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cours d'histoire
9 novembre 2007

Pouvoirs et société en 'Europe au XIX°

I.      L’Europe en 1815. 3

1.        Redécoupage territorial 4

a.        Restaurer l’état d’avant 1789  4

b.        Redistribution des territoires. 4

c.        Retour en arrière total impossible. 4

2.        Restauration politique. 4

a.        Réaction politique fondée sur la religion et le royalisme. 4

b.        Epanouissement du courant contre-révolutionnaire  4

c.        Recul du principe constitutionnel (sans disparition totale) 4

3.     Mise en place d’un nouveau système diplomatique  5

a.        Pacte de la Sainte Alliance. 5

b.        Traité de la Quadruple Alliance. 5

II.        L’idée de nation dans l’Europe du XIX°  5

1.        Elaboration des définitions de la nation dans l’Europe du XIX°  5

2.     Les usages de l’histoire. 6

a.        Vercingétorix. 6

b.        Clovis  6

c.        Jeanne d’Arc. 7

3.     Voies d’interiorisation des identités nationales. 7

III.            Pouvoirs et politiques dans l'Europe du XIX° : étude de cas. 7

1.     Les campagnes françaises : entre conflits locaux et enjeux nationaux. 8

a.        Conflits dans les campagnes du Lot 8

b.        Exemple de révolte populaire contre l'Etat en 1841  8

2.        Apprentissage de la politique moderne dans la France de la monarchie de Juillet ?. 9

a.        Approche macro historique. 9

b.        Micro-histoire : politisation des conflits par le biais des élections. 10

3.     Autre type de politisation : le caciquisme en Espagne. 10

a.     Les caciques : interface entre l’Etat et la communauté de village  10

b.        Remise en cause de ce système. 11

c.        Restauration. 11

IV.       Elites, pouvoirs et sociétés dans l'Europe du XIX°  11

1.        Noblesse et bourgeoisie anglaise. 11

a.        Persistante puissance de la noblesse. 11

b.        Classes supérieures concurrencées par la bourgeoisie  12

2.     La France des notables. 12

a.     La société des élites recomposée par le I° Empire. 12

b.        puissance foncière et pouvoir économique des élites françaises. 13

c.        Prestige social et culturel 13

3.     La haute société dans le reste de l'Europe. 14

a.        Allemagne : domination du modèle prussien des junkers. 14

b.     Les élites des péninsules méditerranéennes. 14

c.     La noblesse russe  14

V.    Destins sociaux spécifiques : la disparition du paysan anglais. 15

1.        Disparités de la société rurale anglaise au début du XIX°  15

a.        Tenanciers (locataires de la terre) 15

b.        Salariés agricoles (fermiers) 15

c.        Paysans indépendants  16

2.        Développement précoce du capitalisme agraire. 16

a.     Les enclosures (vœu de rationalisation) 16

b.        Nouveaux systèmes de culture. 16

3.        Gagnants et perdants de la modernisation  17

a.        Emprise renforcée de l’aristocratie foncière. 17

b.        Prospérité des grands fermiers. 17

c.        Développement du salariat agricole. 17

d.        Déclin de la petite paysannerie  17

VI.            Mutation sociopolitique majeure : l’abolition du servage en Russie  18

1.        Situation à l’orée du XIX°. 18

a.     De pesantes tutelles juridiques. 18

b.        Aggravation des contraintes économiques  18

c.     Les premières révoltes. 18

2.        Premières remises en cause politiques et premières réformes. 18

a.        Modernisation de la société civile  18

b.        Soulèvement des décabristes  19

c.        Règne de Nicolas Ier 19

3.        Abolition du servage. 19

a.        Réforme impulsée d’en haut 19

b.        Poursuite des réformes. 20

c.        Question agraire (1863-1917) 20

VII.     La question d’Irlande au XIX°  20

1.        Processus de naissance de la question agraire. 21

a.        Transfert de propriété : expulsion des catholiques  21

2.        Organisation d’une tardive mais réelle prise de conscience. 22

a.     Due à l’action du programme d’O’Connell 22

b.        Grande Famine. 22

c.        Mouvement Fenian. 22

3.        Réformisme anglais et la résolution de la question agraire. 22

a.        Législation protectrice des tenanciers. 22

b.        Solution finale : création d’une petite paysannerie propriétaire  23

VIII.                Urbanisation : le cas anglais. 23

1.     Les processus d'urbanisation au XIX°: approche globale. 23

a.        Définition de la ville  23

b.     Liens entre la poussée urbaine et le développement économique  24

c.        Problème d'aménagement liés à l'essor urbain  24

2.     La croissance urbaine en Angleterre. 24

a.        Urbanisation galopante. 24

b.        L'organisation de l'espace. 24

c.        Conditions  de vie des ouvriers. 24

3.        Londres à l'ère victorienne. 25

a.        Incarnation du gigantisme urbain  25

b.     Ville multifonction  25

c.     Une société très contrastée : ségrégation  25

IX.       La protoindustrie en Europe au XIX°  26

1.        Esquisse de chronologie. 26

a.     Le premier XIX° : pluriactivité foisonnante  26

b.        1840-1880 : facteurs de changement 27

c.        1880-1930 : période cruciale. 27

2.        Structure du monde protoindustriel 27

a.        Potentiel humain de l’Europe du XIX° majoritairement rurale  27

b.        Multiplication des petites unités industrielles  27

3.        Performances et mutations. 27

a.        Maintien d’une population en zone rurale  27

b.        Innovation technologiques  28

c.        Unités protoindustrielles devenant de véritables industries. 28

Pouvoirs et sociétés en Europe au XIX°.

L’Europe est organisée depuis Vienne lors du Congrès de Vienne.

Choix de ce lieu car : cœur géographique de l’Europe occidentale et l’Autriche est très puissante.

Réunion de la Russie, Prusse, Autriche et Royaume Uni lors de ce congrès en septembre 1814.

Membres :

·        Metternich : représente l’Autriche et incarne la contre révolution et a à ce titre des préoccupations idéologiques

·        Castelreagh : représente l’Angleterre. Artisan de la coalition contre Napoléon. Il veut maintenir l’isolement de la France en Europe pour des raisons économiques.

·        Nesselrode : Russie. Peu présent dans la mesure où le tsar Alexandre I est présent au congrès.

·        Hardenberg : Prusse. Incarne la résistance de la Prusse face à l’occupation française suite à la défaite traumatisante de 1807 et sa régénération. La Prusse commence à s’envisager en tant que nation.

·        Talleyrand : France représenté au titre que les Bourbons ont été restaurés en France et sont disctints de Napoléon. De fait, la France a peu de poids.

Action :

Ouverture d’une nouvelle ère diplomatique avec la mise en place de commissions spécialisées chargées d’organiser concrètement l’Europe.

Ex. Commission des statistiques doit évaluer la population et les ressources fiscales.

Se déroule à Vienne une réelle vie de cour (permet de contrôler le politique et de mettre en scène les positions sociales).

Vœu de reconstruire la paix par le retour à la légitimité de l’Ancien Régime.

1.      Redécoupage territorial

Volonté de nier l’épisode révolutionnaire et napoléonien dans l’esprit que effacer les conséquences suffirait à effacer le souvenir.

Négation du principe de la souveraineté nationale en veillant à ce que la France ne redevienne pas conquérante. Encerclement de la France avec la création du Royaume des Pays-Bas, la confédération helvétique et la restauration de royaume de Piémont Sardaigne (cordon sanitaire autour de la France)

Russie : garde la Finlande, récupère la Bessarabie (vers la mer Noire permettant un accès au port d’Odessa)  et réaffirme son pouvoir sur la Pologne.

Prusse : renonce à la Pologne, annexe la Saxe (pour punir le roi de son soutien à Napoléon I) et une bande de terre entre Coblence et Trève.

Autriche : renonce à la Belgique, création du royaume de Lombardie Vénétie qui  est sous sa coupe, récupère le Tyrol.

Royaume Uni : conserve l’Irlande, Malte et les Iles Ioniennes (puissance maritime recherchée).

Confédération germanique ne compte plus que 39 Etats (alors qu’il y en avait 10 fois plus auparavant).

Italie de nouveau divisée alors que Napoléon l’avait unifié.

2.      Restauration politique

Principe de monarchie de droit divin réaffirmé comme légitimation de l’absolutisme.

Réaffirmation du principe de légitimité dynastique. Les souverains sont rétablis et arguent du fait que le droit divin est garant de la paix, de la justice et du respect de la religion.

Le conservatisme politique s’appuie sur la religion et la papauté y trouve son compte.

Nouveauté politique dans la mesure où ce qui allait de soi dans l’Ancien Régime a désormais besoin de justification et de théoriciens. L’utilisation des média est une preuve de cette modernité politique.

Ex. A la Chambre des députés en France, le courant ultra royaliste est le groupe le mieux organisé politiquement.

Théoriciens : Joseph de Maistre, Louis de Bonald, François-René de Chateaubriand (modernité politique avec utilisation de la presse).  Leur pensée se structure avant la Restauration et donne une place essentielle à la religion.

En France, Louis XVIII octroie une Charte à ses sujets.

Les Etats du nord de l’Europe conservent un constitution (Bavière, Bade Wurtemberg, Pays Bas).

En Italie par contre, la Constitution est supprimée.

