que la France peut être identifiée par son histoire et une mémoire collective constitutive de l’identité de la nation. Le passé commun suggère la nation pour Michelet. L’histoire devient  un pouvoir légitimant de la nation.

Après 1870, l’idée de nation se cristallise suite à la perte de l’Alsace-Lorraine. La France s’oppose à la conception raciale de la nation car les alsaciens parlent un dialecte allemand. Fustel de Coulanges : « l’Alsace est allemande par la race et le langage mais par le sentiment de patrie et de nationalité, elle est française ». La Révolution est fondatrice du sentiment des Alsaciens d’appartenir à la nation française (communauté d’idée, intérêts communs, affection commune, souvenir et espérance).

Pour Renan, la nation est un principe spirituel.

2.      Les usages de l’histoire

L’histoire joue un rôle dans les mythes fondateurs des nation et y sont nécessaires. Ainsi, des héros sont associés à des mythes fondateurs.

a.                 Vercingétorix

Utilisé par la gauche républicains car il permet de mettre en avant l’antériorité d’une « république gauloise ». Il joue le rôle de prémices révolutionnaire des adversaires de l’idée monarchiste pour galvaniser le sentiment anti allemande (succès de Vercingétorix depuis 1870).

Il renvoie à un espace gaulois imaginaire avec des frontières naturelles.

Analogie : siège d’Alésia/siège de Paris en 1870, Gaule soumise à César/France vaincue par la Prusse.

Héros-martyr incarnant la nation libre.

b.                 Clovis

Utilisé par la droit conservatrice car il exalte l’ancienneté de la monarchie française proche de l’Eglise. Il est présenté comme le premier des français alors qu’il n’était que roi des Francs, tandis que la France n’existe pas encore.

Chaque camp politique utilise l’histoire de la France en la détournant par moment.

c.                 Jeanne d’Arc

Elle a été retrouvée au XIX° et saluée par Bonaparte. Son œuvre est vu comme l’expression du génie français. De plus, son destin tragique correspond au romantisme français. Pour Michelet, elle incarne la France et lui permet de devenir une patrie par l’amour qu’elle lui porte.

Elle a plusieurs facette et peut être utilisée par la droite catholique (canonisée), en tant qu’incarnation du  peuple patriote, comme patronne d’un nationalisme exclusif.

Aujourd’hui la Jeanne de gauche est un peu effacée.

3.      Voies d’interiorisation des identités nationales

Modalités de participation à la vie de la nation.

Conscription : appartenir à l’armée est importante pour toutes les nations en forgeant des citoyens. L’organisation de l’armée correspond à la conception de la nation qu’a un pays et sur la manière de former de bon citoyens.

Elle fonctionne par tirage au sort et permet d’intérioriser la culture nationale par l’enrôlement, la vie dans la caserne (surtout en période de guerre).

Symboles permettant de participer à la vie politique (drapeau, hymne…), pratique électorale (suffrage universel français en 1848)

En Espagne, à Barcelone, l’apparition de statues d’hommes reliés à la culture nationale permet  de cristalliser le sentiment de nation (thèse de Michonneau).

Droit et normes juridiques uniformisent la vie de la nation (les hommes et femmes régis par une même constitution forment une nation).

Uniformisation des poids et mesures.

Le rôle de la langue et des apprentissages d’une culture par l’Ecole joue un rôle fondamental. La modernisation politique passe en outre par l’instruction des citoyens (à chaque mutation politique importante on observe une loi scolaire d’envergure comme c’est le cas de la loi Guizot en 1833 et des lois Ferry des 1880’s).

Tour de France par deux enfants, Histoire de France de Lavisse.

Utilisation de la même langue, même système métrique, histoire commune apprise par toute une classe d’âge.

La religion joue un rôle important dans l’idée de nation.

Luther est revendiqué comme père de la nation allemande.

Catholicisme maintient la volonté nationale de la Pologne contre la Prusse et l’Autriche.

Catholicisme est le ferment d’union de l’Irlande contre la Grande Bretagne.

L’économie et les enjeux économiques jouent un rôle important dans la réalisation de l’unité allemande qui a été entamée par l’union douanière (Zollverein en 1831) qui a favorisé la croissance au sein de l’espace allemand.

Ensemble, les Flamands et les Wallons forment la Belgique pour lutter contre la main mise économique néerlandaise en 1830.

III.             Pouvoirs et politiques dans l'Europe du XIX° : étude de cas

Comment s'exerce le pouvoir en Europe et quelle en est la perception qu'on en ont les habitants dans leur quotidien ?

Politique  : direction et transformation d'une société selon des principes spécifiques débattus et reconnus

Politisation : apprentissage de ce qui fait institutionnellement la politique au plan national

En parlant de politisation, il s'agit de comprendre comment les jeux politiques interfèrent dans la vie sociale. Elle apparaît progressivement comme une alternative à la révolte et la violence populaire (jacqueries). Il faut cependant garder à l'esprit que la politisation n'est pas forcément une politisation à gauche.

Les critères d'évaluation des jeux politiques ne se bornent pas aux élections mais sont étendus.

Les données économiques et sociales locales sont à retenir pour se rendre compte de la politisation mais ces critères ne fonctionnent pas toujours.

ex. Agulhon dans La République au village, nous apprend que dans le Var la position républicaine est prégnante en 1848 mais ne correspond pas à un progrès économique.

Ces autres facteurs peuvent être :

Le fonctionnement de la communauté de village qui varie selon les lieux (individualisme agraire en IDF différent des petites propriétés des communautés agraires d'autres régions).

La plus ou moins grande ouverture sur l'extérieur des communautés agraires. Dans ce critère joue la présence plus ou moins importante de notables en relation avec la communauté nationale (pédagogue par l'exemple) ou encore l'instruction (loi Guizot de 1833).

L'histoire même de la communauté de village (ex. massacre de Bédouin durant la Révolution française)

Enfin, le changement d'échelle permet d'observer de nouveaux phénomènes et de comprendre les mécanismes de différenciation des comportements ainsi que l'impact des attitudes individuelles (micro-histoire).

1.      Les campagnes françaises : entre conflits locaux et enjeux nationaux

a.                 Conflits dans les campagnes du Lot

cf. François Ploux, Guerres paysannes en Quercy, la boutique de l'histoire, 2002.

La violence existe dans les communautés de village en tant que mode systématique de règlement des conflits. Ils peuvent être internes aux familles, entre maison rivale mais surtout en ce qui nous concerne entre des camps qui se sont cristallisés durant la Révolution française derrière les jureurs et les non-jureurs.

Ces conflits resurgissent sur des problèmes concrets (réparation d'une église).

ex. 1810-1870: plus de 200 mouvements insurrectionnels dans le Lot

ex. à Vigan opposition du maire et du curé à propos de la création d'une communauté féminine dans le village. A saint Cyprien, le curé est accusé d'avoir arraché un arbre de la liberté.

Progressivement ces conflits se politisent.

b.                 Exemple de révolte populaire contre l'Etat en 1841

cf. Ploux et Caron, L'été rouge, Aubier, 2002

La fiscalité est au cœur des conflits entre les communautés locales et l'Etat. Ces communautés remettent en cause la légitimité de l'impôt, les modalités de fixation et de prélèvement de celui-ci.

En 1841, face au déficit budgétaire, le ministre des finances, Humann, souhaite faire mieux appliquer la patente et la taxe sur les portes et fenêtres. En même temps a lieu un  recensement général de la population dont il charge les agents du fisc.

Développement de rumeurs : crainte d'une augmentation de la ponction fiscale et de l'inventaire du linge, du mobilier et des femmes enceintes (phobie traditionnelle).

Le développement et l'amplification des rumeurs suscite des émeutes sur le terreau favorable d'une situation économique dégradée (émeutes frumentaires, résistance à la levée de l'impôt depuis les années 1830),  de la formation de comité pour la réforme électorale dans le sens d'un élargissement, de la multiplication de société secrète (pour la résurgence du mouvement républicain) et de l'expression des opposants par le biais de la Presse qui utilise la crédulité et les phobies populaires. Des facteurs politiques modernes rencontrent et réactivent ces phobies anciennes.