3.      Mise en place d’un nouveau système diplomatique

Signé le 26 septembre 1815 par la Prusse, l’Autriche et la Russie. Il prévoit  une autorisation mutuelle de recourir à la force contre le développement en Europe de mouvements révolutionnaires ou visant à des revendications nationales).

L’Angleterre ne le signe pas du fait de son passif (monarchie parlementaire, décapitation d’un roi) et prétexte que le régent ne peut signer ce genre de pacte.

Signé le 20 novembre 1815 par la Prusse, l’Autriche, la Russie et l’Angleterre. Vocation de maintenir la paix en Europe et de conserver la carte européenne telle quelle. C’est un traité militaire visant à isoler la France qui entre tout de même dans ce système en 1818 (sortie de son isolement diplomatique) et engagera même ses troupes en Espagne pour préserver le souverain de mouvements libéraux.

Restauration incomplète car :

·        Carte d’avant 1789 ne peut être entièrement restaurée

·        Les suppression du régime seigneurial opéré par la France en Allemagne  n’est pas entièrement effacé.

·        Souvenir de la révolution n’est pas effaçable et on assiste dans une certaine mesure à une idéalisation de cette période.

Bilan : l’ordre établi dure tout de même ½ siècle. Mais dès 1830 apparaissent des mouvements révolutionnaires.

Au XIX° débutent les conflits nationalistes qui occupent les hommes dans leur vie quotidienne et la réflexion  des penseurs et historiens (rôle de la théorisation de la question nationale par Fustel de Coulanges, Renan).

Etymologiquement la nation est identifiée à la naissance donc à la parenté. Au sens primitif ce serait l’ethnie. De fait, c’est avec la construction des Etats monarchiques durant la période moderne qu’apparaissent des nations (tous les habitants d’un même Etat vivant sous les mêmes lois et usant la même langue) et dont l’idée se précise avec la Révolution.

1.      Elaboration des définitions de la nation dans l’Europe du XIX°

En France, c’est avec la proclamation de l’Assemblée nationale constituante en 1789 qui fait passer réellement l’idée de nation. La souveraineté n’est plus dynastique mais nationale (notion nouvelle et fondamentale). Avec la Révolution vient l’idée du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’idée de nation séduit beaucoup de monde (ex. victoire de Valmy du 20 septembre 1792, remportée au cri de « vive la nation » de Kellermann).

Ce principe sert à redéfinir le territoire national (ex. rattachement d’Avignon à la France en 1791) et à exporter la Révolution (avant que la France devienne conquérante).

En Prusse, la France entre victorieuse en 1807. Les Prussiens s’y opposent justement au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Fichte dans les Discours à la nation allemande en 1807 appelle à résister à l’acculturation française. A partir de là se forge l’idée de nation en Prusse dans la volonté d’affirmer le droit de la nation sous forme de lutte.

En Autriche, à  cette époque naît l’hymne nationale.

Il s’agit du nationalisme du ressentiment (en réaction à l’occupation étrangère).

Durant le XIX°, la définition des nationalités puise dans l’héritage révolutionnaire plus que dans les propres spécificités de chaque nation. L’idée de nation se trouve au cœur de l’élan romantique. Attachement au principe des nationalités (cf. Mazzini dans l’Italie des 1830’s pour qui la nationalité est une pensée, un principe et un but commun).

Appartenir à une nation c’est avoir conscience d’une identité spécifique (vision libérale). Cette conception contredit l’idéologie allemande de la nation, fondée sur la race, la langue (conservatrice).

Ces conceptions s’affinent progressivement avec en France, Michelet dit que la France peut être identifiée par son histoire et une mémoire collective constitutive de l’identité de la nation. Le passé commun suggère la nation pour Michelet. L’histoire devient  un pouvoir légitimant de la nation.

Après 1870, l’idée de nation se cristallise suite à la perte de l’Alsace-Lorraine. La France s’oppose à la conception raciale de la nation car les alsaciens parlent un dialecte allemand. Fustel de Coulanges : « l’Alsace est allemande par la race et le langage mais par le sentiment de patrie et de nationalité, elle est française ». La Révolution est fondatrice du sentiment des Alsaciens d’appartenir à la nation française (communauté d’idée, intérêts communs, affection commune, souvenir et espérance).

Pour Renan, la nation est un principe spirituel.

2.      Les usages de l’histoire

L’histoire joue un rôle dans les mythes fondateurs des nation et y sont nécessaires. Ainsi, des héros sont associés à des mythes fondateurs.

Utilisé par la gauche républicains car il permet de mettre en avant l’antériorité d’une « république gauloise ». Il joue le rôle de prémices révolutionnaire des adversaires de l’idée monarchiste pour galvaniser le sentiment anti allemande (succès de Vercingétorix depuis 1870).

Il renvoie à un espace gaulois imaginaire avec des frontières naturelles.

Analogie : siège d’Alésia/siège de Paris en 1870, Gaule soumise à César/France vaincue par la Prusse.

Héros-martyr incarnant la nation libre.

Utilisé par la droit conservatrice car il exalte l’ancienneté de la monarchie française proche de l’Eglise. Il est présenté comme le premier des français alors qu’il n’était que roi des Francs, tandis que la France n’existe pas encore.

Chaque camp politique utilise l’histoire de la France en la détournant par moment.

c.                 Jeanne d’Arc

Elle a été retrouvée au XIX° et saluée par Bonaparte. Son œuvre est vu comme l’expression du génie français. De plus, son destin tragique correspond au romantisme français. Pour Michelet, elle incarne la France et lui permet de devenir une patrie par l’amour qu’elle lui porte.

Elle a plusieurs facette et peut être utilisée par la droite catholique (canonisée), en tant qu’incarnation du  peuple patriote, comme patronne d’un nationalisme exclusif.

Aujourd’hui la Jeanne de gauche est un peu effacée.

3.      Voies d’interiorisation des identités nationales

Modalités de participation à la vie de la nation.

Conscription : appartenir à l’armée est importante pour toutes les nations en forgeant des citoyens. L’organisation de l’armée correspond à la conception de la nation qu’a un pays et sur la manière de former de bon citoyens.

Elle fonctionne par tirage au sort et permet d’intérioriser la culture nationale par l’enrôlement, la vie dans la caserne (surtout en période de guerre).

Symboles permettant de participer à la vie politique (drapeau, hymne…), pratique électorale (suffrage universel français en 1848)

En Espagne, à Barcelone, l’apparition de statues d’hommes reliés à la culture nationale permet  de cristalliser le sentiment de nation (thèse de Michonneau).

Droit et normes juridiques uniformisent la vie de la nation (les hommes et femmes régis par une même constitution forment une nation).

Uniformisation des poids et mesures.

Le rôle de la langue et des apprentissages d’une culture par l’Ecole joue un rôle fondamental. La modernisation politique passe en outre par l’instruction des citoyens (à chaque mutation politique importante on observe une loi scolaire d’envergure comme c’est le cas de la loi Guizot en 1833 et des lois Ferry des 1880’s).

Tour de France par deux enfants, Histoire de France de Lavisse.

Utilisation de la même langue, même système métrique, histoire commune apprise par toute une classe d’âge.

La religion joue un rôle important dans l’idée de nation.

Luther est revendiqué comme père de la nation allemande.

Catholicisme maintient la volonté nationale de la Pologne contre la Prusse et l’Autriche.

Catholicisme est le ferment d’union de l’Irlande contre la Grande Bretagne.

L’économie et les enjeux économiques jouent un rôle important dans la réalisation de l’unité allemande qui a été entamée par l’union douanière (Zollverein en 1831) qui a favorisé la croissance au sein de l’espace allemand.

Ensemble, les Flamands et les Wallons forment la Belgique pour lutter contre la main mise économique néerlandaise en 1830.

Comment s'exerce le pouvoir en Europe et quelle en est la perception qu'on en ont les habitants dans leur quotidien ?

Politique  : direction et transformation d'une société selon des principes spécifiques débattus et reconnus

Politisation : apprentissage de ce qui fait institutionnellement la politique au plan national

En parlant de politisation, il s'agit de comprendre comment les jeux politiques interfèrent dans la vie sociale. Elle apparaît progressivement comme une alternative à la révolte et la violence populaire (jacqueries). Il faut cependant garder à l'esprit que la politisation n'est pas forcément une politisation à gauche.

Les critères d'évaluation des jeux politiques ne se bornent pas aux élections mais sont étendus.

Les données économiques et sociales locales sont à retenir pour se rendre compte de la politisation mais ces critères ne fonctionnent pas toujours.

ex. Agulhon dans La République au village, nous apprend que dans le Var la position républicaine est prégnante en 1848 mais ne correspond pas à un progrès économique.

Ces autres facteurs peuvent être :

Le fonctionnement de la communauté de village qui varie selon les lieux (individualisme agraire en IDF différent des petites propriétés des communautés agraires d'autres régions).

La plus ou moins grande ouverture sur l'extérieur des communautés agraires. Dans ce critère joue la présence plus ou moins importante de notables en relation avec la communauté nationale (pédagogue par l'exemple) ou encore l'instruction (loi Guizot de 1833).

L'histoire même de la communauté de village (ex. massacre de Bédouin durant la Révolution française)

Enfin, le changement d'échelle permet d'observer de nouveaux phénomènes et de comprendre les mécanismes de différenciation des comportements ainsi que l'impact des attitudes individuelles (micro-histoire).

1.      Les campagnes françaises : entre conflits locaux et enjeux nationaux

cf. François Ploux, Guerres paysannes en Quercy, la boutique de l'histoire, 2002.

La violence existe dans les communautés de village en tant que mode systématique de règlement des conflits. Ils peuvent être internes aux familles, entre maison rivale mais surtout en ce qui nous concerne entre des camps qui se sont cristallisés durant la Révolution française derrière les jureurs et les non-jureurs.

Ces conflits resurgissent sur des problèmes concrets (réparation d'une église).

ex. 1810-1870: plus de 200 mouvements insurrectionnels dans le Lot

ex. à Vigan opposition du maire et du curé à propos de la création d'une communauté féminine dans le village. A saint Cyprien, le curé est accusé d'avoir arraché un arbre de la liberté.

Progressivement ces conflits se politisent.

cf. Ploux et Caron, L'été rouge, Aubier, 2002

La fiscalité est au cœur des conflits entre les communautés locales et l'Etat. Ces communautés remettent en cause la légitimité de l'impôt, les modalités de fixation et de prélèvement de celui-ci.

En 1841, face au déficit budgétaire, le ministre des finances, Humann, souhaite faire mieux appliquer la patente et la taxe sur les portes et fenêtres. En même temps a lieu un  recensement général de la population dont il charge les agents du fisc.

Développement de rumeurs : crainte d'une augmentation de la ponction fiscale et de l'inventaire du linge, du mobilier et des femmes enceintes (phobie traditionnelle).

Le développement et l'amplification des rumeurs suscite des émeutes sur le terreau favorable d'une situation économique dégradée (émeutes frumentaires, résistance à la levée de l'impôt depuis les années 1830),  de la formation de comité pour la réforme électorale dans le sens d'un élargissement, de la multiplication de société secrète (pour la résurgence du mouvement républicain) et de l'expression des opposants par le biais de la Presse qui utilise la crédulité et les phobies populaires. Des facteurs politiques modernes rencontrent et réactivent ces phobies anciennes.

Les résistances au recensement sont peu importantes dans le Nord car ce sont des régions anciennement intégrées, habituées à la levée de l'impôt tandis qu'au sud de la Loire existe une longue tradition de lutte antifiscale.

ex. Toulouse émeute avec la volonté de défendre les libertés municipales. Républicains et légitimiste contre les orléanistes.

ex. Clermont Ferrand révolte des ouvriers et des cultivateurs qui s'étend à l'ensemble des campagnes auvergnates dans la destestation des agents du fisc (+ parfois anticléricalisme). Politisation du conflit.

2.      Apprentissage de la politique moderne dans la France de la monarchie de Juillet ?

Réforme de 1831 :

Différenciation du corps électoral pour les élections municipales du corps électoral pour les élections législatives (le cens passe cependant de 500 francs à 300 francs). La démocratisation pour les élections législatives est moins importante que celle qui a eu lieu pour les élections municipales.

Cette démocratisation s’observe surtout dans les communes rurales car la loi dit que le corps électoral comprend 10% de la population choisit parmi la population adulte masculine.

Ex. sur 500 habitants, les 50 hommes les plus riches votent pour élire les conseillers municipaux. Lemaire est choisit parmi eux par le préfet.

Cette réforme se traduit par un fort de participation (jusqu’à 70%).

La thèse comme quoi la politique descend vers les masses des villes vers les campagnes est erronée car les villes ne connaissent pas à proprement parler de modernité politique. Le candidat est le porte parole d’un groupe social plus que d’un camp idéologique. Il y a des élections sans homme politique réel.

Dans les campagnes la concurrence électorale est ressentie comme illégitime. Le vote est communautaire dans de nombreux villages. Ce vote communautaire n’est pas une attitude de soumission mais les électeurs choisissent le candidat qui défendra le mieux les intérêts de la communauté On trouve une forme de modernité politique dans le fait que les villageois discute à propos du candidat pour  lequel voter.

Boisset saint Priest (étude de Pierre Chamard)

Après 1789, les deux paroisses de Boisset et de saint Priest sont réunies en une seule commune. Mais il n’y a de desservant qu’à Boisset (partie la moins peuplée).

En 1807, l’archevêque transfert le lieu de culte à Saint Priest mais les élus municipaux s’y opposent.

Aux élections de 1831, le vote est préparé car on trouve une égalité entre les représentants de Boisset et ceux de saint Priest (probables accords tacites)

Aux élections de 1837, le vote est préparé par les opposants de cette décision car on trouve une majorité pour saint Boisset qui du coup  approuve la République.

Aux élections de1852, le gouvernement de Louis Napoléon Bonaparte décide de diviser égalitairement la commune en deux sections.

Affrontement de ces deux parties se voit par le manque d’exogamie entre les deux parties, le peu d’échange de terres.

On retrouve ces divisions entre les partisans de l’école laïque (Saint Priest) et ceux de l’école libre (Boisset)

Collonges au Mont d’Or (Atrux)

Jusqu’en 1830 la chapelle était située dans la partie haute mais elle était insuffisante par rapport aux besoins des habitants. La partie haute voulait construire une nouvelle église et ce « parti » se structure autour de 4 notables prêt à financer la construction de celle-ci. Les notables lyonnais dominent ceux qui veulent construire la nouvelle église. Le conflit n’est pas encore politisé. L’utilisation d’un discours légaliste  montre la modernité administrative (capacité à se référer à la loi).

Aux élections le taux de participation croît régulièrement (50% en 1834, 76% en 1843, 81% en 1847). L’électorat adhère donc à cette modernité politique par des positions administratives (pas politique).

Les clans se reconfigurent en partis politiques lors de la II° République (partie basse pour la République/partie haute légitimiste et conservatrice).

Les conflits sont individuels et ancrés dans la réalité locale. C’est là que se joue la participation aux enjeux de pouvoir autour desquels se dessinent des réseaux.

3.      Autre type de politisation : le caciquisme en Espagne

Effondrement de la royauté en 1808 suite à l’intervention de Napoléon pour donner le trône à son frère. La résistance s’organise par villes et pouvoirs locaux. Villes par villes se forment des juntes révolutionnaires. Le contrôle du territoire est tombé dans les mains de notables locaux qui s’imposent comme une structure normale de la vie politique espagnole : ce sont les caciques (en référence à des tribus indiennes des Caraïbes où le cacique est le chef de tribu, une personne importante du village). Ils sont les intermédiaires entre la communauté de village et l’Etat (dans une double représentation)

Interface : répartition de l’impôt, organisation du recrutement pour le service militaire, répartition des postes de la petite administration (instituteur, fonctionnaires municipaux…). Ils sont en position de distribuer des faveurs (clientélisme) en échange de voix ou de manipulations électorales impunément.

Les remises en causes apparaissent avec l’échec de la souveraine Isabelle chassée du trône par une révolution en 1868. La monarchie des Bourbons disparaît jusqu’en 1874 car elle a perdu les appuis des réseaux locaux. En effet, la modernisation de l’appareil étatique avait privé les caciques de leurs moyens de contrôle sur la population locale.

Dans cette éphémère République le suffrage universel s’était organisé et a permis la mobilisation des villageois autour de projets nationaux.

Avec le retour des Bourbons en 1874, les caciques tentent de reprendre pied dans le système politique avec l’appui des partis politiques. Dans l’opinion publique le caciquisme n’est pas reconnu comme légitime.

On a dit que ce système a retardé en Espagne l’émergence de la nation mais aujourd’hui on croît plutôt que les caciques en tant que relais entre le local et le national ont été une voie de politisation dans une période où l’Etat était trop faible pour assurer un autre fonctionnement politique.

Les élites jouent un rôle important dans le déclenchement de la Révolution et la diffusion des idées révolutionnaires mais aussi dans la contre-Révolution.

Durant tout le XIX°, ces élites jouent un rôle important dans la maîtrise des jeux sociaux.

L'historiographie a beaucoup de sources en ce qui concerne les élites (correspondances, mémoires, actes notariaux…)

Les élites constituent un univers social varié et complexe.

Le pouvoir des élites est déterminé par le rapport à la terre. La position dans la société des propriétaires fonciers détermine la richesse, la considération et le pouvoir.

1.      Noblesse et bourgeoisie anglaise

Malgré la Glorieuse Révolution de 1688, la société est dominée par l'élite foncière qui y trouve une source de pouvoir économique, social et politique.

C'est là que naît le modèle du gentleman farmer qui veille à la rentabilité de sa propriété (comportement capitaliste et non seulement rentier) mettant en œuvre les règles de la physiocratie. La propriété foncière est très concentrée (50% du sol anglais appartient à 4000 individus).

·        membres de la haute noblesse, la nobility (300 familles).  Il s'agit d'une aristocratie prestigieuse à la tête de domaine d'environ 4000 ha. Elle partage sa vie entre l'opulence londonienne et la résidence dans des manoirs à la campagne(duc de Norfolk, duc de Newcastle, duc de Bedford) Elle est composée de vieilles familles ou d'hommes nouveaux (duc de Wellington)

·        membres de la petite noblesse, gentry : gentilshommes vivant à la campagne et possédant des propriétés de 400-4000 ha qui ne sont pas insérés dans la haute société londonienne.