Les résistances au recensement sont peu importantes dans le Nord car ce sont des régions anciennement intégrées, habituées à la levée de l'impôt tandis qu'au sud de la Loire existe une longue tradition de lutte antifiscale.

ex. Toulouse émeute avec la volonté de défendre les libertés municipales. Républicains et légitimiste contre les orléanistes.

ex. Clermont Ferrand révolte des ouvriers et des cultivateurs qui s'étend à l'ensemble des campagnes auvergnates dans la destestation des agents du fisc (+ parfois anticléricalisme). Politisation du conflit.

2.      Apprentissage de la politique moderne dans la France de la monarchie de Juillet ?

a.                 Approche macro historique

Réforme de 1831 :

Différenciation du corps électoral pour les élections municipales du corps électoral pour les élections législatives (le cens passe cependant de 500 francs à 300 francs). La démocratisation pour les élections législatives est moins importante que celle qui a eu lieu pour les élections municipales.

Cette démocratisation s’observe surtout dans les communes rurales car la loi dit que le corps électoral comprend 10% de la population choisit parmi la population adulte masculine.

Ex. sur 500 habitants, les 50 hommes les plus riches votent pour élire les conseillers municipaux. Lemaire est choisit parmi eux par le préfet.

Cette réforme se traduit par un fort de participation (jusqu’à 70%).

La thèse comme quoi la politique descend vers les masses des villes vers les campagnes est erronée car les villes ne connaissent pas à proprement parler de modernité politique. Le candidat est le porte parole d’un groupe social plus que d’un camp idéologique. Il y a des élections sans homme politique réel.

Dans les campagnes la concurrence électorale est ressentie comme illégitime. Le vote est communautaire dans de nombreux villages. Ce vote communautaire n’est pas une attitude de soumission mais les électeurs choisissent le candidat qui défendra le mieux les intérêts de la communauté On trouve une forme de modernité politique dans le fait que les villageois discute à propos du candidat pour  lequel voter.

b.                 Micro-histoire : politisation des conflits par le biais des élections

Boisset saint Priest (étude de Pierre Chamard)

Après 1789, les deux paroisses de Boisset et de saint Priest sont réunies en une seule commune. Mais il n’y a de desservant qu’à Boisset (partie la moins peuplée).

En 1807, l’archevêque transfert le lieu de culte à Saint Priest mais les élus municipaux s’y opposent.

Aux élections de 1831, le vote est préparé car on trouve une égalité entre les représentants de Boisset et ceux de saint Priest (probables accords tacites)

Aux élections de 1837, le vote est préparé par les opposants de cette décision car on trouve une majorité pour saint Boisset qui du coup  approuve la République.

Aux élections de1852, le gouvernement de Louis Napoléon Bonaparte décide de diviser égalitairement la commune en deux sections.

Affrontement de ces deux parties se voit par le manque d’exogamie entre les deux parties, le peu d’échange de terres.

On retrouve ces divisions entre les partisans de l’école laïque (Saint Priest) et ceux de l’école libre (Boisset)

Collonges au Mont d’Or (Atrux)

Jusqu’en 1830 la chapelle était située dans la partie haute mais elle était insuffisante par rapport aux besoins des habitants. La partie haute voulait construire une nouvelle église et ce « parti » se structure autour de 4 notables prêt à financer la construction de celle-ci. Les notables lyonnais dominent ceux qui veulent construire la nouvelle église. Le conflit n’est pas encore politisé. L’utilisation d’un discours légaliste  montre la modernité administrative (capacité à se référer à la loi).

Aux élections le taux de participation croît régulièrement (50% en 1834, 76% en 1843, 81% en 1847). L’électorat adhère donc à cette modernité politique par des positions administratives (pas politique).

Les clans se reconfigurent en partis politiques lors de la II° République (partie basse pour la République/partie haute légitimiste et conservatrice).

Les conflits sont individuels et ancrés dans la réalité locale. C’est là que se joue la participation aux enjeux de pouvoir autour desquels se dessinent des réseaux.

3.      Autre type de politisation : le caciquisme en Espagne

a.                 Les caciques : interface entre l’Etat et la communauté de village

Effondrement de la royauté en 1808 suite à l’intervention de Napoléon pour donner le trône à son frère. La résistance s’organise par villes et pouvoirs locaux. Villes par villes se forment des juntes révolutionnaires. Le contrôle du territoire est tombé dans les mains de notables locaux qui s’imposent comme une structure normale de la vie politique espagnole : ce sont les caciques (en référence à des tribus indiennes des Caraïbes où le cacique est le chef de tribu, une personne importante du village). Ils sont les intermédiaires entre la communauté de village et l’Etat (dans une double représentation)

Interface : répartition de l’impôt, organisation du recrutement pour le service militaire, répartition des postes de la petite administration (instituteur, fonctionnaires municipaux…). Ils sont en position de distribuer des faveurs (clientélisme) en échange de voix ou de manipulations électorales impunément.

b.                 Remise en cause de ce système

Les remises en causes apparaissent avec l’échec de la souveraine Isabelle chassée du trône par une révolution en 1868. La monarchie des Bourbons disparaît jusqu’en 1874 car elle a perdu les appuis des réseaux locaux. En effet, la modernisation de l’appareil étatique avait privé les caciques de leurs moyens de contrôle sur la population locale.

Dans cette éphémère République le suffrage universel s’était organisé et a permis la mobilisation des villageois autour de projets nationaux.

c.                 Restauration 

Avec le retour des Bourbons en 1874, les caciques tentent de reprendre pied dans le système politique avec l’appui des partis politiques. Dans l’opinion publique le caciquisme n’est pas reconnu comme légitime.

On a dit que ce système a retardé en Espagne l’émergence de la nation mais aujourd’hui on croît plutôt que les caciques en tant que relais entre le local et le national ont été une voie de politisation dans une période où l’Etat était trop faible pour assurer un autre fonctionnement politique.

IV.             Elites, pouvoirs et sociétés dans l'Europe du XIX°

Les élites jouent un rôle important dans le déclenchement de la Révolution et la diffusion des idées révolutionnaires mais aussi dans la contre-Révolution.

Durant tout le XIX°, ces élites jouent un rôle important dans la maîtrise des jeux sociaux.

L'historiographie a beaucoup de sources en ce qui concerne les élites (correspondances, mémoires, actes notariaux…)

Les élites constituent un univers social varié et complexe.

Le pouvoir des élites est déterminé par le rapport à la terre. La position dans la société des propriétaires fonciers détermine la richesse, la considération et le pouvoir.

1.      Noblesse et bourgeoisie anglaise

a.                 Persistante puissance de la noblesse

Malgré la Glorieuse Révolution de 1688, la société est dominée par l'élite foncière qui y trouve une source de pouvoir économique, social et politique.

C'est là que naît le modèle du gentleman farmer qui veille à la rentabilité de sa propriété (comportement capitaliste et non seulement rentier) mettant en œuvre les règles de la physiocratie. La propriété foncière est très concentrée (50% du sol anglais appartient à 4000 individus).

·        membres de la haute noblesse, la nobility (300 familles).  Il s'agit d'une aristocratie prestigieuse à la tête de domaine d'environ 4000 ha. Elle partage sa vie entre l'opulence londonienne et la résidence dans des manoirs à la campagne(duc de Norfolk, duc de Newcastle, duc de Bedford) Elle est composée de vieilles familles ou d'hommes nouveaux (duc de Wellington)

·        membres de la petite noblesse, gentry : gentilshommes vivant à la campagne et possédant des propriétés de 400-4000 ha qui ne sont pas insérés dans la haute société londonienne.

La modernisation agricole renforce le pouvoir économique de ces nobles. Elle se traduit par de nouveaux assolement, de nouveaux engrais, une sélection du bétail, une modernisation de l’outillage

Ex. le mouvement des enclosures entamé au XVII° contribue a affirmer la pleine propriété privée en construisant des enclos autour des champs (fin des paturages communaux) qui a contribue à faire péricliter la petite paysannerie ne pouvant payer ces enclos.