La modernisation agricole renforce le pouvoir économique de ces nobles. Elle se traduit par de nouveaux assolement, de nouveaux engrais, une sélection du bétail, une modernisation de l’outillage

Ex. le mouvement des enclosures entamé au XVII° contribue a affirmer la pleine propriété privée en construisant des enclos autour des champs (fin des paturages communaux) qui a contribue à faire péricliter la petite paysannerie ne pouvant payer ces enclos.

Ces revenus fonciers appellent un mode de vie spécifique et le développement d’écoles prestigieuses (Eaton, Harrow) et d’universités (Oxford, Cambridge). Les études qu’on y fait ouvrent des carrières tant politiques qu’administratives. Ici, se trouve le lien entre le foncier et le politique.

Les titres de noblesses sont héréditaires. Le chef de famille siège automatiquement dans la Chambre des Lords tandis que la gentry, elle, accapare la Chambre des Communes avec les cadets de la nobility. Le système électoral favorise en effet l’aristocratie foncière. Le cadre des circonscription reflète une Angleterre d’un autre âge où la population n’était pas répartie comme au XIX°. On trouve alors des « bourgs pourris » dépeuplés mais possédant toujours un siège. La corruption y est aisée ce qui entraîne des constations dans les années 1820.

Cette noblesse contrôle aussi le pouvoir administratif car le 1° magistrat d’un comté, le lord lieutenant, est nommée par le roi. Traditionnellement il s’agit du propriétaire le plus riche. Le lord lieutenant désigne à son tour le shérif et le juge de paix (jugement et répartition des taxes). Traditionnellement parmi la gentry, qui en outre monopolise les postes ecclésiastiques.

Les pouvoirs de cette noblesses sont importants mais il existe une certaine modernité politique dans la mesure où elle ne jouit pas de privilèges fiscaux.

Le développement économique entraîne l’affirmation d’une nouvelle élite composée de banquiers, de négociants de grandes villes comme Londres ou Liverpool, de grands manufacturiers du Lancashire ou du Yorkshire, de bourgeois exerçant une profession libérale ou commerçante. Cette élite a conscience de former une élite différente de l’aristocratie traditionnelle comme leur pouvoir et leur prestige leur vient de leur activité et non de leur ancienneté des titres acquis.

Ces dirigeants incarnent la civilisation industrielle, le monde moderne et le progrès. On en trouve beaucoup dans le pays de Galles (manufactures drapières, houille), à Manchester (coton), dans Liverpool (commerce portuaire) ou encore Birmingham (métallurgie).

Entre ces deux mondes la rivalité est affirmée et ils ne se mêlent pas. D’ailleurs les industriels ne cherchent pas à tout prix à devenir propriétaire foncier et obtenir des titres (comme c’est le cas en France).

Ce monde récent obtient une réforme électorale en 1832 :

Nouvelle répartition des sièges électoraux

Disparition des « bourgs pourris » au profit des grandes villes plus peuplées

Diminution du cens (doublement du nombre d’électeurs, droit de vote pour 1/5 des adultes)

Les catégories dirigeantes conservent le contrôle de la vie politique mais la noblesse en perd le monopole. Cette réforme génère une modernisation de la vie politique et une organisation de celle ci en partie.

2.      La France des notables

La révolution et l’Empire consacre l’emploi du terme de notable. La France tente la synthèse des anciennes et nouvelles élites.

La Révolution supprime la société d’Ancien Régime et le pouvoir napoléonien reconstruit la France éparpillé en « jetant sur le sol de la France quelques masses de granit » par :

·        1802 : légion d’honneur qui sert à former un creuset des élites reconnaissant surtout les mérites militaires.

·        Les listes de notabilité sur plusieurs niveaux. Elles désignent les participants aux élections et identifient les notables formellement.

·        1808 : création d’une noblesse impériale honorifique avec une hiérarchie des titres essentiellement militaire (68% des 3800 attributions) mais aussi civiles car certaines fonction entraînent l’acquisition de titres (préfet devient comte).

Au sommet de la pyramide sociale les élites sont mêlées. Une noblesse d’épée est rétablie mais c’est la richesse qui permet de conserver le prestige. Napoléon anoblis des membres anciennement nobles dans la société d’Ancien Régime.

Lors de la Restauration on retrouve la noblesse d’Ancien Régime mais la noblesse d’Empire est conservée. Les élites se définissent par leur avoir : fortune (foncière), fonction dirigeante, nom prestigieux (insérant dans un réseau d’influence). Ces avoirs donnent le pouvoir.

Noblesse ancienne + noblesse de la Réstauration + élites nouvelles (bourgeoisie des affaires) forment les notables

La puissance foncière est un moyen d'affirmation. La propriété est importante mais son poids est variable en France et en Angleterre. Jusque dans les années 1870-1880's le notable est reconnu si seulement il a une propriété foncière. En France, une partie de ces élites se distingue en promouvant le progrès agricole.

Après 1830, la noblesse ancienne se replie sur ses terres et en profite pour encadrer mieux la population locale : modernisation du domaine et pédagogie par l'exemple.

Le contrôle économique favorise le pouvoir social par la possession de la terre et le contrôle d'une industrie naissante.

Au XIX°, certaines élites aristocratiques achètent même des terres pour tenter des exploitations minières, investissent dans les canaux (duc de Fitzjames). De même les activités bancaires peuvent entraîner un anoblissement (baron de Seillière). Affirmation d'un homme nouveau.

La fortune acquise s'affiche dans l'emprise immobilière urbaine car ces élites possèdent des résidences dans les beaux quartiers mais aussi dans les quartiers populaires (loyers élevés).

Ce prestige tient au mode de vie des élites qui affichent leur rang avec des résidences chatelaines, la recherche d'un mode de vie de la noblesse traditionnelle, un souci d'exemplarité religieuse, de bienséance et de bienfaisance.

Ce mode de vie a un pendant urbain (double résidence) du milieu de l'automne jusqu'au printemps. Vers les années 1820 apparaît la résidence temporaire dans des villes balnéaires (Dieppe).

La ville est le lieu de l'ostentation : organisation de réceptions, voitures, mobiliers luxueux et chevaux. La présence parisienne est la marque de l'ascension sociale corollaire de la centralisation parisienne.

3.      La haute société dans le reste de l'Europe

En Allemagne domine le modèle prussien où persiste la puissance nobilière des grandes familles protestantes : les junkers qui possèdent 4000 grands domaines. A côté il y a 500 seigneuries appartenant à des roturiers. Ces junkers sont soucieux de la modernisation des exploitations.

Leur puissance croît car ils profitent de la disparition du système seigneurial liée aux ordonnances de rachat des droits seigneuriaux. Seuls ces grands propriétaires peuvent se permettre de racheter ces droits et obtiennent la propriété pleine et entière de ces lieux. De plus la vente des terres communales à l'effet d'augmenter le domaine possédé.

Ils modernisent l'exploitation des terres en y installant des distilleries, sucreries dans une logique capitaliste et en commercialisant leur production. Ce capitalisme agraire repose sur un archaïsme avec la subsistance du système seigneurial (prélèvement des droits seigneuriaux en corvée).

Même après l'unité allemande, les junkers restent au sommet de la hiérarchie sociale (1/3 des domaines de l'est appartiennent aux roturiers après 1820 mais les junkers conservent des privilèges importants comme la gestion des communes, la possession des hauts postes du gouvernement et de l'armée.

Ce mode de vie noble sert d'exemple à la bourgeoisie montante. On parle de la féodalisation de la bourgeoisie qui suit une politique d'anoblissement et d'alliance avec les élites traditionnelles.

En Espagne et en Italie l'élite foncière domine par le pouvoir et le prestige que leur procure la possession de latifundia. Ces domaines sont assez étendus pour rendre toute préoccupations de rendement inutile. Il suffit que les terres gérées par les régisseurs rapportent assez pour soutenir le train de vie de ces élites dans les palais urbains. En Espagne, on observe le même phénomène d'une haute noblesse repliée sur la ville même si une petite noblesse rurale reste sur ses domaines.

Le signe de réussite de ces élites est l'affichage dans la haute aristocratie européennes.

ex. Tomaso Corsini possède 25 000 ha en Italie.

Elle n'est pas soucieuse de moderniser les exploitations. Seule la noblesse a le droit de posséder des terres, de plus les postes dans l'armée et la haute administration lui sont réservée. La noblesse russe est nombreuse et hiérarchisée. Cette hiérarchie est rigidifiée avec l'établissement en 1822 de la Table des rangs qui classe les familles nobles en 3 ordres subdivisés en 14 classes :

noblesse militaire

noblesse civil

noblesse de la dignité de la cour

Ces Tables expriment le souci de fixer la position de famille noble dans la hiérarchie

ex. Dolgorouki, Wiazemski appartiennent à la noblesse princière. Pouchkine appartient à la noblesse urbaine.

Cette noblesse a des préoccupations ostentatoires en vivant dans des hôtels à Moscou et Saint Petersbourg.

Ils possèdent de grandes surfaces (Stroganov a 1,5 millions d'ha) mais qui est mise en valeur par une main d'œuvre servile (14 000 seigneurs possèdent plus de 1000 âmes en 1834)

Il n'existe aucun encouragement visant à améliorer le rendement des terres. Si bien que le retard accumulé éclate au grand jour lors de la défaite russe lors de la guerre de Crimée en 1855. En réaction, une réforme du servage est entamée en 1861.

La noblesse russe vit dans un univers marqué par la culture française (modèle de la société parisienne).

1603 : Ecosse + Angleterre = Grande Bretagne

1800 : Grande Bretagne + Irlande = Royaume uni

cf. Habbakuk (John), “La disparition du  paysan anglais », Annales, 1965

Approche de ce cours est l’histoire de la seigneurie en Europe sur le long terme. L’évolution des relations entre terres seigneuriales et propriété paysannes.

Juillet 1793 : en France les paysans deviennent pleinement propriétaires et ne sont plus soumis au paiement d’une taxe recognitive. La propriété paysanne l’emporte sur la propriété seigneuriale

En Angleterre où l’insularité géographique donne lieu à un destin singulier (politique, économique et social) , le domaine seigneurial s’accroît absorbant les parcelles paysannes. . A la fin du XIX° le monde agricole est fondé sur les propriétaires, les fermiers et les salariés. Au système de la tenure est substitué le fermage et la corvée devient une redevance en argent.  A la fin du XIII°, beaucoup de paysans sont de simples locataires et à la fin du XV°, il n’y a plus de servitude paysanne. Les seigneurs deviennent pleinement propriétaires de leurs terres.

1688 : Glorieuse Révolution : monarchie parlementaire sans  constitution écrite. L’évolution politique de l’Angleterre se fait par réformisme et plus par révolution.

Les mutations sont visibles dans le paysage agraire.

1.      Disparités de la société rurale anglaise au début du XIX°

Leaseholders

Fermier plutôt aisés travaillant pour les grands propriétaires à la tête de vaste domaines. En général, ils promeuvent le développement de l’agriculture moderne.

Copyholders

Ils sont peu nombreux et exploitent une terre seigneurial à titre héréditaire (reconnaissance écrite fixant une fois pour toute les conditions). Les grands propriétaires voudraient faire annuler ces coutumes écrites ce qui engendre des conflits au profit de baux révisables.

Main d’œuvre formée de fermiers et disparate.

Collagers

Ils sont nombreux et ont une situation plutôt favorable car ils sont propriétaire de leur force de travail mais aussi de leur maison et d’un peu de terre.

Journaliers agricoles

Ils ne possèdent rien et peinent de plus en plus à vivre car ils perdent les droits d’usages des terres communales (mouvement des enclosures)

Yeomen

Propriétaires de terres dont la surface permet une indépendance économique. Ils sont victimes de la modernisation économique car elle remet en cause leur indépendance.

Squatters

Ils sont aussi touchés par la modernisation car ils ne sont sur les terres qu’ils ont défrichées qu’à titre précaires car elles sont communales (objet de litige avec les grands propriétaires).

2.      Développement précoce du capitalisme agraire

La capitalisme agraire est stimulé par la croissance démographique et une conjoncture de hausse des prix au début des années 1760. Cette conjoncture est renforcée par la guerre contre la France révolutionnaire et impériale.

Mouvement de remembrement des exploitations, de défrichement des communaux redistribuées entre tous les ayants-droit (fragilisation des indépendants, dont les squatters) et de mise en cloture des exploitations.

Abolition des droits communaux sur les terres communales.

Pour mener un mouvement d’enclosure un grand propriétaire et quelques grands fermiers en font la demande au Parlement. Les petits paysans donnent leur avis qui ne compte que peu. Dès le XVII°, des actes sont accordés (21 entre 1661-1727) de plus en plus rapidement (226 entre 1727-1760). Il existe aussi des actes généraux qui englobent plusieurs villages. Le phénomène se termine entre 1869-1878. L’Angleterre des openfield laisse place à celle des champs  clos.

1661-1772

1727-1760

1760-1840

Actes accordés

21

226

3 500

Ce sont ces systèmes qui motivent le mouvement des enclosures.

Rupture du cercle vicieux de l’agriculture ancienne : culture uniquement céréalière-pas de pâture-pas de bétail-pas de fumier-pas d’engrais- mise en jachère nécessaire. Ce système est consommateur de surface et encourage la culture céréalière.

Les nouvelles techniques culturales permettent la sortie de ce cercle :

·        Recours à de nouvelles plantes fourragères (trèfle et sainfoin régénère en nitrate, rave, navet et betterave vont chercher des nutriments en profondeur avec leur racines pivotantes)

·        Ces plantes nécessitent un sarclage régulier (nettoyage du sol)

·        Elles permettent de nourrir du bétail (orientation vers l’élevage).

Les champs dédiés à la pâture doivent être clôturés et l’assolement quadriennal nécessite un remembrement.

Progrès dans le drainage et l’irrigation nécessite une main d’œuvre plus nombreuse (+ entretien  des terres par le sarclage)

Spécialisation des cultures.

3.      Gagnants et perdants de la modernisation

Le mouvement des enclosures coûte cher et génère de l’endettement.

Cf. cours sur l’aristocratie européenne (n°IV).

Mode dominant est celui de la grande propriété (4000 familles détiennent les 4/7 des terres cultivables en 1873).  Les revenus agricoles comptent pour 4/5 des revenus nobiliaires. Les progrès économique renforcent cette emprise.

Fragmentation des grands domaines en fermes de dimension moyenne mais plus grande qu’avant le mouvement des enclosure (highfarming).

Ex. vers 1860, 50% du sol est occupé de fermes de 80 ha tandis que 1/3 du sol exploité l’est par des fermes de 120 ha.

Ces domaines sont confiés à des fermiers entrepreneur de culture capitaliste (apportent le cheptel et les outils agricoles). Il emploient une main d’œuvre et recherchent le rendement maximal puisque le montant du fermage est fixe.

Intensification du travail humain pour le remembrement (construction de clotures et de chemins de desserte) et le travail de la terre (sarclage, plus de labours pour plus de productivité) et les soins à donner au bétail.

Les conditions de vie sont difficiles car les salaires sont bas, les droits communautaires sont supprimés, les logements sont insalubres.

Après 1870, on observe  une prise de conscience de cette situation avec l’organisation d’une lutte syndicale pour cette main d’œuvre (mais en parallèle les effectifs diminuent passant de 962 000 en 1871 à 621 000 en 1921)

Les paysans indépendant représentent moins de 20% de la population agricole et possèdent 12-15% du sol en 1800.

Diminution quantitative :

Population rurale

Population urbaine

Population active agricole

1801

59.4%

40.6%

36%

1851

47.8%

(en France 76%)

52.2%

15% en 1871

1901

23%

77%

9%

Diminution qualitative

961 000 famille employées dans l’agriculture dont 130 000 indépendante, 686 000 salariées agricoles et 145 000 leaseholders.

La modernisation a entraîné l’éviction des squatters, des tenanciers mais ce phénomène est aussi du à la conjoncture de diminution des prix entre 1815-1850 et pas seulement au mouvement des enclosures. Les salaires urbains sont plus attractifs.

Poids important de la petite paysannerie (92% de la population au début du XIX°). La Russie a connut durant le XVIII°, sous le règne de Pierre le Grand puis de Catherine II un renforcement du pouvoir des propriétaires nobles afin d’augmenter le rendement de la terre (contre exemple de l’Angleterre).

1.      Situation à l’orée du XIX°

Le serfs est soumis à une institution, le mir, sorte d’assemblée générale des habitants, dirigée par le staros (aux ordres du seigneur). Le mir veille aux modalités de gestion des terres (assolement biennal) et redistribue périodiquement les lots (nadels) aux paysans.

Servage :

Paysan d’Etat (43% de la population) : il appartient à l’Etat et ne relève d’aucun seigneur. Il est reconnu comme sujet de droit public (peut intenter une action en justice), et attaché à la terre en théorie mais de fait l’Etat accorde beaucoup d’autorisations de déplacement temporaire ou définitif.

Serf appartenant à un seigneur. Il est soumis à une justice seigneurial, n’a pas de personnalité juridique (apparenté à un bien meuble). Leur nombre augmente car le tsar récompense les nobles en leur donnant ses paysans d’Etat.

Les serfs doivent au seigneur la corvée (barscina) ou la redevance (obrok).

La corvée est de 3 jours de travail. Ce système est privilégié sur les terres riches et concerne les ¾ des serfs. Les seigneurs ont de plus en plus recours à ce système afin d’augmenter le rendement de leur terre dans le but d’entrer dans une économie de marché destinée à l’exportation de la production (corvée de charroie) au risque de désorganiser l’économie paysanne d’auto consommation.

La redevance est prélevée en argent ou en nature dans les zones moins riches de forêt ou d’industrie. Dans ces régions la richesse réside dans les hommes et non dans la terre.

Cette économie est limitée car le système est fondé sur l’augmentation du rendement humain et non du rendement en général. Or, la force de travail ne peut pas croître indéfiniment.

1800-1810 : moyenne de 18 révoltes graves/an

1815-1825 : moyenne de 32 révoltes graves/an (concerne des dizaines de milliers).

La hantise de voir  une nouvelle révolte à la Pougatchev (1773-1774) est présente suscitant un sentiment de danger imminent. Cependant les révoltes restent localisées car il n’y a pas d’organisation pour donner une cohérence à celles-ci.