Ces revenus fonciers appellent un mode de vie spécifique et le développement d’écoles prestigieuses (Eaton, Harrow) et d’universités (Oxford, Cambridge). Les études qu’on y fait ouvrent des carrières tant politiques qu’administratives. Ici, se trouve le lien entre le foncier et le politique.

Les titres de noblesses sont héréditaires. Le chef de famille siège automatiquement dans la Chambre des Lords tandis que la gentry, elle, accapare la Chambre des Communes avec les cadets de la nobility. Le système électoral favorise en effet l’aristocratie foncière. Le cadre des circonscription reflète une Angleterre d’un autre âge où la population n’était pas répartie comme au XIX°. On trouve alors des « bourgs pourris » dépeuplés mais possédant toujours un siège. La corruption y est aisée ce qui entraîne des constations dans les années 1820.

Cette noblesse contrôle aussi le pouvoir administratif car le 1° magistrat d’un comté, le lord lieutenant, est nommée par le roi. Traditionnellement il s’agit du propriétaire le plus riche. Le lord lieutenant désigne à son tour le shérif et le juge de paix (jugement et répartition des taxes). Traditionnellement parmi la gentry, qui en outre monopolise les postes ecclésiastiques.

Les pouvoirs de cette noblesses sont importants mais il existe une certaine modernité politique dans la mesure où elle ne jouit pas de privilèges fiscaux.

b.                 Classes supérieures concurrencées par la bourgeoisie

Le développement économique entraîne l’affirmation d’une nouvelle élite composée de banquiers, de négociants de grandes villes comme Londres ou Liverpool, de grands manufacturiers du Lancashire ou du Yorkshire, de bourgeois exerçant une profession libérale ou commerçante. Cette élite a conscience de former une élite différente de l’aristocratie traditionnelle comme leur pouvoir et leur prestige leur vient de leur activité et non de leur ancienneté des titres acquis.

Ces dirigeants incarnent la civilisation industrielle, le monde moderne et le progrès. On en trouve beaucoup dans le pays de Galles (manufactures drapières, houille), à Manchester (coton), dans Liverpool (commerce portuaire) ou encore Birmingham (métallurgie).

Entre ces deux mondes la rivalité est affirmée et ils ne se mêlent pas. D’ailleurs les industriels ne cherchent pas à tout prix à devenir propriétaire foncier et obtenir des titres (comme c’est le cas en France).

Ce monde récent obtient une réforme électorale en 1832 :

Nouvelle répartition des sièges électoraux

Disparition des « bourgs pourris » au profit des grandes villes plus peuplées

Diminution du cens (doublement du nombre d’électeurs, droit de vote pour 1/5 des adultes)

Les catégories dirigeantes conservent le contrôle de la vie politique mais la noblesse en perd le monopole. Cette réforme génère une modernisation de la vie politique et une organisation de celle ci en partie.

2.      La France des notables

a.                 La société des élites recomposée par le I° Empire

La révolution et l’Empire consacre l’emploi du terme de notable. La France tente la synthèse des anciennes et nouvelles élites.

La Révolution supprime la société d’Ancien Régime et le pouvoir napoléonien reconstruit la France éparpillé en « jetant sur le sol de la France quelques masses de granit » par :

·        1802 : légion d’honneur qui sert à former un creuset des élites reconnaissant surtout les mérites militaires.

·        Les listes de notabilité sur plusieurs niveaux. Elles désignent les participants aux élections et identifient les notables formellement.

·        1808 : création d’une noblesse impériale honorifique avec une hiérarchie des titres essentiellement militaire (68% des 3800 attributions) mais aussi civiles car certaines fonction entraînent l’acquisition de titres (préfet devient comte).

Au sommet de la pyramide sociale les élites sont mêlées. Une noblesse d’épée est rétablie mais c’est la richesse qui permet de conserver le prestige. Napoléon anoblis des membres anciennement nobles dans la société d’Ancien Régime.

Lors de la Restauration on retrouve la noblesse d’Ancien Régime mais la noblesse d’Empire est conservée. Les élites se définissent par leur avoir : fortune (foncière), fonction dirigeante, nom prestigieux (insérant dans un réseau d’influence). Ces avoirs donnent le pouvoir.

Noblesse ancienne + noblesse de la Réstauration + élites nouvelles (bourgeoisie des affaires) forment les notables

b.                 puissance foncière et pouvoir économique des élites françaises

La puissance foncière est un moyen d'affirmation. La propriété est importante mais son poids est variable en France et en Angleterre. Jusque dans les années 1870-1880's le notable est reconnu si seulement il a une propriété foncière. En France, une partie de ces élites se distingue en promouvant le progrès agricole.

Après 1830, la noblesse ancienne se replie sur ses terres et en profite pour encadrer mieux la population locale : modernisation du domaine et pédagogie par l'exemple.

Le contrôle économique favorise le pouvoir social par la possession de la terre et le contrôle d'une industrie naissante.

Au XIX°, certaines élites aristocratiques achètent même des terres pour tenter des exploitations minières, investissent dans les canaux (duc de Fitzjames). De même les activités bancaires peuvent entraîner un anoblissement (baron de Seillière). Affirmation d'un homme nouveau.

La fortune acquise s'affiche dans l'emprise immobilière urbaine car ces élites possèdent des résidences dans les beaux quartiers mais aussi dans les quartiers populaires (loyers élevés).

c.                 Prestige social et culturel

Ce prestige tient au mode de vie des élites qui affichent leur rang avec des résidences chatelaines, la recherche d'un mode de vie de la noblesse traditionnelle, un souci d'exemplarité religieuse, de bienséance et de bienfaisance.

Ce mode de vie a un pendant urbain (double résidence) du milieu de l'automne jusqu'au printemps. Vers les années 1820 apparaît la résidence temporaire dans des villes balnéaires (Dieppe).

La ville est le lieu de l'ostentation : organisation de réceptions, voitures, mobiliers luxueux et chevaux. La présence parisienne est la marque de l'ascension sociale corollaire de la centralisation parisienne.

3.      La haute société dans le reste de l'Europe

a.                 Allemagne : domination du modèle prussien des junkers

En Allemagne domine le modèle prussien où persiste la puissance nobilière des grandes familles protestantes : les junkers qui possèdent 4000 grands domaines. A côté il y a 500 seigneuries appartenant à des roturiers. Ces junkers sont soucieux de la modernisation des exploitations.

Leur puissance croît car ils profitent de la disparition du système seigneurial liée aux ordonnances de rachat des droits seigneuriaux. Seuls ces grands propriétaires peuvent se permettre de racheter ces droits et obtiennent la propriété pleine et entière de ces lieux. De plus la vente des terres communales à l'effet d'augmenter le domaine possédé.

Ils modernisent l'exploitation des terres en y installant des distilleries, sucreries dans une logique capitaliste et en commercialisant leur production. Ce capitalisme agraire repose sur un archaïsme avec la subsistance du système seigneurial (prélèvement des droits seigneuriaux en corvée).

Même après l'unité allemande, les junkers restent au sommet de la hiérarchie sociale (1/3 des domaines de l'est appartiennent aux roturiers après 1820 mais les junkers conservent des privilèges importants comme la gestion des communes, la possession des hauts postes du gouvernement et de l'armée.

Ce mode de vie noble sert d'exemple à la bourgeoisie montante. On parle de la féodalisation de la bourgeoisie qui suit une politique d'anoblissement et d'alliance avec les élites traditionnelles.

b.                 Les élites des péninsules méditerranéennes

En Espagne et en Italie l'élite foncière domine par le pouvoir et le prestige que leur procure la possession de latifundia. Ces domaines sont assez étendus pour rendre toute préoccupations de rendement inutile. Il suffit que les terres gérées par les régisseurs rapportent assez pour soutenir le train de vie de ces élites dans les palais urbains. En Espagne, on observe le même phénomène d'une haute noblesse repliée sur la ville même si une petite noblesse rurale reste sur ses domaines.