2.      Premières remises en cause politiques et premières réformes

La Révolution française à eu un impact dans l’Europe entière et aussi en Russie. Catherine II était ouverte aux Lumières françaises. Par les liens existants entre la haute société russe et européenne  la modernisation européenne touche aussi la Russie. Le service d’Etat se modernise. Les enfants des nobles russes sont envoyés dans des établissements publics à Moscou, dans des universités allemandes ou encore dans le lycée Tsarkoieselo (fondé par le tsar pour ses enfants à Saint Petersbourg) . La jeunesse est sensibilisée aux idées de l’Occident et prend consciences des problèmes de la société russe (dont l’abération de compter seulement sur le servage pour le développement économique).

Cette jeunesse rencontre la contestation des jeunes officiers de l’armée qui furent en contact avec l’Occident durant les guerres de Napoléon Ier. Bien qu’occupants ils furent reçus parmi la haute société française en 1814-1815.

A l’occasion de l’interrègne qui suit le décès d’Alexandre Ier (19 novembre 1825). Normalement son frère Constantin doit régner mais refuse et c’est Nicolas, son autre frère qui devient tsar.

Les jeunes officiers qui ont vu l’exaltation patriotique des allemands et déçus des promesses libérales d’Alexandre Ier non tenues veulent prendre le pouvoir et remettre en cause la société russe, le servage, les châtiments corporelles dans l’armée. Ils sont organisés en sociétés secrètes prônant l’abolition du servage. Celles ci ont même élaboré un projet de constitution en 1822 prévoyant  une monarchie constitutionnelle sans servage et avec liberté d’expression.

Par modernisation ils entendent moderniser politiquement et abolir le servage.

Ces officiers appellent les régiments de la garde à ne pas prêter serment au tsar mais seulement 3/14 régiments se mutinent. Sur la place du Sénat des centaines de conjurés se rassemblent devant une foule spectatrice. Ils sont arrêtés sur ordre du tsar (5 exécutions, 31 condamnations aux travaux forcés en Sibérie faisant figure de martyr de la République du roman de la gauche). Ils ont donc inauguré la tradition de révolte. Cette tentative éveille la volonté d’affirmer la dignité humaine contre le tsarisme et la haine du servage.

Il arrive au pouvoir en 1825 et est conscient de la nécessité de réformer le pays. Il fonde une école de droit à Saint Petersbourg ainsi qu’un comité secret chargé de penser aux améliorations souhaitable (celui-ci examine même le projet de constitution de 1822).

Apparaît une division entre occidentalistes (voulant suivre l’exemple occidental contre la Russie autocratique) et slavophiles (contestant l’idée d’une avance de l’occident, contre l’individualisme, pour le peuple paysan, idéalisation de l’idée d’entraide y régnant, pour un retour aux principes originels de la société paysanne).

3.      Abolition du servage

La défait de la guerre de Crimée (1855) menée contre la Turquie (soutenue par la Prusse, la France et l’Angleterre) fait prendre conscience du retard de la Russie. Cette défaite est due à l’insuffisance des moyens de transports permettant de mener les troupes sur place (chemin de fer) et au fait que les troupes puisées chez les serfs ne sont pas très motivées.

Durant la guerre, Nicolas Ier meurt. Son fils, Alexandre II lui succède.

Celle ci est représentative du mode de fonctionnement de la Russie (décision unilatérale du tsar qui ne consulte que la noblesse et pas les bourgeois et le clergé). Les nobles sont chargés de former des comités provinciaux afin d’abolir le servage. Comme ils sont contre ils infléchissent cette réforme dans leur sens.

Les paysans veulent la liberté civile et personnelle (droit d’acheter, de vendre, de se marier…), la propriété de leur nadel tandis que les nobles veulent défendre leurs revenus fonciers. Ils arrivent donc à un compromis.

Signature du Statut des Paysans libérés du servage (19 février 1861) accorde la liberté aux paysans mais la communauté doit racheter les terres. La tutelle du mir est donc toujours présente. L’Etat prête des fonds pour cela mais à un taux exorbitant (revenant à acheter 3 fois la terre). Sinon les paysans peuvent disposer du quart gratuit mais dont la surface trop petite ne permet pas d’autonomie financière.

Le propriétaire a le droit d’imposer l’une des deux solutions et le paysan reste dépendant durant la durée de la négociation.

Ce statut constitue un tournant car il libère les paysans mais ne résout pas le problème de leur devenir économique (déception).

L’autocratie russe veut poursuivre ces réformes et le tsar débute celles-ci indiquant une réelle volonté de moderniser.

Réforme de la justice, création d’un enseignement primaire (1863-1864) qui reste peut nombreux, création des zemstvoz en janvier 1864 (sorte de Conseil Général travaillant pour l’hygiène, la construction des routes, la modernisation de l’agriculture), relative liberté d’expression mais restriction de la liberté de la presse.

Réforme pour rationaliser le fonctionnement des rouages de l’Etat mais qui ne résout pas la question agraire.

La réforme de 1861 donne un accès limité à la terre. Beaucoup de paysans acceptent le quart gratuit poussés par les seigneurs mais comme les lots sont trop petits ils sont poussés à le vendre et à partir à la ville.

Croissance des difficultés en raison de la vitalité démographique qui entraîne une crise agraire (1880’s-1905) marquée par la réaction du tsar Alexandre III qui mène une politique afin de reconstituer l’autorité de la noblesse foncière (recouvre le droit de juger les paysans), d’augmentation des impôts. Reprise des troubles agraires.

Suite à des émeutes paysannes en 1905, le Président du Conseil, Stolypine, engage des réformes afin de créer une classe de paysans aisés rempart à l’agitation paysanne et ouvrière.

Août 1906 : création de la Banque  des paysans recevant 10 millions d’ha de terre de la couronne vendues à 80% du prix normal.

1 janvier 1907 : suppression de la redevance pour le rachat des terres corrigeant les erreurs de la réforme de 1861.

Cet individualisme agraire favorise les koulaks (paysans moyennement riches).

Bibliographie :

J. Guiffant, La question d’Irlande

Bedarrida, L’Angleterre triomphante (1832-1914)

En Irlande, les problèmes sociologiques et politiques sont imbriqués. L’espace est progressivement passé sous la coupe des autorités anglaises. L’Union Act (1800) introduit légalement l’Irlande dans le Royaume-Uni. En réalité, l’Irlande n’est jamais vraiment intégré au RU mais se sent plutôt subordonnée comme une colonie. L’Angleterre ne lâche pas l’Irlande facilement car elle craint que cette indépendance ne préfigure celle d’autres colonies.

Problèmes : politique, religieux, question agraire en raison d’une mauvaise répartition des terres (liée à l’emprise de l’Angleterre).

A la fin du XIX° on observe une nouvelle société rurale en Irlande et la re création d’une petite paysannerie (à l’inverse de l’Angleterre).

1.      Processus de naissance de la question agraire

A chaque étape de l’emprise anglaise des paysans irlandais sont expulsés.

En 1170, lors de la conquête anglo-normande, les seigneurs anglais prennent les meilleures terres mais la civilisation celtique (organisée depuis le VI°avJC) perdure. Les barons anglo-normands deviennent culturellement des Irlandais. De fait, l’autorité effective du roi d’Angleterre s’exerce seulement vers Dublin.

Au XVI°, la question agraire devient importante car elle se lie à la question religieuse. L’Irlande résiste à l’introduction de la réforme anglicane. Henri VIII prend le titre de roi d’Irlande pour réaffirmer son emprise sur l’île. La couronne fait des concessions féodales aux seigneurs irlandais qui deviennent ses vassaux. Les chefs irlandais sont opposés à cette mainmise et à chaque révolte on assiste à un transfert de propriété vers les seigneurs anglais.

1556 : première plantation d’Irlande. Processus de colonisation remplaçant l’aristocratie irlandaise par des seigneurs anglais (spoliation de terres).

1569, 1575… sont des années de révoltes des catholiques irlandais réprimées marquant les difficultés des Anglais pour s’implanter. La province de Munster qui est un centre actif de la révolte est alors ravagée et 200 000 ha sont confisqués.

1603 : la conquête est achevée mais les catholiques continuent à remettre en cause celle-ci en n’adhérant pas à l’anglicanisme.

1609 : plantation d’Ulster poursuivant le programme colonial. Cette région est organisée en comtés (sur le modèle anglais) et les terres sont attribuées à des entrepreneurs tenus d’y installer des tenanciers protestants donc souvent venus d’Angleterre (surtout d’Ecosse). Parfois des tenanciers catholiques sont installés mais leur situation est précaire. C’est la seule implantation vraiment réussie bien que les révoltes continuent (aussi dans la province d’Ulster).

Au XVII°, les Irlandais se soulèvent profitant de la révolution anglaise mais Cromwell écrase la révolte, reconquiert, exproprie les Irlandais. En 1652, une loi de confiscation est votée : ou bien les Irlandais doivent abandonner leurs biens dans l’Ulster, le Leinster et le Munster et trouver refuge dans le Connacht (Connaught), ou bien ils doivent devenir de simples tenanciers des nouveaux propriétaires. Les Anglais possèdent désormais les 2/3 des terres qui sont les plus fertiles (aggravation de la question agraire).

Après la mort de Cromwell (1658), les structures économiques, démographiques et sociales de l’Irlande sont brisées. Le rétablissement de la royauté en Angleterre n’empêche pas la poursuite des expropriations, les Irlandais ne sont que des tenanciers précaires.