Le signe de réussite de ces élites est l'affichage dans la haute aristocratie européennes.

ex. Tomaso Corsini possède 25 000 ha en Italie.

c.                 La noblesse russe

Elle n'est pas soucieuse de moderniser les exploitations. Seule la noblesse a le droit de posséder des terres, de plus les postes dans l'armée et la haute administration lui sont réservée. La noblesse russe est nombreuse et hiérarchisée. Cette hiérarchie est rigidifiée avec l'établissement en 1822 de la Table des rangs qui classe les familles nobles en 3 ordres subdivisés en 14 classes :

noblesse militaire

noblesse civil

noblesse de la dignité de la cour

Ces Tables expriment le souci de fixer la position de famille noble dans la hiérarchie

ex. Dolgorouki, Wiazemski appartiennent à la noblesse princière. Pouchkine appartient à la noblesse urbaine.

Cette noblesse a des préoccupations ostentatoires en vivant dans des hôtels à Moscou et Saint Petersbourg.

Ils possèdent de grandes surfaces (Stroganov a 1,5 millions d'ha) mais qui est mise en valeur par une main d'œuvre servile (14 000 seigneurs possèdent plus de 1000 âmes en 1834)

Il n'existe aucun encouragement visant à améliorer le rendement des terres. Si bien que le retard accumulé éclate au grand jour lors de la défaite russe lors de la guerre de Crimée en 1855. En réaction, une réforme du servage est entamée en 1861.

La noblesse russe vit dans un univers marqué par la culture française (modèle de la société parisienne).

V.                Destins sociaux spécifiques : la disparition du paysan anglais

1603 : Ecosse + Angleterre = Grande Bretagne

1800 : Grande Bretagne + Irlande = Royaume uni

cf. Habbakuk (John), “La disparition du  paysan anglais », Annales, 1965

Approche de ce cours est l’histoire de la seigneurie en Europe sur le long terme. L’évolution des relations entre terres seigneuriales et propriété paysannes.

Juillet 1793 : en France les paysans deviennent pleinement propriétaires et ne sont plus soumis au paiement d’une taxe recognitive. La propriété paysanne l’emporte sur la propriété seigneuriale

En Angleterre où l’insularité géographique donne lieu à un destin singulier (politique, économique et social) , le domaine seigneurial s’accroît absorbant les parcelles paysannes. . A la fin du XIX° le monde agricole est fondé sur les propriétaires, les fermiers et les salariés. Au système de la tenure est substitué le fermage et la corvée devient une redevance en argent.  A la fin du XIII°, beaucoup de paysans sont de simples locataires et à la fin du XV°, il n’y a plus de servitude paysanne. Les seigneurs deviennent pleinement propriétaires de leurs terres.

1688 : Glorieuse Révolution : monarchie parlementaire sans  constitution écrite. L’évolution politique de l’Angleterre se fait par réformisme et plus par révolution.

Les mutations sont visibles dans le paysage agraire.

1.      Disparités de la société rurale anglaise au début du XIX°

a.                 Tenanciers (locataires de la terre)

Leaseholders

Fermier plutôt aisés travaillant pour les grands propriétaires à la tête de vaste domaines. En général, ils promeuvent le développement de l’agriculture moderne.

Copyholders

Ils sont peu nombreux et exploitent une terre seigneurial à titre héréditaire (reconnaissance écrite fixant une fois pour toute les conditions). Les grands propriétaires voudraient faire annuler ces coutumes écrites ce qui engendre des conflits au profit de baux révisables.

b.                 Salariés agricoles (fermiers)

Main d’œuvre formée de fermiers et disparate.

Collagers

Ils sont nombreux et ont une situation plutôt favorable car ils sont propriétaire de leur force de travail mais aussi de leur maison et d’un peu de terre.

Journaliers agricoles

Ils ne possèdent rien et peinent de plus en plus à vivre car ils perdent les droits d’usages des terres communales (mouvement des enclosures)

c.                 Paysans indépendants

Yeomen

Propriétaires de terres dont la surface permet une indépendance économique. Ils sont victimes de la modernisation économique car elle remet en cause leur indépendance.

Squatters

Ils sont aussi touchés par la modernisation car ils ne sont sur les terres qu’ils ont défrichées qu’à titre précaires car elles sont communales (objet de litige avec les grands propriétaires).

2.      Développement précoce du capitalisme agraire

La capitalisme agraire est stimulé par la croissance démographique et une conjoncture de hausse des prix au début des années 1760. Cette conjoncture est renforcée par la guerre contre la France révolutionnaire et impériale.

a.                 Les enclosures (vœu de rationalisation)

Mouvement de remembrement des exploitations, de défrichement des communaux redistribuées entre tous les ayants-droit (fragilisation des indépendants, dont les squatters) et de mise en cloture des exploitations.

Abolition des droits communaux sur les terres communales.

Pour mener un mouvement d’enclosure un grand propriétaire et quelques grands fermiers en font la demande au Parlement. Les petits paysans donnent leur avis qui ne compte que peu. Dès le XVII°, des actes sont accordés (21 entre 1661-1727) de plus en plus rapidement (226 entre 1727-1760). Il existe aussi des actes généraux qui englobent plusieurs villages. Le phénomène se termine entre 1869-1878. L’Angleterre des openfield laisse place à celle des champs  clos.

1661-1772

1727-1760

1760-1840

Actes accordés

21

226

3 500

b.                 Nouveaux systèmes de culture

Ce sont ces systèmes qui motivent le mouvement des enclosures.

Rupture du cercle vicieux de l’agriculture ancienne : culture uniquement céréalière-pas de pâture-pas de bétail-pas de fumier-pas d’engrais- mise en jachère nécessaire. Ce système est consommateur de surface et encourage la culture céréalière.

Les nouvelles techniques culturales permettent la sortie de ce cercle :

·        Recours à de nouvelles plantes fourragères (trèfle et sainfoin régénère en nitrate, rave, navet et betterave vont chercher des nutriments en profondeur avec leur racines pivotantes)

·        Ces plantes nécessitent un sarclage régulier (nettoyage du sol)

·        Elles permettent de nourrir du bétail (orientation vers l’élevage).

Les champs dédiés à la pâture doivent être clôturés et l’assolement quadriennal nécessite un remembrement.

Progrès dans le drainage et l’irrigation nécessite une main d’œuvre plus nombreuse (+ entretien  des terres par le sarclage)

Spécialisation des cultures.

3.      Gagnants et perdants de la modernisation

Le mouvement des enclosures coûte cher et génère de l’endettement.

a.                 Emprise renforcée de l’aristocratie foncière

Cf. cours sur l’aristocratie européenne (n°IV).

Mode dominant est celui de la grande propriété (4000 familles détiennent les 4/7 des terres cultivables en 1873).  Les revenus agricoles comptent pour 4/5 des revenus nobiliaires. Les progrès économique renforcent cette emprise.

b.                 Prospérité des grands fermiers

Fragmentation des grands domaines en fermes de dimension moyenne mais plus grande qu’avant le mouvement des enclosure (highfarming).

Ex. vers 1860, 50% du sol est occupé de fermes de 80 ha tandis que 1/3 du sol exploité l’est par des fermes de 120 ha.

Ces domaines sont confiés à des fermiers entrepreneur de culture capitaliste (apportent le cheptel et les outils agricoles). Il emploient une main d’œuvre et recherchent le rendement maximal puisque le montant du fermage est fixe.

c.                 Développement du salariat agricole

Intensification du travail humain pour le remembrement (construction de clotures et de chemins de desserte) et le travail de la terre (sarclage, plus de labours pour plus de productivité) et les soins à donner au bétail.

Les conditions de vie sont difficiles car les salaires sont bas, les droits communautaires sont supprimés, les logements sont insalubres.

Après 1870, on observe  une prise de conscience de cette situation avec l’organisation d’une lutte syndicale pour cette main d’œuvre (mais en parallèle les effectifs diminuent passant de 962 000 en 1871 à 621 000 en 1921)

d.                 Déclin de la petite paysannerie

Les paysans indépendant représentent moins de 20% de la population agricole et possèdent 12-15% du sol en 1800.

Diminution quantitative :

Population rurale

Population urbaine

Population active agricole

1801

59.4%

40.6%

36%

1851

47.8%

(en France 76%)

52.2%

15% en 1871

1901

23%

77%

9%

Diminution qualitative

961 000 famille employées dans l’agriculture dont 130 000 indépendante, 686 000 salariées agricoles et 145 000 leaseholders.

La modernisation a entraîné l’éviction des squatters, des tenanciers mais ce phénomène est aussi du à la conjoncture de diminution des prix entre 1815-1850 et pas seulement au mouvement des enclosures. Les salaires urbains sont plus attractifs.

VI.             Mutation sociopolitique majeure : l’abolition du servage en Russie

Poids important de la petite paysannerie (92% de la population au début du XIX°). La Russie a connut durant le XVIII°, sous le règne de Pierre le Grand puis de Catherine II un renforcement du pouvoir des propriétaires nobles afin d’augmenter le rendement de la terre (contre exemple de l’Angleterre).

1.      Situation à l’orée du XIX°

a.                 De pesantes tutelles juridiques

Le serfs est soumis à une institution, le mir, sorte d’assemblée générale des habitants, dirigée par le staros (aux ordres du seigneur). Le mir veille aux modalités de gestion des terres (assolement biennal) et redistribue périodiquement les lots (nadels) aux paysans.

Servage :

Paysan d’Etat (43% de la population) : il appartient à l’Etat et ne relève d’aucun seigneur. Il est reconnu comme sujet de droit public (peut intenter une action en justice), et attaché à la terre en théorie mais de fait l’Etat accorde beaucoup d’autorisations de déplacement temporaire ou définitif.

Serf appartenant à un seigneur. Il est soumis à une justice seigneurial, n’a pas de personnalité juridique (apparenté à un bien meuble). Leur nombre augmente car le tsar récompense les nobles en leur donnant ses paysans d’Etat.

b.                 Aggravation des contraintes économiques

Les serfs doivent au seigneur la corvée (barscina) ou la redevance (obrok).

La corvée est de 3 jours de travail. Ce système est privilégié sur les terres riches et concerne les ¾ des serfs. Les seigneurs ont de plus en plus recours à ce système afin d’augmenter le rendement de leur terre dans le but d’entrer dans une économie de marché destinée à l’exportation de la production (corvée de charroie) au risque de désorganiser l’économie paysanne d’auto consommation.

La redevance est prélevée en argent ou en nature dans les zones moins riches de forêt ou d’industrie. Dans ces régions la richesse réside dans les hommes et non dans la terre.

Cette économie est limitée car le système est fondé sur l’augmentation du rendement humain et non du rendement en général. Or, la force de travail ne peut pas croître indéfiniment.

c.                 Les premières révoltes

1800-1810 : moyenne de 18 révoltes graves/an

1815-1825 : moyenne de 32 révoltes graves/an (concerne des dizaines de milliers).

La hantise de voir  une nouvelle révolte à la Pougatchev (1773-1774) est présente suscitant un sentiment de danger imminent. Cependant les révoltes restent localisées car il n’y a pas d’organisation pour donner une cohérence à celles-ci.

2.      Premières remises en cause politiques et premières réformes

a.                 Modernisation de la société civile

La Révolution française à eu un impact dans l’Europe entière et aussi en Russie. Catherine II était ouverte aux Lumières françaises. Par les liens existants entre la haute société russe et européenne  la modernisation européenne touche aussi la Russie. Le service d’Etat se modernise. Les enfants des nobles russes sont envoyés dans des établissements publics à Moscou, dans des universités allemandes ou encore dans le lycée Tsarkoieselo (fondé par le tsar pour ses enfants à Saint Petersbourg) . La jeunesse est sensibilisée aux idées de l’Occident et prend consciences des problèmes de la société russe (dont l’abération de compter seulement sur le servage pour le développement économique).

Cette jeunesse rencontre la contestation des jeunes officiers de l’armée qui furent en contact avec l’Occident durant les guerres de Napoléon Ier. Bien qu’occupants ils furent reçus parmi la haute société française en 1814-1815.

b.                 Soulèvement des décabristes

A l’occasion de l’interrègne qui suit le décès d’Alexandre Ier (19 novembre 1825). Normalement son frère Constantin doit régner mais refuse et c’est Nicolas, son autre frère qui devient tsar.

Les jeunes officiers qui ont vu l’exaltation patriotique des allemands et déçus des promesses libérales d’Alexandre Ier non tenues veulent prendre le pouvoir et remettre en cause la société russe, le servage, les châtiments corporelles dans l’armée. Ils sont organisés en sociétés secrètes prônant l’abolition du servage. Celles ci ont même élaboré un projet de constitution en 1822 prévoyant  une monarchie constitutionnelle sans servage et avec liberté d’expression.

Par modernisation ils entendent moderniser politiquement et abolir le servage.

Ces officiers appellent les régiments de la garde à ne pas prêter serment au tsar mais seulement 3/14 régiments se mutinent. Sur la place du Sénat des centaines de conjurés se rassemblent devant une foule spectatrice. Ils sont arrêtés sur ordre du tsar (5 exécutions, 31 condamnations aux travaux forcés en Sibérie faisant figure de martyr de la République du roman de la gauche). Ils ont donc inauguré la tradition de révolte. Cette tentative éveille la volonté d’affirmer la dignité humaine contre le tsarisme et la haine du servage.

c.                 Règne de Nicolas Ier

Il arrive au pouvoir en 1825 et est conscient de la nécessité de réformer le pays. Il fonde une école de droit à Saint Petersbourg ainsi qu’un comité secret chargé de penser aux améliorations souhaitable (celui-ci examine même le projet de constitution de 1822).

Apparaît une division entre occidentalistes (voulant suivre l’exemple occidental contre la Russie autocratique) et slavophiles (contestant l’idée d’une avance de l’occident, contre l’individualisme, pour le peuple paysan, idéalisation de l’idée d’entraide y régnant, pour un retour aux principes originels de la société paysanne).

3.      Abolition du servage

La défait de la guerre de Crimée (1855) menée contre la Turquie (soutenue par la Prusse, la France et l’Angleterre) fait prendre conscience du retard de la Russie. Cette défaite est due à l’insuffisance des moyens de transports permettant de mener les troupes sur place (chemin de fer) et au fait que les troupes puisées chez les serfs ne sont pas très motivées.

Durant la guerre, Nicolas Ier meurt. Son fils, Alexandre II lui succède.

a.                 Réforme impulsée d’en haut

Celle ci est représentative du mode de fonctionnement de la Russie (décision unilatérale du tsar qui ne consulte que la noblesse et pas les bourgeois et le clergé). Les nobles sont chargés de former des comités provinciaux afin d’abolir le servage. Comme ils sont contre ils infléchissent cette réforme dans leur sens.

Les paysans veulent la liberté civile et personnelle (droit d’acheter, de vendre, de se marier…), la propriété de leur nadel tandis que les nobles veulent défendre leurs revenus fonciers. Ils arrivent donc à un compromis.

Signature du Statut des Paysans libérés du servage (19 février 1861) accorde la liberté aux paysans mais la communauté doit racheter les terres. La tutelle du mir est donc toujours présente. L’Etat prête des fonds pour cela mais à un taux exorbitant (revenant à acheter 3 fois la terre). Sinon les paysans peuvent disposer du quart gratuit mais dont la surface trop petite ne permet pas d’autonomie financière.

Le propriétaire a le droit d’imposer l’une des deux solutions et le paysan reste dépendant durant la durée de la négociation.

Ce statut constitue un tournant car il libère les paysans mais ne résout pas le problème de leur devenir économique (déception).

b.                 Poursuite des réformes

L’autocratie russe veut poursuivre ces réformes et le tsar débute celles-ci indiquant une réelle volonté de moderniser.

Réforme de la justice, création d’un enseignement primaire (1863-1864) qui reste peut nombreux, création des zemstvoz en janvier 1864 (sorte de Conseil Général travaillant pour l’hygiène, la construction des routes, la modernisation de l’agriculture), relative liberté d’expression mais restriction de la liberté de la presse.

Réforme pour rationaliser le fonctionnement des rouages de l’Etat mais qui ne résout pas la question agraire.

c.                 Question agraire (1863-1917)

La réforme de 1861 donne un accès limité à la terre. Beaucoup de paysans acceptent le quart gratuit poussés par les seigneurs mais comme les lots sont trop petits ils sont poussés à le vendre et à partir à la ville.