Ils veulent se révolter en 1688 lors de la Glorieuse Révolution mais les protestants triomphent notamment lors de la bataille de la Boyne car Guillaume d’Orange vainc Jacques II (Ecossais soutenu des Irlandais)

1695 : lois pénales privent les catholiques du droit de vote, d’occuper des postes dans l’armée, l’administration ou la magistrature, d’acquérir des terres (par vente ou héritage).

Au XVIII°,Les Irlandais sont de plus en plus hostiles aux Anglais et placent leur espoir dans la Révolution Française et le mouvement de libération général qu’il avait suscité (fondation de clubs jacobins).

1800 : l’Union Act répond aux révoltes engendrées par la Révolution en supprimant le Parlement de Dublin (bien qu’essentiellement occupé par des Anglais). Les Irlandais doivent désormais envoyer 100 députés et 32 lords à Londres. L’administration de l’Irlande est protestante et les Irlandais sont discriminés (paiement de la dîme au clergé anglican, inéligibilité des Catholique au Parlement).

Les tenanciers Irlandais sont soumis à des seigneurs absentéistes peu préoccupés de moderniser les exploitations. Les intendants qui gèrent les terres doivent se payer sur le dos des tenanciers, les pressurisant d’autant plus.

2.      Organisation d’une tardive mais réelle prise de conscience

1845 : pomme de terre détruite par une maladie entraîne une famine de 3 ans et des épidémies faisant passer la population de 9 millions (1845) ) 6,5 millions (1851). Emigration aux USA et en Angleterre (Anglais sont inquiets  de voir ces classes laborieuses dont dangereuses venir). La haine envers les Anglais croît car ils continuent de puiser les ressources de l’Irlande (« great starvation »).

Quelques grands propriétaires sont aussi ruinés car les paysans ne peuvent payer les fermages. Les propriétés sont vendus à des seigneurs qui en chassent les tenanciers non solvables.

Constitution de ligues de fermiers irlandais réclamant une réforme du statut des tenanciers.

Ce mouvement est plus radical que les ligues et vise à renverser le pouvoir britannique par la force. Organisation secrète fondée en 1858 : Fraternité républicaine irlandaise.

Mars 1867 : insurrection. Le mouvement Fenian fait des attentats en Angleterre, subit une répression mais tient bon. La classe politique anglaise se préoccupe alors de la question irlandaise notamment en la personne de Gladstone.

3.      Réformisme anglais et la résolution de la question agraire.

Le 1° ministre, whig (libéral), Gladstone propose que l’Irlande soit gouvernée selon sa majorité comme un pays libre.

1869 : loi dispense les Catholiques de payer la dîme à l’Eglise anglicane.

1870 : Land Act. Premier pas symbolique car il restreint l’expulsion arbitraire des petits tenanciers (le propriétaire ne peut pas chasser quelqu’un qui verse son bail).

Les réformes arrivent tardivement et ne règlent pas la question agraire car subsiste la domination des grands seigneurs absentéistes (1870 : 760 personnes possèdent ½ des terres).

En 1879 arrive une ultime aggravation de la situation car une crise est suscitée par des mauvaises récoltes (1867-1880) entraînant une nouvelle vague d’expulsion (1879 : 6000 expulsions et 1880 : 10 500). Une nouvelle ligue agraire se forme : FFF car elle réclame un fermage équitable (Fair rent), la fixité du prix des tenures (Fixity of tenures) et la (Free sale).

Cette ligue organise une résistance aux évictions, vient en secours aux fermiers en difficulté et obtient le soutien du clergé catholique.

Les leaders sont arrêtés en avril 1881 mais une loi vient tout de même accepter la majeure partie des revendication des FFF (indemnité en cas d’éviction, libre transmission des baux, mise en place de tribunaux d’arbitrage pour discuter du prix des fermages).

1882 : loi décharge les paysans d’une parti de leur hypothèque.

1885 : loi sous les tories favorisant l’achat de terre par les tenanciers (redistribution des terres). Disraeli, ministre tory, veut encourager les Irlandais à renoncer au statut d’autonomie (Home rule).

1891 : création d’un fond destiné au prêt d’Etat aux tenanciers pour qu’ils deviennt propriétaires.

Résultats : d’un taux de possession de 5% du sol en 1878, les Irlandais passent à  un taux de 66% en 1914.

Cette solution ne résous pas le problème politique car l’application du Home Rule (garantissant plus d’indépendance pour l’Irlande) est reporté à 1920 pour cause de guerre mondiale. Cette loi ne satisfait pas les Républicains irlandais les plus fervents et ceux-ci poursuivent leur lutte.

Aujourd’hui la question politique perdure en Ulster.

A l'échelle mondiale l'urbanisation a lieu au XX° mais en Europe elle a lieu au XIX°.

Population urbaine en Europe passe de 20 millions soit 10% en 1800 à 150 millions soit 35% en 1900. L'Angleterre est en avance et symbolise la civilisation du XIX°.

La politique urbaine vient répondre aux problèmes sociaux que pose la croissance des villes. Cette politique est liée aux représentations et attentes par rapport au futur. Dans les villes, l'ordre social est remis en question (les révolutions du XIX° naissent en villes). Les réponses sociales apportées à ces problèmes spécifiques viennent s'appliquer à l'ensemble de la société, monde rural compris.

rq. Les villes ne sont pas isolées mais liées à la campagne. La société rurale est irriguée par des composantes urbaines notamment par la présence des notables et des migrants.

1.      Les processus d'urbanisation au XIX°: approche globale

Les liens entre urbanisation et industrialisation ne doivent pas être établis systématiquement.  La présence de remparts ne permet plus de définir la ville car au XIX0, la ville close devient ouverte. Vague de démantellement des remparts donnant des boulevards circulaires entre 1790-1825.

La ville se définit par le nombre de ses habitants mais le seuil varie selon les lieux

ex. fin du XIX° des concentrations de 50 000 habitants en Allemagne sont institutionnellement considérés comme rurales.

ex. En Hongrie, des concentrations des moins de 3 000 habitants ont le statut juridique de villes (Chicago de même avec moins de 500 habitants).

En 1887, l'institut national de la statistique arrête le seuil de 2 000 habitants agglomérés au chef-lieu.

rq. ce seuil n'empêche pas les particularismes locaux

En GB, ce seuil de 2000 habitants est respecté  mais à cela on ajoute la présence de fonctions administratives et une loi de 1857 fait référence à propos des villes à la présence d'infrastructures pour définir la ville (organisation en matière d'hygiène: bains municipaux, écoulement des eaux usées…). Le RU est en avance en matière d'urbanisation et le rythme de croissance urbaine se ralentit à la fin du XIX° (tandis que celui de l'Allemagne croît alors dépassant le RU en effectif et la France en %)

L'industrialisation n'est pas le seul déterminant de l'urbanisation. En outre, l'industrialisation est liée au développement de l'agriculture. En effet, l'agriculture produit assez pour nourrir une population croissante et permet de libérer de la main d'œuvre pour qu'elle s'active à autre chose.

La ville est liée au développement du commerce et de l'industrie. En Angleterre même s'il y a des industries dans les espaces ruraux, le lien entre développement industriel et urbanisation est affirmé.

Développement des villes dans des cadres anciens donc problèmes de densification dans le parcellaire ancien et plus rarement création d'espaces neufs. Au RU, c'est le libéralisme qui règne en matière d'aménagement du territoire.

2.      La croissance urbaine en Angleterre

(triplement du % d’urbains entre 1800-1900) avec un rôle important des grandes villes (Manchester, Liverpool, Glasgow, Leeds, Sheffield, Newcastle et Londres) très liées à l'urbanisation. Concentration de la main d'œuvre

Secteurs traditionnels où la main d'œuvre travaille à domicile mais dans les domaines où la machine est essentielle les petits ateliers diminuent au profit des grandes usines (Londres, Yorkshire, Lancashire…)

L'accroissement de la population urbaine se fait par l'afflux des ruraux (anglais et irlandais) fournissant une main d'œuvre abondante acceptant des salaires bas et des conditions de vie misérables.

Ségrégation sociale existant mais ce schéma est à nuancer. Il n'y a pas de ghettos mais des quartiers à dominante ethnique.

Spéculation immobilière. L'immobilier devient un secteur fructueux pour les investisseurs fonciers qui achètent des parcelles (estates) où les constructions sont uniformes. L'espace urbain est fait de ces estates : homogénéité dans chaque estate et anarchie dans l'ensemble. Londres est l'archétype de cette urbanisation avec des quartiers vivant la journée (commerce) au centre, puis des quartiers ouvriers mêlés aux usines et enfin des quartiers d'habitation pour la bourgeoisie.

La vie des ouvriers a donné lieu à toute une mythologie (cf. Dickens). Densités importantes et fort taux de mortalité.

ex. 1840 taux de mortalité de 22 pour 1000 pour l'ensemble du RU alors qu'il est de 71 pour  1000 à Liverpool (et 200 pour 1000 pour la mortalité infantile).

Cette mortalité est due à de mauvaises conditions de vie et de travail et le manque de recours en cas de maladie, d'accident ou de chômage.

Les ouvriers sont mieux lotis dans les petites ou moyennes villes. A ces espaces des questions sociales sont liées.

3.      Londres à l'ère victorienne

Phare de la civilisation urbaine. Ere de l'orgueil impériale de ces possessions coloniales. Le gigantisme de Londres par ses dimensions et ses monuments symbolise cette réussite.