Croissance des difficultés en raison de la vitalité démographique qui entraîne une crise agraire (1880’s-1905) marquée par la réaction du tsar Alexandre III qui mène une politique afin de reconstituer l’autorité de la noblesse foncière (recouvre le droit de juger les paysans), d’augmentation des impôts. Reprise des troubles agraires.

Suite à des émeutes paysannes en 1905, le Président du Conseil, Stolypine, engage des réformes afin de créer une classe de paysans aisés rempart à l’agitation paysanne et ouvrière.

Août 1906 : création de la Banque  des paysans recevant 10 millions d’ha de terre de la couronne vendues à 80% du prix normal.

1 janvier 1907 : suppression de la redevance pour le rachat des terres corrigeant les erreurs de la réforme de 1861.

Cet individualisme agraire favorise les koulaks (paysans moyennement riches).

VII.          La question d’Irlande au XIX°

Bibliographie :

J. Guiffant, La question d’Irlande

Bedarrida, L’Angleterre triomphante (1832-1914)

En Irlande, les problèmes sociologiques et politiques sont imbriqués. L’espace est progressivement passé sous la coupe des autorités anglaises. L’Union Act (1800) introduit légalement l’Irlande dans le Royaume-Uni. En réalité, l’Irlande n’est jamais vraiment intégré au RU mais se sent plutôt subordonnée comme une colonie. L’Angleterre ne lâche pas l’Irlande facilement car elle craint que cette indépendance ne préfigure celle d’autres colonies.

Problèmes : politique, religieux, question agraire en raison d’une mauvaise répartition des terres (liée à l’emprise de l’Angleterre).

A la fin du XIX° on observe une nouvelle société rurale en Irlande et la re création d’une petite paysannerie (à l’inverse de l’Angleterre).

1.      Processus de naissance de la question agraire

a.                 Transfert de propriété : expulsion des catholiques

A chaque étape de l’emprise anglaise des paysans irlandais sont expulsés.

En 1170, lors de la conquête anglo-normande, les seigneurs anglais prennent les meilleures terres mais la civilisation celtique (organisée depuis le VI°avJC) perdure. Les barons anglo-normands deviennent culturellement des Irlandais. De fait, l’autorité effective du roi d’Angleterre s’exerce seulement vers Dublin.

Au XVI°, la question agraire devient importante car elle se lie à la question religieuse. L’Irlande résiste à l’introduction de la réforme anglicane. Henri VIII prend le titre de roi d’Irlande pour réaffirmer son emprise sur l’île. La couronne fait des concessions féodales aux seigneurs irlandais qui deviennent ses vassaux. Les chefs irlandais sont opposés à cette mainmise et à chaque révolte on assiste à un transfert de propriété vers les seigneurs anglais.

1556 : première plantation d’Irlande. Processus de colonisation remplaçant l’aristocratie irlandaise par des seigneurs anglais (spoliation de terres).

1569, 1575… sont des années de révoltes des catholiques irlandais réprimées marquant les difficultés des Anglais pour s’implanter. La province de Munster qui est un centre actif de la révolte est alors ravagée et 200 000 ha sont confisqués.

1603 : la conquête est achevée mais les catholiques continuent à remettre en cause celle-ci en n’adhérant pas à l’anglicanisme.

1609 : plantation d’Ulster poursuivant le programme colonial. Cette région est organisée en comtés (sur le modèle anglais) et les terres sont attribuées à des entrepreneurs tenus d’y installer des tenanciers protestants donc souvent venus d’Angleterre (surtout d’Ecosse). Parfois des tenanciers catholiques sont installés mais leur situation est précaire. C’est la seule implantation vraiment réussie bien que les révoltes continuent (aussi dans la province d’Ulster).

Au XVII°, les Irlandais se soulèvent profitant de la révolution anglaise mais Cromwell écrase la révolte, reconquiert, exproprie les Irlandais. En 1652, une loi de confiscation est votée : ou bien les Irlandais doivent abandonner leurs biens dans l’Ulster, le Leinster et le Munster et trouver refuge dans le Connacht (Connaught), ou bien ils doivent devenir de simples tenanciers des nouveaux propriétaires. Les Anglais possèdent désormais les 2/3 des terres qui sont les plus fertiles (aggravation de la question agraire).

Après la mort de Cromwell (1658), les structures économiques, démographiques et sociales de l’Irlande sont brisées. Le rétablissement de la royauté en Angleterre n’empêche pas la poursuite des expropriations, les Irlandais ne sont que des tenanciers précaires.

Ils veulent se révolter en 1688 lors de la Glorieuse Révolution mais les protestants triomphent notamment lors de la bataille de la Boyne car Guillaume d’Orange vainc Jacques II (Ecossais soutenu des Irlandais)

1695 : lois pénales privent les catholiques du droit de vote, d’occuper des postes dans l’armée, l’administration ou la magistrature, d’acquérir des terres (par vente ou héritage).

Au XVIII°,Les Irlandais sont de plus en plus hostiles aux Anglais et placent leur espoir dans la Révolution Française et le mouvement de libération général qu’il avait suscité (fondation de clubs jacobins).

1800 : l’Union Act répond aux révoltes engendrées par la Révolution en supprimant le Parlement de Dublin (bien qu’essentiellement occupé par des Anglais). Les Irlandais doivent désormais envoyer 100 députés et 32 lords à Londres. L’administration de l’Irlande est protestante et les Irlandais sont discriminés (paiement de la dîme au clergé anglican, inéligibilité des Catholique au Parlement).

Les tenanciers Irlandais sont soumis à des seigneurs absentéistes peu préoccupés de moderniser les exploitations. Les intendants qui gèrent les terres doivent se payer sur le dos des tenanciers, les pressurisant d’autant plus.

2.      Organisation d’une tardive mais réelle prise de conscience

a.                 Due à l’action du programme d’O’Connell

b.                 Grande Famine

1845 : pomme de terre détruite par une maladie entraîne une famine de 3 ans et des épidémies faisant passer la population de 9 millions (1845) ) 6,5 millions (1851). Emigration aux USA et en Angleterre (Anglais sont inquiets  de voir ces classes laborieuses dont dangereuses venir). La haine envers les Anglais croît car ils continuent de puiser les ressources de l’Irlande (« great starvation »).

Quelques grands propriétaires sont aussi ruinés car les paysans ne peuvent payer les fermages. Les propriétés sont vendus à des seigneurs qui en chassent les tenanciers non solvables.

Constitution de ligues de fermiers irlandais réclamant une réforme du statut des tenanciers.

c.                 Mouvement Fenian

Ce mouvement est plus radical que les ligues et vise à renverser le pouvoir britannique par la force. Organisation secrète fondée en 1858 : Fraternité républicaine irlandaise.

Mars 1867 : insurrection. Le mouvement Fenian fait des attentats en Angleterre, subit une répression mais tient bon. La classe politique anglaise se préoccupe alors de la question irlandaise notamment en la personne de Gladstone.

3.      Réformisme anglais et la résolution de la question agraire.

Le 1° ministre, whig (libéral), Gladstone propose que l’Irlande soit gouvernée selon sa majorité comme un pays libre.

1869 : loi dispense les Catholiques de payer la dîme à l’Eglise anglicane.

a.                 Législation protectrice des tenanciers

1870 : Land Act. Premier pas symbolique car il restreint l’expulsion arbitraire des petits tenanciers (le propriétaire ne peut pas chasser quelqu’un qui verse son bail).

Les réformes arrivent tardivement et ne règlent pas la question agraire car subsiste la domination des grands seigneurs absentéistes (1870 : 760 personnes possèdent ½ des terres).

En 1879 arrive une ultime aggravation de la situation car une crise est suscitée par des mauvaises récoltes (1867-1880) entraînant une nouvelle vague d’expulsion (1879 : 6000 expulsions et 1880 : 10 500). Une nouvelle ligue agraire se forme : FFF car elle réclame un fermage équitable (Fair rent), la fixité du prix des tenures (Fixity of tenures) et la (Free sale).