Précocément, Londres atteint le seuil de 1 million d'habitant en 1802. La première ligne de métro est inauguré dès 1863. La spécificité de Londres est qu'elle parvient à croître par son solde naturel (en plus de son solde migratoire).

Au milieu du XIX°, les quartiers centraux se dépeuplent au profit des périphéries.

Il s'agit d'une mégalopole, la ville la plus étendue de toute l'Europe en extension (300 km² à la fin du XIX° contre 80km² à Paris) en forme de tâche d'huile. Elle absorbe des villages et des espaces ruraux alentours pour croître.

Avant tout c'est une capitale, métropole à la tête d'un vaste empire colonial. Elle organise des expositions universelles pour manifester sa puissance (construction du Chrystal Palace montrant une maîtrise de la technologie pour l'exposition universelle de 1851), fait des fêtes magnifiques (à Birmingham Palace).

Sa puissance repose sur le prestige de la couronne, la puissance financière (La City est le poumon financier du commerce mondial), la puissance industrielle (tous les secteurs se trouvent à Londres sauf la métallurgie lourde), la place de capitale culturelle et intellectuelle.

La misère à Londres. Buret (formation de médecin), Villermet ou encore Guépin sont des enquêteurs sociaux.

Paradoxe: ces ouvriers travaillent le coton et autres matériaux afin d'en faire des vêtements mais n'ont pas de quoi en acheter.

Les épidémies qui se transmettent même à la population bourgeoise alertent les autorités publiques qui prennent conscience de la question sociale (cf choléra de 1832).

L'industrialisation fait émerger une nouvelle forme de pauvreté : le paupérisme

Population ouvrière et démographie de la misère

Démographie de la misère avec beaucoup d'enfants car ils rapportent  un salaire.

Population faite d'anglais et d'irlandais

Importance de l'industrie du textile, activité pilier de la révolution industrielle. Ici, ces ouvriers travaillent à domicile et sont payés à la tâche. Selon l'activité, ils se regroupent en quartiers.

Une population misérable

Faibles salaires et chômage

Habitat dégradé en raison de l'essor rapide de l'espace urbain des problèmes de voirie apparaissent (approvisionnement et évacuation des eaux qui est le problème de tous les quartiers au XIX°). Le tissu urbain craque.

Sous locations fréquentes et surpeuplement.

Situation sanitaire inquiétante. Habillement par des chiffonniers. Population fragilisée soumises aux épidémies. Alcoolisme fragilise les organisme et entraîne la méfiance des autorités.

Système de secours sans efficacité

Charité privée car dans le monde des élites la charité est un devoir lié à la position sociale (liée à la religion)

Prêt sur gage (cf. mont de piété italiens et français)

Workhouses pour dissuader le recours à l'assistance.

Il n’existe pas que les grosses industries du modèle anglais dont nous avons l’image. Il y a aussi une industrie rurale : la protoindustrie. Dans de nombreux espaces l’activité économique est animée par des petites entreprises rurales dynamiques. Dès 1935, dans les Annales, Marc Bloch et Lucien Febvre attirent l’attention sur les petites forges de villages et des petites entreprises implantées en milieu rural. Dans les années 1970’s des historiens tels Franklin Mendels, Louis Bergeron ou Alain Dewerpe remettent en cause ce modèle de l’industrialisation à l’anglaise.

Ainsi, il convient de ne pas lier trop systématiquement industrialisation et urbanisation et il est important de ne pas croire que toutes les concentrations industrielles comme Lyon, Grenoble ou Rouen ne ressemblent pas à celles de l’Angleterre.

Le nord et la Lorraine métallurgique sont donc différentes des régions utilisant l’espace forestier et l’énergie hydraulique. De même, les structures de ce monde ouvrier travaillant dans ces protoindustries sont différentes.

Cf. Les ouvriers dans la société française, Gérard Noiriel.

La protoindustrie (concept de Mendels) remet en question le lien de causalité entre révolution agricole et révolution industrielle. De fait, il y a eu concomitance entre ces deux éléments. Les espaces ruraux du XIX° ne sont pas qu’agricole (sociologue Henri Mendras : « il n’y a jamais eu de société rurale purement agricole »). Il existe une continuité dans l’organisation de la production et du travail entre l’avant et l’après innovation technologique : il n’y a donc pas à proprement parlé de « révolution industrielle » mais plutôt une révolution technologique. Les changements se sont fait progressivement.

La protoindustrie met à profit des marchés lointains et est donc inséré dans une économie de marché, ce n’est pas une industrie d’autoconsommation.

Ces ateliers ruraux dynamiques ne sont pas voués à disparaître car ils débouchent sur une phase nouvelle d’industrialisation.

1.      Esquisse de chronologie

Ces communautés rurales forment une main d’œuvre profitable pour les capitaux de marché car elles offrent moins de contraintes que la main d’œuvre urbaine. Elle consacre seulement une partie de son temps à ce travail et forme donc une main d’œuvre souple et docile quant au niveau des salaires. La fabrique lyonnaise est donc essaimée dans toute la vallée du Rhône, l’industrie horlogère est située dans toute la vallée alpine.

Les travailleurs ruraux y trouvent leur compte car il y trouve un revenu complémentaire tout en restant sur place et cela leur permet aussi de préserver les exploitations rurales du démembremen (les capitaux dégagés permettent d’indemniser les héritiers ne récupérant pas les terres). De manière indirecte, cela maintient la viabilité des exploitations.

b.                 1840-1880 : facteurs de changement

Développement des transport, début de mécanisation etc… remettent en cause cette pluriactivité car la mécanisation suscite une croissance du besoin de main d’œuvre. Certains ateliers quittent donc la pluriactivité et se spécialisent. Au sein de la famille, certains membres quittent la pluriactivité et ne travaillent plus que dans l’atelier, des pièces sont assignés à la production…

Des ateliers ruraux spécialisés périclitent tandis que d’autres survivent aux mutations technologiques en se spécialisant, se mécanisant et en augmentant les relation de sous-traitance. Cette spécialisation permet de maintenir la main d’œuvre sur place, évitant l’exode rurale, voire permettre une croissance démographique (main d’œuvre infantile).

2.      Structure du monde protoindustriel

Ex. en Haute Saône en 1836, 89,9% de la population est rurale.

Cette richesse des hommes fournit une main d’œuvre abondante, souple, bon marché et peu difficile sur les conditions de travail. Ces ruraux ont donc un rythme de travail à la fois agricole et industriel dans le cadre de familles soudées (spécialisation de certains membres évitant le démembrement). Ces ruraux ont un savoir faire technique hérité de long temps pour le travail du textile, du bois et du fer dans le cadre de l’économie d’autosuffisance. Ces savoirs-faire se diffusent par la pédagogie de l’exemple et s’améliorent au fil des générations.

Ex. coton en Allemagne, soie en Italie du nord, laine de Catalogne, fer en Haute Silésie.

C’est un système domestique. Le travail est fournit par le fabriquant (il confie le travail et récupère la production) qui diffuse le travail industriel à temps partiel payé à la pièce.

Les protoindustries deviennent de vraies petites industries : les paysans ouvriers deviennent des ouvriers paysans.

Ex. en France le tissu industriel est déconcentré puisque 1,3 million de travailleurs de l’industrie travaillent dans un système concentré alors que 4,7 millions de personnes travaillent dans ces petites industries.

Ce système concerne de nombreux secteurs d’activité. Ces petites unités se multiplient au fil de l’eau avec une amélioration des moulins hydrauliques.

Mise en place de vallées industrielles dans le piémont même si l’on trouve des protoindustries au fil de l’eau en Normandie.

Ex. à Mulhouse, 85% de la production textile est rurale, à Roubaix ce sont des paysans mineurs qui exploitent les mines.

Ce processus de développement du secteur secondaire est donc plus qu’une simple survivance d’un archaïsme.

3.      Performances et mutations

La protoindustrie permet au monde rural de demeurer un monde plein (retarde l’exode rurale et permet une maintient d’un fort taux de fécondité). Les structures démographiques restent.

Ex. pas d’exode rurale en Italie du nord (exode rurale en Italie du sud)

La population reste sur place et profite à partir des 1870’s du fait que les notables en raison d’une diminution de la rente foncière vendent leur domaine aux ruraux qui peuvent les acheter grâce aux profits dégagés par cette activité protoindustrielle.

La population rurale se stabilise et joue un rôle incitatif pour l’agriculture qui doit nourrir la population sur place et qui investi des capitaux pour ces activités agricoles.

Dans les années 1880-1890, les transports et l’usage de l’électricité se développent rendant ces protoindustries moins dépendantes d’énergies plus difficilement maîtrisables. Ces espaces sont ouverts sur l’extérieur

Ex. le comté de Franche Comté est utilisé dans la marine (conservation) transporté avec le bois des forêts favorisant les activités de production et de transport.

Savoir faire en matière de transport pour l’exportation. L’économie agraire est donc déjà inséré dans une économie de marché (routes tracées pour les industries).

Ex. Peugeot et Japy (vers Montbéliard) en Franche Comté.

Cette protoindustrie échoue par exemple dans le Périgord où il n’y a pas de grand marché urbain, pas de capitaux bancaires disponibles pour le développement en industrie.

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