Cette ligue organise une résistance aux évictions, vient en secours aux fermiers en difficulté et obtient le soutien du clergé catholique.

Les leaders sont arrêtés en avril 1881 mais une loi vient tout de même accepter la majeure partie des revendication des FFF (indemnité en cas d’éviction, libre transmission des baux, mise en place de tribunaux d’arbitrage pour discuter du prix des fermages).

1882 : loi décharge les paysans d’une parti de leur hypothèque.

b.                 Solution finale : création d’une petite paysannerie propriétaire

1885 : loi sous les tories favorisant l’achat de terre par les tenanciers (redistribution des terres). Disraeli, ministre tory, veut encourager les Irlandais à renoncer au statut d’autonomie (Home rule).

1891 : création d’un fond destiné au prêt d’Etat aux tenanciers pour qu’ils deviennt propriétaires.

Résultats : d’un taux de possession de 5% du sol en 1878, les Irlandais passent à  un taux de 66% en 1914.

Cette solution ne résous pas le problème politique car l’application du Home Rule (garantissant plus d’indépendance pour l’Irlande) est reporté à 1920 pour cause de guerre mondiale. Cette loi ne satisfait pas les Républicains irlandais les plus fervents et ceux-ci poursuivent leur lutte.

Aujourd’hui la question politique perdure en Ulster.

VIII.       Urbanisation : le cas anglais

A l'échelle mondiale l'urbanisation a lieu au XX° mais en Europe elle a lieu au XIX°.

Population urbaine en Europe passe de 20 millions soit 10% en 1800 à 150 millions soit 35% en 1900. L'Angleterre est en avance et symbolise la civilisation du XIX°.

La politique urbaine vient répondre aux problèmes sociaux que pose la croissance des villes. Cette politique est liée aux représentations et attentes par rapport au futur. Dans les villes, l'ordre social est remis en question (les révolutions du XIX° naissent en villes). Les réponses sociales apportées à ces problèmes spécifiques viennent s'appliquer à l'ensemble de la société, monde rural compris.

rq. Les villes ne sont pas isolées mais liées à la campagne. La société rurale est irriguée par des composantes urbaines notamment par la présence des notables et des migrants.

1.      Les processus d'urbanisation au XIX°: approche globale

a.                 Définition de la ville

Les liens entre urbanisation et industrialisation ne doivent pas être établis systématiquement.  La présence de remparts ne permet plus de définir la ville car au XIX0, la ville close devient ouverte. Vague de démantellement des remparts donnant des boulevards circulaires entre 1790-1825.

La ville se définit par le nombre de ses habitants mais le seuil varie selon les lieux

ex. fin du XIX° des concentrations de 50 000 habitants en Allemagne sont institutionnellement considérés comme rurales.

ex. En Hongrie, des concentrations des moins de 3 000 habitants ont le statut juridique de villes (Chicago de même avec moins de 500 habitants).

En 1887, l'institut national de la statistique arrête le seuil de 2 000 habitants agglomérés au chef-lieu.

rq. ce seuil n'empêche pas les particularismes locaux

En GB, ce seuil de 2000 habitants est respecté  mais à cela on ajoute la présence de fonctions administratives et une loi de 1857 fait référence à propos des villes à la présence d'infrastructures pour définir la ville (organisation en matière d'hygiène: bains municipaux, écoulement des eaux usées…). Le RU est en avance en matière d'urbanisation et le rythme de croissance urbaine se ralentit à la fin du XIX° (tandis que celui de l'Allemagne croît alors dépassant le RU en effectif et la France en %)

b.                 Liens entre la poussée urbaine et le développement économique

L'industrialisation n'est pas le seul déterminant de l'urbanisation. En outre, l'industrialisation est liée au développement de l'agriculture. En effet, l'agriculture produit assez pour nourrir une population croissante et permet de libérer de la main d'œuvre pour qu'elle s'active à autre chose.

La ville est liée au développement du commerce et de l'industrie. En Angleterre même s'il y a des industries dans les espaces ruraux, le lien entre développement industriel et urbanisation est affirmé.

c.                 Problème d'aménagement liés à l'essor urbain

Développement des villes dans des cadres anciens donc problèmes de densification dans le parcellaire ancien et plus rarement création d'espaces neufs. Au RU, c'est le libéralisme qui règne en matière d'aménagement du territoire.

2.      La croissance urbaine en Angleterre

a.                 Urbanisation galopante

(triplement du % d’urbains entre 1800-1900) avec un rôle important des grandes villes (Manchester, Liverpool, Glasgow, Leeds, Sheffield, Newcastle et Londres) très liées à l'urbanisation. Concentration de la main d'œuvre

Secteurs traditionnels où la main d'œuvre travaille à domicile mais dans les domaines où la machine est essentielle les petits ateliers diminuent au profit des grandes usines (Londres, Yorkshire, Lancashire…)

L'accroissement de la population urbaine se fait par l'afflux des ruraux (anglais et irlandais) fournissant une main d'œuvre abondante acceptant des salaires bas et des conditions de vie misérables.

b.                 L'organisation de l'espace

Ségrégation sociale existant mais ce schéma est à nuancer. Il n'y a pas de ghettos mais des quartiers à dominante ethnique.

Spéculation immobilière. L'immobilier devient un secteur fructueux pour les investisseurs fonciers qui achètent des parcelles (estates) où les constructions sont uniformes. L'espace urbain est fait de ces estates : homogénéité dans chaque estate et anarchie dans l'ensemble. Londres est l'archétype de cette urbanisation avec des quartiers vivant la journée (commerce) au centre, puis des quartiers ouvriers mêlés aux usines et enfin des quartiers d'habitation pour la bourgeoisie.

c.                 Conditions  de vie des ouvriers 

La vie des ouvriers a donné lieu à toute une mythologie (cf. Dickens). Densités importantes et fort taux de mortalité.

ex. 1840 taux de mortalité de 22 pour 1000 pour l'ensemble du RU alors qu'il est de 71 pour  1000 à Liverpool (et 200 pour 1000 pour la mortalité infantile).

Cette mortalité est due à de mauvaises conditions de vie et de travail et le manque de recours en cas de maladie, d'accident ou de chômage.

Les ouvriers sont mieux lotis dans les petites ou moyennes villes. A ces espaces des questions sociales sont liées.

3.      Londres à l'ère victorienne

a.                 Incarnation du gigantisme urbain

Phare de la civilisation urbaine. Ere de l'orgueil impériale de ces possessions coloniales. Le gigantisme de Londres par ses dimensions et ses monuments symbolise cette réussite.

Précocément, Londres atteint le seuil de 1 million d'habitant en 1802. La première ligne de métro est inauguré dès 1863. La spécificité de Londres est qu'elle parvient à croître par son solde naturel (en plus de son solde migratoire).

Au milieu du XIX°, les quartiers centraux se dépeuplent au profit des périphéries.

Il s'agit d'une mégalopole, la ville la plus étendue de toute l'Europe en extension (300 km² à la fin du XIX° contre 80km² à Paris) en forme de tâche d'huile. Elle absorbe des villages et des espaces ruraux alentours pour croître.

b.                 Ville multifonction

Avant tout c'est une capitale, métropole à la tête d'un vaste empire colonial. Elle organise des expositions universelles pour manifester sa puissance (construction du Chrystal Palace montrant une maîtrise de la technologie pour l'exposition universelle de 1851), fait des fêtes magnifiques (à Birmingham Palace).

Sa puissance repose sur le prestige de la couronne, la puissance financière (La City est le poumon financier du commerce mondial), la puissance industrielle (tous les secteurs se trouvent à Londres sauf la métallurgie lourde), la place de capitale culturelle et intellectuelle.

c.                 Une société très contrastée : ségrégation

La misère à Londres. Buret (formation de médecin), Villermet ou encore Guépin sont des enquêteurs sociaux.

Paradoxe: ces ouvriers travaillent le coton et autres matériaux afin d'en faire des vêtements mais n'ont pas de quoi en acheter.

Les épidémies qui se transmettent même à la population bourgeoise alertent les autorités publiques qui prennent conscience de la question sociale (cf choléra de 1832).

L'industrialisation fait émerger une nouvelle forme de pauvreté : le paupérisme

Population ouvrière et démographie de la misère

Démographie de la misère avec beaucoup d'enfants car ils rapportent  un salaire.

Population faite d'anglais et d'irlandais

Importance de l'industrie du textile, activité pilier de la révolution industrielle. Ici, ces ouvriers travaillent à domicile et sont payés à la tâche. Selon l'activité, ils se regroupent en quartiers.

Une population misérable

Faibles salaires et chômage

Habitat dégradé en raison de l'essor rapide de l'espace urbain des problèmes de voirie apparaissent (approvisionnement et évacuation des eaux qui est le problème de tous les quartiers au XIX°). Le tissu urbain craque.

Sous locations fréquentes et surpeuplement.

Situation sanitaire inquiétante. Habillement par des chiffonniers. Population fragilisée soumises aux épidémies. Alcoolisme fragilise les organisme et entraîne la méfiance des autorités.

Système de secours sans efficacité

Charité privée car dans le monde des élites la charité est un devoir lié à la position sociale (liée à la religion)

Prêt sur gage (cf. mont de piété italiens et français)

Workhouses pour dissuader le recours à l'assistance.

IX.             La protoindustrie en Europe au XIX°

Il n’existe pas que les grosses industries du modèle anglais dont nous avons l’image. Il y a aussi une industrie rurale : la protoindustrie. Dans de nombreux espaces l’activité économique est animée par des petites entreprises rurales dynamiques. Dès 1935, dans les Annales, Marc Bloch et Lucien Febvre attirent l’attention sur les petites forges de villages et des petites entreprises implantées en milieu rural. Dans les années 1970’s des historiens tels Franklin Mendels, Louis Bergeron ou Alain Dewerpe remettent en cause ce modèle de l’industrialisation à l’anglaise.

Ainsi, il convient de ne pas lier trop systématiquement industrialisation et urbanisation et il est important de ne pas croire que toutes les concentrations industrielles comme Lyon, Grenoble ou Rouen ne ressemblent pas à celles de l’Angleterre.

Le nord et la Lorraine métallurgique sont donc différentes des régions utilisant l’espace forestier et l’énergie hydraulique. De même, les structures de ce monde ouvrier travaillant dans ces protoindustries sont différentes.

Cf. Les ouvriers dans la société française, Gérard Noiriel.

La protoindustrie (concept de Mendels) remet en question le lien de causalité entre révolution agricole et révolution industrielle. De fait, il y a eu concomitance entre ces deux éléments. Les espaces ruraux du XIX° ne sont pas qu’agricole (sociologue Henri Mendras : « il n’y a jamais eu de société rurale purement agricole »). Il existe une continuité dans l’organisation de la production et du travail entre l’avant et l’après innovation technologique : il n’y a donc pas à proprement parlé de « révolution industrielle » mais plutôt une révolution technologique. Les changements se sont fait progressivement.

La protoindustrie met à profit des marchés lointains et est donc inséré dans une économie de marché, ce n’est pas une industrie d’autoconsommation.

Ces ateliers ruraux dynamiques ne sont pas voués à disparaître car ils débouchent sur une phase nouvelle d’industrialisation.

1.      Esquisse de chronologie

a.                 Le premier XIX° : pluriactivité foisonnante

Ces communautés rurales forment une main d’œuvre profitable pour les capitaux de marché car elles offrent moins de contraintes que la main d’œuvre urbaine. Elle consacre seulement une partie de son temps à ce travail et forme donc une main d’œuvre souple et docile quant au niveau des salaires. La fabrique lyonnaise est donc essaimée dans toute la vallée du Rhône, l’industrie horlogère est située dans toute la vallée alpine.

Les travailleurs ruraux y trouvent leur compte car il y trouve un revenu complémentaire tout en restant sur place et cela leur permet aussi de préserver les exploitations rurales du démembremen (les capitaux dégagés permettent d’indemniser les héritiers ne récupérant pas les terres). De manière indirecte, cela maintient la viabilité des exploitations.

b.                 1840-1880 : facteurs de changement

Développement des transport, début de mécanisation etc… remettent en cause cette pluriactivité car la mécanisation suscite une croissance du besoin de main d’œuvre. Certains ateliers quittent donc la pluriactivité et se spécialisent. Au sein de la famille, certains membres quittent la pluriactivité et ne travaillent plus que dans l’atelier, des pièces sont assignés à la production…

c.                 1880-1930 : période cruciale

Des ateliers ruraux spécialisés périclitent tandis que d’autres survivent aux mutations technologiques en se spécialisant, se mécanisant et en augmentant les relation de sous-traitance. Cette spécialisation permet de maintenir la main d’œuvre sur place, évitant l’exode rurale, voire permettre une croissance démographique (main d’œuvre infantile).

2.      Structure du monde protoindustriel

a.                 Potentiel humain de l’Europe du XIX° majoritairement rurale

Ex. en Haute Saône en 1836, 89,9% de la population est rurale.

Cette richesse des hommes fournit une main d’œuvre abondante, souple, bon marché et peu difficile sur les conditions de travail. Ces ruraux ont donc un rythme de travail à la fois agricole et industriel dans le cadre de familles soudées (spécialisation de certains membres évitant le démembrement). Ces ruraux ont un savoir faire technique hérité de long temps pour le travail du textile, du bois et du fer dans le cadre de l’économie d’autosuffisance. Ces savoirs-faire se diffusent par la pédagogie de l’exemple et s’améliorent au fil des générations.

Ex. coton en Allemagne, soie en Italie du nord, laine de Catalogne, fer en Haute Silésie.

C’est un système domestique. Le travail est fournit par le fabriquant (il confie le travail et récupère la production) qui diffuse le travail industriel à temps partiel payé à la pièce.

b.                 Multiplication des petites unités industrielles

Les protoindustries deviennent de vraies petites industries : les paysans ouvriers deviennent des ouvriers paysans.

Ex. en France le tissu industriel est déconcentré puisque 1,3 million de travailleurs de l’industrie travaillent dans un système concentré alors que 4,7 millions de personnes travaillent dans ces petites industries.

Ce système concerne de nombreux secteurs d’activité. Ces petites unités se multiplient au fil de l’eau avec une amélioration des moulins hydrauliques.

Mise en place de vallées industrielles dans le piémont même si l’on trouve des protoindustries au fil de l’eau en Normandie.

Ex. à Mulhouse, 85% de la production textile est rurale, à Roubaix ce sont des paysans mineurs qui exploitent les mines.

Ce processus de développement du secteur secondaire est donc plus qu’une simple survivance d’un archaïsme.

3.      Performances et mutations

a.                 Maintien d’une population en zone rurale

La protoindustrie permet au monde rural de demeurer un monde plein (retarde l’exode rurale et permet une maintient d’un fort taux de fécondité). Les structures démographiques restent.

Ex. pas d’exode rurale en Italie du nord (exode rurale en Italie du sud)

La population reste sur place et profite à partir des 1870’s du fait que les notables en raison d’une diminution de la rente foncière vendent leur domaine aux ruraux qui peuvent les acheter grâce aux profits dégagés par cette activité protoindustrielle.

La population rurale se stabilise et joue un rôle incitatif pour l’agriculture qui doit nourrir la population sur place et qui investi des capitaux pour ces activités agricoles.

b.                 Innovation technologiques

Dans les années 1880-1890, les transports et l’usage de l’électricité se développent rendant ces protoindustries moins dépendantes d’énergies plus difficilement maîtrisables. Ces espaces sont ouverts sur l’extérieur

Ex. le comté de Franche Comté est utilisé dans la marine (conservation) transporté avec le bois des forêts favorisant les activités de production et de transport.

Savoir faire en matière de transport pour l’exportation. L’économie agraire est donc déjà inséré dans une économie de marché (routes tracées pour les industries).

c.                 Unités protoindustrielles devenant de véritables industries

Ex. Peugeot et Japy (vers Montbéliard) en Franche Comté.

Cette protoindustrie échoue par exemple dans le Périgord où il n’y a pas de grand marché urbain, pas de capitaux bancaires disponibles pour le développement en industrie.

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